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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 20:59
par Chatron Colliet Claude, mercredi 5 octobre 2011, 20:57

L'ART ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE

 

 

De la Pierre à l'écran :

 

 

L’art, avec le langage et la technique, est un domaine des cultures qui distingue l’homme des autres espèces.

 

Comme le langage, l’Art n’est qu’un support qui permet de véhiculer des pensées qui le précèdent. Il s’agit donc d’une méta représentation où tout porte à croire que la pensée et les images mentales conditionnent le langage écrit, sculpté, dessiné et non l’inverse, car il présuppose en dehors du sens esthétique, du désir de création. L’homme est alors apte à produire des représentations mentales par exemple, l’objet doit être conçu mentalement avant d’être réalisé, et s’intègre dans un processus dépendant d’un mécanisme cognitif à forger des « images mentales » que l’on nomme idées.

On pourrait alors se poser la question comment est apparue cette fonction très spécifique de l’être humain sinon sa prédisposition et sa capacité à anticiper, à se projeter dans l’avenir et à émettre des idées et des hypothèses qu’il sélectionne en vue d’élaborer un Projet.

 

Cette aptitude cognitive comme l’anticipation, présuppose une « niche culturelle ».

Empruntée à la biologie évolutive, la niche culturelle désigne l’ensemble des transformations que les organismes font subir à leur environnement. Elle s’inscrit chez l’homme dans le cadre de la planification et de l’organisation vers le but recherché. Cette niche pourrait être l’équivalent d’un système dans lequel la partie la plus intéressante serait comme toujours la notion de « feed-back » c'est-à-dire « la remise en question constante de l’idée ou de l’objectif projeté, permettant une évolution dynamique de la pensée et des solutions aux problématiques soulevées. Ainsi surviennent les concepts comme le concept de l’hiver qui induit la nécessité de mettre en place à la fois la chasse en vue de s’alimenter et de faire des provisions, mais aussi de pourvoir aux peaux pour se protéger du froid ou encore de tirer la graisse pour voir dans les cavernes et encore imaginer des histoires et préfigurer des Peintures rupestres racontant le monde intérieur qui les accompagne[1]. C’est ainsi que naît le symbolisme, un langage à système d’icônes ou de mimes. En effet ce langage appartenant aussi bien à l’art qu’à l’écrit, permet des interrelations qui libère l’utilisateur des buts liés aux conditions présentes, il fait appel à l’imaginaire en sélectionnant à la fois l’architecture et le sens du mot ou du graphe, ou encore de l’image par laquelle est avertie le receveur, permettant d’instruire les membres d’un groupe et d’entreprendre des actions collectives.

 

Ainsi on assiste à la naissance du mème dont je vous ai déjà largement parlé au cours de mes conférences, le même est la conjonction du mot « gène » et « même » qui distingue une identité culturelle de base : « l’idée ». Les mèmes[2] se condensent se combinent, se concurrencent et se reproduisent à l’identique. Ils véhiculent les conceptions comme la morale, la religion, les recettes de cuisine…Et ce créant une culture adaptative à son environnement de façon à pouvoir varier et diversifier et permettre une continuité aux différentes séquences. On a donc une organisation modulaire de l’esprit humain qui dépend de « modules ». Ces modules sont dits d’apprentissages qui ne sont pas préformés à l’avance mais qui évoluent en épigénèse sous l’impact d’ « inputs » (stimulations visuelles, olfactives et autres sentiments et sensations…). Cette modularité de l’esprit humain permet conjointement la stabilité des cultures et des variations, mais aussi de faire un parallèle avec l’évolution de tous les systèmes existants qu’ils soient de forme simple ou complexe en particulier la similitude avec l’évolution de la génétique et la cybernétique, dans l’émergence, le changement, la diversité. On parle donc de coévolution.

 

 

Nous avons vu que l’art de la préhistoire est un support de mémoire[3]. L’écrit y est encore absent toutefois l’art permet de conserver ce qui sans lui tomberait dans l’oubli. On y trouve des figurations réalistes d’animaux sous la forme de bestiaires, mais on y trouve aussi des graphismes abstraits. Nous n’avons pas encore trouvé la clef qui permettait l’exploitation de tous ces signes afin de leur donner la valeur sémiologique qu’ils véhiculent ainsi que les procédés des métonymies qui permet de reconnaître la crinière d’un animal préfiguré. Il est difficile voire impossible de pénétrer dans un système de représentation qui ne correspond pas au notre sans guide et sans représentant pour nous initier à la connaissance. Cette codification symbolique ne nous est pas connue et ne rentre pas dans notre champ d’acculturation d’autant plus qu’il semblerait que quelques membres uniquement aient accès à ce savoir disparu et soient formé à la codification et au déchiffrement. Une élite serait seule apte à comprendre le support de mémoire, son sens, et sa compréhension. Cela présuppose que l’on ait déjà à faire à une société bien organisée, comprenant une hiérarchie tribale avancée.

 

 

Claude Chatron Colliet copyright

LE REPUBLICAIN

 

[1] La vie extérieure est fort peu représentée. Les premiers hommes avaient pour nourriture des bouquetins et autres mammifères de petite taille dont on a retrouvé les ossuaires. Cependant ce sont des bestiaires d’animaux que l’on imagine féériques qui sont représentés en particulier à Lascaux. Bisons, chevaux…

 

[2] R Dawkins La gène égoïste 1976

 

[3] Préhistoire et fondement de l’humanité par Claude Chatron-Colliet

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