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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 16:03

Bernard Thibault. "Le président de la République est en grande difficulté"

 

Le secrétaire général de la CGT espère que l'ampleur des manifestations amènera la majorité actuelle à mesurer la situation.


A la veille de la journée d'action, vous dites que rien n'est joué, qu'espérez-vous gagner ?

Bernard Thibault. Un changement du cadre global dans lequel on s'apprête à faire une réforme sur l'avenir des retraites. Et si j'en crois les bons indicateurs dont nous disposons à la veille de notre journée d'action, ça me semble tout à fait jouable. Tout nous indique que la mobilisation aura franchi un pas supplémentaire par rapport à ce qui s'est passé le 24 juin.

 

Est-ce uniquement la mobilisation des salariés qui peut faire reculer le gouvernement ?

Bernard Thibault. Pour nous, c'est évident. Il n'y a pas d'autre élément pour faire changer d'avis le président de la République et le gouvernement sur ce projet. Nous entrons dans la phase parlementaire, nous ne méconnaissons pas le travail que peuvent faire les élus de l'opposition, mais nous savons que la droite est majoritaire. Si le projet est maintenu par le gouvernement, il y a de fortes chances qu'il soit adopté.

 

Le contexte est difficile pour le gouvernement et particulièrement pour éric Woerth, le ministre chargé de défendre la réforme. Est-ce pour vous un atout ?

Bernard Thibault. Le président de la République est en grande difficulté. Il est d'abord critiqué sur l'orientation de sa politique économique et sociale. Dans la période la plus aiguë de la crise, les mobilisations ont été importantes en France, plus que dans les autres pays européens. Et l'annonce, le 20 juin, de son projet pour les retraites a provoqué, quatre jours plus tard, des manifestations de 2 millions de personnes. Il a donc choisi d'ouvrir un autre type de front avec son discours à Grenoble. Mais cela a entraîné une difficulté politique dans son propre camp. Pour autant, il maintient le calendrier d'une réforme qui va structurer les droits des salariés pendant des décennies. Pour couronner le tout, le ministre du Travail est au cœur de multiples polémiques sur la proximité de responsables politiques avec le monde de l'argent. Sa situation sert maintenant d'écran de fumée pour ne plus parler des retraites. J'ajoute qu'on est le seul pays européen où le Parlement va légiférer sur un projet très structurant avec un gouvernement sur le départ. C'est inimaginable ailleurs. Cela étant, pour nous, c'est bien sur le fond de la réforme que la mobilisation est organisée.

 

Qu'est-ce qui pourrait changer votre appréciation sur la réforme ?

Bernard Thibault. S'il n'y a pas d'approche nouvelle de la philosophie de cette réforme, qui se caractérise avant tout par l'objectif de faire des économies sur les retraites à verser à l'avenir, nous ne changerons pas notre appréciation. Plutôt que de discuter des conditions qui permettraient à notre pays d'assurer une retraite décente à une population de plus de soixante ans qui va augmenter numériquement, le gouvernement, inspiré par le Medef et sous injonction des marchés et des agences de notation à leur service, choisit de diminuer les moyens financiers pour les retraites. C'est un recul social. Et ça ouvre les vannes à des mécanismes de capitalisation. La retraite est un pan essentiel du contrat social. C'est aussi structurant que le temps de travail, la protection sociale contre la maladie, les droits syndicaux dans les entreprises On ne peut pas accepter que les conditions d'un vrai débat soient refusées.

 

Les syndicats sont en première ligne mais des associations, des formations politiques se mêlent aussi de ce débat. Qu'en pensez-vous ? Souhaiteriez-vous des convergences ?

Bernard Thibault. Nous sommes les premiers à dire que ce dossier des retraites recouvre un choix de société. Si c'est aux syndicats de défendre les droits des salariés, pour les choix d'avenir de la société, les partis politiques sont des acteurs qui comptent. Chacun doit défendre sa vision des choses. Il est tout à fait souhaitable que des partis politiques, des mouvements associatifs soient partie prenante de ces débats. Le calendrier et la démarche du gouvernement visent à l'empêcher. Nos campagnes l'ont imposé dans le pays.

 

Grosse mobilisation mardi, l'intersyndicale se réunit mercredi, que va proposer la CGT ?

Bernard Thibault. Nous espérons que l'ampleur de la mobilisation amènera la majorité actuelle à mesurer la situation. Si ce n'est pas le cas, je sens la détermination de tous les syndicats à poursuivre et à prendre leurs responsabilités. Je n'ai aucun doute là-dessus. La CGT souhaite que les débats sur les suites se multiplient dans les entreprises, avec deux soucis : élargir encore la mobilisation et maintenir cette dynamique unitaire. C'est ce qui donnera confiance aux salariés et créera les meilleures conditions pour qu'ils soient entendus. Il n'y a rien d'écrit d'avance.

 


 

 

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