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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 11:40

 

Extraits du quotidien "El Mostrador" du 14 décembre 2010 sur les révélations de Wikileaks

 

Les dernières informations divulguées par Wikileaks révélant que le gouvernement de l’ex-présidente Michelle Bachelet avait demandé aux Etats-Unis, par l’entremise du ministre de l’Intérieur d’alors, Edmundo Pérez Yoma, l’appui de leur service de renseignements pour surveiller la radicalisation du conflit mapuche et des éventuels contacts des personnes ou organisations mapuche avec des groupes terroristes étrangers (FARC et ETA), n’ont laissé personne indifférent  dans le monde politique.

 

Le câble de l’ambassade des Etats-Unis au Chili en date du 7 février 2008 relate une rencontre entre l’ex-ministre de l’Intérieur, Edmundo Perez Yoma, et l’ambassadeur des Etats-Unis à l’époque, Paul Simmons

 

Domingo Namuncura, ex-dirigeant de la Corporation Nationale de Développement Indigène (Conadi) et actuel sous-secrétaire général du PPD, a assuré que « s’il est vrai que cette information mêle l’ancien ministre de l’Intérieur à des actions de cette nature, il s’agirait d’un acte condamnable de la part des autorités gouvernementales affectant, en outre, notre souveraineté en tant que pays ayant sollicité l’intervention d’un gouvernement étranger dans des conflits d’ordre national, qui requièrent finalement l’approbation des différents pouvoirs de l’État. »

 

Dans la version du périodique, Domingo Namuncura poursuit son entretien avec « une profonde critique à l’égard de la volonté et de la disposition des autorités qui, plutôt que d’avoir donné réponse aux demandes fondamentales de nos Peuples Originaires, ont consacré plus de temps et de ressources à la méfiance, à la répression à l’égard des indigènes et au mépris de leurs revendications ».

 

Domingo Namuncura a regretté que cela se soit produit pendant que s’accomplissaient les tâches gouvernementales dirigées par l’ex-Présidente Bachelet, qui, pour marquer son engagement avec les Peuples Indigènes, fit approuver la Convention 169 de l’OIT, créa la Commission présidentielle des affaires indigènes, installa le Conseil des Ministres pour le thème indigène, entre autres actions.

 

Pendant ces événements, des autorités ministérielles se seraient obstinées à opter pour la suspicion, la persécution, la militarisation des communautés indigènes tout en déviant l’attention de l’État. La dénonciation que publie le quotidien El Pais est grave, spécialement pour les relations entre les Peuples Indigènes et l’ETA», a souligné le sous-secrétaire général du PPD.

 

Pour sa part, l’ex-ministre du Secrétariat Général de la Présidence, José Antonio Viera-Gallo, a fait profil bas devant les informations révélées par Wikileaks. « Je n’attribue aucune importance aux révélations, je crois que ce sont des choses qui incommoderont bien plus l’ambassade des Etats-Unis du fait que les informations qu’ils envoient au Département d’Etat sont filtrées, mais je ne leur accorde aucune importance », a-t-il soutenu sur Radio Cooperativa.

 

Sources : http://www.elmostrador.cl/noticias/pais/2010/12/14/gobierno-de-bachelet-invirtio-mas-tiempo-y-recursos-en-la-represion-que-dar-solucion-al-conflicto-mapuche/

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 11:39

Le Chili demanda l’aide du service d’espionnage des Etats-Unis face aux Mapuche

 

 

Extraits du quotidien espagnol El Pais - SOLEDAD GALLEGO-DÍAZ - Madrid - 13/12/2010

 

En 2008, Edmundo Pérez Yoma, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Michelle Bachelet a transmis aux USA sa préoccupation concernant le problème Mapuche et lui a demandé l’aide de « son système de renseignements » pour suivre de près sa possible radicalisation, ses éventuels contacts avec des groupes terroristes étrangers – les Farc colombiennes ou l’ETA – et pour connaître l’ « origine de l’argent » qui pourrait leur parvenir.

 

La conversation eut lieu en 2008 peu avant sa prise de fonctions [de EP Yoma ?] et quand déjà des affrontements s’étaient produits entre Mapuches et forces de l’ordre, propriétaires de terres réclamées par les communautés indigènes et entreprises espagnoles, comme Endesa, impliquées dans la construction de barrages hydroélectriques en territoire mapuche. Le conseiller des Etats-Unis lui expliqua, dans un télégramme transmis à l’ambassade des Etats-Unis à Santiago, que le FBI était déjà en liaison avec la gendarmerie pour les aider à localiser l’arrivée de ces possibles contacts.

 

En avril 2009, une information diffusée par le quotidien La Tercera concernant un rapport du Département d’Etat des Etats-Unis portant sur le « terrorisme dans le monde durant l’année 2008 » indiquait que le FBI surveillait les activités des groupes mapuche radicalisés.

 

Dans le rapport, il était précisé que l’agence, travaillant dans l’ambassade nord-américaine au Chili, surveillait les organisations mapuche du sud du Chili qui incendiaient des terres et attaquaient la police chilienne pour les terres qu’ils revendiquaient. Ce rapport faisait également référence aux liens que la police chilienne recherchait entre les Mapuche et les autres peuples d’Amérique latine et d’Europe.

 

Dans le cadre de ce travail de coopération avec les organismes du FBI, on a appris que le sous-secrétaire du ministère de l’Intérieur d’alors, Felipe Harboe, avait voyagé, entre octobre et novembre 2008, pour renouveler ce type de conventions avec les USA.

 

À cette époque Felipe Harboe s’est réuni avec différentes branches de sécurité des Etats-Unis, notamment avec le sous-directeur du FBI, John Pistole, rencontre réalisée à Quantico, dans un centre d’entraînement du FBI, il a rencontré les responsables du Département de Sécurité Nationale des USA (DHS), d’Interpol, de la CSIS (agence d’informations Canadienne) et de la DEA (Agence anti-drogues). De plus il a établi des liens étroits avec le directeur du comité antiterroriste pour les Nations Unies, Karev Sergey.

 

Après ce voyage, un groupe composé de six juges d’instruction et vingt policiers participèrent entre du 16 au 20 mars 2009 à un stage organisé par le FBI en matière de techniques antiterroristes et attentats, appelé programme d’Assistance Antiterroriste (ATA).

 

Les messages envoyés tout au long de 2008 et 2009 ont cependant indiqué que toutes les enquêtes menaient à la même conclusion : la communauté mapuche était non-violente

 

Source : http://www.elpais.com/articulo/internacional/Chile/pidio/ayuda/espionaje/EE/UU/frente/mapuches/elpepuint/20101213elpepuint_21/Tes

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 07:23
vendredi 24 décembre 2010

Une nouvelle ânerie de Bernard-Henri Lévy

Il y a un an, Bernard-Henri Lévy se couvrait de ridicule en citant, à l’appui d’une démonstration « philosophique », un certain Botul – auteur inventé de toute pièce par un journaliste du Canard enchaîné. Cette fois, l’essayiste évoque un personnage bien réel – mais il se trompe encore !

 

Dans sa chronique du Point (1), « BHL » dénonce le site Internet Riposte laïque, et stigmatise « ce nouveau rapprochement rouge-brun qui voit les crânes rasés du Bloc identitaire fricoter, sur le dos des musulmans de France, avec tel ancien du Monde diplo, Bernard Cassen. »

 

Le chroniqueur multimédias gagnerait à mieux ranger ses fiches (de police). En effet, l’animateur de Riposte laïque se nomme Pierre Cassen. Pierre, pas Bernard. Ancien directeur général du Monde diplomatique, Bernard Cassen n’est lié ni de près ni de loin à Riposte laïque.

Il serait tentant d’imputer une telle hargne de Bernard-Henri Lévy à notre endroit à de la mauvaise foi, son ressentiment ayant déjà enfanté nombre de diffamations que, charitablement, nous avons jusqu’à présent laissé passer sans réplique judiciaire (2). Mais la constellation de bévues qui crible les « analyses » de notre penseur de Saint-Germain-des-Prés suggère plutôt que ce dernier incident ne constitue rien de plus qu’une expression supplémentaire de son irrépressible frivolité intellectuelle (3).

 

Bernard-Henri Lévy préside le conseil de surveillance d’Arte, il est membre du conseil de surveillance du Monde, il est actionnaire de Libération, il dispose d’une chronique hebdomadaire dans Le Point. Et la célébration du vingtième anniversaire de sa revue, La Règle du Jeu, que presque personne ne lit, a néanmoins donné lieu à une réception extravagante à laquelle ont accouru la plupart des responsables des grands médias. La dégradation du crédit de la presse est-elle tout à fait étrangère à la surface médiatique qu’occupe, quoi qu’il advienne, quoi qu’elle fasse, une personnalité au crédit à ce point frelaté ?

 

P.S. :

Informé du procès en diffamation qui le menace, Bernard-Henri Lévy vient de faire modifier le texte en ligne de sa chronique. La version originale figure néanmoins dans les centaines de milliers de numéros imprimés du Point, lesquels, en raison des fêtes de fin d’année, seront exceptionnellement mis en vente pendant deux semaines – à moins que la direction de cet hebdomadaire n’ait la sagesse de les faire pilonner…

Les termes du rectificatif mis en ligne sur le site du Point sont révélateurs de la goujaterie intellectuelle de « l’homme qui ne s’est jamais trompé ». Après avoir associé Bernard Cassen et Le Monde diplomatique à un « groupuscule néonazi qui s’était rendu célèbre, le 14 juillet 2002, en tentant d’assassiner Jacques Chirac et qui s’est allié, pour l’occasion, à un quarteron d’anciens trotskistes rassemblés sous la bannière du site Internet Riposte laïque », « BHL » juge inutile de présenter la moindre excuse à la personne et au journal qu’il a diffamés.

(1) « L’honneur des musulmans », Le Point, 23 décembre 2010, p. 130.

(2) Lire « Tous nazis ! », par Serge Halimi, Le Monde diplomatique, novembre 2007. Voir aussi « BHL calomnie le Diplo », Acrimed, 2 avril 2006.

(3) Lire notre dossier en ligne, « L’imposture Bernard-Henri Lévy ».

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 07:17

 


Comment se construisent les inégalités sociales de santé ?
le 21 décembre 2010
Comment expliquer qu’un cadre à 35 ans ait une espérance de vie de 46 ans, alors qu’un ouvrier du même âge ne dispose que de 39 années à vivre en moyenne ? Le tour de la question des inégalités sociales de santé, par Pierre Volovitch de l’Observatoire des inégalités.

Comment expliquer qu’un cadre à 35 ans ait, en moyenne, une espérance de vie de 46 ans, alors qu’un ouvrier du même âge ne dispose que de 39 années à vivre en moyenne ? Que chez les enfants d’ouvriers, le risque d’obésité soit de près de quatre fois plus élevé que pour les enfants de cadres ? Les obstacles les plus évidents sont économiques : rien de tel que d’être riche pour être aussi bien portant. Mais ils ne sont pas les seuls.

Les obstacles les plus évidents sont d’ordre économique

Les revenus comptent

- Entre 20 et 30 % de la population française déclarent avoir renoncé à des soins pour des raisons financières en dépit du système de protection sociale. Principalement, il s’agit des soins mal pris en charge par l’Assurance maladie : les dents, les lunettes… 0,5 % des enfants de cadres supérieurs en classe de 3e ont au moins deux dents cariées non soignées, contre 8,5 % des enfants d’ouvriers non-qualifiés. La Finlande a quasiment fait disparaître les inégalités dans ce domaine en mettant en place des soins obligatoires et gratuits dans le domaine dentaire à l’école. Sur ce point, lire notre article "Santé bucco-dentaire des adolescents et milieu social".

- Les renoncements aux soins concernent également des maladies chroniques. Certes, le coût unitaire des soins peut sembler faible, mais leur renouvellement fréquent sur la durée est onéreux.

- Les services d’urgence des hôpitaux sont – du fait de leur accès gratuit - de plus en plus fréquentés par des populations pour lesquelles l’avance de frais est un problème. Dans le système de soins français le « tiers payant » [1] n’est pas généralisé, il faut souvent payer, puis attendre le remboursement.

L’impact des conditions de vie

- Les grandes avancées hygiénistes du début du 20e siècle, le renforcement des normes sanitaires dans le domaine du logement ont considérablement réduit l’impact des conditions d’habitat sur la santé, sans totalement l’éradiquer. L’humidité, les mauvaises conditions de chauffage ou le bruit pèsent sur la santé. Le saturnisme infantile existe toujours en France. Sans parler des personnes qui vivent à la rue dans des conditions d’hygiène très dégradées.

Le mouvement hygiéniste
A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, confrontés aux graves problèmes de santé rencontrés par les populations ouvrières, des médecins, des élus, des responsables administratifs ont uni leurs efforts pour améliorer les conditions de vie des populations défavorisées. Leurs efforts ont en particulier porté sur les conditions de logement (aération, ensoleillement, taille…) et ont pris la forme de campagnes d’information, mais aussi de mise en place de réglementations. Cette alliance entre professionnels de la santé, responsables administratifs et politiques est connue sous le nom de « mouvement hygiéniste ».

- L’alimentation influence aussi l’état de santé. L’accès facilité à une nourriture trop riche en matières grasses, en sel ou en sucres, combiné à des modes de vie plus sédentaires joue un rôle dans la montée de maladies comme l’obésité ou le diabète… Les catégories sociales les plus modestes qui ont, en partie pour des raisons économiques, des modes d’alimentation moins variés, sont, plus que les autres, exposées à ce type de risque. Chez les 15 ans et plus, le taux d’obésité atteint 5,4 % pour les foyers dont le revenu dépasse 5 300 euros, contre 18,8 % pour ceux où il n’est que de 900 euros. Sur ce point, lire notre article "Obésité et milieux sociaux".

Les facteurs culturels

Catégories sociales et rapport au corps

- Les personnes issues de milieux modestes - même dans les pays européens où la santé est pratiquement gratuite - accèdent aux soins plus tardivement, et plus souvent par le canal de la médecine de premier recours. A l’inverse, les catégories plus favorisées ont recours plus tôt aux soins, et plus souvent en passant par la médecine spécialisée. Les difficultés de santé des plus pauvres, prises en charge plus tardivement, donnent lieu à des soins plus lourds et plus coûteux pour de moins bons résultats. Le « seuil » à partir duquel la douleur, ou simplement la gêne, déclenche le recours au système de soins n’est pas le même d’une catégorie sociale à une autre. Les personnes qui exercent les métiers les plus pénibles apprennent à endurer des douleurs qui font partie du quotidien. Le seuil à partir duquel la plainte est possible s’élève. A la fois parce que l’accès aux soins est coûteux et peut être pénalisant dans son métier, à la fois aussi parce que la capacité à « tenir le coup » physiquement peut être valorisée.

Quand le patient et le professionnel parlent deux langages différents

- Souvent, le médecin, et dans une moindre mesure les autres professionnels de santé, parlent de la santé et du corps de leurs patients dans un langage correspondant à leur niveau d’études. Le patient, lui, en parle avec les savoirs et le langage dont il dispose et qui ne sont pas les mêmes que ceux du professionnel. La compréhension par le professionnel des symptômes que lui décrit le patient, et par le patient du traitement que propose le professionnel, est d’autant plus difficile que les écarts de formations sont grands.

- Le professionnel de santé n’a pas toujours une bonne connaissance des conditions de vie concrètes du patient, par exemple dans le domaine des horaires. La prescription n’est parfois pas adaptée à son rythme de vie.

La transmission des savoirs n’a rien d’automatique

- Notre système de santé fonctionne le plus souvent « comme si » les règles de base de l’alimentation, de l’hygiène, de l’usage des médicaments, étaient connues de tous. L’école, sauf initiative personnelle d’un enseignant, n’a pas de fonction de formation dans ce domaine. Or, ces savoirs sont très inégalement transmis et actualisés par l’éducation familiale.

Le travail a des effets directs et indirects

Le travail peut être pathogène [2]

- Le travail peut être pathogène par les produits que l’on utilise (chimie), par les travaux à accomplir comme des charges à porter, les poussières que l’on respire... Sur ce point, lire notre article "Les conditions du travail en France".

- Il peut aussi être pathogène du fait de ses rythmes. Le travail « posté », avec des horaires variables, oblige l’organisme à des changements de rythmes perpétuels qui ont des effets négatifs bien identifiés sur la santé. Les mêmes gestes répétés à une forte cadence (travail à la chaîne, travail de saisie informatique, travail des caissières de supermarché) provoquent des lésions articulaires, aujourd’hui de plus en plus fréquentes et connues, les troubles musculo-squelettiques (TMS). Sur ce point, lire notre article "L’exposition aux maladies professionnelles".

- La précarité du travail a un impact sur la santé. Le « collectif de travail » (les collègues ou la hiérarchie) a un rôle dans la transmission des savoirs qui permettent de se protéger contre les risques de l’activité exercée. Le travailleur précaire, qui passe d’un emploi à un autre, ne bénéficie pas de la protection de ce collectif de travail.

- L’impact du travail sur la santé peut également avoir des sources moins matérielles. Les formes actuelles d’organisation, où le salarié est tenu à des résultats tout en ne disposant pas toujours des moyens de les atteindre, sont fortement pathogènes. La forme extrême de la souffrance dans ce cas pouvant prendre la forme de suicide.

- Si le travail peut porter atteinte à la santé, l’absence de travail n’est pas un gage de bonne santé... Le chômage peut être pathogène. Les demandeurs d’emploi sont soumis à des inquiétudes, à des angoisses, dont les effets négatifs sur la santé sont reconnus.

Le travail et la santé de la famille…

Les rythmes de travail des parents - ou du parent dans le cas des familles monoparentales - ont un impact sur les horaires de la vie de famille, en particulier sur les horaires des repas et du coucher. Les horaires des adultes rendent parfois pratiquement impossible la prise commune de plusieurs repas, ce qui nuit évidemment à leur qualité. Le fait de devoir veiller tard se répercute aussi sur la santé des enfants.

Un système d’inégalités

Les facteurs qui entraînent les inégalités sociales de santé forment un ensemble. Un bas niveau de qualification à la sortie de l’école conduit le plus souvent à un emploi dans lequel les contraintes du travail sur la santé sont fortes, qu’il s’agisse des rythmes imposés ou de la charge physique du métier. Ce travail contraignant est souvent mal rémunéré. La faiblesse des revenus joue, à son tour, sur les conditions de logement, les loisirs, les comportements alimentaires… Ces facteurs finissent par se combiner entre eux, ce qui accroît les inégalités.

Le milieu social n’agit pas pour autant comme une mécanique implacable. L’attention au corps se diffuse dans tous les milieux sociaux, et une partie des professionnels de santé œuvrent pour réduire ce type d’inégalités. Certaines mesures mises en place - comme la couverture maladie universelle (CMU) - améliorent l’accès aux soins des catégories défavorisées, mais d’autres, comme les déremboursements de médicaments ou la franchise de soin, agissent en sens inverse…

Pierre Volovitch.

Un impact qui ne se mesure que dans la durée
La santé peut être affectée par une exposition à des produits dangereux dans le cadre du travail, elle peut se trouver dégradée par une période de chômage, elle peut être liée à un problème de logement… La difficulté de mesurer ces impacts peut venir du fait que les effets sur la santé de ces diverses situations ne sont pas immédiats. L’étude de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) sur la « vulnérabilité sociale » [3] a ainsi montré que la présence, dans une période antérieure, d’épisodes de ce type, peuvent jouer sur l’état de santé présent des personnes même si leur situation s’est depuis améliorée. La probabilité de se déclarer en mauvaise santé est multipliée par plus de trois quand la personne a subi plusieurs périodes de chômage dans les périodes antérieures (multiplication par 3,5), quand elle a dû, sans l’avoir choisi, avoir recours à un hébergement chez un proche (multiplication par 3,6)…

© Frog 974 - Fotolia.com



[1] Tiers-payant : prise en charge de la dépense par un tiers (sécurité sociale, certaines assurances complémentaires), sans avance de frais.

[2] Pathogène : qui entraîne une maladie pour le salarié

[3] "Vulnérabilité sociale et santé". Rapport Irdes n° 1621, 2006/01.

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 07:12
mardi 28 décembre 2010

Au Honduras, les uns comptent leurs dollars, les autres leurs morts

Le 15 novembre 2010, la région du bas Aguán au Honduras a été le théâtre d’un massacre de plus, perpétré contre cinq paysans membres de l’organisation paysanne Movimiento Campesino del Aguán (MCA). Les faits se sont produits à l’aube du 15 novembre, lorsque deux cents gardes armés à la solde de M. Miguel Facussé Barjum (1), le magnat hondurien de la palme africaine, ont tiré avec des armes de gros calibre sur un groupe de paysans qui venait présenter les papiers les accréditant comme légitimes propriétaires de la finca (propriété) El Tumbador (municipalité de Trujillo).

Ces assassinats constituent un nouvel épisode dans le conflit agraire qui oppose de longue date le MCA aux grands entrepreneurs et propriétaires terriens de la région : M. Facussé Barjum – président de la société Dinant et oncle de l’ex-président libéral Carlos Flores Facussé (1998-2002) –, M. René Morales Carazo – industriel et frère du vice-président de la République du Nicaragua, M. Jaime Morales Carazo –, M. Reynaldo Canales – lui aussi grand patron –, et M. Oscar Najerá – député du parti Libéral (droite).

A la différence d’autres pays d’Amérique latine, où la culture de la palme africaine connaît un essor très récent – lié à l’élaboration des agro-carburants –, celle-ci est présente au Honduras depuis les années 1970. A cette époque, des réformes agraires ont en effet été promues – souvent par des gouvernements militaires, comme au Pérou et au Honduras – pour réduire la pression sur les latifundia (grandes propriétés) et contrôler le mouvement paysan. La culture de la palme constitue donc un enjeu économique important, qui explique d’une part la force et la capacité des coopératives paysannes, et d’autre part la convoitise des grands propriétaires et entrepreneurs de l’industrie de transformation du précieux végétal.

Au début des années 1990, sous la présidence de M. Leonardo Callejas (Parti national [PN], droite), se met en place la loi de modernisation et développement du secteur agricole (2), qui modifie celle de 1962 sur la réforme agraire. Suivant la même tendance que dans le reste des pays d’Amérique latine, la nouvelle loi privilégie la « sécurisation de la propriété » à travers la titularisation individuelle des terres et l’incursion croissante du secteur privé dans le financement de la production agricole. Ce procédé – développé et promu par la Banque mondiale – est également connu sous l’appellation trompeuse de « réforme agraire assistée par le marché ».

La majorité des organisations paysannes du Honduras s’accorde sur le fait que cette loi marque le début d’une accélération de la réappropriation privée des terres anciennement attribuées à des coopératives dans le cadre de la réforme agraire des années 1960.

Considérant cet accaparement comme illégal, les paysans partent à la reconquête des terres. C’est dans ce contexte que le MCA voit le jour, début mai 2000, en occupant les terres du Centre régional d’entraînement militaire (CREM), soit plusieurs milliers d’hectares utilisés pendant les années 1980 par les instructeurs de l’armée des Etats-Unis pour former les combattants de la Contra nicaraguayenne.

Pour le MCA, l’objectif consiste à faire pression pour l’application des dispositions légales établissant l’usage social de la terre et limitant la concentration agraire.

Dans les premiers temps, la tension entre les paysans et les propriétaires terriens est si forte que le président de la République (l’homme d’affaires Ricardo Maduro, PN) n’a d’autre choix que d’intervenir en personne. Le 12 octobre 2000, 1124 hectares sont titularisés au nom des coopératives du MCA, cependant que l’Institut national agraire (INA) entreprend des démarches pour annuler les titres de propriété indûment attribués aux grands propriétaires.

Toutefois la victoire est de courte durée et, pendant des années, la situation reste explosive et le harcèlement constant.

Le 12 juin 2009, un accord est pourtant signé entre le président hondurien, M. Manuel Zelaya, et les organisations paysannes de l’Aguán. Il établit qu’aucune expulsion ne pourra se réaliser avant que la légalité sur les titres de propriété et les ventes de terres n’ait été établie par les autorités compétentes. Mais le coup d’Etat du 28 juin 2009 met fin à cette courte trêve. Le MCA, qui, comme de nombreuses organisations populaires, a rejoint le Front national de résistance contre le golpe (3), se retrouve une fois de plus dans la ligne de mire.

Les attaques reprennent avec plus de vigueur au début de l’année 2010, avec l’entrée en fonction du gouvernement de facto de M. Porfirio Lobo, parvenu au pouvoir lors des élections organisées à l’ombre du putsch militaire, en novembre 2009. Face à la paralysie du processus de titularisation, le mouvement (4), qui recense désormais plus de 3 500 familles organisées en centaines de coopératives, a en effet décidé de reprendre, le 9 décembre 2009, les occupations de terres.

Le 8 janvier, une première expulsion violente des terres nouvellement occupées a lieu : 27 personnes, dont dix femmes, sont détenues. Le 13 janvier, trois dirigeants du MCA sont arrêtés, ce qui porte à 18 le nombre de membres du MCA emprisonnés depuis la création du mouvement. Dans un communiqué, l’organisation dénonce par ailleurs la présence menaçante d’hommes armés aux alentours des terrains des coopératives et accuse un colonel de l’armée de « prêter ses services » aux entrepreneurs de la palme africaine.

Mi-février 2010, des groupes paramilitaires à la solde des grands propriétaires, appuyés par l’armée et la police, attaquent les campements du MCA et font plusieurs blessés. Les faits se produisent alors même qu’une délégation du MCA négocie la ratification des accords signés avant le putsch de 2009, avec l’actuel ministre de la réforme agraire, Cesar Ham. Ce dernier, un ancien député du parti de gauche Union démocratique (UD), s’est à la fois opposé au coup d’Etat… et l’a légitimé en acceptant d’entrer au gouvernement de M. Lobo. Depuis cette « position », il prétend jouer le rôle de « courroie de transmission » des revendications populaires auprès du gouvernement.

Début mars 2010, de nouvelles négociations s’ouvrent entre le gouvernement et les paysans du MCA alors que la région est totalement militarisée et subit une intense répression. Quarante personnes ont été détenues pendant le processus de dialogue, y compris le responsable régional de l’INA, M. Coronado Ávila Mendoza. Le dirigeant du MCA, M. Rudy Hernandez, décrit la situation : « La région du bas Aguán a été inondée de militaires, 28 coopératives étaient en cours de récupération (de leurs terres) et c’est pour cette raison que le 13 avril, après une réunion de plus de quinze heures avec le gouvernement, qui ne voulait nous concéder que 6000 hectares, nous en avons obtenu 11 000. Nous avons signé parce que nous étions sous la menace des canons et nous ne pouvions pas mettre en danger la vie de nos compagnons. Malgré tout, la lutte n’a pas été seulement pour cette quantité de terres mais pour toute la terre assignée à la réforme agraire (5). »

Le 13 avril 2010 les deux parties « s’entendent » donc : 3 000 hectares de terres affectées à la palme africaine seront titularisés immédiatement en faveur de 28 coopératives et après évacuation volontaire des champs occupés (par les paysans), les mêmes surfaces (en friche) leur seront attribuées dans un délai de trois mois et à un autre emplacement. Enfin, dans un délai d’un an, les paysans devront recevoir 1 000 hectares cultivés en palme et 4 000 hectares non cultivés. Le président de facto se rend lui-même sur place et se porte garant des accords.

Mais l’apaisement qu’on aurait pu attendre à partir de la signature des accords n’a pas lieu. Au contraire, la zone de l’Aguán connaît un regain de tension. En effet, le magnat de la palme, M. Facussé, donne la mesure du peu de cas qu’il fait des dispositions légales. Il annonce qu’il fera appel des décisions prises auprès des tribunaux.

Allant au-devant de ses désirs, le 20 avril, l’armée resserre son étau autour de la communauté Guadalupe Carney (fondée sur les terres occupées du CREM), qui se retrouve complètement encerclée par plus d’une centaine d’effectifs des commandos Cobras et de militaires. Le prétexte : l’arrestation de membres du MCA. Par ailleurs, le syndicat des travailleurs de l’INA (Sindicato de Trabajadores del INA [SITRAINA]) de la région dénonce des menaces et des intimidations contre ses membres.

Le 23 avril, alors que le MCA fait état de l’invasion imminente de la communauté Guadalupe Carney par l’armée, M. Facussé annonce qu’il refuse de négocier ne serait-ce qu’un hectare de terre. Le bras de fer engagé avec le MCA s’étend à l’INA et à son directeur dont le propriétaire réclame ouvertement la tête. Cette situation révèle le double jeu du gouvernement qui, d’un côté, fait mine de jouer la conciliation par le biais de l’INA, et de l’autre, prend prétexte du climat de tension pour militariser la région.

Quelques jours plus tard, le 28 avril, la radio communautaire de Zacate Grande (une communauté située dans le golfe de Fonseca, région pacifique, à 150 km de la capitale) est attaquée et détruite par des hommes armés à la solde de M. Facussé.

Le 25 mai, le quotidien La Prensa avait publié un entretien avec M. Facussé dans lequel celui-ci affirmait que « le problème de l’Aguán détruirait l’économie », laissant ainsi entendre que le « climat d’insurrection » dans la région faisait fuir les investisseurs étrangers (6). En juin 2010, l’annonce du licenciement de 500 employés des entreprises de Miguel Facussé dans la région constitue une manœuvre de plus pour attiser les dissensions entre les paysans.

Le 21 juin, une opération conjointe de membres des bataillons Cobras et des vigiles de l’entreprise de sécurité Orión (recrutée par M. Facussé), menée dans le but d’arrêter deux membres de la coopérative La Aurora, provoque la mort d’un jeune de 17 ans. L’autopsie révèle douze impacts de balles (7). Le communiqué du MCA souligne que la finca La Aurora avait été assignée à la coopérative par l’INA.

Le 17 août, trois membres du MCA (dont un adolescent de 14 ans) sont assassinés. Quelques jours plus tard, un affrontement a lieu à Zacate Grande entre les occupants des terres récupérées et les habitants de villages voisins, à qui M. Facussé a remis des « titres de propriété » et fait miroiter la construction d’un collège pour leurs enfants.

La liste des intimidations et arrestations arbitraires s’allonge tous les jours mais les institutions financières internationales ne sourcillent pas. Dans une lettre (8) adressée le 17 novembre 2010 au président de la Banque mondiale, M. Robert Zoellick, l’ONG canadienne Rights Action accuse celle-ci d’être coresponsable des exactions commises dans l’Aguán. Dénonciation fondée sur le fait que le 5 novembre 2009, Dinant avait reçu de la Corporation financière internationale (IFC) – chargée de l’attention au secteur privé au sein de la Banque mondiale – le prêt n° 27.250, à hauteur de 30 millions de dollars.

Les rumeurs, régulièrement relayées par la presse, faisant état de l’existence de groupes armés au sein du MCA se sont renforcées ces derniers jours. Certains médias croyant même savoir que les bases d’entrainement de la guérilla se trouveraient au Nicaragua (9)… Ironie du sort : les terres originalement occupées par le MCA, avaient, elles, bel et bien servi de base pour les troupes de la Contra, dont l’objectif était précisément d’agresser le Nicaragua voisin…

Le massacre du 15 novembre a donné un nouveau prétexte à l’envoi de l’armée dans la région. Mais contre toute attente, au lieu de s’en prendre aux milices armées des entrepreneurs de la palme, ce sont les bureaux de l’INA – ceux-là même où sont entreposés les dossiers de régularisation des terres du MCA – qui ont été militarisés.

Le 6 décembre les paysans ont repris les blocages de route pour exiger que justice soit faite. Le 7 décembre, un communiqué du MUCA avertit que la communauté Guadalupe Carney est de nouveau encerclée par l’armée.

Le 15 décembre, 600 militaires ont pris position sur les collines alentours et des hélicoptères survolent la zone.

 

Hélène Roux

Journaliste et sociologue.

(1) Giorgio Trucchi, « Masacre y barbarie en el Bajo Aguán », Secrétariat régional latino-américain (Rel-UITA), 16 novembre 2010.

(2) « Ley para la Modernización y Desarrollo del Sector Agrícola (LMDSA) », Institut agraire national (INA), 5 mars 1992.

(3) Aujourd’hui Front national de résistance populaire (FNRP).

(4) Qui se présente également sous le sigle MUCA (Mouvement uni des paysans de l’Aguán).

(5) German Reyes, « Incumplimiento del gobierno caldea los animos en el Aguán », Revistazo, 18 novembre 2010.

(6) « Problema del Aguán destruiría la economía », La Prensa, 25 mai 2010.

(7) Giorgio Trucchi, « Asesinato salvaje de joven del MUCA », Rel-UITA, 22 juin 2010.

(8) « Letter to the World Bank », Rights Action, 17 novembre 2010.

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 07:08
Les chauffeurs grévistes de la société TCSV obtiennent une première victoire au Conseil des Prudhommes de Basse-Terre
  Victoire des grévistes de la société TCSV aux Prud’hommes :
  1. Reportage de Guadeloupe Première ;
  2. Article du quotidien France-Antilles ;
  3. Liens vers les précédents articles sur "l’affaire TCSV" ;
  4. Liens vers les vidéos des actions d"information et de mobilisation.

TCSV PRUD’HOMMES
Uploaded by UGTG. - Up-to-the minute news videos.

Les chauffeurs grévistes de la TCSV savourent une première victoire - France-Antilles, édition du jeudi 23 décembre 2010.

Verdict du conseil des prud’hommes. La grève des chauffeurs de la société Transports Côte sous-le-Vent (TCSV) a débuté le 3 mars 2010. Après neuf mois, elle a accouché d’une décision favorable aux grévistes affiliés à l’UGTG. En effet, mardi, le conseil des prud’hommes a rendu une décision en faveur des salariés.

Les revendications des grévistes portaient sur le paiement des heures supplémentaires non payées depuis l’année 2008 ainsi que sur le licenciement de certains chauffeurs qui avaient justement dénoncé le fait que ces heures supplémentaires ne leur étaient pas payées.

Les demandes de négociations formulées par les grévistes n’ayant pas eu de suite, le syndicat UGTG a déposé un dossier le 10 juin 2010 au conseil des prud’hommes. Après plusieurs audiences, la juridiction a rendu sa décision, condamnant l’employeur à payer aux salariés les rappels de salaires pour heures supplémentaires et les congés payés, entre 8000 et 25000 euros pour chacun des treize salariés grévistes, soit au total 250 000 euros environ.

Pour Gaby Clavier, de l’UGTG, « c’est une décision fondamentale ». Mais comment la société, dont le gérant s’est toujours plaint d’une situation financière difficile, va-t-elle faire face à ces dépenses ?
« Dans ce dossier, le conseil général est le donneur d’ordre et c’était à lui de vérifier que les conditions de travail et de sécurité étaient respectées, il devrait donc aider l’employeur à payer. Pour nous, c’est une décision qui est fondée. Nous nous attendons à ce que le gérant fasse appel, mais si c’est le cas nous ferons d’autres demandes, parce qu’il y a beaucoup d’autres revendications que nous n’avions pas posées et nous n’hésiterons pas à le faire » .

« Une démonstration de solidarité des grévistes »

Aujourd’hui, les grévistes se félicitent de cette décision et ne regrettent pas d’être allés jusqu’au bout de leur combat. Et selon Gaby Clavier, ce résultat est « une vaste démonstration de solidarité des grévistes entre eux, mais aussi avec leurs familles, leurs amis et les travailleurs en général. S’ils ont pu tenir aussi longtemps, c’est grâce à toutes les personnes qui les encouragent. Je rappelle que ce sont des conducteurs de bus donc ce sont des gens populaires. C’est cette solidarité avec leur syndicat et la population de la Côte sous-le-Vent, qui a permis d’obtenir cette victoire. C’est aussi la victoire de la détermination et de l’engagement. Connaissant leurs droits, ils n’ont pas reculés. Souvent dans des entreprises, les salariés se taisent par peur, eux, ils ont lutté. Il faut rappeler qu’ils ont été les premiers à poser les problèmes qui sont soulevés aujourd’hui dans les autres entreprises de transports » .

Cela dit, ils ne reprendront pas le travail avant d’avoir rencontré le gérant sur les conditions de reprise et de paiement. La mobilisation ne s’arrête pas à ce résultat, d’autant plus que le syndicat attend une autre décision de justice, la semaine prochaine, concernant le travail clandestin.

Joint par téléphone, hier, le gérant de la société TCSV, Max Fattore n’a pas souhaité commenter la décision du conseil des prud’hommes.

Source : http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/regions/basse-terre-et-sa-region/les-chauffeurs-grevistes-de-la-tcsv-savourent-une-premiere-victoire-23-12-2010-106649.php

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 07:05
Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière et leurs 3 accompagnateurs

mercredi 29 décembre 2010

 

Déclaration commune de la CGT et du Syndicat National des journalistes CGT

Un an après leur enlèvement, les deux journalistes de France 3 sont toujours otages en Afghanistan.

Le 30 décembre 2010, cela fera une année entière que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, journalistes de France 3, et leurs trois accompagnateurs afghans, ont été enlevés dans la vallée afghane de la Kapisa par un groupe de talibans.

Partis en Afghanistan pour un reportage dans le cadre de l’émission "Pièce à convictions", ils ont été capturés il y a un an et sont depuis retenus en otages pour avoir fait leur métier d’informer le monde sur la guerre d’Afghanistan. Ils l’ont fait en toute indépendance, hors des voies officielles pour la dernière partie de leur reportage, sans être des journalistes "embedded" (au sein d’une unité militaire).
Cela leur a valu d’être cloués au pilori par l’entourage élyséen. D’abord un mur de silence a entouré l’enlèvement de deux reporters.
Puis ce fut le tour des critiques acerbes venant tant du porte-parole de l’UMP de l’époque Frédéric Lefevbre que du Secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant ou du chef d’Etat major alors en place le général Jean-Louis Georgelin, dénonçant tant les risques pour leurs recherches pris par les militaires français que les coûts de l’opération !

Grâce à leurs nombreux soutiens, la chape de plomb a été brisée et leurs noms sont enfin apparus dans les médias, comme cela avait été fait pour d’autres journalistes otages, au Liban ou en Irak. Le décompte des jours de détention dans leur cachot a été égrené quotidiennement pour qu’"on ne les oublie pas".

Manifestations, pétitions ont été organisées partout en France.

Le SNJ-CGT, parmi d’autres, s’est mobilisé pour affirmer sa solidarité avec nos deux confrères et leurs collègues afghans. Des communiqués nombreux ont été diffusés notamment pour dénoncer l’attitude indigne des autorités françaises à leur égard. Trois syndicats de journalistes français (SNJ, SNJ-CGT, CFDT) ont également initié une déclaration avec la Fédération européenne des journalistes pour apporter le soutien syndical européen, au moment où une des rares vidéos sur les deux reporters a été postée sur Internet (avril 2010).
De plus, le Président de la Fédération Internationale des journalistes (600.000 membres sur tous les continents) Jim Boumelha a envoyé une lettre ouverte au chef de l’Etat Nicolas Sarkozy pour s’inquiéter du sort des deux journalistes. Elle est restée à ce jour sans la moindre réponse.
Le SNJ-CGT a demandé en août dernier à être reçu par le cabinet du Premier ministre François Fillon pour avoir des informations sur les preuves de vie reçues à l’époque. Fin de non recevoir.

Malgré des propos rassurants de tels ou tels ministres, rien n’est venu annoncer un véritable signe d’espoir sur une libération prochaine, sur la fin de cette inadmissible prise d’otages. Par exemple pour cette fin d’année. Dernier fil ténu entre les familles et les otages : une vidéo à la veille de Noël a été reçue par les autorités destinée aux proches. On nous assure que les deux journalistes vont bien. Mais ils sont toujours enfermés en cette fin d’année.

Les fatidiques 365 jours de détention vont être franchis sans pour l’heure que les cinq otages français et afghans ne soient rendus aux leurs.
Le ministre de la Défense Alain Juppé qui s’est rendu à Noël en Afghanistan auprès des troupes françaises et pour rencontrer à Kaboul le président Hamid Karzaï, n’a pas été très disert et n’a pas suscité de nouvelles espérances.

"Nous continuons à travailler aussi activement que nous le pouvons pour leur (les otages ndlr) libération", a déclaré le ministre dimanche 26 décembre à la presse. "Je ne veux pas susciter de faux espoirs et donner de calendrier, mais les choses se poursuivent dans la bonne direction", a-t-il ajouté. "Tout le monde est mobilisé, y compris nos troupes ici sur le terrain mais aussi tous ceux qui négocient".

A quelques jours de l’"anniversaire" de la prise d’otages des deux journalistes français, la FIJ s’est donné pour tâche d’interpeller le président du Conseil européen M. Herman Van Rompuy pour que tout soit fait afin de faire libérer les reporters de France 3 et leurs accompagnateurs afghans. Au plus vite.

Le SNJ-CGT, la Confédération CGT, avec tous les soutiens des deux journalistes poursuivront sans relâche le combat en faveur de Stéphane, Hervé et leurs accompagnateurs pour les faire sortir de leur geôle. Car il y a urgence.
La liberté de l’information est un combat pour la démocratie sous toutes les latitudes.

Montreuil, le 29 décembre 2010

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 20:03

Médias 2.0 par Emmanuel Berretta

 

Le Point.fr - Publié le 21/12/2010 à 13:53 - Modifié le 21/12/2010 à 18:42

TF1 épinglée pour "mise en danger de la vie" d'un technicien

L'inspection du travail signale au procureur de la République "l'enfer" que vit Jean-Christophe Meunier, délégué CGT à TF1.

TF1 épinglée pour "mise en danger de la vie" d'un technicien

L'inspection du travail estime que TF1 a "mis en danger la vie d'autrui" © Coupreau / Sipa

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Par Emmanuel Berretta

On croyait ce genre de cas réservé à France Télévisions. La preuve que non : la directrice adjointe de l'inspection du travail Céline Bernardi transmet au procureur de la République un dossier accablant pour la direction de TF1. Dans un courrier en recommandé adressé le 10 décembre à Nonce Paolini, le P-DG de la chaîne (et ancien DRH), l'inspection du travail estime que TF1 a "mis en danger la vie d'autrui", en l'occurrence celle de Jean-Christophe Meunier, chef de car vidéomobile et délégué CGT à TF1. Contactée par Le Point.fr, la direction de TF1 ne souhaite pas commenter le rapport de l'inspectrice du travail. "Le parquet va l'analyser. La justice va faire son chemin. Pour nous, il n'y a pas d'affaire à ce stade", déclare un représentant de Nonce Paolini. Céline Bernardi détaille, pour sa part, ses accusations sur 13 pages, fruit de son enquête au sein de l'entreprise. La recherche du profit et la réorganisation de TF1 seraient à l'origine de nombreux cas de "souffrance au travail". L'inspectrice s'appuie sur un "observatoire du stress" interne à TF1 qui révèle qu'environ 650 salariés (soit 19 % des effectifs) souffrent de ce "stress" tandis que les cas de troubles dus à l'anxiété concernent 1.000 salariés et plus particulièrement 450 d'entre eux...

Mais c'est sur le service de la vidéomobile que Céline Bernardi a lancé son investigation entre avril et mai 2010. Premier accroc : l'accord signé en 2000 et renouvelé en 2010 concernant les rythmes de travail "au forfait, en jours sur l'année" est contraire au code du travail. Les techniciens sont, en effet, soumis à un tableau de service suivant un planning collectif, qui peut être changé à tout moment en fonction de l'actualité. Ils ne disposent donc d'aucune autonomie dans leur gestion du temps de travail. Les conditions légales du "forfait jours" ne sont pas remplies. Conséquence dommageable pour les travailleurs : un épuisement des troupes constaté par Céline Bernardi, tandis que TF1 économise le paiement de "dizaines, voire de centaines d'heures supplémentaires effectuées chaque année". Décidément, le sort des techniciens rejoint celui des candidats de L'île de la tentation !

Délit d'entrave

Ainsi, durant les 35 jours de l'enquête, Céline Bernardi constate 36 durées excessives du travail dont 28 journées à plus de 12 heures et 8 semaines à plus de 48 heures, dont une de plus de 60 heures pour une trentaine de salariés (CDI ou intermittents) employés par le service vidéomobile. La loi sur les 35 heures n'est pas respectée, avec des dépassements qui vont jusqu'à 510 heures par an... Impossible d'organiser sa vie privée quand on est corvéable à tout moment, estime l'inspectrice. D'où des cas "d'isolement social".

Une nouvelle équipe de managers nommée par Nonce Paolini va encore durcir les choses à partir de 2007. Le 11 octobre 2010, on serre un peu plus la vis : au lieu de 9 salariés employés par jour, l'équipe est réduite à 8. Là où l'on travaillait par trois, les nouveaux chefs imposent de travailler à deux, voire seul. Forcément, les tâches évoluent. ll faut tout faire et savoir tout faire. Les chefs de car sont priés de conduire les véhicules. "Une déqualification", estime Céline Bernardi. Donc, un changement de contrat de travail sans respecter les droits individuels des salariés, déduit-elle. S'ajoute à cela un refus du dialogue puisque le CHSCT n'a pas été consulté. L'inspection du travail y voit un délit d'entrave.

Harcèlement moral

Les chicaneries se multiplient sur les notes de frais, avec l'interdiction de sortir du lieu de travail sans autorisation, l'interdiction de manger avant d'avoir garé le véhicule au parking de TF1 au-delà de 21 h 30... Bref, l'esprit du "petit chef" se répand dans le service. L'accident social arrive avec l'arrêt de Jean-Christophe Meunier pendant 5 semaines en novembre 2009 et trois mois à partir d'octobre 2010. Idem pour deux autres techniciens (un mois et deux mois). Une situation de crise qui conduit Céline Bernardi à saisir le parquet sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale.

Pour l'inspection du travail, Jean-Christophe Meunier a été consciencieusement déstabilisé. "Mise au placard", "remise en cause récurrente et sans fondement de ses compétences professionnelles", "manifestations récurrentes de défiance et propos agressifs", l'inspectrice recense et détaille tous les maux... Jean-Christophe Meunier finit par déposer plainte aux prud'hommes pour non-paiement des heures supplémentaires. Dès lors, sa situation s'aggrave. Le "harcèlement moral", pointé du doigt par l'inspectrice, sur la personne, qui plus est, d'un représentant syndical CGT peut finir par coûter cher à TF1. Les économies réalisées d'un côté vont-elles s'envoler devant les tribunaux ? Quand la dure réalité rattrape la télé, c'est plus violent que Koh Lanta.

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 19:19
envoyé par Nicole Bryndas
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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 19:10

Monde - le 31 Décembre 2010

Amérique du sud

TRISTES CHILIS. La page noire du pinochétisme n’est pas encore tournée

 

Le président Pinera entend intensifier l’ouverture économique et les investissements transnationaux sans limites. Le chômage et la pauvreté gagnent du terrain. L’impunité des crimes commis sous la dictature 
est protégée. Santiago du Chili, correspondance.

Santiago, 35 degrés, tout est propre. La dictature a servi les siens : 10 % de la population possède 40 % des richesses. Un taux de croissance de 6 %, des privatisations à tous crins, l’ultralibéral Mercurio du 22 décembre annonce le processus final de privatisation des compagnies de l’eau, une opération financière de grande envergure. Le même journal pinochétiste du même jour se félicite que la Bourse chilienne soit, depuis dix ans, la troisième plus grande place du monde. Pour le syndicaliste Carlos Poblete : « Ici, il ne reste que la Cordillère à privatiser, tout le reste l’a été. » Le président Pinera est un mélange de Sarkozy et de Berlusconi, si cultivé qu’il a pris Robinson Crusoé pour une personne réelle. Bling-bling, corruption, réseaux maffieux et argent qui coule à flots, le président possédait jusqu’à présent le plus important club de football, le Colo Colo, la compagnie d’aviation LAN, la chaîne de télévision Chilevision, etc. La vente de ses actions dans le club Colo Colo lui a rapporté 7,4 millions de dollars, soit moins de 1 % de son patrimoine.

Le revers de la médaille, nous l’avons vécu à Rancagua, dans la poblacion (quartier pauvre) Villa Las Rosas et le campamento (bidonville) Norte Esperanza. Dans ces lieux, pas d’eau potable, pas d’électricité, pas de sanitaires, mais de la dignité à revendre. La présidente du comité de quartier, Blanca, nous accompagne : elle gagne l’équivalent de 100 euros par mois et fait vivre quinze personnes sous un toit de tôle et de carton, dans une poussière et une indigence désespérantes. Les gamins se baignent dans le caniveau. Lorsqu’ils sont malades, pas d’assistance médicale, « ils doivent prier Dieu ». Blanca sait qu’il s’agit d’un problème de répartition des richesses. Au loin, à 2 500 mètres d’altitude, on voit la plus grande mine de cuivre au monde, El Teniente. Sur le marché, les prix du cuivre flambent (5 dollars la livre) et enrichissent les multinationales : 30 milliards de dollars de bénéfice annuel, sans aucun impôt reversé au pays (l’État ne possède que 28 % des actions). Eduardo a été arenero toute sa vie, tirant manuellement le sable de la rivière, pour quelques pesos. Droit dans sa dignité, il est bouleversant lorsqu’il parle de « notre Neruda, celui qui nous a compris, qui a chanté nos luttes, nos souffrances, qui nous a donné voix au Parlement, qui a mis la poésie au service des pauvres ». Les larmes aux yeux, on écoute cette belle leçon.

Carlos Poblete, les femmes du bidonville nous parlent d’« apartheid social », de « plusieurs Chilis ». Dans ces baraques, se mêlent drogue, délinquance, violence et résistance. Les victimes pauvres du tremblement de terre attendent encore d’être relogées. Hormis un téléthon, le gouvernement n’a rien fait pour elles et préfère les reléguer à l’invisibilité, loin des centres-villes, dans des conditions de vie quasi animales.

Dans les rues de Santiago, nous avons questionné : quasiment personne ne savait que treize tortionnaires chiliens venaient d’être condamnés par la cour d’assises de Paris à de lourdes peines. Le silence médiatique au Chili a été quasi total. Ignorance ou volonté de ne pas avoir ? Au nom de la « stabilité » du pays, dans une société encore fortement marquée par le pinochétisme, et qui oblige à vivre dans une démocratie sans justice ni vérité, le décret-loi d’amnistie de 1978, déclaré « inapplicable », protège toujours l’impunité de la dictature. La Constitution pinochétiste de 1980 verrouille le système politique au service d’un modèle économique des plus ultralibéraux. L’avocat des droits de l’homme Eduardo Contreras, comme Garzon, a poursuivi Pinochet ; il a été la cible d’un attentat. « Nous vivons toujours sous le régime de l’impunité, malgré quelques avancées. » La Fédération internationale des droits de l’homme a condamné la légèreté des peines accordées aux ex-tortionnaires et la règle de semi-prescription qui permet de réduire les peines. 76 militaires sont dans des prisons trois étoiles, comme celle de Punta Peuco pour le patron de la police politique, la Dina, qui agissait dans 25 pays, dont la France.

En 2010, les Associations de familles des victimes (Afep), des avocats des droits de l’homme ont déposé 1 176 plaintes, 700 procès sont en marche. S’ils sont si nombreux, selon Eduardo Contreras, « c’est précisément que personne jusqu’à présent n’a eu le courage d’affronter la responsabilité de la dictature dans les crimes contre l’humanité. Pinochet n’a pas été vaincu, et la transition a été négociée : les réunions avaient lieu à l’ambassade nord-américaine. Au Chili, on ne recherche pas les près de 3 200 disparus ». Pour le journaliste Victor de la Fuente, le sang versé ne l’a pas été en vain, mais après une telle terreur, il faut plusieurs générations pour relever la tête.

Jean Ortiz

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