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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 13:46
Urgence solidarité Japon

Au 4 avril, le point des dons de la collecte fait état de 57 883 euros collectés par l’Avenir social et la CGT .

 

La CGT et L’Avenir social lancent un appel urgent à la solidarité des organisations de la CGT, de leurs adhérents, des salariés envers le peuple japonais, victime d’un terrible tremblement de terre suivi d’un tsunami entrainant un accident nucléaire majeur.
Les pertes en vies humaines et la destruction d’infrastructures et d’activités économiques ont déjà des conséquences dramatiques pour ce pays.
Face à cette tragédie, le peuple japonais a besoin d’une solidarité à la hauteur des besoins immédiats.
L’Avenir Social et la CGT, organiseront la redistribution des fonds collectés en fonction des besoins définis et en coopération avec les organisations syndicales japonaises.
Nous comptons sur une réaction rapide et massive à cet appel à la solidarité.

Adressez vos dons par chèque à l’ordre de : « L’Avenir social – solidarité Japon » 263, rue de Paris – case 419 93514 Montreuil CEDEX

75% de votre don sont déductibles des impôts, un reçu vous sera adressé.

25 mars 2011
A l’appel de la Cgt et de L’Avenir social, nous avons reçu en quelques jours : 33 733 euros
- 24 375 euros en provenance de 51 organisations de la Cgt
- 9 358 euros de 180 individuels
Lire la lettre adressée par Bernard Thibault aux syndicats japonais

Keisuke Fuse

Retrouvez ici les dernières informations transmises par Keisuke Fuse directeur des relations internationales du syndicat japonais Zenroren par ordre d’arrivée (la plus ancienne en bas)

4 avril Nous avons survécu un autre week-end et les cerisiers commencent à fleurir à Tokyo. Il n’est pas aisé de brosser un tableau complet des catastrophes du 3 mars, mais je vais toutefois tenter une esquisse.

Tout d’abord, plus de 15000 personnes sont toujours portées disparues. La vague a tout emporté sur son passage et la police pense que de nombreux disparus ont été emportés vers l’océan Pacifique.

Autre aspect important : les insuffisances d’une administration locale gérées sur des bases néolibérales pendant les deux dernières décennies ont été mises à jour de façon criante. Enfin, concernant l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima, il s’agit d’une catastrophe causée par l’Homme, et qui génère de graves incertitudes quant aux fuites de radiations dans l’air, l’eau de mer et l’alimentation, sans compter les risques du travail de reconstruction dans la partie est du Japon, notamment Fukushima.

Je vous invite à visiter l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=70ZH... (sous-titrage en anglais). Il s’agit du Maire, M. Sakurai, de Minami Soma, dans la préfecture de Fukushima, dont la ville a été désignée comme zone d’évacuation, mais où plus de la moitié de la population a déjà quitté les lieux. Sa ville manque cruellement de secours et d’information de la part du gouvernement et de TEPCO. Bien qu’il soit conservateur, M. Sakurai ne mâche pas ses mots pour défendre la population locale. Vendredi soir de la semaine dernière, 114 cartons ont quitté l'entrepôt de Zenroren pour être acheminés vers Tohoku. Il s'agit d'aide collectée auprès de nos adhérents et autres organisations démocratiques. Vendredi soir de la semaine dernière, 114 cartons ont quitté l’entrepôt de Zenroren pour être acheminés vers Tohoku. Il s’agit d’aide collectée auprès de nos adhérents et autres organisations démocratiques. Nous avons prévu de poursuivre ces acheminements une fois par semaine.

Des volontaires de Zenroren s’y attelleront à partir de cette semaine. Nous travaillons sans relâche pour organiser les secours, mais aussi pour finaliser les négociations annuelles (Shunto) et nous espérons obtenir rapidement de bons résultats, d’autant plus que nous anticipons une stagnation de l’activité économique et donc des répercussions sur les salariés dans tout le Japon. Ce sont 88000 entreprises et 841000 salariés qui sont concernés, rien que dans les trois préfectures côtières de Tohoku. Aujourd’hui, toute l’économie japonaise souffre des conséquences des catastrophes. Les centres d’appel téléphoniques mis en place par Zenroren sur l’ensemble du territoire reçoivent des centaines d’appels de salariés qui sont en cours de licenciement, ou de jeunes diplômés dont l’embauche a été annulée. Dans le but de minimiser l’impact de ces catastrophes et de défendre l’emploi et les droits des salariés, Zenroren est en train de redéfinir ses priorités pour les luttes à venir.


1er avril C’est une journée importante pour les Japonais. Les années scolaire et fiscale commencent aujourd’hui.

Dans les écoles primaires, secondaires et supérieures de trois préfectures, 262 étudiants et 43 enseignants et personnels non enseignants ont été tués. 756 étudiants sont portés disparus. Les bâtiments et installations de 1721 écoles sont plus ou moins endommagés.

Certaines écoles ont déjà décidé de reporter le début de l’année scolaire. La situation est particulièrement grave pour les personnes évacuées de Fukushima parce qu’elles ont tout laissé dans leurs maisons. A Tokyo, de nombreuses universités et écoles supérieures commenceront l’année scolaire en mai.

Pour les japonais, le printemps est le moment des au revoirs et des bienvenues. Mais ce printemps est lourd et difficile pour de nombreux Japonais.

Hier, le Parlement a voté un accord spécial concernant un budget « amical » pour les militaires américains présents au Japon avec le soutien des Partis Démocratique, Démocratique libéral, Komei et d’autres. Cet accord signé pour 5 ans impose au gouvernement japonais de payer 1 trillion de yens (soit 12 milliards de dollars américains). Le statut de l’Accord sur les Forces et du Traité de sécurité n’exige pas du tout ce type de paiement, mais le gouvernement japonais paie depuis 1987. Les militaires américains ont réalisé des activités de secours en tant que Tomodachi, ce qui signifie ami. Le Ministre de la défense a déclaré au Parlement que les militaires américains nous aident sur leurs propres deniers et que nous devons les rembourser. On demande aux victimes d’exprimer leur sympathie !

Le Zenroren condamne fermement les partis au gouvernement, le LDP et Komei et leur demande que cet argent soit utilisé pour les secours et l’aide. Si les Etats-Unis nous considèrent comme de véritables Tomodachi , Amis, je voudrais que le Président Obama dise au Premier Ministre Kan ce qui est bien ou pas, et dise que son gouvernement ne peut pas accepter ce budget amical qui devrait être utilisé pour la population de Tohoku. J’espère que nos amis aux Etats-Unis soulèveront cette question sur leur lieu de travail et dans leur communauté.

A partir de la semaine prochaine, des dirigeants et permanents du Zenroren se rendront dans 3 préfectures (2 membres dans chaque préfecture : Iwate, Miyagi et Fukushima) pour participer à nos activités dans ces préfectures. Les organisations affiliées à Zenroren enverront des volontaires dans la région et nous travaillerons avec d’autres organisations démocratiques.

Ce matin, j’ai découvert que la compagnie ferroviaire avec la quelle je voyage tous les jours fonctionnait normalement sauf pour certains express. Honnêtement, c’est difficile à dire, mais je me sens comme soulagé.

Cette année les cerisiers ont fleuri avec un peu de retard. Au Japon, les fleurs de cerisier, Sakura, nous montrent l’espoir et la fragilité de la condition humaine.

Avec l’augmentation des températures, la consommation d’électricité diminue. TEPCO a annoncé qu’elle n’imposerait pas les black-out prévus, depuis d’hier et pendant le week-end. La consommation annuelle d’électricité a beaucoup diminuée dans la zone de Tokyo. Ce n’est pas uniquement dû à l’augmentation des températures mais aussi parce que nous faisons des économies d’énergie. J’espère que les Japonais construirons, à partir des leçons de cette situation, une société s’appuyant sur une énergie recyclable.


31 mars 2011 Hier, Mr. Katsumata, président de TEPCO s’est finalement excusé lors de sa conférence de presse. On le voyait dans les médias pour la première fois et honnêtement trop tard. Trop tard aussi pour reconnaître la mise hors service des réacteurs (1 à 4) de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Des informations choquantes nous sont dévoilées au jour le jour. Le taux d’iode 131 radioactif est 3.355 fois supérieur aux taux autorisés à 330 m de la sortie de l’eau. L’agence de sûreté nucléaire a indiqué qu’il était possible qu’il faille plus d’un an pour refroidir les réacteurs.

La population de Tokyo s’inquiète pour l’eau, les légumes, le lait et les black-out. Les trains et les métros ne fonctionnent qu’à 70-80% de la normale et sont trop surchargés en période de pointe. Vous le savez, la préfecture de Fukushima a été touchée par trois catastrophes : le tremblement de terre, le tsunami et l’accident nucléaire. Dans la zone d’évacuation (20 km autour de la centrale), la reconstruction et même la recherche des personnes disparues ne peut pas commencer. Ils sont totalement abandonnés. Les personnes évacuées se sont déplacées vers l’intérieur des préfectures de Fukushima ou de Saitama. Dans des zones relativement éloignées de la zone d’évacuation obligatoire, des villes comme Minami-Soma ou Iwaki deviennent des villes fantômes. La photo que je vous joins est une bonne représentation de Fukushima et Miyagi.

Maintenant, des informations de Mr. NOGI, Secrétaire général de la Fédération des syndicats de la préfecture de Fukushima : La zone la plus dévastée à Fukushima est ce qui s’appelait la rue du bord de mer - « Hama-Dori ». Beaucoup pensent que la zone côtière n’est pas accessible mais des gens vivent encore là, au nord et au sud de Hama-Dori et ont besoin d’aide et d’assistance. La Fédération de Fukushima a envoyé un camion livrer du matériel d’assistance le 27 mars. Soma, célèbre pour ses très belles plages et la récolte de fruits de mer, se trouve dans un état de délabrement total. Les gravats s’entassent de plus en plus. Nous y avons vu un train replié, écrasé par le tsunami.

Nous nous sommes rendus dans une résidence pour personnes âgées dans la ville de Minami-Soma. Une adhérente de Zenroren y travaille. Trente patients ont été tués par le tsunami. Elle a échappé de justesse : « Nous ne pouvons pas voir l’océan Pacifique de la résidence mais nous avons vu l’énorme vague du tsunami arriver sur nous. Je me suis précipitée pour sauver les patients et j’en ai transporté quelques uns aux étages supérieurs qui ont été emportés par le tsunami. J’ai été plaquée sur un lit ce qui m’a sauvée. Je ne peux pas trouver d’expression ou de mot pour décrire ce que nous avons vu à Hama-Dori. Mais nous avons pris conscience que notre mission de travailleurs était de sauver et de soutenir les personnes âgées. Le fait que même la police ne puisse pas entrer dans la zone d’évacuation des 20 km, nous a laissé sans voix. L’accident nucléaire de Fukushima ne permet pas aux personnes âgées de finir leur vie de façon humaine ».


30 mars
20 jours depuis le désastre du 11 mars. Comme vous devez le savoir, l’atmosphère dominante de l’économie et de la société japonaises est à l’auto restriction ou « jishuku » en japonais. La production de Toyota et des plus grandes entreprises est toujours à l’arrêt et cette suspension percute les petits sous traitants et en particulier les travailleurs en contrats à durée déterminée. Par l’intermédiaire de la hotline gratuite, de nombreux travailleurs demande de l’aide au Zenroren au sujet de l’arrêt de leur contrat et de leur licenciement.

Certaines entreprises ont annulé toute embauche de diplômés des universités ou des écoles supérieures à partir d’avril. Les syndicats affiliés de Zenroren à Tohoku travaillent au maintien de l’emploi et des salaires. Le syndicat des travailleurs de Co-op de Miyagi se sont mis d’accord avec la direction pour que 60% du salaire soit assuré pendant la fermeture des magasins. C’est un grand succès et une victoire et pas uniquement pour les adhérents de Zenroren au moment où le ministère du travail publiait une « note » afin d’informer les employeurs et les salariés que les employeurs n’avaient pas l’obligation de payer les salaires pendant les blackout prévus et les conséquences de la catastrophe.

Aujourd’hui, je voudrais vous présenter deux rapports de Jichiroren (travailleurs municipaux) et Iroren (travailleurs médicaux).

Nouvelles de Jichiroren – Comité spécial contre la catastrophe

Le temps passe et des nouvelles cruelles arrivent une par une à Jichiroren. Des dirigeants et permanents syndicaux ont été là aussi tués. Selon un rapport de la zone côtière d’Iwate, « juste après le tremblement de terre et jusqu’au tout dernier moment, ma collègue criait via le système sans fil communautaire pour appeler les habitants de la localité à l’évacuation immédiate pour échapper au tsunami. Sa voix s’est éteinte dans un cri ».

Dans d’autres municipalités, beaucoup de travailleurs des services publics ont été avalés par le tsunami. Un des militants préparait des bonbons japonais pour ses collègues quand il a été balayé. Ses collègues survivants ont partagé ces bonbons flottant sur l’eau pour survivre sur la terrasse du bâtiment municipal. Beaucoup de membres de Jichiroren ont vu leurs collègues emportés. Ils ont besoin de soutien psychologique.

Par ailleurs, l’un après l’autre nous avons contacté nos adhérents par téléphone mobile. Les réponses joyeuses « Oh, vous êtes vivants et saufs !” nous ont rendu très heureux.

Beaucoup de membres de Jichiroren ont continué à travailler pour les personnes des localités allant presque au bout de leurs limites physiques et mentales, sans vêtements de rechange et en dormant dans leurs voitures. De nombreux membres de Jichiroren ont été envoyés à Tohoku pour assurer l’aide d’urgence. D’anciens membres de Jichiroren à Iwate sont également très actifs. Le camarade Maekawa vit maintenant dans un centre d’évacuation et entend beaucoup de demandes et de question de la part des personnes évacuées. Il a écrit à la main une série de demande et l’a soumise à la ville de Kamaishi et à la préfecture d’Iwate : des constructions rapides de logements provisoires, un soutien financier plus utile pour les évacués et un traitement médical sans avoir besoin de présenter un certificat de prise en charge de santé.

Nouvelles d’Iroren d’Ichinoseki, Iwate

Dans les hôpitaux nationaux et de la préfecture de la zone côtière, de nombreux membres d’Iroren continuent à travailler dans des conditions très difficiles. La nuit de la catastrophe, les adhérents de l’hôpital d’Ozuchi ont évacué leurs patients et y sont restés toute la nuit avec eux à des températures en dessous de zéro.

Les collègues de l’Hôpital de Takada sont engagés dans la fourniture de soutien médical aux patients, même quand ils ont perdu des membres de leurs familles et des collègues.

Certains membres sont restés à leur hôpital ou ont utilisé des bicyclettes face à l’impossibilité de se fournir en essence pour les déplacements. Dans cette période nous devons tous travailler avec fierté comme travailleurs médicaux. Face à cette situation très difficile, le responsable de l’hôpital d’Ichinoseki a répondu officiellement au syndicat qu’il allait attribuer une prime spéciale de 20.000 yens y compris pour les salariés à temps partiel. Le syndicat local a apprécié et accepté cette proposition. Une ancienne aile de l’hôpital d’Ichinoseki a été gravement endommagée par le tremblement de terre et même la Direction a évalué très positivement le travail dans l’union des travailleurs.

Merci de suivre ces informations régulières du Japon. J’espère que cela vous aidera à comprendre la situation japonaise du point de vue des travailleurs.

28 mars
Aujourd’hui lundi, il y a eu une réplique assez forte (5 sur l’échelle de Richter) à Miyagi. C’est notre troisième week-end depuis la catastrophe du 11 mars. Beaucoup de gens se sont rendus à Tohoku pour rechercher des membres de leur famille disparus ou bien aider à retrouver et nettoyer les maisons sur place.
De nombreuses écoles ont été transformées en sites d’hébergement d’urgence et les cérémonies de remises des diplômes y ont eu lieu ce week-end. Beaucoup ont perdu ces diplômes, ainsi que toutes leurs archives et certains de leurs enseignants et élèves sont portés disparus. Néanmoins, les personnes évacuées et les volontaires ont participé aux cérémonies. On y a vu des grands-parents, tenant entre leurs mains la photo de leurs petits-enfants. J’espère que leurs peines seront allégées au fil du temps, mais qu’ils conserveront à jamais le souvenir de la solidarité et de l’entraide.

Informations du syndicat des enseignants (Zenkyo). Nous avons appris qu’à l’école élémentaire Okawa à Ishinomaki, le séisme a frappé alors que les élèves se préparaient à quitter l’école. Tandis qu’ils se réunissaient à la hâte dans la cour, la vague est arrivée de la rivière dans un énorme grondement. Ils ont tous tenté de rejoindre une colline à côté de l’école, mais c’était trop tard. Sur 108 élèves, 84 sont portés disparus et 10 enseignants sur 13. Nous avons perdu là-bas un de nos adhérents, le camarade Sasaki.

A l’école secondaire de Fukushima (au sud de la centrale), le syndicat des enseignants nous raconte une scène incroyable : toutes les fenêtres du premier étage ont été brisées, et la salle des professeurs, le bureau du directeur et l’infirmerie ont été emportés par le tsunami. Les archives papier ont largement été détruites mais les candidats sélectionnés pour la prochaine rentrée scolaire avaient déjà été informés par internet. Nous espérons maintenant que la municipalité locale ne va pas encore annoncer officiellement la reprise des cours, sous prétexte que le niveau de radiation serait « sûr ». Il y a sept écoles publiques dans un périmètre de 30 km autour de la centrale de Fukushima et nous ne savons pas encore si les cours pourront commencer normalement cette année. Zenkyo exige des preuves des taux de radiation enregistrés, ainsi qu’un soutien et une aide spécifiques pour ces écoles.

Le syndicat Zenkyo à Miyagi œuvre sans relâche pour que les rotations de personnel n’aient pas lieu cette année à la fin du mois de mars. Car certaines préfectures pratiquent ces rotations obligatoires pour le personnel des écoles publiques et des hôpitaux. D’autres fédérations de Zenroren soutiennent cette revendication et font pression auprès des différentes préfectures.

Ainsi que je vous l’avais annoncé, je me suis rendu à Nagano pour une réunion avec la fédération des enseignants du secondaire. L’ambiance était très étrange et il me semble qu’il est difficile pour tout le monde de penser à autre chose qu’aux catastrophes que nous avons subies. Les médias déversent tellement d’informations que nous en sommes épuisés. Les fuites radioactives ont des incidences sur le mental aussi, pas seulement le physique.

Le Zenroren a soumis une série de revendications aux municipalités locales concernant les secours et les accidents liés aux radiations. Je vous en ferai part très bientôt.


25 mars Nous avons appris aujourd’hui, à 11 heures, que le nombre de personnes décédées avait dépassé les 10000, avec 17443 disparus. Vous savez peut-être que dans la culture japonaise, on pratique la crémation des défunts, mais le gouvernement a permis aux familles endeuillées de les enterrer provisoirement. C’est extrêmement difficile et triste pour le peuple japonais.

Le Zenroren a tenu une réunion de sa commission exécutive ces deux derniers jours, et nous avons entendu de nombreux rapports sur les catastrophes et leurs conséquences pour nos syndicats et nos adhérents, qui font preuve de beaucoup de courage. Nous avons perdu beaucoup d’adhérents de la fédération des collectivités territoriales (Jichiroren) le long de la côte d’Iwate, sur Yamada, Osuchi et Rikuzentakata.

En dépit des pertes humaines, nos adhérents continuent de travailler aux côtés des populations sinistrées, distribuant de la nourriture, entretenant les lieux d’hébergement, émettant des certificats aux victimes, s’occupant des personnes âgées et des écoles. J’ai entendu dire qu’un de nos adhérents avait, à lui tout seul, pris en charge 300 personnes évacuées ! A l’instigation de Jichiroren, de nombreuses municipalités à travers le pays envoient leur personnel à Tohoku, pour apporter une aide d’urgence.

Jichiroren insiste également sur le fait qu’il est essentiel de remettre sur pied, le plus rapidement possible, les collectivités locales et les services publics. Les syndicats ont un rôle spécifique et important à jouer dans cette reconstruction. Les fonctionnaires sont soumis à des pressions énormes ; l’un d’entre eux s’est même suicidé. Ils ont vraiment besoin de renfort.

Au cours des vingt dernières années, dans le cadre de leur politique néolibérale, les partis politiques dominants au Japon ont encouragé la fusion des collectivités locales : de 3000 il y a 20 ans, nous sommes passés à 1800 aujourd’hui. Leurs attributions ont été restreintes et cet état de fait est en partie responsable des nombreux problèmes qui surgissent actuellement dans les zones sinistrées. Zenroren traitera de ces questions dans ses revendications lors des prochaines élections partielles.

Hier après-midi, les responsables politiques de la municipalité de Tokyo ont annoncé que le taux d’iode radioactif dans l’eau était retombé au-dessous des seuils autorisés et par conséquent, qu’elle était à nouveau propre à la consommation. Mais personne n’est rassuré. Hier, je n’ai pas trouvé d’eau en bouteille pour ma fille de six mois. Heureusement, mes parents en ont apportée, et je suis moins soucieux. C’est son sourire qui me fait tenir et espérer. Je dois aller à Nagano pour une rencontre avec les enseignants du secondaire. Alors, j’aurai peut-être un peu de retard avec mes prochaines informations.


24 mars Mes salutations depuis Tokyo. Il fait très froid aujourd’hui au Japon et je suis inquiet pour les populations installées dans les hébergements temporaires à Tohoku. Malheureusement, des personnes âgées sont décédées en raison de la malnutrition et du manque de soin médicaux.

La grippe se propage parmi les évacués. Il faut que l’on empêche de type de catastrophe « secondaire ». L’autoroute qui relie Tokyo à Aomori et qui passe par Fukushima, Miyagi et Iwate a été rouverte aujourd’hui à la circulation générale, après avoir été réservée aux véhicules de secours. J’espère que cela va faciliter la distribution des secours à Tohoku.

Avec d’autres organisations de la société civile, Zenroren a loué un entrepôt, et nos fédérations dans les préfectures sont prêtes à commencer la distribution dans les zones sinistrées.

Je n’ai pas pu acheter d’eau en bouteille aujourd’hui. J’habite dans l’ouest de Tokyo et l’eau nous est acheminée par différentes usines. J’essaie de minimiser l’usage de l’eau du robinet pour ma fille de six mois. J’espère que ça va aller. Le gouvernement a annoncé la distribution de 240000 bouteilles d’eau pour les familles ayant des enfants en bas âge. Toutes ces inquiétudes ne font que retarder les activités de secours.

Ci-après, un message de M. Shin Suzuki, président de Zenroren pour la préfecture de Miyagi.

"Au nom de la fédération de Miyagi, je vous présente mes respects et souhaite vous remercier très sincèrement pour vos actions au quotidien, ainsi que pour vos nombreux messages de sympathie, vos dons financiers et votre soutien matériel.

Le séisme et le tsunami ont été d’une violence sans précédent, causant des ravages dans trois préfectures de la région de Tohoku, y compris Miyagi. La côte pacifique a été rasée. Malheureusement, ces catastrophes ont fait de nombreuses victimes et de nombreux disparus. Nous avons perdu certains adhérents de Zenroren et leurs familles et bien d’autres encore ont perdu leurs foyers. Le locaux du syndicat à Miyagi Au début, ma fédération a œuvré pour sécuriser nos adhérents et leurs familles. Mais nous n’avons pas été en mesure de réagir assez rapidement en raison de la désorganisation. Nous avons néanmoins l’intention de reconstruire notre organisation, afin de faire face à nos missions et à nos tâches en tant que représentants de la classe ouvrière dans cette préfecture et ce, grâce à votre soutien et à votre solidarité.

Je pense que le processus de reconstruction sera long ; il demandera beaucoup d’énergie. Mais nous sommes résolus à surmonter tous les obstacles afin d’y parvenir avec votre aide. Ma fédération y prendra toute sa place.

 

 


23 mars
Je cherche chaque jour à vous donner des nouvelles un peu plus réjouissantes, mais malheureusement, c’est plutôt compliqué. Les révélations sur les fuites de radiation ont créé une onde de choc parmi la population : les légumes, le lait, l’eau de mer et pour finir l’eau potable de Fukushima sont contaminés.
La préfecture de Fukushima conseille vivement aux parents de ne pas utiliser l’eau du robinet pour les nouveaux-nés et les enfants en bas âge. Les zones irradiées s’étendent jusqu’à 20, voire 30 km de la centrale nucléaire. Dans le village de Iidate, à 40 km de la centrale, les taux de césium relevés dans le sol sont 40 fois plus élevés que la normale. Nombreux sont les habitants de Fukushima, notamment les familles avec enfants, qui fuient la région pour se réfugier à Tokyo. Les adhérents de Zenroren font de leur mieux pour apporter aide et secours. Un de mes collègues fournit des informations en anglais sur le site de notre organisation, à la page suivante : http://www.zenroren.gr.jp/jp/englis... Le village de Tagajyo dévasté par le tsunami Les syndicats et leurs réactions : remarques personnelles

En tant que syndicaliste japonais, je trouve regrettable que le syndicat TEPCO n’ait rien fait à propos de ces catastrophes. Il s’agit d’un syndicat maison, très puissant et fortement opposé au mouvement syndical progressiste. Il existe au Japon dix entreprises de l’électricité, dont TEPCO, et leurs syndicats forment la fédération Denryoku-Soren. Sur leur page internet (en japonais), leur président a mis un message, dans lequel il ne fait nulle mention de l’accident de Fukushima ! Il se contente de dire combien il regrette que la population soit affectée par le désastre et le black-out causés par le séisme et le tsunami et que sa fédération fera tout son possible auprès de l’entreprise, pour que l’électricité soit rétablie dans les meilleurs délais. Malheureusement, cette fédération est la principale fédération d’une autre confédération, dont le secrétaire général est d’ailleurs issu du syndicat de TEPCO.

Hier, le vice-président de TEPCO s’est rendu sur un des sites d’hébergement temporaire à Fukushima. Il est venu dire à la population combien il était désolé. En soi, c’est une belle histoire, et l’on voit la population acceptant ses excuses, mais personnellement, je trouve ça écoeurant (désolé !). La plupart des gens étaient assis à la manière japonaise, c’est-à-dire le dos droit et les jambes repliées sous eux, ce qui est une manière très formelle d’accueillir les gens d’une condition supérieure. Pendant ce temps, le vice-président était debout et s’inclinait devant eux. Voilà les relations et le rapport de forces créés entre la population locale de Fukushima et TEPCO. Ils ont domestiqué cette population en « arrosant » avec de l’argent. Je dois également ajouter que la plupart des salariés qui travaillent en première ligne à la centrale autour des réacteurs détruits ne sont pas des employés de TEPCO. Ils sont embauchés au jour le jour par des sous-traitants, voire des sous-sous-traitants. J’ai trouvé une publicité pour un emploi à la centrale de Fukushima-Daiichi, qui indique que vous pouvez vous faire embaucher pour un salaire de 9000 à 12000 yen (78 à 105 euros) par jour. Ce sont ces salariés qui, sans dédommagement adéquat ni syndicat, effectuent le travail le plus sale et le plus dangereux.
Nous exprimons sans relâche notre solidarité envers ses salariés ainsi qu’envers les quelques employés de TEPCO qui sont en première ligne et qui se sacrifient pour refroidir les réacteurs et en regagner le contrôle. Mais à la fin du compte, il nous faut un changement radical dans la politique relative à l’énergie nucléaire, ainsi que celle régissant le mouvement syndical japonais.

A partir de demain, il y aura des élections partielles dans différentes préfectures du Japon, à l’exception de Iwate, Miyagi et Fukushima. Nous devons élire, d’abord les gouverneurs des douze préfectures, dont Tokyo, puis les maires et les représentants dans les petites communes. Zenroren et les partis progressistes avaient proposé le report de 6 mois de ces élections, pour se concentrer sur les activités de secours et de reconstruction, mais les partis conservateurs, y compris le parti démocrate, ont refusé cette proposition. L’actuel gouverneur de la préfecture de Tokyo, M. Ishihara, est un néolibéral d’extrême droite, qui a commenté les catastrophes récentes comme une « punition divine », ajoutant même que « l’égoïsme du peuple doit être lavé par le tsunami ». Il a été sévèrement critiqué pour ses remarques et s’est rétracté, mais je pense qu’il manque d’aptitude en tant que politicien et gouverneur. Bien que nous nous soyons opposés aux élections, nous allons faire de notre mieux pour assurer la victoire du candidat progressiste.


22 mars

J’ai pris du retard aujourd’hui dans l’envoi de nos informations, car nous avons tenu sur la journée une réunion de la commission exécutive de Zenroren, portant sur la situation et sur nos plans pour l’avenir.

Ces dix derniers jours, nous nous sommes bien débrouillés, et nous avons réussi à maintenir une ligne d’approvisionnement en voiture vers Fukushima et Miyagi. Cependant, nous rencontrons toujours des difficultés pour atteindre la zone la plus touchée – sur la côte Pacifique, c’est-à-dire trois préfectures. Nos fédérations sur place se réorganisent petit à petit, mais tandis que la route principale vers ces destinations redevient utilisable, les voies secondaires demeurent impraticables.

Il faut comprendre la nature de cette catastrophe. A l’époque du grand séisme de Hanshin en 1995, qui a fait près de 6000 victimes, 51 personnes seulement étaient encore portées disparues après 10 jours. Tandis que cette fois-ci, près de 20000 personnes sont toujours portées manquantes. Sur la côte à Iwate, Miyagi et Fukushima, il reste de nombreux corps sous les décombres ou dans l’eau. Beaucoup d’entre vous savez déjà qu’une dame de 80 ans et son petit-fils ont été retrouvés dimanche, dans leur maison de Ishinomaki. Leur histoire relève du miracle. C’est une source d’encouragement pour nous tous. Mais il faut savoir que la raison pour laquelle la famille ne les avait pas trouvés plus vite – alors qu’elle les cherchait sans relâche depuis le début – est que leur maison a été déplacée de 100 mètres vers le nord-est par le tsunami. Nos collègues d’Indonésie, d’Inde, de Thaïlande ou du Sri Lanka connaissent les ravages que cause un tsunami.

Cependant, il ne faut pas confondre les régions dévastées par le tsunami avec celles qui ont surtout été frappées par le séisme ou encore celles qui subissent les conséquences de l’explosion à la centrale nucléaire. Le Zenroren élabore maintenant sa stratégie pour continuer.

Nous subissons en ce moment même une réplique. Il y en a eu cinq aujourd’hui. C’est comme si nous souffrions d’ivresse ( ?) ou de mal des transports. Ça doit être terrible pour les étrangers qui vivent au Japon.

Hier, le premier ministre a donné ordre à la préfecture de Fukushima et à trois autres préfectures de cesser l’acheminement d’épinards et autres légumes verts, ainsi que du lait. Le gouvernement a annoncé aujourd’hui que l’eau de mer était contaminée par les radiations, au large de Fukushima. Ce n’est pas le problème le plus urgent à l’heure actuelle, mais cela cause des rumeurs nocives. Pour une bonne compréhension du problème, je voudrais citer ce qu’a dit le professeur Anzai, de l’Université Ritsmeikan à Tokyo : « La loi japonaise exige des fermiers que, provisoirement, ils n’acheminent aucun produit agricole contenant de l’iode 131. Il faut assurer de manière transparente la date de ces produits, et faire connaître les résultats à la population. Le gouvernement japonais à expliquer les niveaux de radiation en les comparant à une tomodensitométrie réalisée à l’hôpital. Cependant, dans le cas de la tomodensitométrie, il s’agit d’un examen visant à rechercher une pathologie. Dans le cas d’une consommation de légumes contaminés, ce n’est rien d’autre qu’un suicide. Il est tout à fait exact que nous sommes confrontés aux radiations dans la nature. Mais l’information doit être livrée avec un degré de comparabilité, facilement compréhensible pour les fermiers. Leur situation économique va se dégrader et le gouvernement devra prendre les mesures nécessaires pour les dédommager. Pour information au public, il faut éviter de sortir sans raison si la pluie tombe dans les zones concernées et porter un manteau imperméable, afin de ne pas entrer en contact avec la pluie. Après une telle sortie, il convient de prendre une douche et de se savonner des pieds à la tête ».

Il me semble que le manque d’information – et les informations partielles – entraînent la panique dans la population. C’est pratiquement le cas à Tokyo ces jours-ci, mais l’on survit, tout en restant à la merci des ennuis que pourraient causer un black-out décidé par TEPCO.

J’espère pouvoir sous peu vous faire un rapport plus optimiste sur notre travail d’entraide et de secours et sur la situation à la centrale nucléaire de Fukushima.


21 mars
Aujourd’hui lundi, c’est un jour férié au Japon. Il pleut dans l’est du pays et c’est une journée particulière, pendant laquelle le peuple prie pour ces ancêtres. A midi aujourd’hui, les chiffres officiels parlaient de 8469 morts et 13262 disparus. J’ai parfois l’impression que l’accident de la centrale nucléaire est comme un mur dressé entre Tokyo et les zones dévastées. Cet accident est bien évidemment un problème colossal, mais il ne devrait pas entraver l’organisation des secours à Tohoku. Les personnes évacuées et les personnels de secours se battent pour leur survie.

La Fédération du Zenroren de la préfecture de Aichi (Airoren) a apporté du fuel de chauffage à Miyagi. Un camion a quitté Nagoya avec 3500 litres de fuel. Après 12 heures de route, les camardes Kurematsu (Président) et Tanifuji (Président pour la préfecture de Aichi) sont arrivés à Sendai le 20. Ils ont fourni du fuel à huit sites d’évacuation et à des bureaux à Sendai et Shiogama.

La déréglementation néolibérale cause des problèmes. Même à Tokyo, nous manquons cruellement d’essence et de fuel de chauffage. Mon beau-père a fait la queue devant une station essence toute la nuit (arrivé à 21 heures !), afin d’être sûr d’en obtenir. Les stations sont fermées dans mon quartier et il y a de moins en moins de voitures dans la rue. On est proche de la panique. Le gouvernement se contente d’appeler la population au calme et à réduire sa consommation. En 2002, sous le gouvernement Koizumi, ils ont aboli une loi qui régissait l’industrie pétrolière, et qui stipulait que les distributeurs devaient soumettre des plans précis visant à réduire les écarts de prix et assurer un accès pour tous. Le parti démocrate et le parti social-démocrate ont soutenu l’abolition de cette loi. C’est le marché qui réglemente l’approvisionnement et cela entraîne des retards pour l’acheminement à Tohoku et dans d’autres régions.

Accidents nucléaires. En raison de l’épandage d’eau sur les réacteurs, la situation s’améliore quelque peu. TEPCO travaille à restaurer le système électrique afin de refroidir les réacteurs, mais cela prendra encore quelques jours. Ainsi que je l’ai déjà dit dans d’autres notes, ces opérations font partie d’un spectacle pour l’industrie militaire. Le ministre de la défense a annoncé l’envoi de tanks ( ?) pour nettoyer les gravats autour des réacteurs. Pas des bulldozers, mais des tanks ! Les annonces faites par le gouvernement et TEPCO sur les fuites radioactives ne sont pas précises. Ils disent systématiquement : « 

C’est sans danger dans l’immédiat » ou bien « Le niveau est bien inférieur à ce que vous subissez lors d’une radio ou d’une IRM à l’hôpital ». C’est vrai, mais ils sous-estiment l’« exposition interne » à plus long terme. Un professeur de l’université de Ritsumeika a fait une déclaration à ce propos, que je traduirai pour demain.

Je suis resté chez moi aujourd’hui, et j’ai joué avec ma fille. Le quartier est très calme, et il n’y a pas grand-chose dans les supermarchés. Nombre sont ceux qui craignent la venue de la pluie, car elle véhicule les particules radioactives. J’espère que même à Tokyo, la vie quotidienne reprendra bientôt le dessus.

Une vidéo circule sur internet, réalisée par un metteur en scène coréen. C’est d’autant plus louable de sa part d’avoir rendu cet hommage, quand on pense aux horreurs qu’a subies le peuple coréen entre les mains des occupants coloniaux japonais.
http://www.youtube.com/watch?v=F1lh...


20 mars
A 18 heures heure locale, le nombre de tués s’élève à 8277, avec 12722 disparus. Une vieille dame de 80 ans et son petit-fils de 16 ans ont été sauvés à Ishinomaki, dans la préfecture de Miyagi. C’est un miracle, une excellente nouvelle. Pour les rescapés, la situation demeure très compliquée. La camionnette du Zenroren est rentrée hier soir et celle de Zenkyo (syndicat des enseignants) a quitté Tokyo aujourd’hui. Nous essayons ainsi d’aider les populations évacuées dans leurs hébergements temporaires.

Rapport de Iroren (fédération de la santé). Après une séance négociations à Kagoshima, le président d’Iroren s’est rendu à Miyagi pour travailler à l’hôpital de Saka. Les opérations de secours sur place se passent plutôt bien, même si les médicaments manquent cruellement. L’hôpital assure le suivi de 10000 évacués sur 80 sites dans la ville d’Ishinomaki. Nous devons nous ménager, car nous pensons que les actions de secours et de soutien vont continuer pendant un lapse de temps assez long dans les régions dévastées.

Centrale nucléaire de Fukushima : l’épandage d’eau fonctionne, mais le danger demeure d’une réaction en chaîne critique. Étant donné qu’aucun black-out n’est prévu dans la région de Tokyo, la population est un peu plus calme. Mais certains villages autour de Fukushima ont décidé d’évacuer toutes leurs populations et administrations vers la région de Kanto, surout que l’évacuation ordonnée par le gouvernement risque de durer plusieurs mois. Le rôle joué par les forces de défense et les sapeurs pompiers est héroïque, mais j’aimerais néanmoins que les chaînes de télévision commerciales en fassent un peu moins.


19 mars
Nous sommes aujourd’hui samedi. Pas de black-out prévu par TEPCO, puisque l’activité est moindre le week-end. Trois accidents ont néanmoins eu lieu et un incendie domestique a fait rage dans la région de Kanto, en raison des coupures de la semaine dernière. L’essence commence sérieusement à manquer à Tokyo maintenant, et les queues s’allongent devant les stations. Il y a moins de circulation, car la population économise son essence.

Il s’avère aujourd’hui que les pertes en vies humaines seront malheureusement bien plus élevées que lors du grand séisme de Hanshin en 1995. Le gouvernement et le parti démocrate ont perdu la confiance du peuple. Le premier ministre vient de demander au leader du principal parti d’opposition de rejoindre le cabinet, en tant que vice-premier ministre en charge des catastrophes naturelles. Mais le parti a rejeté la proposition, qui arrive trop tard, et sans discussion préalable. Le parti d’opposition (parti libéral) a lui aussi montré son incapacité. Je dois avouer que nous en avons plus qu’assez de ces « jeux » politiques.

Les 17 et 18 mars, Zenroren aurait dû organiser son initiative annuelle de printemps (pour une négociation collective unitaire dans le secteur privé). Mais cette année, nous en avons fait une initiative d’aide et de soutien aux populations. Les fédérations du Zenroren ont demandé au patronat de satisfaire – de bonne foi – nos revendications urgentes et certains mouvements de grève ont été reportés (santé, transports, télécommunications). A Osaka, plus de 2000 de nos adhérents ont participé à des actions le 17 mars, et ils ont récolté plus de un million de yen (près de 9000 euros). La Fédération d’Osaka a fait don de 300 kg de riz et de 28000 masques à Tohoku. La Fédération de Aichi a organisé le transport de 3500 litres d’essence à Sendai. Je donnerai des nouvelles de Tohoku demain.

Quant à la centrale nucléaire de Fukushima, les forces de défenses japonaises sont maintenant plus visibles. On dirait qu’elles exhibent leur équipement. L’armée américaine a également prêté des véhicules de pompiers spécialisés, ainsi qu’un drone, « Global Hawk », qui surveille la centrale. Le ministre de la défense a d’ailleurs fait une conférence de presse pour louer le travail des forces de défense. La situation semble s’améliorer quelque peu – heureusement – mais nous devons rester vigilants sur les événements qui surveillent à la centrale, ainsi que sur les motivations réelles des forces de défense.


18 mars
Cela fait aujourd’hui une semaine que le séisme a eu lieu. Les chiffres officiels de la police donnent 6406 morts et 10259 disparus. 380000 personnes ont été évacuées vers 2200 sites dans la région de Tohoku et Kanto. Le temps s’améliore un peu sur Tohoku mais le manque d’énergie se fait cruellement sentir dans les petites villes. 90000 sauveteurs continuent leur travail à Tohoku.

Hier, le gouvernement a appelé la population à économiser l’électricité, pour éviter une éventuelle coupure massive dans la région de Tokyo. La plupart du personnel de Zenroren a quitté le bureau avant 17 heures.

A la gare d’Ikebukuro, j’ai vu plus d’un millier de personnes se précipiter pour prendre un train. Heureusement, le personnel en gare a pu organiser tout ce monde pour éviter que quiconque ne soit blessé.

Je pense que TECPO tente, par tous les moyens – y compris la menace de coupures massives – de convaincre la population japonaise du bien fondé de l’énergie nucléaire.

Troisième convoi du Zenroren vers Miyagi et Fukushima
A 11 heures (locales), un véhicule du Zenroren est parti de Tokyo avec 7 médecins et infirmières à son bord. Ce convoi apporte du matériel urgent à deux de nos structures régionales : masques, gants, galettes de riz mais aussi pâtes instantanées. Le prochain convoi partira lundi. Nos structures régionales à Iwate, Miyagi et Fukushima travaillent très dur pour organiser les secours dans la communauté, et solidairement avec d’autres organisations démocratiques et les autorités préfectorales.

Centrale nucléaire de Fukushima
Des unités spéciales des forces armées, de la police et des sapeurs-pompiers ont continué de déverser de l’eau sur les réacteurs aujourd’hui. TEPCO, le Cabinet (du Premier ministre) et l’Agence nationale de sécurité industrielle (NISA) sont chargés de coordonner tout le travail sur les centrales. Mais NISA est sous la tutelle du ministère de l’Economie, très largement favorable au nucléaire. De surcroît, le Cabinet n’avait informé le public de l’explosion du réacteur N°1 (12 mars) que 5 heures et demi après les événements. La gestion de cette crise majeure a été irresponsable, et ce, de la part de tous les acteurs concernés. Le gouvernement doit redresser la barre et informer très largement le public comment il entend gérer la situation, si le pire venait à se produire.

Lors d’une conférence de presse le 16 mai, M. Yonemura, président de l’organisation patronale, a déclaré : « Que la technologie japonaise utilisée dans les centrales nucléaires ait pu surmonter la plus grande catastrophe naturelle du millénaire est un fait dont nous pouvons être fiers ». C’est incroyable. Digne d’un véritable capitaliste ! Le week-end arrive et lundi est un jour férié. Mais nous continuons notre travail et nous ne prendrons pas de repos, en gardant espoir pour aller de l’avant.


16 mars après-midi
La neige continue de tomber dans les zones dévastées et les personnes évacuées souffrent cruel-lement d’une pénurie d’essence et de fuel de chauffage. A 14 heures, le nombre de morts confir-més s’élevait à 5321, 9329 disparus et 434.242 personnes en hébergement d’urgence. Demain matin (17 mars), un véhicule affrété par le ZENROREN quittera Tokyo pour Miyagi avec 9 médecins et infirmières à son bord.

La situation à la centrale de Fukushima semble ne pas empirer, mais pour autant, ça ne s’améliore pas. Les supermarchés de Tokyo sont pratiquement vides et on croise beaucoup d’habitants qui tentent de partir vers l’ouest du pays. Le gouvernement annonce maintenant un énorme black-out pour ce soir.

La Fédération de la santé nous a adressé un rapport . Dans les régions touchées par le séisme et le tsunami, beaucoup d’hôpitaux et de cliniques ont été inondés ou détruits. L’alimentation en électricité, eau et gaz a été interrompue. Le matériel médical, l’oxygène, les denrées alimentaires, l’essence et le fuel de chauffage manquent. L’accès à certains hôpitaux a été interdit, en raison du niveau de contamination, cependant, certains de nos adhérents restent à leur poste pour continuer à prodiguer les soins nécessaires aux patients sur place. Nous avons entamé une campagne afin de récolter les matériels essentiels à la poursuite de notre travail.

Enfin, nous tenons à remercier la CGT de France, qui a ouvert un espace dédié sur son site internet afin de publier mes mises à jour quotidiennes.


Mercredi 16 mars matin
Nous sommes très en colère contre la société qui gère l’électricité sur l’agglomération de Tokyo (TEPCO). Ils cachent la vérité et cela crée la panique parmi la population à Fukushima. Ainsi, lorsque le réacteur N°1 a explosé le 12 mars à 14h36 heure locale, les chaînes de télévision étaient sur place pour faire leurs reportages – parfois très émouvants. Mais TEPCO n’en a pas informé le Cabinet (du Premier ministre) ; ils ont même refusé de confirmer. Une équipe conjointe a finale-ment été créée entre TEPCO et le gouvernement, mais elle ne fonctionne pas. Et, tandis que le Premier secrétaire (du cabinet) annonçait des radiations de l’ordre de 400 millisievert (mSv) dans l’usine, TEPCO se refusait à confirmer.

Un autre élément concerne le black-out de la région de Tokyo, annoncé par TEPCO avec l’accord du gouvernement. Le découpage en cinq zones s’est fait de manière totalement anarchique. Ainsi, alors que des zones dévastées étaient dans le noir pendant plus de trois heures – y compris des hôpitaux et des cliniques – le centre de Tokyo restait alimenté. La population se trouve dans un état de confusion grandissant. Mon sentiment est que TEPCO et le gouvernement tentent de convaincre le peuple japonais que les centrales nucléaires sont absolument nécessaires.


Mardi 15 mars à 14 heures
3771 décès confirmés et 7843 disparus, selon les sources gouvernementales. Les gouvernements des régions (préfectures) annoncent plus de 10.000 disparus, qui ne figurent sur aucune liste officielle.

Nous avons malheureusement eu la confirmation de la disparition de plusieurs adhérents de notre organisation, ainsi que de leurs familles. Le nombre de morts sera beaucoup plus élevé que celui du séisme de 1995, qui avait fait 6000 victimes.

Notre fédération des territoriaux de la préfecture de Iwate rapporte que plus d’un tiers des employés municipaux sont portés disparus.

Une maison de retraite tout entière a été engloutie, emportant avec elles les pensionnaires et le personnel, parmi lesquels nos adhérents.

L’autre problème est la fuite de radiations en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima. Le niveau a dépassé celui de Three Mile Island et la situation est plus critique d’heure en heure. Les autorités vont maintenant tenter de déverser par hélicoptère de l’eau sur la centrale.

Dans la préfecture de Tohoku, il neige depuis deux ou trois jours ; l’essence et la nourriture manquent cruellement. Le Zenroren fait de son mieux pour envoyer des médecins et des infirmières vers les hôpitaux et vers nos bureaux dans les préfectures. Tous les messages de solidarité que vous voudrez bien nous adresser seront plus que bienvenus, car ils sont un encouragement à continuer à nous battre.


Lundi 14 mars
En raison du black-out, impossibilité de se rendre au siège de la centrale syndicale. Mais nous continuon notre travail « à distance ». La fédération de la santé a commencé à dépêcher des professionnels à Sendai et une seconde équipe partira le 16 mars.|


Dimanche 13 mars
Près de 2000 décès ont été confirmés et malheureusement, ce nombre va certainement s’accroître au cours des jours à venir. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la perte de certains de nos adhérents et de leurs êtres chers. Le Zenroren a présenté ses condoléances les plus attristées aux salariés et populations dans les régions sinistrées.


Samedi 12 mars
Le Zenroren a immédiatement mis sur pied un comité d’aide et de secours d’urgence, pour prendre en charge les activités d’assistance de ses organisations amies. Ce comité – dirigé par le Président Daikoku – s’est réuni le 14 mars avec des représentants des fédérations de branche.

Nous avons décidé que le plus urgent était d’apporter une aide aux blessés et aux familles des défunts, ainsi qu’aux populations qui ont dû être évacuées. Mais les zones dévastées représentent une surface considérable (5 préfectures et des centaines de milliers de municipalités) et c’est pourquoi nous n’avons pas encore arrêté de procédures définitives d’organisation des secours.

Cependant, nos fédérations des transports, des territoriaux et de la santé travaillent d’arrache pied pour apporter leur aide aux populations sinistrées.

Comme vous le savez également, les accidents survenus à la centrale nucléaire de Fukushima et les fuites de matière radioactive rendent la situation encore plus complexe et les coupures d’électricité vont être un lourd fardeau pour l’activité économique du pays. Le Zenroren pense que nous devons agir tous ensemble et solidairement en ces temps particulièrement difficiles.

Nous appelons nos amis à nous adresser des messages de solidarité, ainsi qu’une aide financière s’ils le peuvent. Votre message sera publié en japonais sur le site de notre organisation et votre contribution financière servira à porter secours aux populations dans les zones sinistrées.

Nous vous remercions par avance de votre soutien. Nous allons faire tout notre possible pour maintenir à jour notre site et envoyer régulièrement des informations par courriel.

Salutations solidaires


Vendredi 11 mars 201114:46 (heure locale),
Chers camarades du monde entier,
Au nom des 1,2 million d’adhérents du ZENROREN, nous souhaitons remercier très chaleureusement toutes les organisations syndicales et les individus qui se sont manifestés depuis le trem-blement de terre dévastateur qui a frappé la côté pacifique nord-ouest du Japon à

Nous remercions également toutes les équipes internationales de secours qui oeuvrent sans relâche pour sauver des victimes, équipes venues de nombreux pays comme la Corée, la Chine, la Nouvelle Zélande, l’Indonésie, Singapour, les États-Unis, le Royaume uni, l’Allemagne, la France et bien d’autres encore.

Ce séisme de magnitude 9, qui a frappé les régions de Tohoku et Kanto (côte nord-est du Pacifi-que), est le plus dévastateur de toute l’histoire du Japon. Vous avez constaté dans vos médias des scènes particulièrement choquantes dans les préfectures de Iwate, Miyagi et Fukushima. |

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