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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 19:38


Des centaines de personnes ont été tuées depuis 2011, à l'issue de l'élection présidentielle controversée. © AFP/Getty Images [20/03/2013]

Les livraisons inconsidérées et illégales d’armes – en provenance d’Europe, d'Afrique et de Chine – aux parties en conflit en Côte d’Ivoire au cours de la décennie écoulée continuent à alimenter de graves violations des droits humains et des crimes violents dans le pays.

Ce document, intitulé Côte d’Ivoire. Les effets destructeurs de la prolifération des armes et de leur usage incontrôlé, explique comment une poignée d’États et un réseau multinational de trafiquants d’armes ont fourni armes et munitions aux deux camps, qui se sont rendus coupables de crimes de guerre et de nombreuses violations des droits humains, notamment de terribles violences contre des femmes et des jeunes filles.

Ces transferts d’armes ont été effectués avant et après que le Conseil de sécurité des Nations unies eut imposé un embargo sur les armes dans ce pays, en novembre 2004.


La situation en Côte d’Ivoire rappelle de manière glaçante que même un embargo décrété par les Nations unies n'est parfois pas suffisant pour empêcher que des armes cheminent jusqu'aux parties combattantes, avec des conséquences dévastatrices pour la population civile.

Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International


« Si tous les gouvernements du monde le décident, ils peuvent empêcher que les futurs embargos sur les armes imposés par les Nations unies n’échouent et que des atrocités ne soient commises. Ils doivent adopter un véritable traité contre les armes, qui soit ferme et exhaustif, et fondé sur le respect des droits humains et du droit humanitaire. »

Un traité mondial fort sur le commerce des armes, que les États membres des Nations unies négocient actuellement à New York, régirait les transferts internationaux d’armes classiques, de technologies et de munitions.

Nous avons besoin d'un traité efficace sur les armes !
Interpellez Barack Obama sur Twitter Tweetez !Depuis l'explosion de la violence armée début 2011, à la suite d'une élection présidentielle très disputée, des centaines d’Ivoiriens ont été tués – souvent pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique ou de leurs affiliations politiques –, des femmes et des jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles, en particulier de viols, et des centaines de milliers de personnes ont été forcées à fuir leur domicile.

Amnesty International et le Groupe d’experts gouvernementaux des Nations unies enquêtant sur les violations de l’embargo ont recueilli des informations montrant comment des transferts irresponsables et illégaux d’armes remontant à 2002 ont alimenté ces atrocités et abus. Ces violations se poursuivent.

Transferts d’armes à destination des forces ivoiriennes de sécurité

Après qu’une mutinerie militaire eut scindé le pays en deux en 2002, le gouvernement ivoirien du président Laurent Gbagbo s'est lancé dans un programme frénétique d’acquisition d’armes.

De septembre 2002 à décembre 2003, les dépenses en matière de matériel militaire ont atteint environ 135 millions d’euros – soit plus du dixième du budget national pour 2004-2005.

Amnesty International estime que ces transferts d’armes étaient hautement irresponsables, car ils ont eu lieu dans le contexte d’un cessez-le-feu fragile. Ils ont par ailleurs enfreint un moratoire volontaire sur les importations d’armes, instauré par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 1998.

Parmi les pays ayant fourni des armes et des munitions au gouvernement ivoirien pendant cette période ont figuré l’Angola (véhicules blindés et tanks), la Chine (armes de petit calibre et armes légères), le Bélarus (aéronefs, véhicules blindés, mortiers et lance-roquettes), la Bulgarie (aéronefs, mortiers et armes légères, dont des fusils d’assaut de type Kalachnikov), l’Ukraine (véhicules blindés) et Israël (drones).

Selon un rapport du Groupe d’experts des Nations unies datant d’avril 2012, les forces ivoiriennes de sécurité ont reçu des armes illégales jusqu’en 2009, soit après que les Nations unies aient décrété l’embargo. Des enquêteurs des Nations unies ont rassemblé des éléments établissant l’existence d’un réseau sophistiqué de trafic d’armes impliquant des entreprises et des personnes dans plusieurs pays, dont le Sénégal, la Guinée, la Tunisie et la Lettonie.

Transferts d’armes à destination des Forces nouvelles

Les résultats des recherches effectuées sur les transferts d’armes à destination des Forces nouvelles – une alliance de groupes armés d’opposition qui avaient pris le contrôle du nord du pays à la suite de la mutinerie militaire de 2002 – sont moins nets.

Les numéros de série des armes vues en la possession des Forces nouvelles avaient été effacés, d’où une certaine difficulté à tirer des conclusions sur leur provenance et l’itinéraire qu’elles ont emprunté.

Il est notoire que les combattants des Forces nouvelles utilisent divers types de fusils d’assaut chinois, russes et polonais, d’origines et de calibres divers. Il semblerait par ailleurs que le Burkina Faso ait joué un rôle majeur dans ces transferts, à la fois avant et après l’embargo sur les armes décrété en 2004.

De plus en plus d’éléments attestent que les forces opposées à Laurent Gbagbo, notamment les Forces nouvelles, ont perpétré des homicides illégaux, souvent d’hommes ou de garçons spécifiquement visés du fait de leur appartenance ethnique ou de leurs affiliations politiques.

Lire le rapport
Côte d’Ivoire. Les effets destructeurs de la prolifération des armes et de leur usage incontrôlé

Index AI : AFR 31/002/2013

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