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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 07:22
 
Crise: ceux qui trinquent
Laurent Jeanneau | Alternatives Economiques n° 290 - avril 2010
couverture
 

 

La crise est une bombe à retardement qui n'a pas encore montré tous ses effets sur l'emploi et le niveau de vie des ménages.

 

Le recul de l'emploi a poussé des centaines de milliers de personnes dans le chômage et entamé d'autant leurs revenus. Si le pire a sans doute été évité, la partie est loin d'être terminée: il y a tout lieu de penser que la situation du marché du travail n'est pas prête de s'arranger. Mais ceux qui trinquent le plus souffrent souvent d'un manque de visibilité. Particulièrement les salariés précaires: frappés de plein fouet par le retournement d'activité, ils ont peu d'influence sur le débat public. Quant aux jeunes, eux aussi sont particulièrement touchés par la crise, mais comme leurs difficultés ne datent pas d'hier, on risque de sous-estimer les épreuves qu'ils rencontrent à présent.

Peu visibles, les perdants de la crise le sont également dans les statistiques. Les données disponibles restent lacunaires. C'est le cas de celles qui concernent la pauvreté: les derniers chiffres officiels remontent à 2007! Sans baromètre, les politiques publiques avancent à l'aveugle. Et le gouvernement ne prend manifestement pas la mesure des dégâts sociaux causés par la crise.

Pourtant, celle-ci est une bombe sociale à retardement. Les répercussions d'une récession sur l'emploi se font toujours sentir avec un certain décalage. De même, il existe un délai entre l'augmentation du chômage et la hausse du nombre de bénéficiaires des minima sociaux. Ce n'est qu'une fois leurs droits épuisés que les chômeurs basculent dans le revenu de solidarité active (RSA). Or, plus la crise dure, plus leur situation va devenir critique. Il est donc urgent de réagir face à cette réplique sociale du choc qui secoue l'économie. Sans nouvelles mesures de solidarité, c'est la cohésion de la société dans son ensemble qui va être encore plus ébranlée.

L'enjeu est aussi économique: si les Français ont le sentiment que personne ne vient à leur secours alors que le chômage monte et que la précarité s'étend, ils risquent de se mettre à épargner encore plus et de casser définitivement la timide reprise.

La bombe sociale
Laurent Jeanneau | Alternatives Economiques n° 290 - avril 2010
                                     
                                              Taux de chômage trimestriel au sens du BIT, de 2002 à 2009
Evolution du taux de chômage par sexe en France, entre 2008 et 2009
Evolution du nombre de demandeurs d'emploi de catégories A,B et C entre décembre 2007 et décembre 2009, selon l'âge
Demandeurs d'emploi de catégories A, B et C selon la catégorie socioprofessionnelle, entre décembre 2007 et décembre 2009
Taux de chômage selon le diplôme en 2008
Emplois occupés à la sortie de Pôle emploi, selon le type de contrat, entre juin 2008 et juin 2009
Situation dans laquelle se retrouveront les personnes qui arriveront en fin de droits en 2010
Personnes en situation de sous-emploi, entre 2008 et 2009
Nombre de défaillances d'entreprises par région, en 2009
Nombre de plans de sauvegarde de l'emploi notifiés à l'administration, par mois, entre 2008 et 2009
Variation entre 2008 et 2009 du nombre de défaillances d'entreprises par tranche d'effectifs
Variation du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi entre janvier 2008 et janvier 2010 en catégories ABC
Nombre de bénéficiaires ayant un droit payable au RSA, en France métropolitaine, entre juin et décembre 2009
Pour aller plus loin

 

Chômage, baisse des revenus, pauvreté…, tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne. Jeunes, peu qualifiés et précaires sont en première ligne.

 

Les conséquences sociales de la crise se diffusent surtout à travers les failles du marché du travail. Perdre son emploi, c'est perdre les revenus d'activité qui lui étaient associés. Et même si le système de protection sociale français prévoit des filets de sécurité, ces revenus de remplacement ne permettent pas de garder le même niveau de vie. Sans compter qu'ils ne sont pas éternels. Or, depuis le début de la crise, 600 000 emplois ont été détruits, principalement dans l'industrie, même si la construction et les services ont également été touchés.

Comment redistribuer la richesse?
Denis Clerc | Alternatives Economiques n° 290 - avril 2010
 
Pour éviter que les plus fragiles paient l'addition de la crise, un nouvel effort redistributif est nécessaire. Et pas impossible.

 

Les victimes de la crise se comptent par centaines de milliers en France. Pour certains, il ne s'agit que d'une situation transitoire, dont on peut raisonnablement espérer qu'elle prendra fin avec le retour de la croissance. Mais, en attendant, comment éviter de payer l'addition d'une crise dont on n'est en rien responsable? Et que faire pour ceux auxquels la vie ne faisait pas de cadeaux avant même 2008 et qui disposaient d'un niveau de vie inférieur ou proche du seuil de pauvreté (1)?

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