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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 21:26

Social-Eco - le 4 Avril 2013

Lutte

Chez ArcelorMittal, la stratégie de l’éche.

Le rapport d’expertise qui doit être rendu au CCE aujourd’hui alerte sur les dangers du transfert d’activité de Basse-Indre vers Florange, ardemment défendu par le gouvernement pour maintenir des emplois.


«Un rapport de plus qui va dans le même sens ! » Pour Philippe Verbeke, délégué central CGT, l’expertise remise par le cabinet Secafi au comité central d’entreprise aujourd’hui, révélée mardi par France-Bleu Loire Océan et que l’Humanité a pu se procurer, va permettre de « remettre l’ouvrage sur le feu ». Au vu des conclusions sévères des experts mandatés par le CCE sur le projet de transfert d’activités du site de Basse-Indre (Loire-Atlantique) vers Florange (Moselle), le dossier ArcelorMittal, que le gouvernement espérait clos, risque fortement de revenir sur le devant de la scène. « De notre point de vue, le projet introduit des contraintes industrielles qui individuellement sont surmontables mais, combinées, risquent fortement de conduire à un échec en regard des objectifs assignés et in fine de se retourner contre la filière dans son ensemble et de réduire à néant les efforts commerciaux en conquête et reconquête de parts de marché », conclut le cabinet dans la synthèse de son rapport.

Schématiquement, le projet de la direction consisterait à faire laminer et décaper les bobines d’acier produites sur le site de Dunkerque à Florange, où celles-ci seraient transformées en brut de tandem, ensuite envoyées à Basse-Indre pour subir une nouvelle transformation.


Un montage aberrant

À l’heure actuelle, Basse-Indre est directement alimenté en bobines d’acier par Dunkerque. En introduisant un nouveau maillon dans la chaîne de production, ce montage industriel ne deviendrait rentable qu’à condition d’enregistrer un volume de commandes de 650 000 tonnes d’acier, contre une charge d’environ 450 000 tonnes aujourd’hui, d’après Philippe Verbeke. Si l’objectif chiffré semble réaliste au vu des perspectives de reprise du marché de l’acier à court terme, la capacité d’ArcelorMittal de répondre à la demande paraît, elle, loin d’être assurée. En effet, pour fournir les volumes exigés, les lignes d’étamage à Basse-Indre et à Florange devraient tourner respectivement à 99 % et 98 % de leur capacité maximale. « Cela veut dire tourner en cinq équipes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept », estime Mickaël Éveillard, secrétaire de la CGT à Basse-Indre. « Nous considérons que ces taux de charge restent trop importants pour absorber la fluctuation de la demande et les risques techniques sur les outils », tranche le rapport.


Un montage d’autant plus aberrant que le cabinet d’expertise envisage une alternative industriellement beaucoup plus sûre : préserver Basse-Indre dans son intégrité en l’alimentant à la fois par des bobines de Dunkerque et de Florange. Si la demande atteint effectivement 650 000 tonnes, cela permettrait même à Florange de rouvrir une ligne d’étamage.


«Une décision politique »

Pour protester contre la mise en œuvre du projet, Dominique Cosset, ex-directeur du site de Basse-Indre, est allé jusqu’à écrire au bras droit de Lakshmi Mittal, Carl de Maré, pour l’alerter sur l’« erreur économique et stratégique » que constituerait la fermeture du laminage et du décapage à Basse-Indre. « Sur le plan économique, c’est, au mieux une opération blanche pour les coûts d’exploitation, et au pire une opération coûteuse, en particulier à cause des investissements nécessaires », écrit par ailleurs l’ex-directeur, accompagné de deux autres cadres dirigeants, à l’attention de la CGT et FO.


Ardemment défendu par le gouvernement comme une disposition censée garantir l’emploi sur le site de Florange, ce projet de transfert d’activité semble tellement voué à l’échec que les syndicats s’interrogent sur les motivations des différents acteurs. « Mittal a dit plusieurs fois que le packaging n’avait pas d’avenir en France : ce qui l’intéresse, ce sont les mines et l’automobile », explique Jean-Marc Vécrin, élu CFDT au CCE, qui soupçonne derrière ce montage un crash prémédité de la filière en France. « Ce transfert est une décision politique pour faire avaler l’arrêt de la filière liquide à Florange », lâche même Philippe Verbeke. De son côté, Aymeric Seassau, responsable du PCF en Loire-Atlantique, conseiller régional des Pays de Loire, demande « une réunion rapide de l’ensemble des élus concernés par les sites Arcelor en présence des syndicats pour mettre en oeuvre un projet industriel alternatif ».

 

Journée d’action européenne dans l’acier
Une trentaine de syndicats de la sidérurgie, à l’appel de la fédération de l’industrie européenne IndustriAll, se mobilisent aujourd’hui en France, en Belgique, en Italie, en République tchèque et en Pologne pour protester contre le démantèlement de la filière orchestré par ArcelorMittal. Exigeant un moratoire sur tous les plans de restructuration « jusqu’à l’adoption du plan d’action de la Commission européenne pour la sidérurgie en Europe et l’engagement de s’appuyer sur ce plan pour pérenniser les sites et les outils du groupe », IndustriAll dénonce les milliers de suppressions d’emplois qui ont saigné la filière rien qu’en 2012, entraînant un « recul majeur du groupe sur le marché européen par rapport à ses concurrents ». En France, une intersyndicale CGT-CFDT-FO-CGC d’ArcelorMittal doit être reçue en fin d’après-midi au ministère du Redressement productif. « On va sérieusement interpeller le gouvernement », insiste Philippe Verbeke, pour qui la nationalisation partielle 
du groupe reste d’actualité.

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 20:49

Politique - le 4 Avril 2013

Evasion fiscale : Pierre Laurent appelle à "une convocation extraordinaire du Parlement"

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a demandé ce jeudi que le Parlement suspende ses débats pour se consacrer à la lutte contre l'évasion fiscale. C'est que selon lui la crise est totale, et nécessite qu'on s'attaque aux racines du pouvoir de l'argent.


Sur France inter au journal de 13 heures, le sénateur de Paris a réaffirmé son diagnostique de "crise très grave" à propos de l'affaire Cahuzac mais aussi des révélations du Monde sur des paradis fiscaux et le trésorier de campagne du candidat François Hollande.


"C’est une crise très grave, il faut aller à la racine des problèmes, on ne va pas se contenter de belles paroles. On voit bien que c’est le conflit d’intérêt entre le monde de la finance et des fractions importantes du monde politique qui sont à l’origine de cette crise. Et c’est à cela qu’il faut s’attaquer. Il y a des propositions pour ce faire qui sont sur la table depuis longtemps. "Je rappelle qu’à l’initiative d’un sénateur communiste, Eric Bocquet, le sénat a adopté un rapport qui fait 60 propositions pour lutter contre l’évasion fiscale, ces propositions sont aujourd’hui lettre morte. Donc il faut passer aux actes."


"La crise politique est totale, la crise de confiance est totale"

Dans une interview accordée à l’Humanité de ce jeudi, Pierre Laurent explique le fond de la crise politique. "Mais la crise politique est déjà là ! Elle a été nourrie depuis des années, pendant dix ans de pouvoir de droite, menée de concert avec les institutions européennes pour dessaisir les citoyens, en appliquant des traités désavoués par la majorité des Français. Dans ces conditions, et si le pouvoir socialiste continue de manière si indécente à tourner le dos aux engagements, aux espoirs de changement social qui ont été exprimés par les Français, et que s’ajoutent des dérives graves comme celle de Jérôme Cahuzac au cœur de l’appareil d’État, le risque d’une amplification de la crise politique est évident. Si nous voulons empêcher que la suspicion du «tous pourris» empoisonne la vie publique, il convient de s’attaquer aux racines du pouvoir de l’argent, en clarifiant les relations entre le pouvoir politique, qui doit émaner des citoyens, et les milieux financiers, qui n’ont pas à se substituer à l’intérêt général. C’est ainsi que l’on reconstruira une politique guidée par l’intérêt général et non par l’appât du gain. "


Pierre Laurent a ainsi estimé qu’"il faut un acte fort pour changer de politique, et donc changer d’équipe pour la mener." Il a jugé les 3 mesures proposées hier par François Hollande clairement insuffisantes. Pierre Laurent avance notamment que si on veut une justice vraiment indépendante, il faut changer le mode de nomination des juges. Quant aux conflits d’intérêts, "bien sûr qu’il faut plus de transparence sur les déclarations des élus, mais il faut s’attaquer surtout aux conflits d’intérêts avec le monde économique et là l’affaire est beaucoup plus sérieuse. Il faut aller beaucoup plus loin que ce qu’a annoncé le Président de la république."

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 22:37

 

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 22:34

 

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 22:12

- le 2 Avril 2013

Thierry Mandon lors du débat sur l'ANI : "bien triste spectacle" (Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF)

Ça commence fort ! Le député Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste, vient d'adresser un hommage appuyé...à la présidente du Medef, Laurence Parisot, pour son rôle dans la négociation de l'accord sur l'ANI.


Thierry Mandon a hélas raison. Le Medef a tenu fermement la plume lors de la rédaction de ce texte qui sécurise le patronat pour exercer son chantage à l'emploi et qui désarment les salariés. Pour lui, "cette attitude contraste avec celle de l'opposition qui ne s'est jamais remise de sa défaite et annonce la crise de régime à chaque coin de rue". Que le député Mandon soit rassuré, les parlementaires de la droite ont d'ores et déjà annoncé qu'ils voteraient l'ANI. C'est embarrassant quand même, après avoir promis le changement, de voter un texte inspiré et soutenu par les forces hostiles à ce changement. Bien triste spectacle.


Toutes celles et ceux qui ont voulu majoritairement une autre politique au printemps dernier seront représentés par les députés du Front de gauche et, nous l'espérons, par d'autres députés de gauche.

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 21:23

Social-Eco - le 2 Avril 2013

Emploi

L’ANI, le poison d’avril que la gauche ne digère pas.

Cet après-midi s’ouvre, pour quatre jours et demi, l’examen du projet de loi qui transcrit l’accord national interprofessionnel (ANI). Le scénario rêvé par le gouvernement d’une adoption sans vague par les députés s’éloigne à mesure que des convergences se font jour à gauche pour amender sérieusement le texte.


Treize séances publiques à l’Assemblée nationale, entrecoupées par les nuits ou les repas, et étalées sur quatre jours et demi, de cet après-midi à samedi. C’est à un sprint plus qu’à une course de fond que sont conviés les députés, à partir de cet après-midi, pour venir à bout du projet de loi dit de sécurisation de l’emploi, retranscription de l’accord national interprofessionnel (ANI) signé par trois syndicats sur cinq (CFDT, CFTC et CFE-CGC ont signé, la CGT et FO ont refusé d’apposer leur paraphe), et qui se propose d’introduire davantage de flexibilité dans l’organisation du travail, via la facilitation des procédures de licenciement, ou encore la modification de la durée et de la rémunération du travail.


D’emblée, il y a un hic : treize séances à l’Assemblée, c’est, par exemple, la durée qui a été consacrée, ces dernières semaines, à un projet de loi sans commune mesure, comme le remplacement des conseillers généraux par les conseillers départementaux. Un délai insuffisant, en tous les cas, pour un examen sérieux et approfondi des plus de cinq mille amendements déposés sur le texte, lesquels émanent pour la plupart de parlementaires de gauche. Le gage que l’on n’a pas affaire à une manœuvre d’obstruction classique quand elle vient de l’opposition, mais à l’insatisfaction profonde d’élus de la majorité de gauche à l’Assemblée nationale. "Nous ne sommes pas pour le tout ou rien, explique d’ailleurs à l’Humanité André Chassaigne, président (PCF) du groupe des députés Front de gauche, auteurs du plus grand nombre de ces amendements (voir l’entretien en page 5). Nous allons essayer de construire des convergences pour améliorer le texte. Elles sont possibles avec des élus écologistes, radicaux de gauche ou de l’aile gau che du PS sur nos amendements ou sur ceux des leurs." Des convergences qui se cherchent depuis plusieurs semaines au fil des prises de position à la tonalité de plus en plus critiques, émanant tant d’Europe Écologie-les Verts, qui a demandé à ses parlementaires, le 23 mars, d’« amender » un texte "trop déséquilibré et insuffisamment sécurisant les salariés », que du PS lui-même, avec la pétition lancée par plus de mille responsables et élus socialistes locaux (1 600 hier soir, consultable sur nonsocialisteaumedef.tumblr.com). "Amender le projet de loi, améliorer le Code du travail, écouter les syndicats majoritaires... Il n’y a rien de plus urgent quand on est socialiste", estiment les signataires de l’appel, pour lesquels « le Parti socialiste n’est donc pas comme un seul homme derrière ce texte législatif en préparation qui entérinerait de nombreuses régressions dans le droit de travail pour les salariés ».


Ce scénario n’était pas vraiment prévu par le gouvernement, qui comptait sur la docilité des parlementaires socialistes pour adopter sans faire de vagues le projet de loi, au nom du respect prétendu du dialogue social, nouvelle pierre de touche du compromis social-démocrate dont se revendique le pouvoir. Le rapporteur (PS) du texte à l’Assemblée nationale, le député Jean-Marc Germain, s’est ainsi résolu à donner son feu vert certains amendements au texte, portant sur la mobilité interne des salariés ou la définition d’un plancher de rémunérations interdites à la baisse, manière de prendre « en compte les inquiétudes des non-signataires ». Mais avec une limite de taille : « Toute correction devra être approuvée par les signataires », a prévenu François Hollande.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:43
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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:35

Social-Eco - le 31 Mars 2013

Retraites: Ayrault et Hollande précisent leurs axes de réforme

"Nous ne toucherons pas à l'âge légal" de départ à la retraite, affirme ce dimanche Jean-Marc Ayrault. "Il faudra agir sur tous les leviers", avait expliqué auparavant François Hollande.


De jeudi soir à ce dimanche, le président de la République et son Premier ministre ont avancé par petites touches ce que pourrait réserver la réforme du financement du régime général des retraites annoncée pour cette année. Fidèle à sa stratégie de la "boite à outil", l'exécutif compte "jouer sur tous les paramètres" pour équilibrer les comptes annoncés comme déficitaires dès 2020.

Voici le cadre donné aux prochaines négociations syndicats-patronat. :

  • Départ dès 60 ans pour les carrières longues. "Ce que j’avais refusé, c’est l’inégalité, a expliqué François Hollande jeudi soir lors de son intervention télévisée. C’est la raison pour laquelle j'ai décidé en juin dernier que ceux qui ont cotisé suffisamment avant 60 ans peuvent partir dès 60 ans."
  • 62 ans. "Nous ne toucherons pas à l'âge légal" de départ à la retraite, affirme par ailleurs Jean-Marc Ayrault dans un entretien au Journal du dimanche.
  • Allongement de la durée de cotisation. Si l'âge légal n'évolue pas, il sera plus difficile d'avoir tous ses trimestres de cotisation pour prendre effectivement sa retraite dès 62 ans. "Il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues. On a 20 milliards d’euros de déficits en 2020 si nous ne faisons rien", a insisté François Hollande. Son Premier ministre précise: "L'espérance de vie a considérablement augmenté. On vivra plus longtemps à la retraite que nos parents et grands-parents. Tout le monde le comprend."
  • Désindexation des retraites, sauf pour les plus basses. "Il n'y aura pas de désindexation pour les retraites de base" a expliqué François Hollande. Dans les faits, cela revient à appliquer la même désindexation sur l'inflation décidée récemment pour les retraites complémentaires, excepté pour les faibles pensions. Ce que Jean-Marc Ayrault traduit ainsi: "Il y a un préalable: il n'est pas question que les petites retraites soient pénalisées."
  • Pénibilité contre convergence des régimes de retraites. "Le fil conducteur de nos décisions, c'est la justice. Cette réforme traitera la pénibilité au travail, la complexité des régimes et résoudra les inégalités", affirme le chef du gouvernement. Interrogé sur le sujet ce dimanche, Laurent Berger, leader de la CFDT, décrypte. D'un côté "il faut des mesures correctives (...) pour les femmes qui ont souvent des carrières plus morcelées, pour ceux qui commencent à travailler tôt, pour ceux qui ont ont des métiers pénibles (...) pour ceux qui ont des périodes de chômage, des systèmes de solidarité permettant de pouvoir rattraper quand vous n'avez pas cotisé suffisamment." De l'autre, "il faut un système (de retraite) beaucoup plus lisible où le libre choix soit davantage possible, il faut aller vers plus d'harmonisation des régimes", a-t-il ajouté, sans évoquer néanmoins une "réforme systémique" (régime par points ou en comptes notionnels) comme le faisait la CFDT auparavant.

Discussions

Ceci posé, "il y aura des discussions entre les partenaires sociaux", avait affirmé François Hollande jeudi. Son Premier ministre donne le tempo: "La commission présidée par Yannick Moreau présentera un rapport en juin. Tous les scénarios seront sur la table à l’occasion de la grande conférence sociale qui suivra. Puis les partenaires sociaux en débattront. À l’automne, les choses seront claires pour tout le monde."

L'objectif est défini: "Nous paierons les retraites, nous préserverons les plus petites retraites, et nous pérenniserons les régimes de retraite pour les générations à venir", explique Jean-Marc Ayrault.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:23

 

Jean-Pierre Bel

Politique - le 27 Mars 2013

Gauche

Jean-Pierre Bel: "Le Sénat ne s’affaiblit pas quand 
il fait entendre une voix différente"

Au fil des votes, 
le Sénat est devenu le lieu où se rencontrent et parfois se confrontent les différentes options 
de gauche, avec toutes les difficultés que cela implique pour sa majorité. Son président, Jean-Pierre Bel, nous a reçus. 


Vous êtes président du Sénat depuis dix-huit mois. Quel bilan en tirez-vous ?

Jean-Pierre Bel. Il y a eu des séquences différentes. Avant l’élection présidentielle, le Sénat de gauche a montré qu’il avait une majorité. Nous montrions, sur des textes très différents, ce qu’était une politique de gauche: le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, le budget… En d’autres temps, on aurait dit que nous apparaissions comme l’avant-garde éclairée de quelque chose qui devait arriver derrière, et la majorité se retrouvait sur tous les sujets. Ces six mois ont été pour nous les plus enthousiasmants mais ils commencent à être lointains. Et puis il y a eu le changement à l’Élysée. Nous avons commencé une nouvelle période, où certains textes essentiels dans la vie parlementaire et gouvernementale, comme le budget, n’ont pas été votés ici. J’ai été assez stupéfait d’entendre dire de l’extérieur que c’était un couac. Il suffisait de voir qu’il n’y a que six voix de majorité, que le groupe communiste républicain et citoyen (CRC) compte vingt sénateurs et que, dans la mesure où il n’y avait pas d’accord sur un certain nombre de sujets, il ne s’agissait pas d’une question de manque d’autorité. Il aurait fallu que je convoque Pierre Laurent ou Jean-Vincent Placé pour leur dire : « Ce n’est pas bien, il faut voter le budget » ? C’est ridicule !

 

Le Sénat n’est-il pas affaibli par cette situation, puisque ce sera toujours l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot ?

Jean-Pierre Bel. Le Sénat ne s’affaiblit pas quand il fait entendre une voix différente. Il est révélateur d’une situation politique à un moment donné. Nous sommes une assemblée politique, pas un club de philatélistes, avec la gauche, la droite et des regards différents. Pour moi, le rôle particulier du Sénat aujourd’hui, c’est de chercher les voies de ce qui demain pourra rassembler et rapprocher la majorité sénatoriale de la majorité gouvernementale. C’est mon point de vue, mais il n’est peut-être pas partagé par tout le monde…

 

En début d’année, vous aviez évoqué des « gestes » pour fluidifier les relations dans la gauche sénatoriale. Des réunions rassemblant les chefs de groupe et le premier ministre devaient se tenir régulièrement…

Jean-Pierre Bel. Les collègues présidents de groupe, notamment Éliane Assassi, du groupe CRC, regrettaient de ne pas être suffisamment informés, de ne pas avoir suffisamment de contacts. J’ai œuvré pour que ça se fasse. Il y a eu quelques rencontres. Mais j’ai compris qu’en plus d’être reçus, ils veulent être entendus. Alors là, c’est plus compliqué, puisqu’il y a des désaccords sur plusieurs sujets. Il nous arrive d’être attentifs à ce que propose le groupe CRC. Sur la loi d’amnistie sociale, même si ce n’est pas exactement le texte que les communistes avaient proposé au départ, c’était, de la part du Sénat, une volonté de se retrouver. Je ne suis pas sûr que le gouvernement était à 100 % pour au départ.

 

Procédures parlementaires d’urgence, appels de ministres à ne pas amender les textes, possibilité de légiférer par ordonnances aujourd’hui évoqués… N’avez-vous pas parfois l’impression que seul le gouvernement a réellement la main sur le législatif ?

Jean-Pierre Bel. Il arrive que les parlementaires eux-mêmes demandent à ce que les textes soient votés en urgence, ne serait-ce que pour qu’ils ne s’enlisent pas. Mais c’est vrai que la pratique de l’urgence est toujours une tentation pour le gouvernement. On a râlé à plusieurs reprises, mais je ne considère pas que nous sommes arrivés à un niveau totalement inacceptable.

Pour ce qui est des ordonnances, j’attends des précisions sur ce dont il s’agit. Pour le moment, le président a seulement fait référence à la question des normes, notamment en matière d’urbanisme, qui constituent un problème parce qu’elles empêchent le développement du logement social. Et puis il existe des ordonnances qui ne sont que l’application prévue d’une loi. Je ne considère pas que le gouvernement méprise le Parlement aujourd’hui. Quelquefois, il aurait mieux fait de nous écouter. Quelquefois, il y a eu de la précipitation. Mais j’ai vu ce qu’il en était sous la précédente majorité. On ne peut pas dire aujourd’hui que c’est scandaleux.

 

Plus largement, le Sénat comme institution était jusqu’à très récemment l’objet de très fortes critiques de la gauche. Depuis l’alternance, les critiques ont fortement baissé. Mais vous vous êtes dit favorable à une réforme du Sénat…

Jean-Pierre Bel. L’alternance a légitimé le Sénat. Cinquante ans sans changement de majorité, c’était un problème démocratique. En revanche, il nous faut un bicamérisme adapté au monde d’aujourd’hui. C’est pour cela que, contrairement à certains de mes amis, je suis favorable à la limitation du cumul des mandats. J’ai écrit, il y a quelque temps, un livre qui s’appelait le Sénat de l’alternance. J’y considérais qu’il fallait faire une place beaucoup plus importante aux départements et aux régions parce que, même si les communes doivent rester la partie essentielle, le Sénat doit représenter toutes les collectivités territoriales.

 

Puisque l’on parle de collectivités territoriales, parlons du gros morceau de l’année : l’acte III de la décentralisation. Le Sénat, qui représente les collectivités, sera-t-il en mesure de faire passer sa vision, ou est-ce le texte ficelé du ministère qui devra être adopté ?

Jean-Pierre Bel. Le moins que l’on puisse dire c’est que le texte qui vient ne fait pas l’unanimité, soit parce qu’il est méconnu, soit parce qu’il est incomplet, soit parce qu’il crée de véritables divergences. J’ai dit à François Hollande qu’il fallait que le Sénat prenne la main sur le dossier. Il m’a dit qu’il en était d’accord. Que le Sénat puisse poser sa marque évitera peut-être les difficultés que nous avons rencontrées lors de l’examen de précédents textes. La majorité sénatoriale pourrait peut-être se retrouver, quitte à modifier en profondeur le texte du gouvernement. Nous partirons des conclusions des états généraux de la démocratie territoriale pour apporter des réponses aux grands sujets identifiés : gouvernance, pacte de confiance, accès des citoyens aux services. Il faut démontrer que la décentralisation n’est pas une question d’initiés. Elle touche la vie des gens dans leur quotidien. J’inaugurais la semaine passée une piscine, un centre culturel et une crèche : tout cela, c’est le fruit de l’intercommunalité. C’est une question politique essentielle.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:17

Monde - le 31 Mars 2013

Mali: la France suit de près le processus politique à Bamako

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a salué ce dimanche comme une "étape importante" les premières nominations intervenues la veille à la tête de la commission pour le dialogue et la réconciliation au Mali, et a annoncé qu'il se rendrait vendredi à Bamako.


Même si François Hollande a affirmé jeudi soir sur France 2 que "le temps où la France désignait les chefs de l’Etat en Afrique est révolu", Paris suit de très près le processus politique en cours au Mali. Car le président français a donné sa feuille de route à Bamako: "Il y aura des élections à la fin de juillet. Nous serons intraitables sur le sujet", a-t-il expliqué lors de son intervention télévisée.


Laurent Fabius a donc été très attentif aux nominations du président et des deux vice-présidents de la Commission dialogue et réconciliation (CDR) récemment créée, par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré. Et l'a fait savoir ce dimanche. "C'est une étape importante vers la réconciliation politique", juge le chef de la diplomatie française dans un communiqué. "Ce processus constitue, avec les élections, le complément indispensable de l'action de la communauté internationale pour la sécurité et le développement du Mali. Je me rendrai vendredi prochain à Bamako pour rencontrer les principaux responsables de la transition", ajoute-t-il.

 

Dialogue et réconciliation

Selon le gouvernement malien, la CDR, qui sera composée de 30 membres, a pour mission de:

  • "rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes"
  • "recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue de réconciliation" dans ce pays déchiré par des attaques contre l'armée entre janvier et mars 2012, suivies d'une occupation pendant plusieurs mois du vaste Nord par des groupes armés incluant rebelles touareg et jihadistes. Les jihadistes avaient fini par évincer leurs ex-alliés rebelles touareg des zones sous leur contrôle.

La réconciliation entre toutes les communautés maliennes  n'ira pas de soi au vu du nouvel attentat suicide et d'une tentative d'infiltration des djihadistes qui ont affronté dimanche des soldats maliens et français à Tombouctou. Au moins trois jihadistes ont été tués en moins de 24 heures dans cette ville historique du nord du Mali: le kamikaze auteur de l'attentat suicide qui n'a pas fait d'autre victime, ainsi que deux combattants islamistes.

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