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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 16:13

INTERNATIONAL

Intervention militaire en Libye

 

Par Nicole Borvo Cohen-Seat / 22 mars 2011

 

Dès vendredi, j’avais demandé avec mes amis du Groupe CRC-SPG une réunion du Parlement pour débattre de l’intervention militaire de notre pays en Libye.

Aujourd’hui, elle est de droit de par la constitution, mais je ne peux que regretter, une nouvelle fois, qu’à la différence d’autres pays, nombreux, l’exécutif puisse décider une telle intervention avant que les représentants du peuple n’en soient informés et, bien entendu, sans leur accord.

Au regard des très importantes conséquences à attendre d’une telle décision, le débat préalable du parlement serait légitime et très utile. Depuis des mois, le monde arabe est en ébullition, les peuples dans de nombreux pays de la région se soulèvent contre leurs dictateurs. Si les conditions sont différentes d’un pays à l’autre, les exigences de démocratie et de justice sont partout présentes. A n’en pas douter, ces mouvements sont de grande portée.

Le moins que l’on puisse dire est que le pouvoir en France, comme d’ailleurs les pays européens, a été pris à contrepied par les révolutions tunisienne et égyptienne, lui qui a soutenu jusqu’au moment dernier l’ami Ben Ali, ou qui avait fait de l’ami égyptien Moubarek le vice président de l’Union pour la méditerranée.

Alors, aujourd’hui, soudaine prise de conscience de la dictature libyenne ? des exactions de Kadhafi contre son peuple, lui qui a été reçu ostensiblement avec tous les honneurs il y a deux ans à Paris ? Ou défense des intérêts pétroliers de Total comme de BP ? Ou opération de promotion du président de la république sur la scène internationale dont il a bien besoin ? Attention danger !

Présentées aux opinions publiques comme indispensables pour protéger les populations, promouvoir la démocratie, juguler le terrorisme, repousser l’islamisme, au pire quelques manipulations mensongères, les interventions militaires des occidentaux notamment en Irak et en Afghanistan, vous ont montré, s’il en était besoin, les souffrances qui en ont découlé pour les peuples, les incapacités à résoudre les problèmes des peuples concernés, à fortiori à instaurer la démocratie.

Le soulèvement populaire en Libye a besoin de soutien contre la répression sanglante déclenchée par Kadhafi. Nous en sommes convaincus. Nous avons constaté d’ailleurs que les insurgés, s’ils demandent de l’aide, veulent contrôler les moyens de leur libération et ses suites. Par contre ont-ils sollicité une telle intervention militaire extérieure ?

Les sénateurs de mon groupe estiment absolument nécessaire que la communauté internationale se préoccupe de la protection des populations civiles en Libye comme d’ailleurs partout où elles sont menacées : Yémen, Bahreïn, Côte d’Ivoire, et peut-être demain dans de nombreux pays qui essaient de secouer leur joug.

La question est comment ? Et là, il est légitime de s’interroger. Est-ce que les dispositions évoquées par la résolution 1973 du Conseil de sécurité le 26 février ont-elles été mises en œuvre avec détermination ? Embargo sur les armes, gel des avoirs libyens, embargo sur le pétrole ? Pourquoi les offres de médiations internationales ont-elles été refusées ? Pourquoi n’a-t-on pas encouragé les efforts de l’union africaine par une solution pacifique ?

Ces préoccupations nous ont amené à émettre des réserves sur la résolution 1973 à laquelle a poussé la France. Celle-ci adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions, présentée comme ayant pour seul but de protéger les populations civiles, sous l’égide de l’ONU, mais par tous les moyens, ce qui s’est immédiatement révélé source d’interprétations diverses. Quel est l’objectif réel ? Les opérations militaires engagées depuis samedi ne font qu’accroître nos interrogations.

Des observateurs ont évoqué un « véritable carnage » sur la route de Benghasi à Ajdabiya. Qu’en est-il exactement ? Le France reconnait des bombardements de quatre véhicules blindés de l’armée libyenne, autour de Benghazi, mais aussi des missiles visant directement Tripoli et une résidence de Kadhafi.

Combien de morts dans ce qu’il apparait clairement être une guerre en Libye ? Aujourd’hui, des réserves s’expriment largement. L’union africaine a refusé de s’associer à l’opération, la ligue arabe, associée à l’intervention, mais qui conteste l’interprétation de la résolution 1973, les réticenses des pays du Magrheb mais aussi les divisions de l’union européenne et des opinions publiques des pays européens engagés y compris en Grande Bretagne. Par ailleurs, certains pays demandent le transfert du commandement de l’opération à l’Otan. Pouvez-vous nous confirmer que les opérations se font sous le seul commandement américain qui ont décidé de l’appeler « l’aube de l’Odyssée ! ». Quelle est la position de la France sur le commandement ? Dans les circonstances actuelles, la transparence doit être totale pour que notre peuple, ses représentants aient la vision la plus exacte de la situation en Libye.

Pouvez-vous nous donner des éléments sur le Conseil national de transition ? Quels rôles y jouent les anciens dirigeants kadhafistes ? La coordination est-elle réelle entre les démocrates de Benghazi et les forces armées qui combattent le régime libyen en ce moment même ? L’objectif n°1 affiché en premier point de la résolution 1973 est le cessez le feu.

Celui-ci pour fonctionner doit être comme le demande l’union africaine respecté par tous. Comment agir pour permettre dans les faits, dans la transparence le respect de ce cessez le feu ? Monsieur le Premier ministre, la France a-t-elle décidé de protéger les populations civiles, de toutes les populations civiles comme l’exige M. Moussa, dirigeant de la ligue arabe, ou a-t-elle décidé d’éliminer physiquement Kadhafi ?

Monsieur le Premier ministre, tout doit être mis en œuvre aujourd’hui pour faire taire les armes. La logique de guerre, le déploiement considérable de forces, ne peut rien entrainer de bon.

Quand considérerez-vous que l’objectif de la résolution 1973 sera atteint ? Monsieur le premier ministre, il faut stopper cette logique de guerre qui, au motif d’une aide bien tardive aux aspirations des peuples, aurait tous les stigmates d’une guerre occidentale dans la région.

Allez-vous au Conseil de Sécurité annoncé Jeudi, alors que vous qualifiez l’intervention militaire de succès, porter la voix d’une solution pacifique ?


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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 18:46

22 mars – Journée mondiale de l’eau

Le MRAP appelle à un accès gratuit à l’eau potable pour tous

 

La surface de notre planète est recouverte à 72% d’eau, le corps humain est composé à 75% d’eau. Et pourtant, à mi-chemin de la Décennie internationale (2005-2015) « L’eau, source de vie », bien que les experts estiment qu’il y a suffisamment d’eau douce sur la planète pour six milliards d’êtres humains, sa répartition est inégale et trop d’eau est gâchée, polluée et gérée de façon non durable.

Près 900 millions de personnes vivent dans une zone où l’eau fait physiquement défaut et 500 millions de personnes sont menacées du même sort. En outre, 2,6 milliard de personnes supplémentaires sont confrontées à une pénurie d’eau de type économique : les pays ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour utiliser l’eau des rivières et des nappes phréatiques. Il faut aussi savoir que 5 millions de personnes, dont près de 1,5 million d’enfants âgés de moins de 5 ans, meurent chaque année du fait de maladies d’origine hydrique ou liées à l’absence de services d’assainissement.

Le constat a été fait que contrairement aux guerres et aux catastrophes naturelles, la crise mondiale de l’eau ne fait pas les gros titres des médias. Elle ne mobilise pas non plus l’aide internationale. Tout comme la faim dans le monde, le manque d’accès à l’eau est un fléau silencieux qui frappe les pauvres tout en restant toléré par ceux qui possèdent les ressources, la technologie et le pouvoir politique nécessaires pour y mettre fin.

Un lien étroit entre l’accès à l’eau potable et à l’assainissement et un éventail d’autres droits de l’homme est implicitement établi dans différents traités, notamment en rapport avec le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à un logement décent et le droit à l’alimentation.

Depuis des siècles, le contrôle des sources et des cours d’eau a été au cœur de plusieurs conflits entre les populations et entre les Etats. De nos jours encore, l’eau est enjeu majeur dans le conflit israélo-palestinien. Ainsi que l’affirme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : « Les Palestiniens sont confrontés à l’un des niveaux de pénurie les plus élevés au monde. La population des Territoires palestiniens occupés dispose d’un accès à un peu plus de 300 mètres cubes d’eau par an, nettement en deçà du seuil de pénurie absolue. »

En temps de paix, quel qu’il soit le rôle joué par les prestataires privés, l’Etat est toujours responsable de la réalisation des droits fondamentaux de ses populations.

Eparticulier, les États doivent s’abstenir de toute discrimination (de jure de facto) contretout individu ou groupe d’individus dans la fourniture de services et adopter des mesuresciblant les plus marginalisés. La décision de l’État de déléguer ou non la fourniture de services doit être prise de façon démocratique et participative. Cetteparticipationdoit être active, libre et utile, et offrir une véritable possibilité d’influencer le processus de décision. La prise de décisions et leur application doivent être transparentes. Les États doivent mettre en place des politiques sociales complémentaires prévoyant notamment des filets de sécurité et des subventions pour garantir qu’aucun groupe ne soit exclu. Enfin, les Etats doivent assurer la justiciabilité des droits économiques et sociaux pour que les droits à l’eau et à l’assainissement, puissent être invoqués devant les tribunaux nationaux.

En réalité, la vague de libéralisation des services de l’Etat a emporté également la fourniture d’eau potable qui est devenue ainsi un bien de consommation comme un autre, soumis aux mêmes lois de marché, quand elle n’est pas livrée à des oligopoles ou des monopoles. Les Etats ne répondent ainsi plus à leurs obligations.

Prélever 1% du budget mondial de l’armement (1’300 milliards de dollars) pendant dix ans, permettrait de financer l’accès à l’eau potable pour tous, là où les infrastructures sont insuffisantes.

En France, où la distribution de l’eau potable est une compétence dévolue aux communes, 72% du marché est assuré par des prestataires privés. Ici aussi, le droit fondamental à l’eau potable subi des violations de différentes sortes que la loi récemment promulguée relative à la solidarité dans les domaines de l’alimentation en eau et de l’assainissement, ne parviendra pas à réparer.

A titre d’exemple, cette loi n’aura aucune incidence sur le 85 % environ de la population Rom vivant sur le territoire français (15 000 personnes) qui n’a pas accès l’accès à l’eau potable, ni pour les 15 % restant qui n’a souvent accès qu’à un point d’eau sans sanitaires.

Si l’eau est source de vie, son manque décrète la mort pour l’être humain qui n’y a pas accès. Ä l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le MRAP appelle à un accès gratuit à l’eau potable (40l. par jour par personne) pour tous.

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 11:14
Besoin de maîtrise publique, démocratique et transparente

lundi 21 mars 2011, par Frédéric Dayan

 

Ce 22 mars, journée mondiale de l’eau est l’occasion pour l’association de consommateur INDECOSA-CGT de réclamer au gouvernement et aux collectivités territoriales la mise en place d’une véritable maîtrise publique de l’eau, indépendante vis à vis des intérêts privés.

 

Elle permet l’égalité de traitement des usagers sur le territoire et elle renforce la notion de bien commun. Bien souvent, le prix du mètre cube dans une régie directe est moins cher que pour la gestion déléguée.

 

De plus, les grandes entreprises de l’eau sont aujourd’hui davantage préoccupées par les gains de productivité au détriment de l’entretien des réseaux. La moyenne de 40 % de déperdition d’eau dans les canalisations en est la parfaite illustration.

 

La maîtrise publique doit s’accompagner d’une gestion transparente et d’une concertation permanente avec les consommateurs. Trop souvent, les usagers ignorent que chaque année les Maires ou les Présidents de syndicats intercommunaux doivent mettre à disposition des administrés un rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d’eau potable.

 

De même, il faut renforcer la présence des consommateurs dans les conseils d’administration des agences de l’eau. Ils payent plus de 80% des redevances et leur présence se résume souvent à un représentant.

 

Enfin, les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité pour recouvrer un bon état écologique de l’eau et ne pas utiliser des subterfuges comme le mixage, c’est à dire un mélange d’une eau faiblement nitraté avec une autre fortement nitraté. Cette méthode accompagnée d’une fermeture de plusieurs périmètres de captage avait permis à la France d’échapper provisoirement à une amende par la commission européenne.

 

La morale de l’histoire, c’est la généralisation d’une eau moyennement polluée pour respecter les critères européens.

 

Montreuil, le 18 mars 2011

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 21:22
SARKO LE BRAQUEUR

dimanche 13 mars 2011 par Yann Fiévet

 

Il aura fallu la réforme des retraites cuvée 2010 pour que tombent enfin les dernières indulgences naïves quant à la réalité profonde du sarkozysme. Ce régime – sec ! – caractérisé par la double posture du respect des forts et du mépris des faibles a décidément comme fonction essentielle la défense ou le renforcement des privilèges des nantis. D’une certaine manière, c’est de bonne guerre : la Droite a toujours fait ce qu’elle pouvait pour accroître les inégalités en faveur des possédants. Pourtant, au-delà de la légalité d’une politique fiscale très orientée – paquet et bouclier fiscaux adoptés dès le début du quinquennat – les arcanes de l’affaire Woerth et la réforme des retraites tiennent littéralement du hold up sur le bien public. Cet « au-delà » de la démocratie ne semble plus avoir de limites. Et si le problème n’était pas tant la Droite – qui pour une bonne part est dans son rôle –que la Gauche « de gouvernement » si défaillante quant à ses idéaux naturels ?

 

Il est dit que nous devrons boire le calice jusqu’à la lie des Présidentielles 2012. En cinq années, M. Sarkozy aura commis des dégâts immenses. Des dégâts qui ne seront pas tous réparables, loin s’en faudra quand son successeur reprendra le lourd héritage. Nous n’avons, il faut l’admettre, aucune excuse à faire valoir en ce qui concerne d’imaginaires difficultés à cerner les périls réels du sarkozysme. La « clique » au pouvoir par « la volonté du peuple » a joué cartes sur table, ne s’est pas cachée derrière le petit doigt vengeur de Laurence Parisot. Denis Kessler nous a très tôt édifiés quant au dessein mortifère de la Droite extrême toute rassemblée derrière le chef suprême. Fort bien placé au sein du Medef dont il fut un temps le vice-président, cet ultralibéral invétéré annonçait la couleur et la presse s’en était fait l’écho : ce qui est en jeu n’est rien moins que l’héritage du Conseil National de la Résistance ; il faut en détricoter toutes les mailles afin que la France entre enfin dans la Modernité économique. S’il était besoin de traduire cet avertissement sans frais, il conviendrait de préciser que selon les revanchards bravaches, notre pays est depuis trop longtemps handicapé par les désuets principes de l’État-providence. Disons au passage que ce dernier vocable nous sert bien mal aujourd’hui : ce que la Providence nous a donné un jour, elle peut le reprendre un autre jour sans que nous n’en puissions mais ! À cette vision biblique de ce qui survient aux hommes à leur corps défendant, il faut préférer celle du welfare state anglo-saxon fait de la volonté des hommes. Car, évidemment, ce qui nous arrive est le fruit de stratégies ne laissant rien au hasard, patiemment mûries en attendant le moment propice de leur réalisation. La protection sociale comme système républicain de solidarité doit progressivement s’effacer devant la nécessaire efficacité marchande de l’assurance individuelle.

 

Il s’agit en effet de stratégies peaufinées de longue date dont les idéologues sont promus par leurs pairs, et supportées sans vergogne par les plus beaux fleurons des médias dominants. Le 24 février 2007, l’économiste David Thesmar répondait aux questions d’une journaliste du quotidien Le Monde. À la question « Quelle serait donc la solution pour réconcilier les Français avec les profits ? » il asséna : « Infléchir le système de retraite. Raboter le système par répartition pour les Français ayant un certain niveau de revenu. Cotisant moins, récupérant moins, ils seraient incités à acheter des actions, ce qui permettrait de développer des fonds de pensions français. » Nous n’avons pas affaire ici à n’importe quel économiste jugeant les difficultés de son époque en toute indépendance d’idées. David Thesmar est connu dans le « milieu » comme chantre des marchés financiers spéculatifs. « Meilleur jeune économiste de France » en 2007, Prix HEC du chercheur de l’année 2007, Prix 2008 de l’Institut Manpower pour l’Emploi, il est membre du CAE (Conseil d’analyse économique, aréopage d’économistes auprès du premier ministre) et directeur scientifique du BNP Paribas Hedge Fund Center. Ce gourou de la libération totale des marchés, outrancièrement chaperonné, n’a jamais caché son aversion pour les conquêtes sociales issues de la Résistance qui ont marqué les Trente Glorieuses. Du reste l’entretien qu’il donna au Monde fut publié sous le titre sans la moindre ambiguïté « L’hostilité des Français aux profits est récente » et fut paré du surtitre : « Capitalisme – L’instauration d’une « économie centralisée et planifiée » après 1945 a créé cette aversion ». Février 2007, c’était avant la débâcle financière et quelques semaines avant l’entrée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

 

La préparation du braquage perpétré contre le bien commun a donc fourbi ses armes idéologiques bien avant que les principaux individus concernés, à savoir les ayant droits de la protection sociale, ne commencent à prendre conscience de la réalité du péril qui les menace. Mais les armes idéologiques ne sauraient suffire. Elles doivent être accompagnées des armes juridiques nécessaires à la transformation des structures économiques permettant notamment un meilleur transfert de la richesse née du travail vers la propriété du capital. Sans modifications décisives de la loi rien n’est vraiment possible. La réforme 2010 du système des retraites s’inscrit dans cette stratégie en organisant – sans le dire – la baisse future des pensions issues de la répartition solidaire. Au-delà du vaste champ des retraites, c’est la non moins vaste question de la santé qui est en jeu. Un trio familial de choc va courageusement s’emparer de ces fardeaux « devenus trop lourds pour la Nation ». Une fois Nicolas Sarkozy à l’Elysée, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir entrer en scène le frère aîné de l’heureux élu. Guillaume Sarkozy sera bientôt – nul besoin d’être grand clerc pour le comprendre dès à présent – l’un des grands manitous des bénéfices de la destruction du régime de retraites par répartition grâce à la société Malakoff-Médéric qu’il dirige désormais.

 

Faisons un petit détour vers une opération en apparence sans rapport avec le braquage à mains puissamment armées qui nous occupe ici. Le Pôle Emploi, né de la fusion – idée de Nicolas Sarkozy – de l’ANPE et de l’ASSEDIC (50 000 salariés) et la « Sécu », comprenant l’Assurance Maladie, l’Assurance Vieillesse et les URSSAF (120 000 salariés au total) sont directement touchés par une disposition de la réforme des retraites 2003 (dite réforme Fillon) relative aux « Complémentaires Santé ». Ainsi, depuis le 1er janvier 2009, 170 000 salariés ont été contraints de résilier le contrat qui les liait à leur mutuelle pour adhérer à une « mutuelle employeur obligatoire ». C’est le groupe Malakoff-Médéric qui a remporté les deux marchés. Ses 170 000 nouveaux adhérents forcés seront bientôt rejoints par les 800 000 salariés des cafés-hôtels-restaurants qui entreront dans le bain en janvier 2011. La fusion de Malakoff et de Médéric est intervenue le 30 juin 2008, soit 6 mois avant la mise en place du dispositif « mutuelle employeur obligatoire » pour la Sécurité Sociale et le Pôle Emploi. Dès le 1er Juillet 2008, Guillaume Sarkozy prend la direction du nouveau groupe. On parle moins du troisième larron. Et pourtant… François Sarkozy. Autre frère du Premier, Pédiatre de formation, a abandonné la pratique médicale pour se consacrer à l’industrie pharmaceutique, principalement orientée vers la gériatrie, depuis 2001. Il siège au conseil de surveillance de Bio Alliance Pharma et est devenu le président d’AEC Partners dont une des missions est le conseil aux fonds d’investissement. Par ailleurs, il a lancé une chaîne de télévision sur Internet spécialisée sur la santé financée par le laboratoire Sanofi. On le voit : l’homme a tissé sa toile ; il appartient désormais au rang des puissants lobbyistes de l’industrie pharmaceutique. À ce titre, le « grand » plan Alzheimer voulu par Nicolas Sarkozy n’est-il pas un opportun pactole pour la gériatrie « moderne » ?

 

Ces grandes manœuvres tramées dans les coulisses que la plupart des médias se gardent bien d’aller visiter nous éloignent singulièrement des raisons affichées pour justifier les réformes de la santé et des retraites, à commencer par l’épouvantail démographique. Et la Gauche dans tout cela ? N’a-t-elle rien à dire ? Non ! L’article 32 du titre V de la réforme des retraites ne l’a guère mobilisée. Cet article de cinq pages va pourtant permettre le dynamitage du système par répartition et ouvrir un boulevard aux assureurs privés. Si les députés et sénateurs du PS ne s’agitèrent pas sur cette question, c’est qu’elle ne les choque pas le moins du monde. La preuve ? Le 5 octobre 2010, plus de deux semaines avant l’adoption par le Sénat français de la loi « portant réforme des retraites », l’élue « socialiste » française Pervenche Berès déposait au Parlement Européen un rapport soutenant un projet de résolution intitulée « Crise financière, économique et sociale : recommandations concernant les mesures et initiatives à prendre », adoptée le 20 octobre (soit, deux jours avant l’adoption par le Sénat français de « la loi Woerth ») avec le soutien d’une large majorité des parlementaires français de « gauche ». On peut y lire, par exemple au point 77 que le Parlement Européen « prend acte de ce que le grand krach éclaire d’un jour nouveau le défi démographique et celui du financement des retraites ; considère que le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés, dûment garantis par une réglementation et une surveillance spécifiques destinées à protéger les investisseurs. » Tout est dit !

 

Au moment où le présent article est rédigé l’ouvrage publié en 2008 par Emmanuel Todd, « Après la démocratie », sort en livre de poche. L’accélération dramatique de la casse sociale – le casse du siècle nouveau ! – ne fait que conforter son analyse : nous sommes bel et bien au-delà de la démocratie et la plupart des hommes politiques qui comptent ( !) font désormais semblant de jouer à la démocratie. Les peuples européens tolèreront-ils longtemps ce simulacre ? À suivre…

Yann Fiévet est l’auteur du livre « Le monde en pente douce », Editions Golias, 2009


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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 21:14
LA LIBYE, ALIBI DE SARKOZY

lundi 14 mars 2011 par Jean-Luc Gonneau

 

Ces quelques lignes sont écrites le 14 mars. Nul ne sait quelle sera la suite des évènements en Libye, tant pour ce qui concerne l’issue de l’épreuve de force entre les libyens révoltés contre Kadhafi et ceux restés fidèles au « Guide » et à son armée que pour ce qu’il en sera de l’attitude de la « communauté » internationale, ou de certaines parties de cette communauté peu commune.

 

Ce que l’on sait, c’est que Nicolas Sarkozy fait un numéro de va-t-en guerre en solo. Seul parmi les chefs d’Etat, il préconise des frappes aériennes « auxquelles la France participera » sur le territoire libyen. Ce qui est un acte de guerre. Ce cadeau d’un drôle de genre est enrobé de jolis papiers et de tout un tas de rubans : reconnaissance, le premier là aussi, du Conseil national de transition libyen comme pouvoir légitime du pays ; projet de frappes aériennes ciblées sur des objectifs militaires (une liste circule même, ce qui est très étonnant : hé, Kadhafi, on te prévient, on bombardera, si bombardement il y a, Syrte, Sebha et Bab al-Azizia. Message grossièrement subliminal : t’as le temps de planquer tes avions et tes chars ailleurs) ; caution « droit d’ingérence » fournie par l’inévitable Bernard-Henry Lévy, célèbre fana-mili pacifiste.

 

Ce dont nous sommes surs, c’est que dans cette affaire, l’avenir du peuple libyen n’est pas l’objectif de l’ « hyperprésident ». Il s’en tape le coquillard, du peuple libyen. Ce qui est important, c’est de faire oublier les affaires tunisiennes mises en musique dans une opérette d’un goût plus que douteux par Michèle Alliot-Marie et l’ambassadeur Boillon, apparemment aussi égocentré que son maître et modèle, le retard à l’allumage en Egypte, la réception branquignolesque (mais fastueuse) de Kadhafi à Paris en 2007. Bref, de se refaire une sorte de virginité dans les affaires internationales.

 

Au demeurant, la va-t-en guerre est prudent : la France ne bombardera pas toute seule la Libye. D’ailleurs, à cette heure, on ne peut pas dire que les volontaires de la bombinette se bousculent au portillon : en Europe, la proposition de Sarkozy a fait un flop magistral. Et il faudrait l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui semble hautement improbable. Et pas un mot sur les éventuelles conséquences d’éventuels bombardements : une bombe, on sait quand on la lâche, on ne sait pas toujours où elle arrive, les dommages collatéraux, ça existe, c’est même quasiment inévitable. Et puis, comme le souffle un militaire, sous couvert d’anonymat bien sur, « la guerre, on sait quand y entre, on ne sait pas quand on en sort.

 

Doit-on, cela dit, se croiser les bras devant ce qui se passe en Libye ? Certes non. Il est clair que le régime de Kadhafi est moralement inacceptable : démocratie inexistante, violences systématiques, corruption à tous les niveaux, camarillas accaparatrices des produits de la principale richesse du pays, le pétrole. Le pétrole, n’oublions jamais le pétrole. Dans les méandres des réflexions de la « communauté » internationale, a-t-on entendu une voix disant clairement que le nouveau régime libyen s’honorera en permettant aux revenus pétroliers d’améliorer les conditions de vie, d’éducation, de logement, d’emploi du peuple libyen au lieu de remplir les caisses d’un petite camarilla ? Non ? Nous non plus. Ce qui agite les beaux esprits de la « communauté » internationale, ce sont les intérêts des multinationales du pétrole et des financiers qui spéculent sur les variations de cours. Le peuple libyen ? Et puis quoi encore.

 

Ne rien faire, ou bien, ce qui revient à peu près au même, se rengorger de fières déclarations assurant les libyens en lutte contre l’oppression de notre indéfectible solidarité, non. Bombarder, on l’a vu, non plus. Fournir aux révoltés de quoi se défendre et survivre, par contre, c’est possible. C’est discret (les trafics d’armes, les russes, les américains, les français, les britanniques et quelques autres ont de solides références professionnelles, ce n’est pas joli joli, mais parfois nécessité – morale, dans ce cas – fait loi ; l’aide humanitaire alimentaire et sanitaire, on sait faire : l’ingérence civile est la seule qui soit inattaquable) et c’est peut-être efficace. Rappelons-nous la tache qui marqua le parcours politique hors cela exemplaire d’un Léon Blum : le refus de fournir des armes aux républicains espagnols.


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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 21:08
Contre l’intervention militaire en Libye

dimanche 20 mars 2011 par Serge Grzesik

 

A l’heure où j’écris ce billet, médias et partis politiques de la Majorité chantent les louanges du Président Sarkozy "Grand libérateur des Peuples opprimés". Deux milles kilomètres plus loin une centaine de missiles Tomahawk sont tirés contre une vingtaine d’objectifs libyens par des sous-marins et navires américains et britanniques et la France est en état de guerre. Cependant, avec beaucoup de difficulté pour se faire entendre, des voix s’élèvent pour condamner cette intervention militaire. Je m’associe à ces appels pour plusieurs raisons.

 

Deux poids, deux mesures

Je désavoue cette intervention au nom de la simple justice. Des hommes d’Etat "vertueux" s’en vont en guerre en Libye pour faire appliquer une résolution de l’ONU. Pourquoi n’ont-ils pas déployés la même énergie vis à vis de l’état d’Israël qui depuis 1955 a fait l’objet de 65 résolutions jamais appliquées ?

Le président Sarkozy justifie également cette intervention pour venir en aide au Conseil national de transition, qualifié de "légitime" et qui rassemble l’opposition au colonel Kadhafi. Pourquoi n’a-t-il pas déployé le même zèle à venir en aide au Président légitiment élu de la Cote d’Ivoire ?

Tout le monde a en mémoire les déclarations de locataire de l’Elysée à l’issue du sommet européen de la mi-décembre 2010 : "Le président proclamé ivoirien Laurent Gbagbo doit partir avant la fin de la semaine sinon il figurera sur la liste des personnes visées par des sanctions de l’Union européenne. Laurent Gbagbo et son épouse ont leur destin entre leurs mains. Si avant la fin de la semaine Laurent Gbagbo n’a pas quitté le poste qu’il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien, ils seront nommément sur la liste des sanctions" .

 

Des informations dissimulées

Je désavoue cette intervention au nom de la transparence. Les médias font apparaître le président Sarkozy comme le chef de file de ces opérations militaires. Mais qu’en est-il réellement ? Pourquoi ne pas dire la vérité au peuple français et préciser qu’il s’agit d’une opération multilatérale sous coordination du commandement américain, les Américains assurant un rôle "stratégique" dans cette coordination et le commandement de l’opération. Le président Sarkozy ne serait-il que le supplétif des Etats-Unis ?

 

Un écran de fumée pour sauver le soldat Sarkozy

Je désavoue cette intervention au nom de la sincérité. Le locataire de l’Elysée peut-il engager la France dans une opération à l’issue incertaine pour de simples raisons de politiques intérieures. Une expédition militaire doit-elle servir à masquer les échecs économiques et sociaux successifs et imputables à la politique menée par celui qui aspire à voir son bail à l’Elysée renouvelé en mai 2012. Alors que les Françaises et les Français sont appelés à faire des sacrifices, combien va coûter cette aventure guerrière ? Je suis indigné.

Le blog de Serge Grzesik : http://legalite.over-blog.com


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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 12:16

Le Collectif Unitaire National de soutien à Mumia Abu-Jamal
rassemblant une centaine d'organisations et de collectivités publiques françaises


 

Si le message ci-après ne s'affiche pas correctement, vous pouvez le visualiser en suivant ce lien.

 


 30 ANS DE L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT EN FRANCE
 Lecture spectacle et débat
  Loi n°81-908, Article 1 : la peine de mort est abolie
  Mercredi 16 mars - 20h30 - Paris

 

 

 

 

 

Un spectacle

 

 

 

 


ECPM vous invite à la représentation de

Loi n°81-908, Article 1 : la peine de mort est abolie

Une lecture spectacle montée par La Fabryk
dans le cadre du Festival Ici et Demain

suivie d'un débat
avec Sandrine Ageorges Skinner, administratrice d’ECPM, épouse d’Hank Skinner, condamné à mort au Texas, et Kianoush Ramezani, caricaturiste iranien engagé contre la peine de mort.

le mercredi 16 mars 2011 à 20h30
à l'université Pierre et Marie Curie
4 place Jussieu (5e Arr.)
Amphithéâtre 25

Entrée libre et gratuite


30 ANS D'ABOLITION EN FRANCE

Le 16 mars 1981 au cours de l’émission « Cartes sur table », François Mitterrand candidat à l’élection présidentielle déclarait qu’il était opposé à la peine de mort. Malgré une opinion publique favorable à la peine de mort à 62%, il fut pourtant élu deux mois plus tard et Robert Badinter, alors garde des sceaux, initia le vote du projet de loi n°81-908 portant abolition de la peine de mort.

A l’origine des Congrès mondiaux contre la peine de mort (Strasbourg 2001, Montréal 2004, Paris 2007, Genève 2010) et secrétaire exécutif de la Coalition mondiale contre la peine de mort (centaine d’ONG, barreaux, villes, collectivités locales et syndicats) dont elle a impulsé la création, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) est devenue en dix ans l’ONG francophone de référence en matière de lutte abolitionniste dans le monde.

C’est donc tout naturellement que nous contribuerons cette année à la célébration des 30 ans de l’abolition de la peine de mort en France, à travers des conférences, des interventions universitaires et scolaires, des expositions, des cycles cinématographiques...

Pour lancer officiellement l’événement trente ans après la déclaration télévisée de François Mitterrand, ECPM s'associe au spectacle-débat organisé par la troupe La Fabryk, partenaire de l'association sur le projet Eduquer à l'abolition.

Dans une ambiance éducative festive, cet événement sera l’occasion de sensibiliser à la problématique des droits de l’homme et de la peine de mort, une opinion publique encore divisée sur le sujet, et de rappeler à tous les citoyens que la peine capitale est encore malheureusement trop souvent instrumentalisée et pratiquée à travers le monde.



EN SAVOIR PLUS...

> Téléchargez le flyer

Association Ensemble Contre la Peine de Mort
ECPM
- 3, rue Paul Vaillant Couturier - 92320 Châtillon
01 57 63 03 57 Fax : 01 57 63 89 25

La Fabryk
contact@lafabryk.com
07 60 75 25 03
www.lafabryk.com

Festival Ici et Demain
http://icietdemain.fr/events/


WWW.ABOLITION.FR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 12:14

ICRA News

Les projets d'une multinationale minière canadienne menacent la région de la Sierra de Catorce, dans l’Etat de San Luis Potosi au Mexique, lieu irremplaçable pour la communauté amérindienne Huichol (ou wixarica). Pour cette dernière, la Sierra de Catorce est le lieu de naissance du Soleil, le site où se trouvent les sources sacrées.

La page d’accueil de la société minière First Majestic Silver Corporation fait référence à un “plan de développement et d’acquisition dynamique” axé sur le Mexique. Le peuple Huichol peut le confirmer car 22 des concessions minières de la société sont situées à l’intérieur de leur désert sacré “Wirikuta”, d'une superficie de 6.326 hectares aux alentours de la ville de Real de Catorce.
Les plans publiés évoquent l’exploitation minière en profondeur et à ciel ouvert, et l’utilisation du cyanure afin de séparer l’argent du minerai. L’obtention d’un gramme d’or ou d’argent nécessite le broyage d’une tonne de minerai et la consommation de 2.000 litres d’eau douce.

Le beau et fragile désert de Wirikuta est non seulement un site sacré pour les amérindiens mais aussi un écosystème unique au monde. La pollution de ses rivières et aquifères, du sol et de l’air affectera tous les habitants actuels et les générations futures. Elle menace des espèces en voie de disparition, dont certaines endémiques à l’image d’une grande variété de cactus présents uniquement à cet endroit du globe. L’aigle, qui est le symbole national du Mexique, est l'un des animaux les plus menacés par l’exploitation minière.

Chaque année, les Huichols font un pélérinage dans le Wirikuta, pour maintenir active la “Route de la Sierra Huichol”, pour implorer leur Dieu de donner pluie, santé et moyens de subsistance à la population. Les Huichols sont un des peuples méso-américains ayant conservé sa cosmogonie, ses coutumes, ses savoirs ancestraux, ses lieux sacrés “de génération en génération à travers les millénaires”. Les concessions minières sont considérées comme cause de dommages irréparables pour cet héritage. “
Il est bien plus important que toute la richesse promise par l’activité minière selon les Huichols.

L’exploitation minière n’est pas une chose nouvelle dans cette région. Avant l’indépendance, le Mexique  colonisé fit de Real de Catorce un des lieux majeurs de production d’argent au monde. Pourtant, même aux plus grands moments de cette gloire, les seules choses dont ont “bénéficié” la population locale et les mineurs furent des conditions de travail proches de l’esclavage. Le boom actuel sur les marchés de l’argent fait renaître le spectre de cette expérience désastreuse pour la population locale et pour l’environnement.

Les Huichols ont rédigé une déclaration pour la défense de Wirikuta dans laquelle ils revendiquent  l’annulation des concessions minières et un moratoire sur toutes les mines et carrières de la région de Real de Catorce.
Vous pouvez soutenir les Huichols en signant la pétition lancée par Sauvons la forêt.

Pour plus d'informations

·                Le site de Sauvons la forêt

·                Le n° 72 de notre revue Ikewan consacré aux Huichol

 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 12:09

16 mars 2011

L’effort de mémoire espagnol

Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

Docu . José Luis Peñafuerte se lance sur la trace des disparus de la période franquiste.

Extrait du documentaire. - DR

La belle affiche du film montre, en coupe longitudinale, une route paisible de campagne et, dans son sous-sol, une tête de mort. Film d’horreur ? Presque : les Chemins de la mémoire exhume les victimes de la guerre civile espagnole (1936-1939), responsables ou militants de gauche (ou soupçonnés tels) sommairement exécutés et qui, depuis, gisent dans des fosses communes. L’Espagne ne s’y intéresse que depuis quelques années. Pourquoi si tard, alors que la majorité des témoins a disparu ? Parce qu’en 1977 le monde politique, communistes compris, a pensé que la condition d’une transition pacifique du franquisme vers la démocratie était le silence sur le passé. Il a fallu attendre le retour d’un gouvernement socialiste et une loi sur la Mémoire historique, en 2007, pour réhabiliter les vaincus et permettre l’ouverture des sépultures anonymes. Une décision que la droite et l’Eglise qualifient de «revancharde» : vous avez perdu la guerre, maintenant vous voulez vous venger…

Le film de José Luis Peñafuerte, fils d’exilés espagnols né et élevé en Belgique, débute dans le site de La Andaya, près de Burgos, où ont été retrouvés 85 corps. Sous les instruments des archéologues apparaissent des ossements, mêlés aux douilles de balles et aux objets que les victimes gardaient dans leurs poches : un peigne, une cuillère. 130 000 corps reposeraient dans ces fosses, dont beaucoup restent à localiser. Les récits de témoins émaillent le film : le poète Marcos Ana, emprisonné à 19 ans, libéré à 42 ans (1), parle de la féroce répression contre les perdants (qui fit plus de morts que les combats) et évoque «les mères des prisonniers accrochées comme des sangsues aux murs des prisons». Jorge Semprun, scénariste pour Joseph Losey et Alain Resnais et ancien ministre, retrace le sort de ceux qui se réfugièrent en France : Vichy veut les rendre à Franco qui n’en veut pas, ils finissent à Buchenwald ou à Mauthausen.

Dans ce film sobre et nécessaire, le passé et l’Espagne d’aujourd’hui se rejoignent souvent. Avec, par exemple, une rencontre entre Natividad Gonzalo, dont les deux parents sont tués en 1936, et une classe de lycéens. A son récit de «fille de rouges» qui immigre en Belgique où elle «découvre la liberté», un élève équatorien confronte sa propre expérience de l’exil.

(1) Ses mémoires viennent d’être traduits en français : Dites-moi à quoi ressemble un arbre ! Mémoires de prison et de vie, Aden Éditions, Bruxelles, 2010.

Les Chemins de la mémoire documentaire de José Luis Peñafuerte. 1 h 32.
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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 20:55
 

Rencontre avec Vincent Geisser, chercheur, qui présentera le livre co-écrit avec Moncef Marzouki : « Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe ».

La soirée sera animée par Bernard Stéphan, directeur des Éditions de l’Atelier

 

Mercredi 23 mars, 19h-21h
Fondation Gabriel Péri
11 rue Étienne Marcel (Pantin, 93)
métro Hoche
Plan d’accès

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de vous inscrire par mail à l’adresse inscription@gabrielperi.fr


« Contrairement aux adultes, on recense très peu de jeunes qui adhèrent aux structures et organisations contrôlées par le parti au pouvoir. L’un des échecs majeurs de ces régimes autoritaires arabes est qu’ils n’ont plus aucune emprise sur la jeunesse. »
extrait de « Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe ».

A contre-courant des idées reçues qui ont souvent considéré les États autoritaires de la région comme des régimes « stables » et « modérés », l’auteur dresse, dans cet ouvrage paru en 2009, un bilan réaliste des dictatures arabes, prévoyant avant tout le monde leur chute imminente. Car, comme le montre Moncef Marzouki, la peur a désormais changé de camp. Les nouvelles générations arabes, que les observateurs occidentaux ont trop longtemps perçus comme apolitiques et totalement soumises au régime, n’hésitent plus désormais à affronter les régimes dictatoriaux. Ils se sont emparés des nouvelles technologies de la communication tels que Facebook, Twitter ou les MMS, partant à l’assaut des dictateurs affairistes et corrompus.

Écrit en 2009, cet ouvrage au titre prémonitoire, et à l’analyse visionnaire, donne les clefs indispensables pour comprendre l’effet domino et le vent démocratique qui gagnent aujourd’hui l’ensemble de la région arabe. A partir de la Tunisie, point de départ, ce livre donne les critères pour interpréter aujourd’hui les événements en cours en Égypte, Iran. Il fournit des éléments d’interprétation durables.

 

Vincent Geisser, est chercheur à l’Institut d’études et de recherches sur le monde arabe et musulman (IREMAM-CNRS) et préside le Centre d’études et d’information sur les migrations internationales (CIEMI, Paris) depuis avril 2005. Il est directeur de publication de la revue Migrations Société. Outre une trentaine d’articles scientifiques, il est l’auteur de nombreux ouvrages (dont Nous sommes Français et Musulmans !, Le syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali (en collaboration avec Michel Camau, Presses de sciences po, 2003). Ses domaines des spécialité sont : les systèmes politiques au Maghreb ; la question de l’insertion des diplômés maghrébins en France et dans leur pays (Algérie, Maroc et Tunisie) ; les questions relatives à l’islam en France et en Europe, les rapports intercommunautaires (Juifs/Musulmans) au sein de la société française, les relations turco-arabes dans les années 2000.

 

Moncef Marzouki est médecin. Président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme de 1989 a 1993. En 1994, il s’est présenté aux élections présidentielles en Tunisie. Emprisonné, chassé de la faculté de médecine de Sousse, il a été contraint à l’exil. Il résida en France depuis 2001, mais est rentré le 18 janvier 2011 en Tunisie après la chute de Ben Ali. Il est aujourd’hui candidat déclaré du Parti pour le Congrès pour les élections présidentielles tunisiennes.

Fondation Gabriel Péri

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