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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 10:28

Alerte sanitaire: le dangereux virus de la députation
20 juin 2013 Par Rémy Beurion

L'alerte sanitaire doit être sonnée : la députation est un virus dangereux. La maladie, heureusement, ne frappe que 577 personnes en France, 567 si l'on retire à ce décompte, les dix députés qui testent un vaccin expérimental, appelé "abollition des privilèges" en langage médical; "populisme" en langage politique. La députation est une vraie maladie : elle transforme un être humain ordinaire en être humain avide de ses nouveaux avantages. Mais derrière la fièvre politique et la toux du pouvoir, se cache, insidieusement, le virus de l'argent contre qui, toute attaque éthique, à défaut d'antibiotique, est vaine. Si le pouvoir transcende, transfigure, éleve ou rabaisse, l'argent, en quantités largement plus importantes que le commun des smicards, annihile toute critique sensée de soi-même, et surtout, sur son propre passé. Ainsi, l'on voit des députés, de gauche, branchés selon eux, sur la fréquence populaire, déglutir avec gourmandise lorsqu'ils se repaissent de leurs indemnités de député. Ils portent comme d'épaisses peaux de bêtes, leur indemnité cachée et usent, avec un sourire cynique, des privilèges de cette bonne, trop bonne République. Voilà donc des hommes, plus des hommes que des femmes d'ailleurs, arcboutés sur leur enviable situation. Ils furent un temps, échantillon humain du peuple et, par le truchement d'une élection, se muent en exception politique : touche pas à mes privilèges. Plus de 5.000 euros d'indemnités placent les députés parmi les 10% de Français les mieux rémunérés), environ 7.000 euros d'IRFM, l'inemnité de représentation, ce pactole qui échappe à tout contrôle. Passons sur les 9.000 euros dévolus au personnel parlementaire. Mais évoquons quand même les avantages, retraite, voyages et autres options insoupçonnables qui pavent le chemin sans épine d'un député issu du peuple. La démocratie a un prix, c'est vrai. Mais pas n'importe lequel non plus.Parlons-là des députés issus du peuple, pas des héritiers de l'élite, des pros de la politique, des promos de Sciences-Po, des politiques professionnels. Fichtre voilà que les mots deviennent mélenchonesques ou lepénistiques, selon son degré de corruption de droite ou de gauche. Ce qui est frappant, c'est qu'en matière de crise, toute économie brandie par le gouvernement devient non pas une option mais une obligation, à laquelle doivent se plier les citoyens, même si cette économie est pure injustice. Chez les députés, abollir leurs privilèges, faire craquer le vernis de leurs souliers de marquis, leur demander d'être à la hauteur de ceux dont ils faisaient encore partie il y a peu, juste avant d'être élus, revient à faire le jeu du Front national, à devenir populiste, à en faire trop, à se tromper de cible car l'ennemi c'est la finance. Certes, mais la finance sans pouvoir, c'est quoi ? Et qui symbolise le plus le pouvoir aujourd'hui, si ce n'est l'élu ? Bref, supprimer les privilèges des députés c'est énoncer des inepties sous la forme de gros mots. Certes, sur son perchoir, Claude Bartolone peut toujours crier, à qui veut l'entendre, que des mesures de transparence ont été prises. Mais avouez cette incongruité : un citoyen ordinaire, soucieux de l'argent public et qui souhaite mettre son nez dans le patrimoine de son député, sera fiché ! Et son nom peut-être même délivré au député en question. Voilà que le citoyen n'aura pas le droit de publier, à l'heure où l'information circule en toute impunité, le patrimoine de son député. Ce dernier est-il un homme ou une femme comme les autres ? Bien sûr que non. Ils le voudraient bien, afin de ne pas attirer les regards sur la serrure de leur cage dorée. Pauvres parlementaires, surtour de gauche, qui hurlent, la bouche pleine de tristesse, contre la pauvreté des uns dès lors qu'ils seraient prêts à mordre contre ceux qui voudraient entamer leur richesse. Ce n'est pas simple d'être politique, quoique cette action soit volontaire et non contraite. Le salarié au SMIC, le salarié qui enchaîne plusieurs boulots, le salarié à mi-temps obligatoire, le chômeur à l'arrêt, le bénéficiaire des minimas sociaux, sont dans l'obligation de subir. Le député, lui, n'est pas obligé de subir sa situation : si jouer de la transparence envers les citoyens, si abandonner son régime de retraite ultra-avantageux le dérange, que ce député-là redevienne un citoyen ordinaire. Le carosse changé en citrouille. Un joli conte non ?

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