Déclaration
Le 24 avril 1989 l’Etat mauritanien, dirigé à
l’époque par le Colonel Maouya Ould Sidi Ahmed Ould Taya, procédera à la déportation de près de 200.000 Noirs mauritaniens non arabes.
En très peu de jours toutes les villes du pays,
particulièrement celles du Sud se retrouveront en état de siège, et leurs populations martyrisées par une soldatesque raciste mobilisée par un pouvoir ethno fasciste. Aux
humiliations, tortures, expropriations et exécutions sommaires et autres cruautés, ce seront des villages, des familles entières, des familles entières qui seront jetés hors de leur
pays ; la Mauritanie. Aussi, aucune frange des populations noires ne fut épargnée : des fonctionnaires de l’Etat, aux éleveurs et aux agriculteurs, des grands-parents aux
petits-enfants, des familles seront séparées.
Si, à partir de 2008, suite aux accords tripartites
HCR, Gouvernements du Sénégal et de la Mauritanie, près de 20.000 des déportés ont été rapatriés, près de 5000 inscrits pour leur retour dans leur pays d’origine se sont vu signifier
la fin du programme de rapatriement par le gouvernement de Mohamed Abdel Aziz Ould Med Abdel Aziz. Le fils spirituel du Nazi Ould Taya, qui refuse déjà de reconnaître aux
déportés noirs mauritaniens au Mali la qualité de déportés, a décidé de manière unilatérale de mettre à cet engagement international contracté par la Mauritanie sous Sidi Ould
Cheikh Abdellahi.
A la reconnaissance par Sidi Ould Cheikh Abdallah
suivie de la symbolique prière aux Morts de Ould Med Abdel Aziz, force est de constater que les 20.000 rapatriés se retrouvent aujourd’hui déportés chez eux et dans le dénuement le
plus abject. Parqués aux abords immédiats de leurs anciennes maisons et terres, humiliés par l’impossibilité de leur rétablissement administratif (refus systématique des autorités
administratives de leur rétablir leurs documents d’état civil), quelques-uns d’entre eux ont, d’ailleurs, repris le chemin de l’exil. Le rapatriement est vécu dans l’amertume et
l’impossible « vivre ensemble » par les populations noires.
Les Noirs de Mauritanie sont convaincus que
l’essentiel reste à faire, à savoir :
· Le retour de tous les déportés sous la garantie de l’Union Européenne, des
Etats–Unis, de l’Union Africaine, des Nations Unies et du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et sous la supervision de ces mêmes pays et organismes avec le Sénégal et le
Mali ;
· Le rétablissement dans leurs droits absolus de l’ensemble des déportés qui
passe obligatoirement par leurs réinstallations respectives dans leurs villages d’origine, la restitution de leurs terres de culture et de leurs papiers d’Etat civil, la réintégration
des fonctionnaires dans la Fonction publique, et en règle générale la réinsertion dans le tissu économique de toutes les victimes de cette tragédie ;
· La mise en place d’une Commission internationale d’enquête pour identifier et
juger les coupables avec à leur tête Maouya Ould Sidi Ahmed OuldTaya pour crime contre l’humanité.
Nous exigeons une solution définitive de cette
tragédie pour instaurer une paix pérenne dans une Mauritanie juste et égalitaire pour tous.
Nous exigeons l'abolition effective du racisme et de
l'esclavage
Le principe moral du système maure (féodalité et
Etat) repose sur l'infériorité du Noir. La communauté noire de Mauritanie a deux composantes : Les Haratine et les Négro-mauritaniens.
La première est victime de l'esclavage, la seconde du
racisme. Là où règne l'esclavage, le racisme n'est pas nécessaire parce que l'esclavage recèle en lui-même une dimension raciale (l’infériorité du groupe qui subit l’esclavage).
Cependant, là où l'esclavage ne peut être pratiqué, le racisme devient un recours inévitable pour exclure et exploiter le groupe visé.
Seule l'unité nous permettra de mettre fin à l'esclavage et le
racisme en Mauritanie
Les signataires : AHME, CAMME, FLAM, IRA-M/F, OCVIDH, OTMF,
PLEJ
Fait à Paris, le 24 avril
2011.