Lutter contre les nuisances, réduire la dépendance
pétrolière et limiter le réchouffement global du climat constituent des fondements d’une véritable politique du développement durable.
Aujourd’hui, on dispose de toutes les solutions pour réduire les trafics routiers et aériens. On peut par
exemple contenir la circulation automobile dans les centres des agglomérations grâce aux innovations récentes (développement des transports collectifs, de l’usage du vélo, des aires
piétonnes ; inter-modalité, covoiturage, auto-partage, tram-train, cadencement des TER…) On peut également réduire le nombre de camions grâce au plan fret d’avenir mais à condition de
renoncer à l’abandon programmé de 60% de l’activité wagon isolés par la SNCF. Mais à quoi assiste-t-on dans les
faits ?
A des reports d’investissements de transport collectif, à des suppressions de services urbains avec fortes
hausses de tarifs qui découragent les automobilistes prêts à changer de comportement (+ 1% de voyageurs/Kms et plus 4,8% de parc automobile en 2009) et à la fermeture de triages et centres
ferroviaires.
Le phénomène de périurbanisation n’est pas maîtrisé et engendre des trafics nouveaux, souvent routiers, sur
des distances de plus en plus longues.
De très nombreux projets incohérents d’infrastructures ressurgissent : parkings dans les centres
(Orléans), pont-levant de Bordeaux, contournement autoroutier de Strasbourg, déclaration d’utilité publique pour la mise à 2 x 3 voies Perpignan/Le Perthus alors que l’infrastructure
ferroviaire parallèle rouille, autoroute A45 Lyon-Saint Etienne, sur dimensionnement de l’aéroport de Notre Dame des Landes, gares TGV à la campagne... Ces projets ne sont pas soumis aux
critères de la loi Grenelle 1 pourtant votée à l’unanimité et la construction d’un schéma national multimodal d’infrastructures a été mise en sommeil, laissant de coté la grille d’indicateurs
de validation des projets à l’aulne du Développement Durable.
L’abandon du fret diffus et de proximité par la SNCF va provoquer, selon une étude « Carbone 4 »
commanditée par la SNCF, des rejets supplémentaires de gaz à effet de serre de l’ordre de 300 000 tonnes éq CO2/an. C’est un contresens absolu avec les objectifs du Grenelle de
l’environnement.
A cet égard, il est extrêmement révélateur que la semaine
du Développement Durable, concoctée par le gouvernement s’exonère totalement du sujet du transport de marchandise. Comment convaincre et mobiliser sur du simple affichage, ou en
ne s’évertuant à agir que sur de la sensibilisation individuelle. Les actes qui sont de la responsabilité de la politique publique doivent être concrets, visibles et cohérents. Sans innovation
plus radicale, la situation n’évoluera pas de manière décisive dans les dix ou vingt ans à venir, et l’objectif, inscrit dans la loi Grenelle 1, de réduire de 20% les émissions de gaz à effet
de serre du secteur transport d’ici 2020 ne pourra être atteint.
L’innovation technique concernant les
matériels roulants (tramways sur pneus et transports par câble, voiture électrique, moteurs « propres »…) ou les nouveaux usages de l’automobile (projet parisien Autolib), ne saurait
permettre, à elle seule, d’atteindre ces objectifs. C’est de réorientation effective du système de transport, comme en avait convenu la négociation du Grenelle de l’environnement, avec
adaptation et reconversion progressive de l’industrie liée et d’une réforme fiscale permettant d’aller vers une fiscalité écologiquement efficace et socialement juste, dont il doit être
question.
C’est l’innovation politique qui est
nécessaire : elle n’est visiblement pas envisagée à ce jour. La semaine du Développement Durable qui s’ouvre le 1er avril est loin de pouvoir s’en prévaloir. Est-ce un
poisson d’avril ?
Cette innovation urgente doit permettre de passer de la
parole aux actes et radicalement inverser la politique d’investissements, aujourd’hui en faveur du transport individuel et routier.