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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:21

 

Rencontre avec l’historien Michel Dreyfus, autour de son dernier ouvrage, L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, 1830-2009 (Paris, Editions La Découverte, 2009, 350 p.).


Depuis le début des années 2000, en lien avec les événements du Proche-Orient, on a vu se développer en France l’idée selon laquelle la gauche serait la principale responsable de la recrudescence d’actes antisémites. Cette vision des choses est tout à fait excessive et injustifiée mais elle traduit un certain malaise. Existe-t-il ou a-t-il existé un antisémitisme spécifique à la gauche ?


Longtemps négligée par les historiens, cette question délicate est traitée pour la première fois de façon extrêmement documentée par Michel Dreyfus à travers la description des positions de la gauche française vis-à-vis de l’antisémitisme durant deux siècles.


Des débuts de la révolution industrielle à nos jours, toutes les composantes de la gauche tiennent des propos antisémites mais ce, sous des formes très différentes dans l’espace et dans le temps. Cet antisémitisme s’organise selon cinq thèmes qui se succèdent grosso modo sur le plan chronologique. Il apparaît tout d’abord sous la forme d’un antisémitisme économique associant les Juifs au capitalisme qui est exprimé par de nombreux socialistes utopiques (Fourier, Proud’hon). Puis, au tournant des années 1880, se développe un antisémitisme racial et xénophobe fort répandu, y compris à gauche. Mais l’Affaire Dreyfus représente un tournant fondamental dans la mesure où désormais l’antisémitisme n’est plus revendiqué ouvertement dans les rangs de la gauche. Il n’en disparaît pas pour autant et on le voit encore insidieusement dans l’entre-deux guerres contre Léon Blum, à la SFIO, chez les pacifistes, parfois au sein du Parti communiste. Une quatrième forme très minoritaire se manifeste dans les courants révisionnistes et négationnistes, autour de Paul Rassinier, la librairie La Vieille Taupe et Roger Garaudy. Enfin, la question se pose de savoir si certaines critiques à l’égard d’Israël ne sont pas non plus entachées d’antisémitisme.


A travers cette plongée historique approfondie, cette réflexion espère aider la gauche à se confronter à cette question délicate et douloureuse, non pour battre sa coulpe dans une autoflagellation masochiste, mais pour rester vigilante contre un danger toujours possible.


Michel dreyfus est directeur de recherche au CNRS (UPRESA 8058), associé à l’enseignement l’Université de Paris 1. Il a notamment publié sur l’histoire du mouvement ouvrier : PCF : crises et dissidences, Bruxelles, Ed. Complexe, 1990 ; L’Europe des socialistes (1889-1989), Bruxelles, Ed. Complexe, 1991 ; Histoire de la CGT (1895-1995), Bruxelles, Ed. Complexe, 1995, 408 p. Il a dirigé Le Siècle des communismes, Paris, Seuil, 2004, 542 p., Komintern. L’histoire et les hommes, Paris, Ed. de l’Atelier, 2001, 604 p., ainsi que (en collaboration) La CGT dans les années 1950, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005.

Mercredi 7 avril 2010
à la Fondation Gabriel Péri,
11, rue Étienne Marcel, Pantin (93)
(
plan d’accès)

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de bien vouloir vous inscrire par courrier électronique à l’adresse : inscription@gabrielperi.fr

 

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