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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 19:47

Journée internationale des Roms, ce 8 avril 2011 est le quarantième anniversaire de la fondation de l’Union Romani Internationale à Londres en 1971. C’est à cette date que les Roms se dotèrent d’un hymne et d’un drapeau, vert come la terre et la nature, bleu comme le ciel, avec au centre une roue rouge, qui rappelle la route et l’Inde des origines. Les Roms n’ont pas d’Etat, et n’en réclament pas. Ils sont présents dans la plupart des pays d’Europe, et au-delà.

Cette journée est pour eux un moment important pour montrer leur volonté de reconnaissance de leur culture et rappeler leur histoire, marquée par le génocide nazi. Elle est aussi pour nous l'occasion de protester contre le fait que dans toute l’Europe, de nombreux Roms sont encore aujourd’hui discriminés. Ils ne peuvent malgré cela demander l’asile dans un pays de l’Union européenne et le Kosovo, où leur sécurité n’est
pas assurée, vient d’être déclaré un « pays sûr ». Ceux de Roumanie et de Bulgarie, pays membres de l'UE, pouvaient espérer dès 2007 la liberté de circulation et d’installation qui aurait facilité pour eux l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tout être humain.

Mais en France, des mesures transitoires qui pourront rester en vigueur jusqu’en 2013 leur interdisent l’accès au travail, sauf à remplir des conditions très difficiles. 10 à 15 000 personnes sont maintenues de ce fait dans une précarité dont on leur fait grief pour les expulser du territoire, au motif d’une insuffisance de ressources, d’une charge trop lourde pour l'Etat, alors qu’ils ne perçoivent aucune allocation. Comme la liberté d’installation, la liberté de circulation est aussi une illusion : les Roumains et les Bulgares représentent plus de la moitié des personnes reconduites à la frontière. Les expulsions, collectives, dont la base ethnique a été un temps explicitement formulée dans une
circulaire du Ministère de l’Intérieur, ont été dénoncées par la Commission européenne. Les abris sont brutalement détruits au motif du manque d’hygiène et de sécurité, alors que l’accès à l’eau, à l’électricité, à des bennes à ordures et des toilettes, leur est le plus souvent refusé par les collectivités locales. Les expulsions des lieux de vie, terrains et squatts, traumatisent les enfants, accroissent la précarité, réduisent à néant les efforts des familles concernées, des voisins solidaires, des associations et comités de soutien en faveur de l’accès aux droits, notamment à la scolarité et aux soins. Le collectif Romeurope estime qu’entre 5 et 7 000 enfants Roms vivant aujourd’hui en France arriveront à l’âge de 16 ans sans avoir jamais ou presque été à l’école. Les associations intervenant sur les terrains dans le domaine de la santé constatent l’absence de suivi des grossesses, de nombreux cas de tuberculose, de maladies et d'accidents liés à l’environnement.

Le MRAP demande la fin des mesures transitoires qui empêchent Roumains et Bulgares d’accéder à l’emploi comme tout citoyen européen, l’arrêt des expulsions du territoire français, l’accès au droit commun pour ce qui concerne la santé, la scolarité et l’habitat. Des solutions transitoires doivent parfois être recherchées, en concertation avec les
familles concernées, pour qu’elles puissent vivre dans de bonnes conditions de sécurité et d’hygiène, dans le respect de leurs droits et de leur liberté.

Le MRAP appelle les citoyens à la plus grande vigilance contre les propos racistes dont font l’objet les Roms dans les espaces publics et dans les media. Le maintien de ces citoyens européens dans des conditions de vie indignes renforce le racisme et les préjugés nombreux dont ils sont victimes. Leur stigmatisation comme délinquants, comme ce fut le cas l'été dernier où le président de la République évoquait les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms", tend à construire une catégorie ethnique dans une politique de division entre les citoyens de France. Les Roms ont une culture, qui n’implique en aucun cas qu’ils doivent vivre dans des bidonvilles. Pour la découvrir, loin des préjugés et des clichés, le
MRAP vous appelle à aller à leur rencontre dans les  manifestations festives qu’ils proposent à l’occasion du 8 avril.

Paris, le 8 avril 2011.

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Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr
Aider le MRAP : http://secure.mrap.fr
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