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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 09:49


LA DIPLOMATIE FRANÇAISE
OU LE MOLLETISME EN ACTI
ON


MICHEL ROGALSKI
Directeur de la revue Recherches internationales


Il est vrai qu’une diplomatie ne peut s’inverser en quelques semaines tant il y va de la continuité de l’État et des engagements souscrits. Mais à mi-parcours d’un mandat présidentiel, la marque nouvelle a pu et dû s’imprimer et le sillon se tracer, être compris et pris en compte par la communauté internationale attentive aux nouveaux signaux d’un pays qui reste encore l’une des principales puissances de la planète et dont la diplomatie a rarement été isolée. Un pays dont les atouts, façonnés par l’histoire, ne sont pas mince. Ancien empire colonial sur lequel le soleil ne se couchait jamais, partie prenante du côté des vainqueurs de deux conflits mondiaux, détenteur de l’arme nucléaire et donc assurée de la pérennité de son siège permanent au Conseil de sécurité, dotée d’une langue largement partagée dans le monde, et enfin grande puissance maritime par l’étendue de ses côtes, la France est un pays qui compte encore sur la scène mondiale même si elle ne fait plus jeu égal avec l’Allemagne en Europe, continent lui même en déclin relatif.
La diplomatie française a une histoire dont les sinuosités ont ciselé autant de phases et de repères marquants. Elle doit faire face à un ensemble de grands dossiers qui structurent le monde et dans lesquels elle est impliquée et qui constituent autant d’occasions d’imprimer sa marque. Il est d’usage de l’évaluer à l’aune de ces grands traits en prenant la mesure des inflexions réalisées.
Pour nous en tenir au cadre de la V° République, la présidence actuelle fait suite à celles de De Gaulle, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac et Sarkozy. Les trois premières ont connu la guerre froide, pas les trois dernières. À l’inverse, seules les trois dernières ont connu les contraintes de la mondialisation et de sa forme accusée, l’intégration européenne. De Gaulle sortit la France de son Empire colonial pour l’insérer dans l’Europe et esquissa une prise de distance d’avec l’atlantisme marqué par une soumission aux Etats-Unis. La parole fut audacieuse – discours de Phnom Penh et du Québec – et les décisions fermes – fermeture des bases de l’Otan et sortie de son dispositif militaire intégré. Malgré sa volonté Giscard ne put revenir sur l’essentiel de ces orientations sauf à rompre avec les gaullistes, ce que le rapport de forces ne lui permit pas. Il est d’usage de considérer qu’en matière de politique étrangère la continuité fut forte entre Mitterrand et Chirac au point qu’on put parler d’une diplomatie gaullo-mitterrandienne, souvent ramenée, cohabitation oblige, au consensuel Hubert Védrine. Toute autre fut la phase incarnée par Sarkozy qui, au delà de son agitation centrée sur l’événement, marqua un retour vers un atlantisme décomplexé et un goût prononcé pour les expéditions guerrières inspiré par un droit-de-l’hommisme douteux et générateur de chaos. En fait, son atlantisme consistait à faire retour dans le giron du monde occidental, alors même que la guerre froide était terminée.
C’est dans un tel contexte que François Hollande, avec ses prérogatives de chef d’État, prend en charge la diplomatie française. Allait-il renouer avec le consensus gaullo-mitterrandien du rapport aux États-Unis– alliés, mais pas soumis –, continuer le nouveau sillon tracé par le prédécesseur ou imprimer sa marque esquissée par les points programmatiques de sa campagne et attendue par ses électeurs ? Aucune inflexion marquante ne fut prise. Par défaut le pire fut donc choisi ! Oubliées les quelques vagues promesses de campagne ou de postures adoptées lorsqu’il était dans l’opposition. Car sur l’essentiel l’inflexion sarkozyste fut préservée et délibérément assumée au point même d’aller demander non sans malice à Hubert Védrine de rédiger un Rapport expliquant que tous comptes faits il y avait plus d’avantages à continuer à rester dans le commandement militaire de l’Otan, inflexion adoptée par Nicolas Sarkozy, qu’à revenir à la posture traditionnelle de la France. Exit donc la position développée par François Hollande, alors parlementaire de l’opposition, et qui déclarait à l’Assemblée nationale lors d’une motion de censure débattue en 2008 : « Ce retour vers l’Otan n’est pas simplement contraire aux intérêts de la France et même de l’Europe, il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde. Car la décision du Président de la République intervient au moment où l’Otan change d’identité. » Au lieu de tout cela, il faut évidemment sortir de l’Otan qui depuis la fin de la guerre froide n’a plus de raisons d’être sinon de permettre aux Etats-Unis d’exercer leur emprise sur ses membres et les pousser en situation de servitude volontaire. Il convient également d’exiger la dissolution de l’Otan devenue anachronique et d’en tirer toutes les conséquences en matière de désarmement et de lutte contre la prolifération nucléaire.
Sur l’Europe, le cap fut par ailleurs très vite tranché. Les velléités, un temps envisagé, de renégocier le Traité « Merkozy » se transformèrent en codicille sur la croissance mais sans portée obligatoire. Ligotée, la France ne put donc prendre la tête d’une coalition anti-austéritaire et dut au contraire très vite sous diktat de Bruxelles s’appliquer les pires mesures régressives. L’ambition de campagne proclamée de peser sur les modalités de la construction européenne s’est évanouie et la France se retrouve sans voix originale pour peser en Europe, alors que sa nécessité est d’une urgence criante. Au moment du scandale LuxLeaks qui révèle les faveurs fiscales accordées depuis des années par le Luxemburg à des centaines de firmes multinationales leur permettant de spolier leur État d’origine, Pierre Moscovici vole au secours de Jean-Claude Juncker responsable de la dérive fiscalo-maffieuse de son pays dont le coût est évalué à 1000 milliards d’euros par an. Michel Sapin aurait là beau jeu de faire valoir les rentrées fiscales perdues par la France à cause du paradis fiscal luxembourgeois. Et en alléguant combien ces pertes fiscales ont contribué à la montée de l’endettement aujourd’hui reproché, la France pourrait solidariser avec elle bon bon nombre de pays européens également touchés et soumis à des politiques régressives et des hausses d’impôts.
Mais pour prendre une telle posture, encore aurait-il fallu donner corps aux propos de campagne laissant croire que « mon adversaire c’est la finance ». Pourtant les occasions furent nombreuses de le réaffirmer. Passons sur les visites à Londres du Président Hollande puis de son Premier ministre pour rassurer les financiers de la City, puis les patrons. La vraie lutte contre la finance commençait en France même pour réguler le secteur bancaire. Les engagements de campagnes avaient été prometteurs. Une nouvelle loi devait séparer les activités bancaires de dépôt de la clientèle des activités de marchés où la banque engageait de façon risquée ses propres capitaux. Mais dans ce domaine la timidité a été de mise. Seuls à peine 1 ou 2 % des activités des grands groupes français sur les marchés de capitaux se trouveront concernés par la « loi de séparation et de régulation bancaire » adoptée en juillet 2013. C’est une séparation qui ne coupe pas dans le vif et laisse à la finance tout loisir de continuer, avec l’argent du public, ses pratiques. Dans la même lignée, la France agit dans le cadre européen pour limiter le champ d’action de la « taxe Tobin » sur les transactions financières.
L’attitude du gouvernement français à propos de l’amende infligée par les autorités américaines au groupe BNP-Paribas a été révélatrice. Surtout ne pas parler du fond – du rôle du dollar et de la souveraineté nationale – ou de la leçon – le politique peut contraindre la finance - mais marchander et plaider l’indulgence ou le risque systémique afin d’atténuer la peine pour la rendre « raisonnable », tel fut le propos confus de nos dirigeants partagé en cela par les principaux commentateurs et faiseurs d’opinion. Seul positionnement possible pour tous ceux rassemblés à l’unisson autour du respect de la finance et de l’allégeance aux États-Unis. La banque a payé – 9 milliards de dollars – et a dû s’acquitter de très lourdes peines annexes. En silence ! La profession qui ne manque pas de relais a fait profil bas. Car ce que tous ont voulu cacher c’est que la donne avait changé aux États-Unis depuis la crise de 2008. Les sanctions pleuvent en cascade sur les banques et institutions financières. L’administration est sans pitié et les pénalités se négocient. Les établissements financiers ayant joué un rôle central dans l’affaire des subprimes ont déjà dû débourser plus de 100 milliards de dollars de pénalités ou de dédommagements à leurs victimes. C’est le politique qui est aux commandes et aucune position établie aussi respectable soit-elle, financière ou industrielle, ne semble pouvoir résister à un État qui ne badine pas et qui entend que les règles édictées soient respectées. C’est bien ce message que nos dirigeants politiques, Medef et commentateurs associés ont surtout cherché à ne pas entendre. Car cela pourrait donner des idées. Imposer de quelques milliards nos établissements financiers pour quelques infractions vraisemblables et les faire ainsi abonder au budget de l’État qu’ils ont contribué à déstabiliser eut été une leçon raisonnable de ce qui se passe outre-Atlantique que l’on tient pour notre Mecque.
L’affaire de la NSA révélée par le courageux Edward Snowden a montré au monde entier que les Etats-Unis s’étaient lancés dans un vaste programme d’interception des communications téléphoniques et informatiques à l’échelle du monde sans aucun discernement entre pays amis ou ennemis. Toutes ces révélations dévoilent l’ampleur du processus coopératif qui a accompagné la mise en œuvre de ce vaste réseau de surveillance. Certes, il profitait essentiellement aux Etats-Unis, mais grâce à la complicité des dirigeants des pays qui se présentent aujourd’hui comme des victimes. L’attitude de la France ne fut pas glorieuse. Avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal, elle interdit, sur injonction américaine, le survol de son territoire de l’avion du Président bolivien Moralès suspecté de transporter Edward Snowden. Bloqué en Autriche l’avion fut fouillé. France en tête, les gouvernements européens ne peuvent pas prétendre avoir été bernés, car tous leurs abandons ont été consentis. Dos au mur, il leur faut faire oublier qu’ils ont accepté que des millions de données personnelles concernant leurs citoyens aient été livrés aux Etats-Unis, en échange d’une réciprocité dérisoire. Circonstances aggravantes pour la France, quant on sait que cet espionnage se faisait en large partie à travers le contrôle de câbles sous-marins par lesquels transitaient toutes ces opération et que le fleuron industriel français qui les construisait – Alcatel – a été fusionné avec … la société américaine Lucent.
Dans ses rapports avec le monde en développement, à l’exception de la séquence sarkozyste, la France a toujours eu la volonté de sortir de son statut de pays occidental et d’adopter une attitude spécifique et indépendante et de miser sur une politique de coopération et de co-développement. Elle pouvait s’appuyer pour ce faire sur sa langue partagée, des amitiés solides dans son ex-empire et des positions remarquées et courageuses vis-à-vis des engagements américains aussi bien au Vietnam qu’en Irak. Ce capital diplomatique, dilapidé notamment par l’opération libyenne de Sarkozy, n’a pas été regagné par la diplomatie actuelle.
Qu’on en juge ! Trois premières années de mandat présidentiel, trois guerres : Mali, Centrafrique, coalition anti-Daech en Irak. Quatre avec la Syrie, si les États-Unis et la Grande-Bretagne n’avaient pas été plus sages que nous. Trois guerres décidées dans l’urgence et la précipitation, sans plan d’action à long terme, sans objectifs politiques précis voire atteignables par le seul engagement militaire. Tout annonce bourbiers, enlisements voire revirements de nos alliés. Le sens de ces engagements – la lutte contre l’islam radical parfois habillé de l’étiquette « terrorisme » - est brouillé par des actes qui l’ont encouragé – l’intervention en Libye - ou par un jeu d’alliances incohérent avec des États comme le Qatar, l’Arabie saoudite, voire la Turquie reposant plus sur des intérêts circonstanciels où les armes, le pétrole, la finance pèsent plus qu’un partage d’objectifs communs. Sur l’Iran, la Syrie et le conflit israélo-palestinien, à côté de la France Barack Obama fait figure de modéré et nous apparaissons comme ses neocons. Bref, dans notre engagement atlantiste et occidental, nous ne suivons pas, nous précédons et nous mettons de l’huile sur le feu. Nous avons tout fait pour faire capoter il y a un an les négociations des 5+1 avec l’Iran en rajoutant conditions supplémentaires là où un compromis avait déjà été trouvé et permettait de mettre en place une séquence équilibrée – arrêt de l’enrichissement de l’uranium contre baisse du niveau de l’embargo – permettant la poursuite des négociations dans un climat plus détendu. Sur Israël notre pression est insignifiante quand elle n’est pas encouragement ou compréhension publiquement affichée comme lors du conflit avec Gaza l’été dernier. Même sur le principe de la reconnaissance internationale de l’État palestinien, notre volonté de la lier au niveau des progrès de la négociation entre les deux parties nous fait apparaître à la remorque des déclarations de Madame Frederica Mogherini, nouvelle responsable de la diplomatie européenne.
Depuis quinze ans l’Amérique latine bouge. Un tournant à gauche y prend corps. Que Sarkozy l’ait ignoré était dans l’ordre des choses, mais que la diplomatie d’Hollande y soit moins attentive que celle de Chirac doit alerter. Il faut y voir le poids de l’Internationale socialiste. En effet partout ces changements se sont effectués contre des régimes militaires ou des équipes liées à l’IS dont la politique dans la région avait toujours été inféodée à la politique du grand voisin du nord. Ces équipes se sont retrouvées souvent marginalisées dans ces processus populaires et ont pour le moins perdu en influence dans le continent. Tout a été tenté pour déconsidérer et affaiblir ces tournants à gauche. De l’utilisation de Lula – ratée – contre Chávez à la désignation de ces régimes comme « populistes ». Cette politique française vis-à-vis de l’Amérique latine est aujourd’hui incompréhensible et déroute les forces qui là-bas sont dans une autre attente.
En matière de diplomatie, Guy Mollet est bien de retour.


Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.
6, av. Mathurin Moreau; 75167 Paris Cedex 19
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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 18:07

FINANCES, IMPÔTS ET BUDGET

La dette, enfumage idéologique pour mieux faire accepter des sacrifices au peuple

Loi de finances pour 2015

Par Thierry Foucaud / 21 novembre 2014

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, à l’instar de M. Gattolin, j’estime que le projet de loi de finances pour 2015 ne traduit qu’une préoccupation : la baisse de la dépense publique.

Examiné à mi-chemin de la législature entamée en juin 2012, il semble quelque peu au milieu du gué, et traduit, pour l’essentiel de ses dispositions, une continuité avec les principaux textes précédemment discutés et promulgués, dont il tire les conséquences. Ainsi tend-il, dans un contexte relativement contraint, à repousser à une date ultérieure les mutations les plus significatives de notre système fiscal et des politiques publiques.

Plus encore que le projet de loi de programmation des finances publiques, dont nous avons débattu voilà peu, ce projet de loi de finances pour 2015 se situe dans le droit fil des engagements de notre pays au titre du traité budgétaire européen. Ces engagements ont d’ailleurs eu quelque mal à être respectés – cela n’a pas été pour nous surprendre ! – par la France comme par la majorité des pays de la zone euro. Bruxelles va donc demander à la France de faire davantage d’économies, allant encore au-delà des 50 milliards d’euros d’ici à 2017, ce qui revient à exiger toujours plus d’efforts à la population de notre pays.

Au vu des pouvoirs accrus de la Commission européenne, monsieur le secrétaire d’État, nous attendons, sur ce sujet, une réponse de la part du Gouvernement.

C’est que, à force de vouloir complaire à la Chancelière allemande et aux électeurs conservateurs et démocrates-chrétiens de son pays, lesquels redoutent l’inflation, les politiques économiques de l’ensemble des pays de la zone euro se retrouvent toutes fondées sur la même logique stupide d’austérité, de réduction des dépenses publiques, de défense coûte que coûte de la parité de l’euro vis-à-vis des autres devises. Comment, alors, s’étonner qu’elles conduisent partout au même résultat ?

Le projet de loi de finances pour 2015 fait ainsi apparaître un déficit de 75 milliards d’euros, ou peu s’en faut… Laissons d’emblée de côté les discussions avec l’équipe de M. Juncker sur le niveau de ce déficit : l’écart ne serait que de quelques milliards d’euros, des sommes peut-être utilement placées par Axa et le Crédit Lyonnais, entre autres, dans un établissement bancaire luxembourgeois ! Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut retenir, c’est que nous continuons, année après année, de « soutenir » nos entreprises à coups de dizaines de milliards d’euros.

Qu’on y songe !

Le total des exonérations de cotisations sociales, générales ou ciblées, atteint près de 34 milliards d’euros, dont un peu plus de 3 milliards ne sont d’ailleurs pas compensés à la sécurité sociale !

Par ailleurs, 10 milliards d’euros sont attendus cette année au titre du CICE, qui n’a sans doute pas fini de nous surprendre vu qu’on en est encore à la période de montée en charge du dispositif.

Rappelons au passage que le budget pour 2015 prévoit près de 72 milliards d’euros de dépenses fiscales – à peu près le produit de l’impôt sur le revenu –, dont près de 19 milliards d’euros pour les dispositions communes à l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, près de 18 milliards d’euros d’allégement de la TVA, près de 3 milliards d’euros de moins sur l’impôt sur les sociétés hors CICE, près de 4 milliards d’euros au titre des taxes intérieures de consommation sur les produits énergétiques. À ces montants concernant des mesures destinées uniquement aux entreprises, s’ajoute une somme supérieure à 1,1 milliard d’euros au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune.

Je ne reviens pas ici sur les effets de la disparition de la taxe professionnelle et de son remplacement par la cotisation foncière des entreprises, celle-ci procurant désormais, le plus souvent, une recette inférieure à celle qu’offraient la taxe d’habitation et de la taxe foncière sur les propriétés bâties !

Et comment pourrions-nous oublier qu’un certain nombre de pertes de recettes procèdent de ce que l’on appelle les modalités particulières de calcul de l’impôt ? Derrière ce concept, parfaitement technocratique, se cachent effectivement des réductions considérables de recettes pour l’État.

L’abattement sur les dividendes ? Ce sont 1,8 milliard d’euros perdus pour l’État et la collectivité ! La taxation à taux zéro des plus-values de cession de titres de participation ? Voilà 4,33 milliards d’euros envolés ! Le régime des sociétés mères et filiales ? Encore 24 milliards d’euros évaporés en produits de participation ! Et c’est sans compter le régime d’intégration des groupes – 16,4 milliards d’euros –, le remboursement de la TVA – 48,5 milliards d’euros –, le remboursement des acomptes d’impôt sur les sociétés et le report en arrière des déficits – 14,6 milliards d’euros.

Je pourrais continuer cette énumération, mes chers collègues, qui semble interminable tant notre droit fiscal s’est, au fil du temps, truffé de mesures dérogatoires, d’exceptions à la règle commune, de cas particuliers.

Qu’on se le dise, la France est un paradis fiscal pour les entreprises !

Dans le même temps, le fait de voir dans le quotient familial un avantage fiscal inconsidéré ne semble soulever aucune difficulté ! Nous avons découvert cette semaine que les retraités ayant eu l’idée saugrenue de vouloir « réussir » leur vie professionnelle – je pense notamment aux femmes qui ont souhaité concilier vie privée et vie sociale tout au long d’une carrière complète – et percevant 1 456 euros bruts par mois de pension étaient suffisamment « riches » pour s’acquitter de 6,6 %de CSG !

Oui, le gouvernement Valls n’aime que l’entreprise ! Les preuves d’amour existent, et cette passion semble bien exclusive !

M. Jean Germain. La passion est l’ennemi de l’amour !

M. Thierry Foucaud. En l’occurrence, ils me paraissent se conjuguer !

Ce projet de de budget pour 2015 obéit donc aux mêmes principes que ceux qui l’ont précédé : stagnation du pouvoir d’achat des agents du secteur public, réduction et contraction des effectifs budgétaires, le tout, d’ailleurs, dans le cadre d’une gestion courante des carrières semblant recourir, de plus en plus, à toutes les « ficelles » susceptibles de réduire la dépense – y compris le retard dans la rémunération des fonctionnaires ayant bénéficié d’un avancement d’échelon –, réduction des dotations et concours aux collectivités locales, réduction des dépenses publiques, même si certaines, comme les dépenses liées aux opérations militaires extérieures, semblent toujours aussi mal « calibrées »…

L’objectif principal consiste à réduire le déficit et, par voie de conséquence, la dette, représentative du cumul des déficits. Le site du ministère des finances et des comptes publics, lui-même, nous rappelle qu’avant 2002, la France portait une dette publique de 930 milliards d’euros et que celle-ci a doublé depuis lors.

J’invite ici ceux de nos collègues qui croient encore à la nécessité de rembourser la dette à passer un peu moins de deux heures à revoir la comédie historique de Christian-Jaque, François Ier, dans laquelle le personnage principal, joué par Fernandel, raconte comment la France a, à l’époque, inventé la « dette perpétuelle ». (Sourires.)

Justement, à propos de la dette, je voudrais citer ici un chiffre particulièrement significatif : alors qu’elle atteint aujourd’hui 2 000 milliards d’euros, les intérêts de la dette versés depuis 1973 représentent à eux seuls un total de 1 600 milliards d’euros. Tout est dit !

Parler de la dette aujourd’hui procède donc, en grande partie, de l’enfumage idéologique, du viatique nécessaire pour mieux faire accepter des sacrifices au peuple de ce pays.

Comment parle-t-on de la dette ?

On met en exergue son montant global, mélangeant allègrement une dette d’État, produit de déficits budgétaires cumulés, et une dette locale qui ne porte que sur des dépenses d’équipement financées par emprunt.

On oublie évidemment de rappeler que, face à cette dette, c’est-à-dire un passif, il y a un actif, c’est-à-dire l’ensemble des biens, mais aussi l’image que notre pays a acquise pour partie grâce à cet endettement.

Les comparaisons étant souvent faciles, comment ne pas remarquer qu’un ménage s’endette généralement pour acheter un bien immobilier, un véhicule automobile, des meubles, et qu’il ne viendrait jamais à l’idée de personne de considérer ces acquisitions comme nulles et non avenues.

Eh bien, pour l’État, c’est pareil ! À la grande époque gaullo-pompidolienne, quand nous étions encore aux temps bénis du plein emploi, de la décentralisation planifiée d’en haut, de l’ordre moral et de l’indépendance de notre défense par rapport à l’OTAN,…

M. le président. Seriez-vous nostalgique de cette époque, monsieur Foucaud ? (Sourires.)

M. Thierry Foucaud. … il y avait une dette publique et l’on émettait des obligations et des bons du Trésor, ne serait-ce que pour donner un peu d’activité aux marchés financiers d’alors.

Avec cette dette, la France s’équipait. Oh, pas toujours avec la prévoyance qui s’impose aujourd’hui quand il s’agit de protéger des environnements menacés, de tenir compte un peu plus des hommes et des femmes qui vivent dans tel ou tel territoire… Toujours est-il que la France s’équipait !

Et la croissance, également portée par ces investissements publics, produisait ensuite les fruits qui permettaient de faire face au service de la dette et à son amortissement.

M. le président. Votre temps de parole n’est plus que d’une minute, monsieur Foucaud.

M. Thierry Foucaud. Je vais donc écourter mon propos, monsieur le président.

Je rappellerai simplement à M. le secrétaire d’État et à M. le rapporteur général de la commission des finances que, tant que nous traînerons moins d’un point de croissance sur l’année, même avec des taux à long terme de 1,75 %, le poids et le volume de notre dette continueront de croître, quand bien même cela n’a aucun sens de comparer cette dette avec le produit intérieur brut marchand.

Ce double endettement, c’est d’abord celui de l’immédiat. Celui que nous devons supporter pour solder le déficit et les multiples cadeaux fiscaux et sociaux listés plus haut et consentis au nom de la « restauration des marges » des entreprises.

Le second endettement, nous sommes en train de le fabriquer pour l’avenir. Non, ce n’est pas celui de la dette que nous allons « laisser à nos enfants » - c’est d’ailleurs là une image aussi stupide que bien des mensonges racontés sur le sujet !

Pour conclure, je dirai que, avec une population aussi massivement prolétarisée, il n’y a pas de concurrence libre et non faussée. Monsieur le secrétaire d’État, il faut de l’audace, il faut tourner le dos aux augures de l’austérité et de la rigueur. Il y va du sort de la France et de l’Europe que d’abandonner enfin ces visions budgétaires et économiques étriquées. Sinon, outre le fait que l’idée même de l’Europe deviendra insupportable à beaucoup de gens, c’est la France elle-même qui se mettra en danger.

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 17:58

Communiqué de la LDH, de la Licra et du Mrap
Paris, le 21 novembre 2014

Exhibit B : un spectacle qui ne doit pas être interdit ou annulé !
La pièce de Brett Bailey, Exhibit B, est au centre d’une controverse qui a pris une forme inadmissible.

D’aucuns, jugeant cette pièce sans l’avoir vue, la considèrent raciste et demandent sa déprogrammation du TGP, à Saint-Denis et du 104, à Paris. Ils l’accusent de montrer les Noirs dans des positions de victimes, et vont jusqu’à demander son interdiction aux préfets.
Comme si la représentation de la façon dont les préjugés racistes ont pu aboutir aux situations les plus abominables, comme l’esclavage, les discriminations coloniales, les humiliations, les zoos humains, n’avait plus aucun sens aujourd’hui. Comme s’il n’était plus convenable ou utile de montrer comment l’être humain est capable de se comporter quand il se croit supérieur, grâce à la couleur de sa peau.


Dans la France d’aujourd’hui, dont les préjugés racistes n’auront pas disparu, loin s’en faut, nous, organisations antiracistes, affirmons que l’art doit être libre de contribuer à la lutte contre ce fléau, et que nul ne saurait interdire à un artiste de représenter la souffrance qui en résulte, dès lors qu’il n’en fait pas l’apologie. Nous affirmons qu’il n’est pas admissible de faire un procès d’intention à l’artiste au motif qu’il est blanc, la lutte contre le racisme étant universelle et ne pouvant dépendre de la couleur de la peau, des origines ethniques ou des convictions religieuses de ceux qui la portent.


Car l’actualité récente nous rappelle avec force la nécessité impérieuse de promouvoir en permanence le devoir de mémoire. Ainsi, dans un entretien accordé à Sud-Ouest, le 4 novembre dernier, Willy Sagnol a déclaré : « L'avantage du joueur typique africain, c'est qu'il n'est pas cher quand on le prend, il est généralement prêt au combat et on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n'est pas que ça. Le foot, c'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline. » Ces propos nauséeux et racistes, qui renvoient le joueur africain, le Noir, à l’animalité, à la « puissance », tandis que la technique, l’intelligence et la discipline restent l’apanage des Nordiques, des Blancs, auraient dû susciter une réprobation unanime.


Au lieu de cela, les instances officielles du football ont soutenu l’entraîneur, le président des Girondins a répondu de façon agressive à une demande de sanction en se solidarisant avec Willy Sagnol, et ont été diffusées massivement des images sidérantes de joueurs noirs et méritants venant consoler leur coach !


Si un spectacle de théâtre, dont la diffusion est infiniment plus modeste, ne peut, à lui seul, résoudre la question aussi cruciale du racisme, il est non seulement légitime qu’une œuvre, à sa manière, et avec toute la subjectivité de l’artiste, puisse s’adresser aux spectateurs sans que personne ne s’immisce entre les deux pour juger en lieu et place du public, mais nécessaire quand elle illustre, fût-elle d’une manière crue et dérangeante, les dangers des clichés les plus éculés du racisme.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 14:36

Israël – Palestine : pour stopper les violences, une seule solution,
le respect du droit

Le MRAP condamne l'agression commise mardi 18 novembre dans une synagogue de Jérusalem et qui a fait 4 morts et des blessés graves comme il condamne toute violence à l'égard de civils.
Le crime barbare commis contre la synagogue heurte la conscience des démocrates et la violence extrême de l’État Voyou doit susciter la même réprobation.
Cet attentat s'inscrit malheureusement dans un engrenage meurtrier, conséquence de la politique choisie par Netanyahou et la volonté israélienne de transformer le conflit politique autour du statut de Jérusalem en conflit religieux, sans issue, ne faisant que succéder les morts israéliens aux morts palestiniens.
En détruisant la maison des terroristes le gouvernement israélien procède à une vengeance collective qui ne peut que générer de nouvelles violences. Imaginerait-on que les autorités françaises détruisent les maisons des français auteurs des crimes aux côtés de l’État Islamique.
Ces dernières semaines, les provocations israéliennes se sont multipliées, avec la présence d'extrémistes juifs protégés par la police dans la mosquée Al Aqsa, des tirs à l'intérieur de la mosquée, des projets de loi sur le "partage" de l'esplanade permettant aux juifs de venir y prier, des manifestations violemment réprimées dans les quartiers palestiniens de la ville. Cette attitude s'ajoute aux bombardements de Gaza de l'été dernier, au développement de la colonisation, à la volonté d'empêcher la création de tout Etat palestinien viable.


Le MRAP réaffirme que la seule solution pour les peuples palestinien et israélien est l'arrêt de la colonisation, la reprise des négociations dans le respect du droit international et des multiples résolutions de l'ONU. Toute autre solution ne peut conduire qu'au pire.


La France peut et doit jouer un rôle pour une solution politique : cela passe par la reconnaissance de l'Etat de Palestine et des sanctions pour contraindre Israël à respecter le droit, seul chemin vers la paix.


Paris le 19 novembre 2014.



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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 14:35

Les Droits de l'Enfant : de la Déclaration et la Convention à la réalité


La Déclaration des Droits de l'Enfant est adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, à l’unanimité de ses 78 pays membres, le 20 novembre 1959 dans sa résolution 1387. « L’enfant est reconnu, universellement, comme un être humain qui doit pouvoir se développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans la liberté et la dignité. »
L'enfant a le droit à la vie, à l'éducation, à l'alimentation, à la santé, à l'eau, à une identité, à la liberté, à la protection.
Ces droits doivent être reconnus à « tous les enfants sans exception aucune, et sans distinction ou discrimination fondées sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres ».
Quant à la Convention Internationale des droits de l'Enfant, adoptée par l'Assemblée Générale des Nations-Unies le 20 novembre 1989 (signée et ratifiée par la France le 7 août 1990), elle est venue préciser, sécuriser et donner force obligatoire aux premiers principes de la Déclaration. Seuls deux pays du monde ne l'ont pas encore signée, leurs législations respectives n'étant pas encore en conformité avec la convention (Somalie & Etats-Unis). Deux protocoles facultatifs viennent également préciser l'implication des enfants dans les conflits armés ainsi que les conditions de vente et prostitution, ou la pornographie, dont sont victimes les enfants.
Mais – Hélas ! - 25 ans après la convention, la réalité reste encore bien loin de ces principes protecteurs.
D'après la FAO, un enfant meurt de faim toutes les 6 secondes dans le monde. Cela représente plus de 5 millions d'enfants morts chaque année, sans compter les millions qui souffrent de malnutrition. 200 millions d'enfants de moins de 5 ans présentent des signes chroniques ou aigus de malnutrition. D'après Jean Ziegler, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation aux Nations Unies, il faudrait 17 milliards de dollars pour éradiquer la faim dans le monde. Mais les dépenses militaires se chiffrent, elles, à 1.747 milliards de dollars par an !
L’éducation reste encore un droit inaccessible pour des millions d’enfants dans le monde. Plus de 72 millions d’enfants en âge de suivre l’école primaire ne sont pas scolarisés. Des enfants n’ont pas accès à l’enseignement de base, en raison d’inégalités fondées sur le sexe, la santé, et l’identité culturelle (l’origine ethnique, la langue, la région). L ’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée avec plus de 32 millions d’enfants non scolarisés en école primaire. L’Asie centrale et de l’Est, ainsi que le Pacifique, sont également très touchés par ce problème avec plus de 27 millions d’enfants non scolarisés.
Dans ce domaine comme dans d'autres, les discriminations dont sont victimes les petites filles et les adolescentes sont encore très profondément ancrées dans de nombreuses régions du globe. Dans certains pays d'Afrique subsaharienne ou d'Asie, plus de la moitié des filles n'achèvent pas le cycle d'enseignement primaire. Dans certaines régions, notamment de l'Afghanistan ou de la Guinée, moins de 20% des filles en âge d'être scolarisées vont à l'école. Aujourd'hui encore, d'innombrables jeunes filles ne sont pas libres de leurs choix, ne peuvent décider de leur propre avenir et subissent violences et exclusion.
En France, combien d'enfants roms ne peuvent être scolarisés en raison d’obstacles imputables aux pouvoirs publics : refus d'inscription des administrations ou des maires, délais d'affectation trop longs, extrême pauvreté des familles … !
Dans les guerres « modernes », 97 % des victimes sont des civils parmi lesquels de nombreux enfants : au moins deux millions d’enfants sont morts ces 10 dernières années dans les différents conflits qui ravagent notre planète.
L’UNICEF affirme que le nombre d'enfants victimes à un degré ou à un autre du conflit en Syrie est passé de 2,3 millions, il y a un an, à 5,5 millions aujourd'hui. Au moins dix mille enfants ont été tués depuis mars 2011 et des dizaines de milliers d'autres survivent avec des blessures handicapantes, comme des amputations ou des brûlures. Le nombre d'enfants déplacés en Syrie a triplé pendant la même période, atteignant presque trois millions.
Sur les 2150 morts lors des bombardements de Gaza de l'été 2014, 478 sont des enfants. D'après Julien Boussac, de Médecins du Monde, 55 % des enfants de moins de 15 ans de Cisjordanie souffrent de troubles émotionnels ou comportementaux dus à la violence de la colonisation israélienne.
Aujourd’hui, 250 000 enfants-soldats sont encore aux mains des forces et groupes armés dans le monde. Le continent africain compte le nombre le plus important d'enfants-soldats : il a été estimé que près de 100 000 enfants, certains âgés d'à peine neuf ans, y étaient impliqués dans des conflits armés.
Près de 168 millions d’enfants travaillent dans le monde, dont plus de la moitié dans des conditions dangereuses. Par ailleurs, chaque année, plus d’1 million de ces enfants sont victimes de la traite d’êtres humains. En Asie du Sud-est et dans le Pacifique, les fillettes sont vendues pour alimenter des réseaux de prostitution ou pour travailler comme employées de maison. De nombreux enfants sont également vendus pour travailler dans les usines de textile afin d’éponger les dettes familiales. Ces enfants seront exploités dans les plantations, les mines ou deviendront des travailleurs domestiques.
Des enfants sont régulièrement mis en détention. Plus d’un million d’entre eux seraient ainsi privés de liberté. Leur âge et les conditions d’enfermement sont cependant très différents d’un pays à l’autre. Dans tous les cas, cette pratique a des conséquences sur le développement et l’avenir des enfants concernés. Aux Etats-Unis, plus de 2.500 prisonniers condamnés à la prison à vie - sans possibilité de libération conditionnelle - étaient mineurs au moment de leur "crime", certains âgés d’à peine 13 ans.
Au cours de la dernière décennie, l'armée israélienne a arrêté et fait juger par des tribunaux militaires environ 7 000 enfants palestiniens âgés de 12 à 17 ans. Chaque année environ 600-700 enfants, certains âgés d'à peine 12 ans sont arrêtés et détenus dans le système de détention militaire israélien. Il y a en permanence environ 200 enfants détenus par l’armée israélienne. Selon l'UNICEF, l'armée utilise des « pratiques cruelles, inhumaines et dégradantes dans le traitement des enfants palestiniens. »
Un certain nombre de pays continuent de pratiquer la peine de mort à l'encontre de mineurs[1] : notamment l'Iran, le Yémen, l'Arabie Saoudite. 26 mineurs ont été exécutés depuis mars 2013. Le 27 avril 2014, le gouvernement des Maldives a adopté la peine de mort pour les mineurs âgés d'au moins 7 ans !
En France, malgré les promesses de François Hollande, des mineurs, parfois des nourrissons, sont encore régulièrement placés avec leurs parents dans des centres de rétention. Depuis le début de l’année 2014, l’ACAT a ainsi eu connaissance du placement d’au moins cinq familles avec enfants en métropole. Certains étaient âgés d’à peine quelques mois. La situation est encore plus alarmante à Mayotte. Ce territoire d’outre-mer ayant été exclu du champ d’application de la circulaire de juillet 2012, plusieurs milliers d’enfants y sont encore placés chaque année dans des conditions insalubres. En août 2012, un nourrisson de deux mois était décédé au centre de rétention de Mayotte.

Cette terrifiante réalité - quant au sort de millions d'enfants dans le monde - n'est pourtant pas une fatalité. Elle est la conséquence d’échanges intolérablement inégaux entre pays et/ou continents, des politiques du FMI ou de la Banque Mondiale, de la "Dette" qui écrase les pays appauvris par des siècles d'exploitation et qu'il est urgent d’abolir, des inégalités insupportables entre le Nord et le Sud du Monde qui, parfois, se côtoient au sein de chaque pays ou continent. Des milliards de dollars ont pu être trouvés pour sauver les banques, mais combien pour éradiquer la faim, l'analphabétisme ? Combien les groupes multinationaux tirent-ils de profits du travail des enfants ? La mobilisation est plus que jamais nécessaire pour faire reculer la misère, les discriminations, pour - comme disait Martin Luther King - « travailler à une meilleure répartition des richesses, pour un monde sans guerre et pour une fraternité humaine sans distinction de couleur et de race


Le MRAP se réjouit que le prix Nobel de la Paix ait été attribué en 2014 à Malala Yousafsai , cette jeune pakistanaise victime le 9 octobre 2012 d'une tentative d'assassinat par des talibans parce qu'elle revendiquait haut et fort son droit et celui de ses jeunes concitoyennes d'aller à l'école . Partout sur la terre, des centaines de milliers de Malala bravent chaque jour les préjugés sexistes et certaines traditions bien ancrées pour prendre le chemin de la connaissance, de l'égalité et d'un avenir meilleur.


Paris, 20 novembre 2014

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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 19:20
Communiqué de presse

La Cour Justice de l'Union Européenne a considéré que les Etats de l'UE n'étaient pas tenus de verser des prestations à des citoyens d'autres Etats membres, ne se rendant sur leur territoire que pour bénéficier de l'aide sociale.

On a aussitôt parlé d'un « tourisme social » et de déplacements en vue de bénéficier de prestations. Ce battage médiatique repose en fait sur du vent, mais pourrait bien contribuer à stigmatiser plus qu'ils ne le sont déjà les Roms de Roumanie et de Bulgarie qui vivent en France dans des conditions précaires.

Les ressortissants européens ne peuvent bénéficier en France de prestations sociales telles que les allocations familiales, les aides au logement ou autres s'ils ne remplissent pas certaines conditions, qui leur donnent droit à un séjour de plus de trois mois : travailler, ou bénéficier de ressources suffisantes s'ils sont inactifs ou étudiants, ou encore être membres de famille d'une personne entrant dans ces catégories.

Comme les Français et les autres ressortissants européens, les citoyens roumains et bulgares présents en France qui bénéficient de prestations sociales sont ceux qui cotisent et paient leurs impôts. Le bénéfice des aides qui ne sont subordonnées à aucune condition de séjour et auxquelles ont droit tous les êtres humains quelle que soit leur nationalité - comme l'Aide Médicale d'Etat par exemple - nécessite une domiciliation administrative, souvent difficile à obtenir et illégalement refusée par de nombreuses mairies, ainsi qu’une information aussi souvent difficile à trouver.

Les Roms de Bulgarie et de Roumanie qui vivent dans des bidonvilles et qui semblent bien visés par l'écho donné à ce jugement de la Cour Européenne, ne sont pas des « touristes sociaux » mais bien des personnes qui cherchent à fuir des discriminations sociales et racistes qui en font de véritables "relégués" dans leurs pays de nationalité, désormais membres de l'Union Européenne. C'est dans ce contexte qu'ils recherchent des conditions de vie meilleures, en premier lieu par l'accès au travail, le plus souvent dans des métiers particulièrement durs et mal rémunérés. Mais, ils ne bénéficient aucunement de prestations sociales qui seraient "de droit", sauf précisément dans les cas où ils travaillent et paient leurs cotisations sociales.

Le MRAP continuera à se battre pour que tous les résidents en France, quelle que soit leur nationalité, accèdent à tous les droits et prestations de droit commun dans les mêmes conditions pour tous, ce qui est loin d'être le cas : le montant des droits non perçus est bien supérieur à celui des éventuelles fraudes

Paris, 19 novembre 2014

MRAP-Présidence
<presidence@mrap.fr>





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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 19:07
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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 19:02
  «  Pour un cinéma vivant et citoyen » à Rive De Gier



Jeudi 27 novembre, 19h15
Soirée spéciale « photo »


Avec la projection du documentaire
Le sel de la terre
de Wim Wenders consacré à Sebastiao SALGADO

Depuis quarante ans, le photographe brésilien Sebastiao SALGADO parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des évènements majeurs qui ont marqué notre histoire récente (conflits internationaux, famine, exode …), il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète.
Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano qui l’accompagne dans ses derniers périples et de Wim WENDERS, photographe lui-même.
Un portrait magnifique et subtil d’un homme et de son combat.


Dans le cadre de cette soirée spéciale les Rencontres du Jeudi et le Ciné-Chaplin proposent un jeu-concours ouvert à tous sur le thème ;
apportez au cinéma le 27 novembre, votre photo de voyage préférée
et partageons-la ensemble !


De préférence, développée sur papier format standard, portant votre nom au dos.


Un jury composé de photographes professionnels et amateurs fera son choix et récompensera les meilleurs clichés par un petit cadeau .

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 20:15

Diplomatie française : où est la boussole ?


Une initiative de la revue Recherches internationales, de la Fondation Gabriel Péri
et de la Commission des relations internationales du PCF

vendredi 28 novembre 2014, 14h30 et
samedi 29 novembre, toute la journ
ée


Espace Oscar Niemeyer,
2, place du Colonel Fabien 75019 Paris
(Salle des conférences, 1er sous-sol)

Métro : Colonel Fabien
Pour vous inscrire : inscription@gabrielperi.fr

A l’occasion de la sortie de son centième numéro, la revue Recherches internationales s’est proposée de sortir un numéro spécial consacré à « la diplomatie française aujourd’hui » et de l’accompagner d’une journée et demie d’étude les 28 et 29 novembre 2014.
Ce colloque entend passer au crible la diplomatie actuelle, comprendre sa signification et mesurer les pressions qui pèsent sur elle et ses conséquences sur le monde. La séquence actuelle pourra y être replacée dans un cadre temporel plus large afin de saisir les continuités, les inflexions et les ruptures. L’objet de cette rencontre est aussi de réfléchir aux fondements et aux contours d’une politique alternative.
Le numéro 100 de la revue Recherches internationales représentera la contribution collective
de la revue à ce Colloque.

PROGRAMME
28 novembre 2014 (vendredi, après-midi)
14h30 Ouverture
- Présentation de la thématique et du déroulé de la rencontre (Michel Maso, directeur de la Fondation Gabriel Péri)
- Conditions de création et histoire de la revue Recherches internationales (Francette Lazard, ancienne directrice de l’Institut de Recherches marxistes)
- Un panorama d’ensemble de la diplomatie française (Michel Rogalski, CNRS, directeur de la revue Recherches internationales)

15h30 1er Axe : La France et ses alliés
Présidence : Michel Maso, directeur de la Fondation Gabriel Péri
- La France et les Etats-Unis : Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine à l’Université Paris Ouest
- La France et l’Otan : Jacques Le Dauphin, secrétaire général Institut de Documentation et Recherche sur la Paix - DRP
- Le couple franco-allemand : Daniel Cirera, directeur Conseil scientifique Fondation Gabriel Péri
- La France et l’Union européenne : Francis Wurtz, ancien parlementaire européen
Discussion/Débat


29 novembre (samedi, matinée) 9h
2ème axe : La France et le monde en développeme
nt


Présidence : Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales au PCF
- La France et l’Afrique : André Bellon, ancien président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale et rapporteur du budget de la coopération
- La politique arabe de la France : Denis Sieffert, directeur de Politis
- La France et la Chine : Dominique Bari, journaliste
- La France et l’Amérique latine : Christophe Ventura, chercheur-associé à l’IRIS, rédacteur en chef du site Mémoire des luttes

Discussion/Débat 11h
3ème axe : La France puissance régalienne
Présidence : Daniel Cirera, Secrétaire général du Conseil scientifique de la Fondation Gabriel Péri
- La diplomatie stratégique de la France : Nils Andersson, essayiste
- La France et le cyberespace : Olivier Kempf, politologue, chercheur associé à l’IRIS
- La France et la finance mondiale : Denis Durand, économiste, syndicaliste à la Banque de France, membre du Conseil économique, social et environnemental
- La France, puissance maritime : Cyrille P. Coutansais, Directeur de Recherches au Centre stratégique de la Marine
- La France et le Traité transatlantique : Gaël De Santis, journaliste à L'Humanité
Discussion/Débat

29 novembre 2014 (samedi, après-midi) : 14h30
4ème axe : La France vue d’ailleurs
Présidence : A préciser
- Vue de Moscou : Andreï Gratchev, historien, ancien conseiller et porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, membre du Conseil scientifique de la fondation G Péri.
- Vue de Washington : Philip Golub, Professeur à l'Université américaine de Paris.
- Vue du monde arabe : Samuel Laurent, consultant international

Discussion/Débat 16h00
5ème axe : Quelle alternative diplomatique pour la France ?
Sous forme d’une table-ronde entre intervenants représentant des Fondations politiques :
• Fondation Gabriel Péri : Alain Obadia, président de la Fondation Gabriel Péri
• IRIS : Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS
• Fondation Jean-Jaurès : Henri Nallet, président de la Fondation
• Fondation de l’Ecologie Politique : à préciser


17h30 • Clôture par Pierre Laurent, secrétaire général du Parti Communiste Français

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 19:05

Appel citoyen pour la défense de la dignité fondamentale des personnes sans abris

Aujourd'hui, dans le Grand Lyon, des enfants, des hommes et des femmes vivent dans la boue, la peur,
les intempéries, l’insalubrité, avec le risque d’être évacués de leur abri de fortune tous les matins.
Ils sont roms, roumains, albanais, arméniens, kosovars, africains, syriens, irakiens … Ils ont quitté leur pays pour fuir la violence, les persécutions ou la pauvreté. Ils vivent dans des conditions de précarité absolue que connaissent également nombre de nos compatriotes.
Cette précarité interpelle car elle ne respecte pas la dignité de l'homme. Elle est contraire aux valeurs fondatrices de notre pays : liberté, égalité et fraternité.
Animés par ces convictions, nous n’acceptons pas de laisser perdurer ces situations.
Nous sommes regroupés, associations ou personnes individuelles, afin de mettre en commun nos énergies et nos compétences.
Nous cherchons ensemble des solutions adaptées aux situations rencontrées par ces migrants. Nous avons conscience que notre action d’urgence interroge radicalement les carences des institutions et des politiques publiques.

Nous lançons un appel citoyen à la solidarité et à la dignité
En vous demandant de signer cet appel, nous vous invitons
• à poursuivre la dénonciation de ces situations inacceptables dans lesquelles vivent ces hommes
et ces femmes,
• à vous reconnaître solidaires de cette détresse
• à soutenir l’action des associations qui œuvrent sur le terrain pour la justice et une meilleure
fraternité entre tous.
Pour contribuer à ce travail de solidarité, RDV sur notre site WEB : http://www.coordination-urgence-migrants.org/
En vous demandant de signer cet appel, nous vous invitons à faire pression sur les responsables
politiques locaux, nationaux et européens :
• Des lois et des droits existent, nous demandons qu’ils soient réellement appliqués (habitat,
santé, scolarité, travail…)
• Nous demandons que des moyens soient mis à disposition pour déployer les actions engagées
par les groupes et associations
• Nous demandons que les espaces immobiliers inoccupés soient mis à disposition pour
l’hébergement d’urgence.
Cet appel sera transmis à tous les élus maires, députés, sénateurs du Grand Lyon et de Rhône Alpes,
au Président du Grand Lyon, au Préfet de région et à leurs services.
Un peu partout en France et en Europe, des initiatives proches de celle-ci existent déjà ou émergent,
preuve de la nécessité d’une mobilisation citoyenne.

Coordination Urgence Migrants


Organisations et personnes à l'origine de cet appel :
ATD Quart Monde, CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats), La Cimade, La Mission Famille et Société Diocèse de Lyon, LDH (La Ligue des Droits de l’Homme), Le Secours Catholique Rhône, Les Cercles du silence et Les paroisses Notre Dame du Point du Jour, du Sacré Cœur, de la Mulatière, Vaulx en Velin, de Villeurbanne-Nord, de Givors, du Bois d’Oingt, et de Tarare.

Merci à vous de signer et diffuser cet appel à vos contacts (mails, réseaux sociaux, etc.) en leur demandant de poursuivre la diffusion.

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