photo : Ashraf Shazly , AFP
"Les forces du Consensus national ont décidé de rejeter et de boycotter les élections à tous les
niveaux", a déclaré Mariam al-Mahdi du parti Umma, lors d'une conférence de presse à Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum.
Les quatre principales composantes du Consensus national sont
le Parti Umma (nationaliste), le Parti Umma - réforme et renouveau, le Parti communiste et le Parti unioniste démocrate (DUP). Cette annonce doit encore être avalisée par chacun des
partis dans des réunions internes, ont indiqué des responsables.
Ces quatre formations avaient annoncé auparavant que leurs
candidats à la présidentielle se retiraient de l'élection. Elles n'avaient pas précisé si ce boycottage s'appliquait aussi aux élections législatives et
régionales.
La Umma et les Unionistes sont
les deux piliers traditionnels de la politique soudanaise. Ils avaient respectivement terminé premier et deuxième lors du dernier scrutin multipartite de 1986, avant le coup d'Etat
militaire de l'actuel président Omar el-Béchir en 1989.
L'opposition accuse de partialité la commission électorale et estime que le parti du président Béchir
se prépare à bourrer les urnes. Les partis n'ont toutefois pas précisé jeudi s'ils participeraient aux élections législatives et aux régionales également prévues en avril.
Ces retraits surviennent au lendemain de l'annonce du retrait de Yasser Arman, du Mouvement populaire
de libération du Soudan (ex-rebelles sudistes) et principal rival du président Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et
contre l'humanité au Darfour (ouest).
"L'élection présidentielle... a été conçue seulement pour sauver le général Béchir de la CPI", a
déclaré jeudi soir M. Arman.
Selon plusieurs observateurs, le retrait de Yasser Arman a été l'objet d'un accord entre les
ex-rebelles sudistes du SPLM et le parti de M. Béchir. Mais "il n'y a pas eu d'accord" entre le SPLM et le parti de Béchir, a déclaré M. Arman
Le SPLM voulait se montrer solidaire des demandes de l'opposition, mais ne souhaitait pas ulcérer le
président Béchir qui a menacé de rejeter le référendum clé sur la sécession du Sud-Soudan de janvier 2011, estiment plusieurs observateurs.
Le retrait de Yasser Arman, mais l'annonce d'une participation aux législatives et aux régionales,
hormis au Darfour, permettait ainsi aux ex-rebelles de ménager la chèvre et le chou.
Ces retraits massifs surviennent alors que l'émissaire américain Scott Gration tentait de sauver la
crédibilité des élections.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont exprimé mercredi leurs préoccupations concernant
les élections au Soudan et appelé les différentes parties à oeuvrer pour mettre en place un scrutin "crédible".
"Les Américains sont ici pour voir comment ils peuvent sauver le processus (électoral) parce qu'ils
veulent une élection juste et plus crédible", a déclaré Mubarak al-Fadil, un des leaders de l'opposition.
Mais tous les candidats n'ont pas opté pour le boycottage. "Notre parti va s'engager (dans le
processus électoral) de la présidentielle (...) à tous les niveaux", a déclaré jeudi l'opposant islamiste Hassan al-Tourabi, ancien mentor du président Béchir devenu un de ses plus
virulents critiques.
Et Abdelaziz Khaled, candidat d'une petite formation de gauche,
a dit à l'AFP vouloir se maintenir dans la course. D'autres candidats dont Fatima Abdelmahmoud, première femme à briguer la présidence du Soudan, doivent encore prendre leur
décision.