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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 14:07

Alain Gresh analyse assez longuement la notion de terrorisme et il a raison de le faire. Comme de coutume, je partage la plus grande partie de ses analyses.

Le mot « terrorisme » est employé le plus souvent par les Etats coutumiers d’expéditions coloniales et d’actions « spéciales » à l’étranger pour dénoncer les résistants, ceci dans un but de domination et de contrôle idéologique des masses. Certains sont cités par notre ami directeur du « diplo ».

Concernant la distinction entre différents types d’actions impliquant la mort violente de groupes de civils, je partage l’analyse ébauchée par Alain Gresh, avec une réserve que j’exprime plus bas. Il faut bien évidemment distinguer les actions gratuites développées séparément ou conjointement par les Etats constitués ou certaines instances à l’intérieur de ces Etats et les mouvements d’extrême-droite* et les actions de résistance dirigées contre les civils par des militants dans des situations d’oppression (ségrégation et extrême humiliation comme dans le cas de l’Ulster ; apartheid, humiliation, spoliation de terres, de demeures et massacres comme dans le cas palestinien). Dans ces deux cas, il convient à mon avis de condamner très fortement les Etats qui construisent la ségrégation et la violence avant de se prononcer sur le type de réaction des activistes se considérant comme en résistance. Il va sans répéter ce que j’ai écrit à plusieurs reprises : les actions non-violentes sont souvent productives à moyen terme, au moins autant que les violentes et sans les scories qui suivent les victoires obtenues de la deuxième manière.

Ma réserve sur la panoplie déployée par Gresh concerne les très nombreuses actions meurtrières d’ETA. Un certain romantisme, souvent anarchiste et de gauche à propos de la lutte contre l’oppression, a fait confondre l’action politique paramilitaire de ses militants avec une juste lutte contre l’oppression. ETA a assassiné plus de 800 policiers et civils dont des journalistes** dans des attentats ou des enlèvements suivis d’exécutions alors qu’aucune oppression n’existe de la part de l’Etat central espagnol depuis les années ayant suivi la disparition de Franco (mettons à part l’action des GAL, groupes paramilitaires créés par Madrid en réaction à la terreur organisée par les indépendantistes euskaras). Au contraire, alors que la population vit souvent en silence dans la terreur de l’assassinat politique, le Pays Basque espagnol bénéficie d’une autonomie politique et administrative dont tous les autonomistes dans le monde ne peuvent être qu’envieux.

Si on élargit la notion de terrorisme comme le font les Etats (USA, France et la plupart des Etats constitués), on pourrait citer les tentatives de renversement par la France d’Ahmed Sékou Touré dans la Guinée indépendante puis l’introduction de faux-billets (opération dirigée par Jacques Foccart, patron de la cellule spéciale de l’Elysée) pour ruiner l’économie de ce jeune pays qui avait eu le tort de créer sa propre monnaie, par opposition à la zone CFA, pièce maîtresse de la domination française en Afrique noire. Ce dossier a été repris par une très récente émission de LCP (chapeau ! Quelle indépendance éditoriale !) sur la Françafrique)

Par ailleurs, il ne faut surtout pas oublier que nos condamnations sont généralement données, confortablement assis devant un ordinateur, dans un logement à l’abri de la pluie, du froid, des obus, de l’humiliation, du sentiment de vengeance lorsqu’on a perdu des proches dans des actions « contre les terroristes » justement. Voila où se trouve la deuxième différence et je tiens beaucoup à cet aspect des choses.

Après ces considérations, j’adhère parfaitement à la notion de "congrès imposture sur le terrorisme"

.......

Philippe Le Clerre

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