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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 21:45

Social-Eco - le 22 Juin 2011

Hypermarché

Yves Soulabail, consultant en activités 
commerciales (*).

 

La décision prise par les actionnaires de faire sortir DIA du giron de Carrefour est totalement absurde. En vendant sa branche de hard discount, le groupe se crée un nouveau concurrent. Les familles fondatrices se sont opposées à ce choix mais elles n’ont pas été entendues. Aujourd’hui, le fonds d’investissement Colony Capital et le groupe de Bernard Arnault, qui ont pris le pouvoir, répondent à la seule problématique de la valorisation de court terme. La volonté de revendre les éléments de la société élément par élément est grande car cela se négocie à un meilleur prix. La cession des magasins en Thaïlande le confirme. Ils ont été vendus à 120 % de leur valeur, ce qui constitue une bonne affaire à court terme mais détruit le potentiel du groupe à long terme. Il y a aussi le projet de vendre la branche immobilière du distributeur sans aucune étude préalable. Ainsi, 25 % de sa foncière Carrefour Property vont être mis en Bourse, jusqu’à 100 % à terme. Ces investisseurs veulent brader Carrefour.

Le distributeur Carrefour a révolutionné le modèle des grandes surfaces dans les années 1970 en proposant les « produits blancs », des produits aussi bons mais moins chers que ceux des marques. C’est toute cette stratégie qui est remise en question par la nouvelle direction. En effet, l’équipe dirigeante en place souhaite développer la vente des produits de marque au sein de ses grandes surfaces. Rien d’étonnant, vu les intérêts croisés du PDG, Lars Olofsson, ancien de Nestlé, de Bernard Arnault, propriétaire du grand groupe de luxe LVMH, ou encore de certains administrateurs tels qu’Anne-Claire Taittinger (groupe Taittinger – hôtellerie, luxe, champagne). Mais ce changement de stratégie pourrait entraîner la chute de Carrefour. Car, lorsque les grandes marques auront pris trop de place, il deviendra très difficile de négocier les prix avec les fournisseurs. Et un grand distributeur qui ne peut plus proposer des prix intéressants signe son arrêt de mort. De plus, les dirigeants de Carrefour imposent une organisation hiérarchique et centralisée qui détériore le dialogue social. Lorsque vous avez des salariés qui se lèvent déjà à 4 heures du matin puis qu’on leur demande de se lever à 2 heures, c’est toute l’organisation familiale qui saute. Un véritable néotaylorisme se met en place. Le risque que les salariés de DIA rejoignent ceux de Carrefour Market et remettent en question les choix de la direction est de plus en plus palpable.

 

(*) Auteur de Carrefour, un combat pour la liberté, le Loup hurlant Éditions, 2010, présenté sur www.CarrefourUncombatpourlaliberte.fr»

Propos recueillis par 
Ronan Kerneur

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