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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 19:41

Traitement des migrants d’Afrique du Nord : la France se couvre de honte


Une soixantaine de migrants originaires de Tunisie, mais aussi de Libye,
d’Egypte ou  d’Algérie, à peine arrivés en France, ont été arrêtés le 26
avril à Paris. Mis en garde à vue dans la capitale ainsi qu’à Pantin
(Seine-Saint Denis), il leur est reproché de ne pas être munis de titres
de séjour. Ce n’est pas l’accueil qu’ils espéraient de la part de la
France, « pays des droits de l’homme ».

Plusieurs centaines d’autres migrants, majoritairement tunisiens,
dorment en plein air dans un square situé à la bordure de Paris et
Pantin. Parmi eux se trouvent des mineurs. qui au titre de de la
Convention Internationale des Droits de l’Enfant et de la loi françaises
sur la protection de l’enfance devraient être spécialement protégés et
pris en charge pour leur hébergement et leurs besoins primordiaux. Mais
le manque de moyens financiers et humains,  l’insuffisance criante de
structures d’accueil, particulièrement en région parisienne, rend ce
droit de plus en plus inexistant.

Plusieurs dizaines d’immigrés tunisiens ont été à leur tour interpellés
mercredi 27 avril au soir, au moment où un repas chaud était distribué à
plusieurs dizaines de migrants par la Croix Rouge Porte de la Villette .
Au même moment, à Marseille - où quelque deux cent migrants tunisiens
avaient trouvé refuge dans un jardin proche de la gare Saint-Charles
depuis plusieurs jours – quinze Tunisiens ont également interpellés et
placés en garde à vue. L’objectif, pour ceux qui ne choisissent pas le
retour « volontaire », est « la stricte application des lois et
règlements de la République ».

Ainsi l’Etat ne fait rien pour ces migrants, venant d’une Afrique du
Nord en plein bouleversement. Il se contente de les présenter à
l’opinion publique comme une prétendue menace et de les placer en garde
à vue « pour infraction à la législation », attendant du juge qu’il
prononce des mesures d’éloignement du territoire français.

La mairie de Paris et plusieurs associations (telle qu’« Une Chorba pour
tous »), face à l’inertie des services de l’Etat, s’y sont en partie
substituées, débloquant des fonds ou contribuant à couvrir les besoins
en nourriture de ces hommes, ces femmes et ces jeunes. Il convient aussi
de souligner tout particulièrement la solidarité de la communauté
tunisienne des environs, qui, le week-end dernier, a préparé un couscous
géant pour les nouveaux arrivants.

Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont organisé, quant à eux, un
sommet spécial, mardi 26 avril, centré exclusivement sur la situation
des migrants tunisiens détenteurs de permis de séjour Schengen de six
mois pour motif humanitaire, délivrés par l’Italie. Ces « sésame »
auraient dû leur permettre de circuler librement parmi les vingt-cinq
pays de l’espace de libre circulation Schengen. Mais La France y a mis
le coup d’arrêt en arrêtant plusieurs heures à la frontière italienne de
Vintimille, le dimanche 17 avril, un train à destination de Marseille,
pour empêcher une cinquantaine de ressortissants tunisiens (accompagnés
par quelques militants des droits de l’homme) de faire usage de leur
laissez-passer italien de six mois. Après une semaine de bras de fer
entre les deux pays voisins, qui a mis froidement en évidence le manque
flagrant de solidarité au sein de l’Union Européenne, le Sommet du 26
avril a débouché sur la demande commune à l’Union Européenne de réformer
les accords de libre circulation Schengen, pour pouvoir les suspendre,
tout en renforçant les contrôles aux frontières extérieures.

C’est donc prioritairement sous l’angle de la prétendue « menace
migratoire » qu’ est aujourd’hui abordée dans le débat français la
situation en Tunisie. Bien loin de « l’exode biblique » prophétisé par
Silvio Berlusconi,

les quelque vingt-cinq mille Tunisiens débarqués à Lampedusa constituent
un bien modeste mouvement migratoire, expression d’une double soif de
liberté et de survie immédiate qui vaut pour toute l’Afrique du Nord.
Une soif qui s’est d’abord traduite sur place par le mouvement pour la
démocratie, les grèves et le sacrifice des victimes de la répression.

A l’heure où la  Tunisie accueille elle-même - à elle seule ! -  plus de
200.000 personnes ayant fui la Libye voisine, la France - comme l’Union
Européenne - devrait arrêter de se couvrir de honte en pratiquant le
repli frileux et la fermeture de ses frontières.

Le MRAP soutiendra toutes les initiatives de solidarité avec les
migrants, et avec les populations de  la rive Sud de la Méditerranée.

Paris, 28 avril 2011

--
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr
Aider le MRAP : http://secure.mrap.fr

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