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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:12
Aimé Césaire,
le combattant de la négritude
Paul-François Paoli
18/04/2008 | Mise à jour : 07:30
Réactions(5)
De passage en Martinique, aucun homme politique ne manquait jamais de faire un pèlerinage chez Aimé Césaire.
De passage en Martinique, aucun homme politique ne manquait jamais de faire un pèlerinage chez Aimé Césaire. Crédits photo : LUDOVIC/REA

Il a toujours entremêlé poésie et politique. Dans les années 1940, il fonda le courant littéraire de la négritude, avec Léopold Sédar Senghor.

 

«Ni asservissement, ni assimilation»

 

Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, en Martinique, le jeune Aimé Fernand Césaire est issu d'une famille de sept frères et sœurs. Son grand-père fut le premier enseignant noir de Martinique et sa grand-mère savait lire et écrire, qualité rare pour une femme de ce milieu, à cette époque. Sa mère, couturière, et son père, contrôleur des impôts, encouragent le jeune Aimé à poursuivre des études. Bachelier, il obtient une bourse d'études et quitte son île pour la métropole. «Je ne me plaisais pas dans cette société étroite et mesquine et aller en France était pour moi un acte de libération», déclare celui qui est entré en 1931 en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Sa venue dans la capitale provoque un choc et une déception. Bien que jouissant des mêmes droits que quiconque, le nouveau venu ne se sent pas perçu comme un Français «comme un autre».

Après avoir réussi, en 1935, le concours d'entrée à l'École normale supérieure, il fonde, avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et l'intellectuel guyanais Léon Gontran Damas, une revue appelée à jouer un rôle dans la prise de conscience de l'identité négro-afri­caine, L'Étudiant noir. Reprenant à son compte le terme péjoratif de «nègre», il écrit dans un de ses premiers articles : «Les jeunes nègres d'aujourd'hui ne veulent ni asservissement ni assimilation, ils veulent l'émancipation .» Laquelle suppose la décolonisation des peuples africains et la valorisation de leur culture d'origine. C'est le sens du concept de «négritude» qu'il défend avec Senghor.

Fondée sur le sentiment qu'il existe une communauté d'expérience propre à tous les Noirs, qu'ils soient américains, antillais ou africains, cette notion irrigue son premier livre, un recueil de poésie, Cahier d'un retour au pays natal, rédigé en 1938.

Devenu agrégé de lettres, Aimé Césaire retourne en Martinique en 1939 pour enseigner. Il est élu, en 1945, maire de Fort-de-France sur la liste du Parti communiste et soutient le projet de «départementalisation» des Antilles, de la Guyane et de la Réunion. Une position que d'aucuns jugeront incohérente : en effet, peut-on affirmer que l'identité antillaise est «aliénée» tout en refusant l'indépendance à une époque où les peuples africains réclament leur droit à la souveraineté ? En fait, s'il refuse le concept d'assimilation républicaine, porteuse, à ses yeux, d'une forme de négation, Aimé Césaire reste attaché à la France. Il se donne comme but de concilier le principe d'autonomie au sein du cadre national. En 1947, il fonde, toujours avec son complice Léopold Sédar Senghor et l'écrivain malgache Jacques Rabemananjara, la revue Présence africaine, où il exprime en 1955 son «différentialisme» culturel dans un célèbre discours sur le colonialisme. Il y critique un humanisme occidental qu'il juge «ethnocentrique». Un parti pris antijacobin qui le met en porte-à-faux avec le Parti communiste français, qu'il quitte au lendemain de l'intervention soviétique en Hongrie. Il fonde le Parti progressiste martiniquais en 1958.

 

Loin des sirènes de l'antioccidentalisme

 

Parallèlement, il poursuit une œuvre poétique à travers la publication de Soleil cou coupé (1948), Corps perdu (1950) et Cadastre (1961) qui seront salués par André Breton pour leur puissance d'évocation du monde afro-antillais. Il écrit aussi des pièces de théâtre.

Considéré par beaucoup comme le plus grand écrivain du monde afro-caribéen, il acquiert une renommée mondiale. Élu et réélu député de Martinique de 1946 à 1993, il est néanmoins contesté par une jeune génération d'écrivains antillais, comme Raphaël Confiant, qui critiquent sa vision «mythique» de l'africanité et prônent le métissage et la «créolisation» plutôt que la valorisation de la négritude. S'il a dénoncé avec virulence un universalisme occidental par trop réducteur à ses yeux, Aimé Césaire n'a pour autant jamais cédé aux sirènes de l'antioccidentalisme. Par ailleurs, il s'est désolidarisé des discours qui, ces dernières années, ont prétendu instrumentaliser le malaise de certains Noirs en France pour nourrir le thème de la repentance. Fondé sur la reconnaissance de la diversité, son humanisme s'est voulu capable de concilier une forme de «multiculturalisme ouvert» avec le principe d'unité sur lequel est fondée la nation française

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 09:44

 

 

 

 

Aimé Césaire
 

Intervention dans la discussion
du projet de loi relatif à la commémoration de l'abolition de l'esclavage

17 décembre 1982

 

 

 

[...] En somme, par les soins de certains, ce texte, comme depuis quelque temps tous ceux qui concernent l’outre-mer, devient un prétexte à polémiques et à chicanes.

Cela dit, j’estime que le Gouvernement a été bien inspiré de revenir à son texte primitif. L’objet en est simple et est précisé dans l’exposé des motifs : il s’agit de célébrer l’événement qui s’est passé il y a cent trente-quatre ans lorsque la IIe République décrétait, les 4 mars et 27 avril 1848, que nulle terre française ne pourrait plus porter d’esclaves.

À cet événement est lié le nom de celui qui l’a inspiré, proposé et presque imposé, Victor Schœlcher.

Victor Schœlcher, qui est-ce ? Que de fois n’avons-nous pas entendu cette question lorsque, au lendemain de son élection à la présidence de la République, François Mitterrand eut l’admirable pensée d’aller déposer une rose, la troisième, sur la tombe de l’abolitionniste.

Victor Schœlcher, qui est-ce ? Eh bien, Victor Schœlcher c’est, pour résumer en trois mots, un humaniste, un militant des droits de l’homme, un socialiste.

Quand je dis « un socialiste » entendons-nous bien. Le socialisme de Victor Schœlcher n’est pas une doctrine d’économie politique ; c’est avant tout une éthique. Les phrases clefs de son œuvre me paraissent être celles-ci : « Si l’on dit une fois que ce qui est moralement mauvais peut être politiquement bon, l’ordre social n’a plus de boussole. La violence commise envers le membre le plus infime de l’espèce humaine affecte l’humanité entière. La liberté d’un homme est une parcelle de la liberté universelle. Vous ne pouvez toucher à l’une sans compromettre l’autre tout à la fois. Un principe en socialisme, c’est le cerveau en physiologie, c’est l’axe en mécanisme. Sans principes respectés, il n’y a plus de société. »

Et je ne résiste pas à la tentation de le citer encore : « La liberté individuelle est antérieure à toutes les lois humaines : elle fait corps avec nous, et aucune puissance imaginable ne peut consacrer la violation de ce principe naturel. L’homme a le droit de reprendre par la force ce qui lui a été enlevé par la force, l’adresse ou la trahison ; et pour l’esclave, comme pour le peuple opprimé, l’insurrection est le plus saint des devoirs. »

C’est de phrases de ce genre qu’il faut partir, je crois, pour comprendre l’œuvre de Victor Schœlcher. Je veux dire qu’il faut admettre une fois pour toutes qu’à l’origine de son engagement militant il y a d’abord une postulation éthique et une exigence morale.

Aussi bien est-ce le même mouvement qui porte Victor Schœlcher vers les ouvriers de son pays, les ouvriers de son temps, victimes désignées d’un capitalisme sauvage, et vers les Noirs d’Afrique, raflés par la traite, ou les Noirs des Antilles et d’Amérique, dont le travail et la sueur alimentèrent jadis ce que les marxistes appellent « l’accumulation primitive ».

Tout cela, aux yeux de Schœlcher, c’était le même combat : le combat pour la raison, le combat pour la justice, le combat pour les droits de l’homme.

En tout cas, ce qu’il y a de remarquable dans ce combat, c’est la ténacité, la persévérance, l’acharnement même avec lesquels Victor Schœlcher le mena pendant plus de cinquante ans. Rien ne l’arrêta, ni les préjugés, ni les insultes, ni l’outrage, ni la calomnie. Avec un indomptable courage, il tint bon et, dans un secteur limité mais significatif, il finit par l’emporter.

C’est cette victoire que nous souhaitons voir commémorée, la victoire d’un homme, dont nous voulons que la mémoire soit gardée et désormais largement célébrée, comme nous voulons que soit célébré le souvenir du martyre et de l’héroïsme des héros anonymes, issus tous de ces peuples, jamais résignés, qui périodiquement, se levèrent, génération après génération, pour revendiquer et pour combattre.

J’ai parlé de l’action et de l’œuvre de Victor Schœlcher. Or, de cette œuvre, de cette action, on assiste depuis quelque temps à des tentatives sournoises de dénaturation, on dirait maintenant de récupération. Certains – et on n’y a pas manqué au Sénat – n’ont pas oublié d’insister sur le fait que Victor Schœlcher est le premier à avoir employé les mots « département d’outre-mer », et ils n’ont pas hésité à revendiquer Victor Schœlcher comme parrain de l’assimilationnisme antillais. Bref, dans la bataille qui se livre autour du problème du statut des Antilles ou de la Réunion, c’est à qui mobilisera Victor Schœlcher, dans ses propres rangs.

À mon avis, l’entreprise est vaine et, à la limite, déloyale. Il ne faut pas demander aux hommes du siècle dernier de résoudre des problèmes qui ne se posaient pas à eux. Le problème qui se posa à Victor Schœlcher, ce n’était pas de choisir entre centralisation et décentralisation, entre paternalisme et responsabilité, entre identité culturelle et acculturation. C’était, condition première de tout futur débat, celui, élémentaire, de la liberté de tous les hommes, quelle que fût leur race ou leur couleur, et celui de l’égalité de tous devant la loi. La finalité de l’action de Schœlcher n’est pas un statut juridique, mais la qualité et la valeur de la condition humaine.

Victor Schœlcher était certainement partisan de l’extension de la loi française à des hommes exposés, livrés sans loi à l’arbitraire de maîtres sans foi ni loi. Mais il n’était pas partisan du maintien de privilèges anachroniques. Il n’était pas partisan de l’immobilisme politique. Il n’était pas partisan de la confiscation du pouvoir local entre les mains de quelques-uns, toujours les mêmes.

Et s’il était partisan, et un partisan acharné, de l’instruction publique conçue dans l’optique de son époque, il était, pour avoir dépouillé avec une admirable curiosité les écrits de tous les explorateurs et de tous les historiens de l’Afrique, les Caillé, les Mollien, les Mungo Park, pour avoir eu, l’un des premiers, la révélation de la valeur et de l’éminente dignité des civilisations africaines jusqu’à lui méconnues et ravalées au rang de la barbarie, il était, dis-je, trop conscient de tout cela pour que l’on puisse aujourd’hui s’autoriser de lui pour approuver ou soutenir une politique de nivellement des identités régionales et de laminage des peuples.

En conclusion, monsieur le secrétaire d’État, l’initiative du Gouvernement de permettre pour tous la commémoration, dans des conditions de dignité, de la date anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1848 est une excellente initiative. Elle permettra de rappeler la figure d’un homme qui fut l’un des premiers combattants de la cause des droits de l’homme. Elle permettra aux Antillais et aux Réunionnais de prendre une plus claire conscience de leur passé et d’être ainsi mieux à même de préparer leur avenir. Elle permettra à tous de se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, n’est jamais entièrement gagné, et que c’est tous les jours qu’il vaut la peine d’être livré. (Applaudissements sur les bancs des socialistes et des communistes.)

 

 

 

« Se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, n’est jamais entièrement gagné, et que c’est tous les jours qu’il vaut la peine d’être livré. »

 

 

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 08:13
LKP - 1802 - 2010 : Ka ki Mwa Mé ?
   Dans notre pays, la période 1802 - 1910, est marquée d’abord, par le sacrifice des combattants anti-esclavagistes, et ensuite par l’émergence du prolétariat, qui paye chèrement ses luttes, « anticapitaliste, anti-colonialiste, anti-impérialiste ».
Pouki 1é Mé ?

En 1884, la Fédération américaine du Travail (A.F.L.) décide de faire la grève le Ier mai 1886, au cas ou les patrons refuseraient d’accorder la journée de 8 heures. Les syndicats américains organisent la grève et à Chicago, la troupe tire. Il y eut plusieurs tués et de nombreux blessés.

En 1889, la IIe Internationale décide de faire du Ier mai une journée de revendications ouvrières. En France en 1941, sous Pétain, le 1er mai est consacré "fête du Travail et de la concorde nationale". En 1947, il devient de droit “ le seul jour férié, chômé et payé”.

An plen mwa Mé !

En Guadeloupe, du 10 au 28 mai 1802, des forces patriotiques guadeloupéennes s’opposent aux troupes napoléoniennes, commandées par Richepanse. Le 27 mai 1848, les forces anti - esclavagistes imposent l’abolition de l’esclavage. Les 26 et 27 mai 1967, les ouvriers du bâtiment manifestent. Ils revendiquent, 2% d’augmentation de salaire et l’amélioration de leurs conditions de travail… Les forces armées françaises répondent : il y eut plus de 87 morts à Pointe à Pitre...

L’ensemble des associations et organisations membres du LKP appellent tous les Travailleurs de Guadeloupe à se mobiliser afin de faire de ce mois de mai 2010, un moment de réactivation des luttes pour la satisfaction de leurs revendications. L’ensemble des associations et organisations membres du LKP appellent l’ensemble du Peuple Guadeloupéen à se rassembler afin de faire respecter le Protocole du 4 Mars 2009 !

ANSANM NOU KÉ GOUMÉ !

ANSANM NOU KÉ GANNYÉ !

 

 

 

TOUT TRAVAYÈ ASI LATÈ

SANMDI 1É MÉ : 8 H – SANBLÉ A TOUT TRAVAYÈ GWADLOUP BASTÈ (KOTÉ KONSEY JÉNÉRAL)

KOUDMEN

SANMDI 8 MÉ : 8 H – Pwésé mannyok…Masyou, Lanzbètran

DIMANCH 9 MÉ : 6 H – Koudmen pou fè farinn mannyok…Masyou, Lanzbètran

JÉDI 13 MÉ : 6 H – Koudmen pou planté mannyok…’’Kanpèch’’ Lanzbètran

SANMDI 8 MÉ : WOULO POU JOUNÉ PÉDAGOJIK É KILTIRÈL A SPEG a Maodyè, Lanzbètran

MIC OPEN

SANMDI 15 MÉ : 13 h – 23 H - Bou kannal avè JKP (Jénès Kont Pwofitasyon)

ESPOZISYON

LENDI 10 o VANDRÈDI 21 MÉ : Espozisyon : ‘’Evènements de Mai 1967‘’– Librairie Générale à Pointe-à-Pitre

SANMDI 22 o MAWDI 25 MÉ : Espozisyon : ‘’Evènements de Mai 1967’’ – Librairie Point Lire à Moule

Annou ba Josie BALZAMONT on fòs : Espozisyon ay ‘’Esprit de sable’’ sé ké Lendi 3 o Sanmdi 15 Mé an Sal R.NAINSOUTA Lapwent

KONFÉRANS – DÉBA

VANDRÈDI 21 MÉ : ‘’Pouvwa é otorité politik an Gwadloup – ALEXIS fiziyé an févriyé 1802…Pouki ?” - Bastè avè C. BASSETTE

MEWKRÈDI 26 MÉ : 18 H – ‘’Les évènements de Mai 1967’’ Cité des Métiers, Raizet, Abymes avè F. GARIN, K. KELLY - J. MERILLON

SANBLÉ POU LÈ PATRIYOT KI MÔ O KONBA

MEWKREDI 26 MÉ :
- 10 H – Cimetière de Sainte-Rose : Hommage à Gildas LANDRE
- 15 H - Cimetière de P-à-P – Hommage à Jacques NESTOR

VANDRÈDI 28 MÉ : 16 H – Hommage aux morts de Matouba (Stèle de Delgrès)

FÈ MÉMWA MACHÉ - FÈ KONSYANS VANSÉ

MEWKRÈDI 26 MÉ :
- 16h30 – Maché ka pati – Esplikasyon istorik asi Bitasyon ‘’Boisvinières Abymes’’
- 20h00 – Mownalo – Déboulé pou lonè a lé zesklav ki mô ka fouyé kannal Bakadè…Ka ki ‘’Des Retours’’ ?

JÉDI 27 MÉ :
- 06h00 – Maché ka woupati pou ay Kannal ‘’ Marche des Esclaves’’ – Esplikasyon istorik – Déklarasyon JKP
- 10h30 – Maché ka woupati pou ay Bitasyon Dival (Kannal)
- 12h30 – Rèpa
- 14h00 – Manifestasyon Kiltirèl : planté pyé bwa, slam…tanbou…èvè ML. DAHOMEY é dot anko

JOUNÉ SANBLÉ A TRAVAYÈ É PÈP KRAYIB

VANDRÈDI 28 MÉ :
- 09h00 – Sanblé a Sendika a Travayè a dènyé Koloni Fwansé : Matinik, Giyann Gwadloup… an Bik la
- 14h00 – Sanblé a plizyè owganizasyon a Travayè é Pèp Krayib…
- 19h00 – Meeting Entewnasyonal (pou tout pèp la) Douvan Bik la
- 22h00 - Véyé Kiltirèl Douvan Bik la èvè Bébé Rospart é dot anko

date de l evenement : 1er mai 2010
 

Publié par
LKP le mardi 4 mai 2010
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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 20:51
 
Il y a 50 ans, l'Afrique

 

Il y a 50 ans, en 1960, dix-huit colonies d'Afrique subsaharienne accédaient à l'indépendance après une occupation européenne d'une durée à peine plus longue. Parmi elles, quatorze colonies françaises...

 Cet anniversaire, quelque peu occulté par la France et les États africains eux-mêmes, est l'occasion pour Herodote.net de vous raconter la longue Histoire du continent.

Nous vous proposons cette semaine l'Afrique des origines, de 8000 avant JC à 1000 après JC, racontée par Vincent Boqueho, sur une animation cartographique et illustrée de sa conception.

 
 
De 8000 avant JC à 1000 après JC
L'Afrique des origines
 
 

Du fait de la quasi-absence d'écriture et de vestiges archéologiques, l'Afrique subsaharienne précoloniale n'est connue que par le biais des Arabes et des Européens. On peut toutefois en dégager les grandes lignes directrices, pilotées par la géographie et les contacts avec le reste du Monde.

 
Relief et climat

Dans l'ensemble du continent africain, le relief souvent très érodé forme rarement des barrières infranchissables. Les hauts plateaux de l'Afrique Australe tempèrent le climat et assainissent l'air par rapport aux côtes insalubres du Mozambique.

La principale curiosité géologique reste la vallée du Rift, dont les prolongements s'étirent depuis le Proche Orient jusqu'au Mozambique. Ce Rift est dû à l'écartèlement du continent, et à l'ouverture d'un futur océan.

Plusieurs stades d'évolution sont d'ailleurs visibles : l'extrémité sud s'est déjà détachée et forme l'île de Madagascar, au nord l'éloignement de l'Arabie crée la mer Rouge, tandis qu'ailleurs la fracture naissante entraîne l'existence de grands lacs tout en longueur. Les terres volcaniques et élevées encadrant cette vallée sont particulièrement fertiles, et ont très tôt permis une plus grande densité de population, depuis l'Éthiopie jusqu'à l'actuel Malawi.

Les principales autres chaînes montagneuses sont l'Atlas au nord-ouest, et le Drakensberg au sud-est.

 

Si le relief crée des structures plutôt favorables à l'Homme, le climat en revanche forme des barrières beaucoup plus hostiles. Le désert du Sahara en est bien sûr le meilleur exemple : il crée une rupture culturelle majeure entre le nord et le sud, plus encore que ne le ferait une étendue maritime. On notera aussi le désert du Namib au sud, plus limité.

 

La forêt dense équatoriale constitue un obstacle peut-être encore plus important que les déserts : elle empêche non seulement les mouvements de peuples, mais aussi le commerce. Le commerce transsaharien, au contraire, a eu longtemps une certaine importance dans l'Histoire de l'Afrique.

Il existe deux voies de pénétration majeures de l'Afrique : le Nil d'une part, et les détroits de Bab el Mandeb d'autre part, qui la lient à l'Arabie. Ce lien se retrouve dans le peuplement : les populations sémitiques dominent le nord-est de l'Afrique.

L'influence de la civilisation arabe s'est aussi étendue beaucoup plus loin par le biais du commerce : le commerce transsaharien, d'une part, qui a favorisé l'essor de toute une chaîne d'États le long du Sahel. Et, d'autre part, le commerce dans l'Océan Indien qui a concerné toute la côte orientale de l'Afrique.

 
Les ancêtres des Africains

Maintenant qu'on a récapitulé les constantes géographiques du continent, on va pouvoir comprendre les grands événements chronologiques qui ont jalonné son Histoire.

L'Afrique est habitée par un grand nombre de peuples aux langues distinctes. On observe généralement quatre grands groupes linguistiques, à l'intérieur desquels les analogies entre les langues laissent présager d'anciens liens entre les populations.

Le premier groupe est le groupe afro-asiatique. Vers 1000 avant JC, il occupe déjà une bonne part du nord de l'Afrique, et ce depuis fort longtemps. On notera son débordement au sud du Sahara, lié au fait que ce n'était pas encore un désert il y a 6000 ans.

Le groupe afro-asiatique inclut les Sémites, qui ont déjà migré jusqu'en Éthiopie à cette époque, et qui incluront plus tard les Arabes. Il regroupe aussi les Berbères, les Anciens Égyptiens, les Couchitiques, et bien d'autres peuples.

Plus au sud, on trouve le groupe nigéro-congolais, à l'ouest, et le groupe nilo-saharien à l'est.

Mais la majeure partie de l'Afrique subsaharienne est alors habitée par le groupe des Khoisans. Contrairement aux autres, ces peuples ne connaissent pas l'agriculture : ils vont subir de plein fouet un phénomène majeur en Afrique, la migration des Bantous...

 
L'expansion bantoue

Vers 800 avant JC, les Phéniciens ont fondé Carthage sur les bords de la Méditerranée. L'idée est de profiter du commerce du sel et de l'ivoire à travers le Sahara. Ils apportent avec eux la technologie du fer, qui va sans doute finir par se diffuser au-delà du Sahara par le biais des échanges commerciaux.

C'est précisément droit au sud de Carthage, vers l'actuel Cameroun, que vivent les Bantous, qui appartiennent au groupe nigéro-congolais. Forts de la maîtrise de l'agriculture et de la technologie du fer, ils vont entamer des migrations vers l'est et le sud dans les derniers siècles avant JC, principalement aux dépens des Khoisans.

Freinés par la forêt dense au sud, ils progressent surtout vers l'est jusqu'à gagner la région des Grands Lacs au début de notre ère. Puis ils poursuivent leur progression vers le sud, dans toutes les régions favorables à l'agriculture : vers l'an 400, les Khoisans ne subsistent déjà plus que dans les régions les plus arides de l'Afrique Australe.

 

Cette progression ne doit pas être vue comme un ensemble de conquêtes militaires : il s'agit avant tout d'une domination démographique permise grâce à l'agriculture.

Notons qu'au début de notre ère, l'île de Madagascar n'a sans doute encore jamais vu la présence de l'Homme. Des Indonésiens l'atteignent, peut-être vers 500, leur statut d'insulaires en faisant d'excellents navigateurs. Ils sont suivis par des Mélanésiens. Les descendants des premiers occupent les plateaux centraux ; les seconds les littoraux. La langue malgache a conservé jusqu'à nos jours l'origine asiatique des habitants de la Grande Île.


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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 20:56

Mémoires n° 49 – Avril 2010

Soigner, écouter, témoigner : 15 ans de défis

 

L'Association Primo Levi fête ses 15 ans d'existence !

Depuis quinze ans, l’Association accueille, soigne et accompagne les personnes victimes de la torture et de la violence politique. A cette occasion, Mémoires revient sur ses premiers pas, les obstacles auxquels elle a dû faire face et met en perspective les nombreux défis qu’il lui reste à relever...

 

Au sommaire du ce numéro spécial :

« Reconstruire une vie ». Témoignage de Madame B. suivie au Centre de soins depuis neuf ans. Propos recueillis par Sibel Agrali, directrice du Centre de soins

« Ce que les enfants nous apprennent » par Armando Côte et Omar Guerrero psychologues cliniciens au Centre Primo Levi.

« Quinze ans de politique d'écueil ». Regard critique sur le droit d'asile par Didier maille, responsable social et juridique du Comede

« Réflexion permanente ». Interview d'Helena d'Elia, psychologue clinicienne et responsable du Centre de formation de l'Association Primo Levi.

 

Et aussi :

Engagement associatif: Paroles de bénévoles. Interview et portraits de bénévoles de l'Association Défis: Pérenniser les moyens de prendre soins

Informations et bulletin d’abonnement sur www.primolevi.org                            

Rubrique Informer.

 

 
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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 09:30

24 avril 1915 : Le génocide des Arméniens de Turquie (Hérodote.net)

 

Article sélectionné par "Différences" (journal du MRAP)

 

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19150424

 

Le samedi 24 avril 1915, à Istamboul, capitale de l'empire ottoman, 600 notables arméniens sont assassinés sur ordre du gouvernement. C'est le début d'un génocide, le premier du XXe siècle. Il va faire environ 1,2 million de victimes dans la population arménienne de l'empire turc.

Un empire composite

Aux premiers siècles de son existence, l'empire ottoman comptait une majorité de chrétiens (Slaves, Grecs, Arméniens, Caucasiens, Assyriens....). Ils jouaient un grand rôle dans le commerce et l'administration, et leur influence s'étendait au Sérail, le palais du sultan. Ces «protégés» (dhimmis en arabe coranique) n'en étaient pas moins soumis à de lourds impôts et avaient l'interdiction de porter les armes.

Les premiers sultans, souvent nés d'une mère chrétienne - esclave du harem de leur père -, témoignaient d'une relative bienveillance à l'égard des Grecs orthodoxes et des Arméniens monophysites.

Ces derniers étaient surtout établis dans l'ancien royaume d'Arménie, au pied du Caucase, premier royaume de l'Histoire à s'être rallié au christianisme ! Ils étaient majoritaires aussi en Cilicie, une province du sud de l'Asie mineure que l'on appelait parfois «Petite Arménie». On en retrouvait aussi à Istamboul ainsi que dans les villes libanaises et à Jérusalem.

L'empire ottoman comptait environ 2 millions d'Arméniens à la fin du XIXe siècle sur une population totale de 36 millions d'habitants.

Ébauche de génocide

Dans les années qui précèdent la Grande Guerre, la décadence de l'empire ottoman s'accélère après une tentative de modernisation par le haut dans la période du Tanzimat, entre 1839 et 1876. Le sultan Abdul-Hamid II n'hésite pas à attiser sans vergogne les haines religieuses pour consolider son pouvoir (les derniers tsars de Russie font de même dans leur empire).

Entre 1894 et 1896, comme les Arméniens réclament des réformes et une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200.000 à 250.000 avec le concours diligent des montagnards kurdes.

Un million d'Arméniens sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de force. Des centaines d'églises sont brûlées ou transformées en mosquées... Rien qu'en juin 1896, dans la région de Van, au coeur de l'Arménie historique, pas moins de 350 villages sont rayés de la carte.

Ces massacres planifiés ont un avant-goût de génocide. L'Américain George Hepworth enquêtant sur les lieux deux ans après les faits, écrit : «Pendant mes déplacements en Arménie, j'ai été de jour en jour plus profondément convaincu que l'avenir des Arméniens est excessivement sombre. Il se peut que la main des Turcs soit retenue dans la crainte de l'Europe mais je suis sûr que leur objectif est l'extermination et qu'ils poursuivront cet objectif jusqu'au bout si l'occasion s'en présente. Ils sont déjà tout près de l'avoir atteint» (*).

Les Occidentaux se contentent de plates protestations mais le crime ne profite guère au sultan. Celui-ci tente de jouer la carte de chef spirituel de tous les musulmans en sa qualité de calife. Il fait construire le chemin de fer du Hedjaz pour faciliter les pèlerinages à La Mecque. Il se rapproche aussi de l'Allemagne de Guillaume II. Mais il est déposé en 1909 par le mouvement nationaliste des «Jeunes-Turcs» qui lui reprochent de livrer l'empire aux appétits étrangers et de montrer trop de complaisance pour les Arabes.

enverpacha.jpg Les «Jeunes-Turcs» veulent se démarquer des «Vieux-Turcs» qui, au début du XIXe siècle, s'opposèrent à la modernisation de l'empire.

Ils installent au pouvoir un Comité Union et Progrès (CUP, en turc Ittihad) dirigé par Enver pacha (27 ans), sous l'égide d'un nouveau sultan, Mohamed V.

Ils donnent au pays une Constitution... ainsi qu'une devise empruntée à la France: «Liberté, Égalité, Fraternité».

Ils laissent espérer un sort meilleur aux minorités de l'empire, sur des bases laïques. Mais leur idéologie emprunte au nationalisme le plus étroit.

Confrontés à un lent démembrement de l'empire multinational et à sa transformation en puissance asiatique (l'empire ne possède plus en Europe que la région d'Istamboul), ils se font les champions du «touranisme». Cette idéologie prône l'union de tous les peuples de langue turque ou assimilée, de la mer Égée aux confins de la Chine (Anatolie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, etc) (*).

Dès 1909, soucieux de créer une nation turque racialement homogène, les Jeunes-Turcs multiplient les exactions contre les Arméniens d'Asie mineure. On compte ainsi 20.000 à 30.000 morts à Adana le 1er avril 1909...

Les Jeunes-Turcs lancent des campagnes de boycott des commerces tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens. Ils réécrivent l'Histoire en occultant la période ottomane, trop peu turque à leur goût, et en rattachant la race turque aux Mongols de Gengis Khan, aux Huns d'Attila, voire aux Hittites de la haute Antiquité. Ce nationalisme outrancier ne les empêche pas de perdre les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913.

La Turquie dans la guerre de 1914-1918

Le 8 février 1914, la Russie impose au gouvernement turc une commission internationale destinée à veiller aux bonnes relations entre les populations ottomanes. Les Jeunes-Turcs ravalent leur humiliation mais lorsque la Grande Guerre éclate, en août de la même année, ils poussent ils poussent le sultan Mahomet V à entrer dans le conflit, aux côtés des Puissances centrales (Allemagne et Autriche), contre la Russie et les Occidentaux.

Le sultan déclare la guerre le 1er novembre 1914. Les Turcs tentent de soulever en leur faveur les Arméniens de Russie. Mal leur en prend... Bien qu'en nombre supérieur, ils sont défaits par les Russes à Sarikamish le 29 décembre 1914.

L'empire ottoman est envahi. L'armée turque perd 100.000 hommes. Elle bat en retraite et, exaspérée, multiplie les violences à l'égard des Arméniens dans les territoires qu'elle traverse. Les Russes, à leur tour, retournent en leur faveur les Arméniens de Turquie. Le 7 avril 1915, la ville de Van, à l'est de la Turquie, se soulève et proclame un gouvernement arménien autonome.

Dans le même temps, à l'initiative du Lord britannique de l'Amirauté, un certain Winston Churchill, les Français et les Britanniques préparent un débarquement dans le détroit des Dardanelles pour se saisir d'Istamboul.

Le génocide

Les Jeunes-Turcs profitent de l'occasion pour accomplir leur dessein d'éliminer la totalité des Arméniens de l'Asie mineure, qu'ils considèrent comme le foyer national exclusif du peuple turc. Ils procèdent avec méthode et brutalité.

L'un de leurs chefs, le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha, ordonne l'assassinat des Arméniens d'Istamboul puis des Arméniens de l'armée, bien que ces derniers aient fait la preuve de leur loyauté (on a ainsi compté moins de désertions chez les soldats arméniens que chez leurs homologues turcs). C'est ensuite le tour des nombreuses populations arméniennes des sept provinces orientales (les Arméniens des provinces arabophones du Liban et de Jérusalem ne seront jamais inquiétés).

Voici le texte d'un télégramme transmis par le ministre à la direction des Jeunes-Turcs de la préfecture d'Alep : «Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici».

Le gouvernement destitue les fonctionnaires locaux qui font preuve de tiédeur, ainsi que le rapporte l'historien britannique Arnold Toynbee, qui enquêta sur place.

Dans un premier temps, les agents du gouvernement rassemblent les hommes de moins de 20 ans et de plus de 45 ans et les éloignent de leur région natale pour leur faire accomplir des travaux épuisants. Beaucoup d'hommes sont aussi tués sur place.

La «Loi provisoire de déportation» du 27 mai 1915 fixe le cadre réglementaire de la déportation des survivants ainsi que de la spoliation des victimes.

Dans les villages qui ont été quelques semaines plus tôt privés de leurs notables et de leurs jeunes gens, militaires et gendarmes ont toute facilité à réunir les femmes et les enfants. Ces malheureux sont réunis en longs convois et déportés vers le sud, vers Alep, une ville de la Syrie ottomane.

Les marches se déroulent sous le soleil de l'été, dans des conditions épouvantables, sans vivres et sans eau, sous la menace constante des montagnards kurdes, trop heureux de pouvoir librement exterminer leurs voisins et rivaux. Elles débouchent en général sur une mort rapide.

Survivent toutefois beaucoup de jeunes femmes ou d'adolescentes (parmi les plus jolies) ; celles-là sont enlevées par les Turcs ou les Kurdes pour être vendues comme esclaves ou converties de force à l'islam et mariées à des familiers (en ce début du XXIe siècle, beaucoup de Turcs sont ainsi troublés de découvrir qu'ils descendent ainsi d'une jeune chrétienne d'Arménie arrachée à sa famille et à sa culture).

En septembre, après les habitants des provinces orientales, vient le tour d'autres Arméniens de l'empire. Ceux-là sont convoyés vers Alep dans des wagons à bestiaux puis transférés dans des camps de concentration en zone désertique où ils ne tardent pas à succomber à leur tour.

Au total disparaissent pendant l'été 1915 les deux tiers de la population arménienne sous souveraineté ottomane.

Armenie1915ArminWegner.jpg


Les Européens et le génocide

En Occident, les informations sur le génocide émeuvent l'opinion mais le sultan se justifie en arguant de la nécessité de déplacer les populations pour des raisons militaires !

Le gouvernement allemand, allié de la Turquie, censure les informations sur le génocide. L'Allemagne entretient en Turquie, pendant le conflit, une mission militaire très importante (jusqu'à 12.000 hommes). Et après la guerre, c'est en Allemagne que se réfugient les responsables du génocide, y compris Talaat Pacha.

Ce dernier est assassiné à Berlin le 16 mars 1921 par un jeune Arménien. Mais l'assassin sera acquitté par la justice allemande, preuve si besoin est d'une réelle démocratisation de la vie allemande sous le régime républicain issu de Weimar !

Le traité de Sèvres signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l'empire ottoman prévoit la mise en jugement des responsables du génocide. Mais le sursaut nationaliste de Moustafa Kémal bouscule ces bonnes résolutions et entraîne une amnistie générale, le 31 mars 1923.

Les nazis tireront les leçons du premier génocide de l'Histoire et de cette occasion perdue de juger les coupables... «Qui se souvient encore de l'extermination des Arméniens ?» aurait lancé Hitler en 1939, à la veille de massacrer les handicapés de son pays (l'extermination des Juifs viendra deux ans plus tard).

À la vérité, c'est seulement dans les années 1980 que l'opinion publique occidentale a retrouvé le souvenir de ce génocide, à l'investigation de l'Église arménienne et des jeunes militants de la troisième génération, dont certains n'ont pas hésité à recourir à des attentats contre les intérêts turcs.

Les historiens multiplient depuis lors les enquêtes et les témoignages sur ce génocide, le premier du siècle. Le cinéaste français d'origine arménienne Henri Verneuil a évoqué dans un film émouvant, Mayrig, en 1991, l'histoire de sa famille qui a vécu ce drame dans sa chair.

André Larané.
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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 18:18
Le MRAP condamne les intolérables propos de Jean-Marie LE PEN sur les responsabilités du gouvernement de Vichy dans le génocide nazi


Le 25 avril 2010, 65ème anniversaire de la libération des camps nazis,
Jean-Marie Le Pen a de nouveau travesti la réalité historique pour
exonérer l'extrême-droite de l'époque de toute responsabilité dans
l'accomplissement du génocide nazi.

Le MRAP rappelle que les premières lois antisémites promulguées par le
gouvernement de Vichy l'ont été de sa propre initiative, en l'absence de
toute pression ni même demande de l'occupant nazi. Il s'agissait
d'appliquer les théories de l'extrême-droite française - qui venait de
prendre le pouvoir après la défaite de la France – dont l'antisémitisme
et la haine de la démocratie étaient les caractéristiques dominantes.

Ce sont ces lois (recensement des juifs, exclusions professionnelles,
marquage des documents d'identité) qui ont préparé et facilité les
rafles et déportations ultérieures. Ces rafles et déportations ont
ensuite été effectuées par les forces de police et de gendarmerie
agissant sous l'autorité du gouvernement de Vichy. Les dirigeants nazis
affirmaient eux-mêmes qu'il était plus efficace de faire accomplir ces
tâches par des autorités locales sous contrôle que de les faire soi-même.

Les juifs qui ont échappé au génocide le doivent uniquement à la
solidarité individuelle et spontanée de leurs compatriotes, et non à
l'action du gouvernement de Vichy.


Le MRAP restera vigilant concernant toutes les tentatives de négation du
génocide nazi et des responsabilités de ceux qui en furent les
complices, quels que soient les futurs dirigeants du FN et quelles que
soient les structures politiques qui les soutiennent.


Paris, le 29 avril 2010.
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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 17:43
Une mairie censure la lettre d'une ancienne déportée

La mairie de Parthenay a empêché la lecture à des élèves d'un récit d'une ancienne déportée pour ne pas "stigmatiser" la gendarmerie.

 

Dans le camp d'Auschwitz en 1945 (AFP) Dans le camp d'Auschwitz en 1945 (AFP)

La mairie de Parthenay a censuré une lettre écrite par Ida Grinspan, ancienne déportée, qui devait être lue à des élèves dans le cadre de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, selon le Courrier de l'Ouest daté du mercredi 28 avril.

"Mes élèves ne participeront plus au devoir de mémoire et aux cérémonies commémoratives. Je renonce à souscrire à ce que j'appelle une forme de censure", a indiqué au quotidien, Nathalie Lanzi, professeur d'histoire-géographie au collège de la Couldre (Deux-Sèvres).

"Dans un pays démocratique comme le nôtre, c'est triste de penser qu'on ne peut pas raconter l'histoire telle qu'elle s'est passée", a déploré pour sa part Ida Grinspan.

 

Pour ne pas heurter les gendarmes

Le professeur qui accompagne depuis cinq ans ses élèves "volontaires et enthousiastes" aux cérémonies commémoratives et patriotiques, avait demandé à l'ancienne déportée d'Auschwitz, de rédiger un texte que les élèves devaient lire dimanche, a-t-elle raconté au quotidien.

 

Mais ce témoignage a heurté Michel Birault, ancien gendarme et adjoint en charge des affaires patriotiques. Ida Grinspan y évoque son arrestation par trois gendarmes à 14 ans. Le professeur a accepté, à contrecoeur, de remplacer le mot "gendarmes" par "hommes".

 

Michel Birault a présenté ensuite le texte au maire Xavier Argenton (NC) qui, lui, a refusé sa lecture. "Ne stigmatisons pas une catégorie professionnelle qui dans ces temps troubles avait obéi aux ordres de l'autorité légitime", a-t-il dit à son adjoint. Ce texte "n'est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue", a-t-il ajouté.

"Mon objectif n'était pas de blesser mais de dire l'histoire. Je suis attachée au devoir de mémoire et au souci de vérité", a conclu Nathalie Lanzi, également conseillère régionale (PS).

Pour Ida Grinspan: "C'est terrible, cette mentalité-là. Il faut savoir regarder la vérité en face. Ce que je dis dans ce texte, je le dis à chaque fois que j'interviens dans une école. Je dis simplement ce qui a été".

 

(Nouvelobs.com)

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 09:55

 

On appelle paragraphe 175 l’article 175 du Code pénal (Reichstrafgesetzbuch) allemand qui condamnait l'homosexualité, de 1871 à 1994. C'est au nom de ce paragraphe que plusieurs dizaines de milliers d'homosexuels ont été arrêtés et envoyés dans les camps de concentration.

déportation de dizaines de milliers d'homosexuels par les nazis

En Allemagne

« Si j'admets qu'il y a 1 à 2 millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8% ou 10% des hommes sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. À long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel... Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà : il n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et dans deux cents ou cinq cents ans, il sera mort... L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement; elle détruit l'État dans ses fondements. À cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un homme radicalement malade sur le plan psychique. Il est faible et se montre lâche dans tous les cas décisifs... Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique.»
Discours du chef nazi HimmIer sur l'homosexualité prononcé le 18 février 1937


« II faut abattre cette peste par la mort.»

Autre discours d'HimmIer 16 novembre 1940
     Des dizaines de milliers d'homosexuels furent déportés par les nazis. L'organisation de cette déportation ne fut cependant pas systématique et les déportés homosexuels n'étaient pas exterminés à leur arrivée dans les camps contrairement aux Juifs et aux Tsiganes.
     En Allemagne, depuis le XIXe siècle, l'article 175 du code pénal punissait l'homosexualité. Cet article fut particulièrement appliqué après l'arrivée de nazis au pouvoir et plus nettement encore après 1938. Les homosexuels arrêtés étaint d'ailleurs surmommés les « Hundert-fünf-und-siebzig », les "175", dans les camps.

En France

     En France, un peu plus de 200 homosexuels furent arrêtés, principalement dans l'Est de la France, dans l'Alsace et la Moselle devenues provinces allemandes. Ces arrestations furent effectuées grâce aux fichiers constitués par la police française d'avant-guerre. Il n'y eut pas de déportation d'homosexuels venant du reste de la France à quelques exceptions près : on connaît quatre cas d'ouvriers du STO qui furent arrêtés pour homosexualité en Allemagne et déportés. Le nombre de 210 français déportés pour homosexualité est sans doute sous-estimé : tous les dossiers n'ont pas été retrouvés et, après la guerre, peu d'homosexuels firent connaître la raison de elur déportation.
 
     Dans les camps, les homosexuels étaient soumis aux mêmes privations, aux brutalités, au travail forcé, aux expériences médicales, mais le triangle rose qu'ils portaient les soumettaient au mépris et à des vexations plus graves. Certains furent ainsi livrés aux chiens des S.S. qui les dévorèrent devant les autres déportés.
 (Témoignage de Pierre Seel sur le camp de Schirmeck).
Un triangle rose, la pointe en bas.

A Dachau

     Voici par exemple, le nombre de déportés qui portèrent le triangle rose, dans le camp de Dachau. Cela ne correspond sans doute pas à la totalité des homosexuels déportés. Certains eurent la chance de porter le triangle vert des déportés de droit commun : arrêtés pour "atteinte aux bonnes moeurs", ils purent être considérés comme des délinquants et non des hommosexuels.



Année
Nombre de déportés
 inscrits dans les listes
 du camp de Dachau
 comme homosexuels
1934
4
1935
30
1936
44
1937
54
1938
36
1939
31
1940
50
1941
37
1942
113
1943
81
1944
84
1945
19
24 avril 1945,
jour de libération
 du camp
109
Total
583
d'après les travaux faits par Albert Knoll, archiviste au Mémorial de Dachau, basés sur les fichiers du camp et les demandes d'indemnisation après la guerre
Albert Knoll, Totgeschlagen-totgeschwiegen. Die homosexuellen Häftlinge im KZ Dachau, im Dachauer Hefte 14 (Les Cahiers de Dachau)

A Dachau, ces homosexuels étaient la cible des mauvais traitements, des cruautés et des sarcasmes des S.S. Ils constituaient un groupe isolé, marginalisé aussi par les co-détenus. Nombre d'entre eux furent castrés.

On retrouve cette situation dans tous les camps.

Une déportation longtemps niée

     Pendant longtemps, la déportation des homosexuels fut niée, cachée ou sous-estimée.
     A la fin des années 1990, des organisations d'homosexuels tentèrent de participer aux cérémonies de commémoration, déposèrent des gerbes avec le triangle rose. Cela fut pris comme une provocation par beaucoup des organisations traditionnelles de la résistance. Les associations représentatives des homosexuels en France et des sites Internet eurent parfois tendance à surestimer le nombre d'homosexuels déportés et quelques-uns chargèrent la barque au point de parler de "génocide" des homosexuels et de comparer la déportation homosexuelle à la Shoah.
     De leur côté, certaines associations de résistants ou de déportés nièrent la déportation homosexuelle et rejetèrent avec parfois une certaine violence, au moins verbale, les homosexuels des cérémonies de commémoration. Ainsi, ces incidents, à Lyon, en 2002, rapportés par le journal Têtu :


 

Lyon, 28 avril 2002, 11h30. "C'est une honte, un scandale, c'est lamentable!" Hervé Morel, président de l'association Aris, est rouge de colère. "Nous allons demander des explications au préfet". A Lyon, les associations homosexuelles sont indignées, elles ont été tout simplement exclues de la cérémonie officielle organisée place Bellecour à l'occasion de la journée nationale de la Déportation. Tout avait pourtant bien commencé. La Musique de la région Terre Sud Est interprète le "Chant du Marais". A Lyon, capitale de la résistance, la population est venue plus nombreuse que d'habitude, inquiète face au réveil des vieux démons de l'extrême droite. Les porte-drapeaux des associations d'anciens combattants, résistants et déportés sont émus à la lecture des noms des sinistres camps de concentration. Pour conclure, vers midi, les personnalités civiles et militaires déposent leurs gerbes à la mémoire des déportés devant le Veilleur de Pierre. Avant que la cérémonie ne prenne fin, les associations homosexuelles, restées derrière les barrières avec le public, tentent de s'avancer vers le monument. Mais les forces de l'ordre font barrage. Les militants gay et lesbiens, plus d'une centaine, triangle rose sur la poitrine, devront attendre que les officiels aient quitté les lieux, que la foule soit partie et que le drapeau tricolore soit retiré avant de pouvoir déposer leurs deux gerbes à la mémoire des déportés homosexuels. Après une minute de silence , Hervé Morel prend la parole pour dénoncer cette mise à l'écart honteuse. William Fize, président de Moove, a les larmes aux yeux. Sur la gerbe il a écrit de sa main "Trop jeunes pour y être, pas assez naïfs pour ne pas savoir". Jean Yves Sécheresse, président du groupe socialiste au conseil municipal, va demander au maire d'intervenir auprès du préfet. Cet incident incite les homosexuels à se montrer de plus en plus vigilants.
(d'après tetu.com)

    

 Les choses commencent à s'améliorer : les homosexuels sont à présent mieux acceptés dans les commémorations et des associations d'anciens résistants ou de déportés leur font une place dans leur presse : la FNDIRP, par exemple, en mars 2005, après une rencontre et une "discussion franche et cordiale" avec les associataions d'hommosexuels.
     La Fondation de la Mémoire de la Déportation a étudié cette question et rencontré les associations concernées :
lire ce rapport

(format PDF).

Conclusion

L'origine de cette déportation est bien le racisme : pour les nazis, l'homosexualité était un délit parce qu'elle empêchait la reproduction de la prétendue « race germanique ». La volonté sociale de combattre aujourd'hui l'homophobie rencontre heureusement la résurgence de la mémoire d'une déportation oubliée. (Mémoire juive et éducation)

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 09:49

 

Mauritanie, les FLAM ont 27 ans déjà ! Forces de libération africaines de Mauritanie(FLAM):
Les FLAM, un combat pour la liberté. Le Flamisme est une attitude, un état d’esprit, une fidélité à un idéal de justice, c’est la défense de la diversité, c’est l’appel à la complémentarité. C’est pourquoi les FLAM constituent une nécessité pour la Mauritanie.
Les FLAM, pour libérer les Mauritaniens du racisme, de l’esclavage, du tribalisme et de la dictature
Pour une Mauritanie où le fait d´être arabe, noir, haratine ne serait ipso facto une condition rédhibitoire

 

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