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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:28

Gudrun Schyman, porte parole de F ! (Suède), intervenait lors de la séance du 23 novembre 2009 du séminaire, sur le thème : Le piège du pouvoir. Les femmes veulent du pouvoir.


Dans la sphère politique en Suède l’équilibre entre hommes et femmes est quasiment obtenu, bien mieux que dans la sphère privée. Dans le monde politique il y a une rhétorique de l’égalité entre hommes et femmes. Mais comment opère cette rhétorique dans la pratique ? La représentation féminine devient de plus en plus clairsemée quand on s’approche du sommet de la société. La pensée hiérarchique constitue l’élément le plus fort dans l’intégration du pouvoir et de la masculinité. Les femmes qui sont au sommet de la politique s’adaptent au modèle dominant de la masculinité. « On ne naît pas femmes on le devient » (Simone de Beauvoir), de même, on ne naît pas dirigeant, on le devient. Hommes et femmes doivent tout simplement agir selon les normes masculines pour réussir en politique.


Dans le parlement suédois la parité est quasiment obtenu (47% de femmes) ainsi que dans le gouvernement (45 % ). Mais la composition du gouvernement montre clairement la dominante masculine aux postes clefs : le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, le ministre de la défense et le ministre des finances sont tous des hommes. Les hommes sont majoritaires aux postes de leaders des partis politiques (poste stratégiques dans la politique suédoise). C’est la même chose pour les présidents des groupes au Parlement. Cela montre que nous avons sur une large étendue, y compris dans la politique, un poids dominant des hommes et une forte concentration du pouvoir masculin. Le pouvoir est habillé en complet veston et en cravate même si nous appliquons la parité dans les élections. Les structures internes des organisations politiques sont assises sur de bonnes bases patriarcales.


Finalement, est-ce que cela a de l’importance ? Évidemment que oui ! Un des aspects centraux dans la politique est la formulation des problèmes. Celui qui a l’initiative, celui qui formule le problème est aussi celui qui, dans une large mesure, apporte la solution. Cela veut dire que les problèmes non-formulés, ceux qui ne sont pas visibles, n’auront pas de solution dans les lieux de décisions. Les problèmes non résolus sont très souvent ceux des femmes, qui concernent avant tout les domaines de la vie quotidienne, de l’emploi, de la vie familiale et de leur propre vie.


On peut ainsi formuler le problème des bas salaires des femmes comme un pouvoir d’achat perdu. On peut formuler le problème du non-apport des connaissances et des expériences des femmes dans les cercles dirigeants de la vie économique, comme des moyens de développement perdus. On peut formuler le gigantesque problème de la violence des hommes envers les femmes comme un échec sérieux de la politique de sécurité. On peut définir l’égalité entre hommes et femmes comme une qualité nécessaire de la vie humaine et non pas comme un problème de haine envers les hommes.


Une vision moderne de la société devrait impliquer une réforme de structure radicale. Non seulement la transformation de l’ère agricole à l’ère industrielle et ensuite vers la société informantielle. Une société moderne exige aussi que nous modernisions notre vision du pouvoir et de ses structures. La politique est un outil pour changer la société. Si la démocratie doit fonctionner alors on peut imaginer que les bâtiments blindés du patriarcat rentrent au port pour être désarmés.

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