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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 19:33

Entre deux chaises
le mardi 19 mars 2013 à 17h00
 
à l'Institut français d'Alger
Avec Sylviane Roche, enseignante et critique littéraire
Conférences Retour à la liste En partant d’un texte de l’écrivain espagnol Juan Goytisolo, Sylviane Roche développe le thème de l’exilé qui n’est plus de nulle part, littéralement assis entre deux chaises. Il y a le sentiment d’illégitimité qui saisit l’exilé condamné à vivre dans des lieux sans mémoire, et aussi la culpabilité d’avoir abandonné, là-bas, des êtres et des lieux aimés.

Elle évoque aussi la situation particulière de l’écrivain en exil, son rapport à sa langue maternelle, et l’étonnement de l’écrivain francophone, exilé à l’intérieur même d’un français différent.

Sylviane Roche a enseigné pendant de nombreuses années dans les lycée vaudois, en Suisse. Critique, elle a fait partie pendant vingt ans du comité de direction de la revue littéraire lausannoise Écriture.

En partenariat avec l'Ambassade de Suisse en Algérie

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 20:56



L'histoire de France vue par Marine Le Pen:
une honte pour la République


Le 26 février 2013, en déplacement à Rocamadour, Marine Le Pen, fidèle aux traditions de l’extrême droite, a proposé un "rééquilibrage de l'apprentissage de l'Histoire de France", en faveur de "ses éléments les plus glorieux".

Elle s'est notamment déclarée "défavorable à un enseignement de la seconde guerre mondiale": il est vrai que pour son père, « selon son célèbre propos du 13 septembre 1987 », "les chambres à gaz " - dans lesquelles périrent des millions d'hommes, de femmes et d'enfants - n'étaient "qu'un détail de l'histoire". Il est vrai aussi, que c’est le jour même de commémoration de  la libération du camp d'Auschwitz - le 27 janvier 2012 - que Marine Le Pen -  invitée d’honneur du FPÖ, principale organisation d’extrême-droite autrichienne - valsait au bal des corporations estudiantines de Vienne, avec les leaders néo-nazis pangermanistes.

Qui pourrait prétendre que parmi ces éléments qualifiés des « plus glorieux » ne figure pas la Résistance au nazisme et au fascisme pendant la seconde guerre mondiale ? Ces hommes et ces femmes, Français ou étrangers, qui, parfois au prix du sacrifice ultime de leur vie, se sont levés contre la "bête immonde" pour que triomphe la Liberté? Au nom des victimes de la barbarie nazie, contre la volonté d'amnésie de Marine Le Pen, le MRAP réaffirme un imprescriptible devoir de mémoire.

Autre thème cher au Front national : celui des "bienfaits de la colonisation", également abordé par Marine LE PEN à Rocamadour dans son interrogation aux enfants. Non, le colonialisme et la colonisation n'ont pas joué "un rôle positif" !  La colonisation s'est appuyée sur la violence, l'humiliation ou la prétendue « supériorité » d''un peuple sur un autre. Le racisme en était le fondement. Sur plusieurs continents et jusqu'au coeur de Paris, cette Histoire a été émaillée  de crimes et de massacres qui en sont une partie intégrante.

Au moment où nous apprenons le décès de Stéphane Hessel, résistant déporté par le nazisme, un symbole de l'honneur de la France à qui nous rendons un immense hommage, nous faisons nôtre son célèbre appel : « Indignez vous ! ».

Oui, indignons-nous des odieux propos de Marine Le Pen !

Paris, 27 Février 2013

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 20:53

Paris, le 27 février 2013
                           COMMUNIQUE DE PRESSE           

SOS Racisme salue la mémoire de Stéphane Hessel qui aura pu incarner un engagement passionné pour des valeurs humanistes et universalistes.
 
Nous tenons à rendre hommage à cet ancien résistant qui aura défendu avec conviction, et au sein d'un parcours atypique, l'idée d'une Europe sociale et politique.
 
SOS Racisme se rappelle également avec émotion ses prises de position récentes en faveur du droit de vote des étrangers, des sans-papiers et son combat pour les Droits de l'Homme.
 
 
Contact Presse : Aline Le Bail-Kremer, 06 73 06 99 74
 

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 20:50


Le MRAP salue avec respect la mémoire du grand Résistant
et grand combattant pour les Droits de l’Homme

Né à Berlin en 1917, fils de l’écrivain Franz Hessel et de Helen Grund, Stéphane Hessel arriva à l’âge de 7 ans en France et fut naturalisé français en 1937. Mobilisé en 1939, il choisit de rejoindre les Forces Françaises libres en 1941. Arrêté par la Gestapo, il fut alors déporté à Buchenwald puis Dora. Il devait déclarer  en 2010 : « 93 ans, la fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique :  le programme élaboré il y a soixante-dix ans par le Conseil national de la résistance ! ».

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, devenu normalien, il entama sa carrière diplomatique en rejoignant le Bureau du Secrétaire Général adjoint des nations-unies à New-York.  A ce titre, il suivit de très l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par ses principaux rédacteurs que furent Eleanore ROOSEVELT et le grand juriste français, René CASSIN. Ce texte fut voté le 10 décembre 1948 à Paris, au Palais de Chaillot.

Sa fonction diplomatique – qui l’envoya notamment de 1963 à 1969 en Algérie où il fut chargé de la Coopération – lui donna à plusieurs reprises l’occasion de poursuivre son implication dans le système des Nations Unies. Militant anticolonialiste, il rejoignit le combat politique de ceux qui s’engagèrent pour la décolonisation.

Ce ne fut pas « par hasard » que le Mouvement naissant des « Sans-papiers », après l’occupation de l’église parisienne de Saint-Ambroise le 18 mars 1996 – avec le soutien immédiat d‘ associations (dont le MRAP) et de syndicats engagés - décida de solliciter la médiation de Stéphane HESSEL, en tant que président et porte-parole du Collège des Médiateurs, pour négocier avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean-Louis DEBRE, les modalités et critères de régularisation des Sans papiers entrés en lutte.

Pas de hasard, non plus, dans sa présence lors de l’inauguration du Tribunal Russell sur la Palestine – tribunal citoyen d’opinion créé en 2009 - dont prirent l’initiative Ken COATES et Nurit PELED –pour « réaffirmer la primauté du droit international comme base du règlement du conflit israélo-palestinien » .

Vint en 2010 – en soutien à l’occupation par les ‘Indignés’ de la place de la Puerta del Sol à Madrid -  l’Appel qui a, depuis lors, fait plusieurs fois le tour du monde : « Indignez-vous ! ». Indignation active que celle de Stéphane HESSEL – donnant lieu à l’exhortation de 2011 « Engagez-vous ! ». 

C’est « Le chemin de l’Espérance », co-signé par Stéphane HESSEL et Edgar MORIN dont les parcours  suivirent de semblables cheminements – qui achève de donner sens à ces engagements d’une vie : « Notre propos est de dénoncer le cours pervers d’une politique aveugle qui nous conduit au désastre. Il est temps d’énoncer une voie politique de salut public. Il est temps d’annoncer l’espérance ».

Une espérance que le MRAP ne cessera jamais cessé de porter.
Communiqué de presse du 27 février 2013

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 19:14

 
Les rencontres de la FondationLa Chine après le 18e congrès : changement ou continuité ?
Rencontre avec Dominique Bari, journaliste, Shen Dali, universitaire, spécialiste de littérature française, écrivain, et Jean-Claude Delaunay, économiste

Mercredi 27 février 2012, de 18h30 à 20h30,
à la Fondation Gabriel Péri,
11 rue Étienne Marcel à Pantin (93)
métro Hoche
Plan d’accès

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de vous inscrire par mail à l’adresse inscription@gabrielperi.fr.


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Lors de son 18e congrès en novembre 2012, le Parti communiste chinois s’est doté d’une nouvelle direction. Xi Jinping qui a accédé au poste de secrétaire général du PCC devrait assurer ses fonctions le temps de deux mandats de cinq ans à la tête de la 2e puissance économique du monde.

L’étape est cruciale pour la Chine qui se réoriente vers un nouveau modèle de développement. Les défis à relever sont nombreux tant sur le plan intérieur que sur le plan international. Comment la nouvelle équipe dirigeante répondra aux aspirations de réformes sociales, économiques et politiques qui concernent le fonctionnement du système de direction du Parti et du pays, peu transparent et controversé ? Face à la montée des inégalités et à la forte contestation sociale,la démocratisation de la société, est au cœur de profonds débats d’orientation, tout comme les solutions proposées dans le domaine économique, social et environnemental. Avec le renouvellement de la classe dirigeante, assiste-on à un changement de cap ou à une politique de continuité de l’équipe précédente ? Quels sont la vision et les objectifs du nouvel exécutif chinois ?

La fondation Gabriel Péri vous invite à en débattre au moment où la Chine entre dans une nouvelle année, sous le signe du serpent. La rencontre sera animée par Michel Maso, directeur de la fondation Gabriel Péri.

Dominique Bari est journaliste, ancienne correspondante de L’Humanité à Pékin. Elle collabore aux activités de la fondation Gabriel Péri.

Jean-Claude Delaunay est professeur honoraire des universités en Sciences économiques, auteur d’ouvrages et articles sur l’économie des services et le capitalisme monopoliste financier mondialisé : Le Dollar, monnaie mondiale, 2006 ; Lire le capitalisme contemporain, Essai sur la société du XXIe siècle (Éd. Le temps des Cerises, 2007), en collaboration avec Quynh Delaunay ; La Chine, la France, la France, la Chine. Éléments d’une discussion, 2012. Il est membre de la World Association of Political Economy (WAPE) et du Conseil Scientifique de la Fondation Gabriel Péri.

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 13:46

Pour une Terre meilleure !
le mardi 26 fevrier 2013 à 14h30
 
l'Institut français d'Alger


Animation destinée aux enfants à partir de 8 ans.
Arts de la scène Retour à la liste Présentation d’un documentaire


• Pour une Terre meilleure !
De multiples dangers nous guettent. Tout le monde le sait et le répète : l'eau risque de manquer, l'air est pollué, le climat change, les déchets nous envahissent ... Autant de sujets abordés d'une façon dramatique par les médias.
Pour y remédier, c'est aujourd'hui qu'il faut agir, maintenant que c'est encore possible. De plus, il est évident que la sensibilisation des plus jeunes à ces problèmes est cruciale : ce sont eux qui demain auront à gérer tous ces problèmes.


Dans le cadre des animations offertes aux enfants, à partir de 8 ans.


Zahia vous fera découvrir toutes les richesses naturelles actuelles ainsi que l’aspect vivant de la planète à travers un livre intitulé « Planète Terre, agir maintenant pour vivre mieux demain » et vous proposera des jeux éducatifs.
Lecture de contes
• L’enfant bleu
• La Tortue et le Lapin (en Arabe)
Présentation d’un roman
• Le garçon qui voulait courir vite
• Atelier dessin avec Joe Okitawonya

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 12:58



PRINTEMPS ARABES :
LE DENTIFRICE NE RENTRERA PLUS DANS LE TUBE!

Michel Rogalski
Directeur de la revue Recherches internationales

Deux années après les révoltes arabes de Tunis et du Caire le temps de l’enthousiasme cède le pas à celui de la réflexion. L’émotion doit faire place à l’analyse. Certes, personne ne regrettera les dictatures tombées, les tyrans défaits et les chapes de plomb qui étouffaient ces régimes bénéficiant d’une bienveillance affichée des démocraties occidentales. Mais, si la joie devant la trouille des dictateurs, leurs craintes d’être happé un à un devant une lame de colère contagieuse reste un souvenir heureux et ineffaçable, il serait aujourd’hui inapproprié de rester insensible aux nuages qui menacent ce qu’ont été ces formidables soulèvements sociaux et populaires. La joie indicible qui fut la nôtre ne peut à elle seule nous empêcher d’exprimer nos inquiétudes.
L’imprévisible !


Bien sûr, ce qui s’est produit n’est pas réductible à une parenthèse et il n’est au pouvoir de personne de siffler la fin de la récréation ou le clap de fin de partie. Car des sociétés qui ont connu de tels bouleversements ne sont plus dociles et n’ont plus peur, car celle-là a changé de camp. Et le dentifrice ne rentrera plus dans le tube. Mais ayons garde qu’il ne soit piétiné, car les pesanteurs, la soif de revanche et les ambitions tapies dans l’ombre pourraient coaguler dans un sens tout à fait opposé au mouvement émancipateur d’origine. Le temps de la vigilance est donc arrivé. Avec ses exigences, qui imposent de resituer les événements dans la temporalité de l’évolution d’une zone culturelle et stratégique. Car, en deux années, la région a été totalement bouleversée et le temps s’est accéléré sous l’impact de délitement et d’implosion internes et d’ingérences extérieures. Des tendances et des enjeux se sont confirmés et surplombent aujourd’hui l’évolution de l’ensemble de la région arabo-musulmane. La scène malienne s’en trouve également affectée.


Aucun analyste ne peut prétendre avoir prévu que des régimes aussi autoritaires que ceux de Ben Ali ou de Moubarak s’effondreraient en si peu de temps selon des modalités aussi peu conformes aux schémas traditionnels de la vie politique. Absence de leader reconnu, pas de formes organisées s’incarnant dans un parti ou une structure militante, pas de programme, pas d’accumulation de luttes de masse. Juste un mot d’ordre et un désir : le départ des despotes et la fin de l’humiliation. Aucune chancellerie n’avait vu l’orage arriver. Aucun complot n’avait tiré les ficelles et organisé l’événement. Ces régimes se sont effondrés parce qu’ils étaient arrivé en fin de course, que la peur avait changé de camp et que les appareils répressifs ont joué l’avenir avec prudence en lâchant les pouvoirs en place.


Les despotes écartés, le temps de la reconstruction commença. Avec son cortège d’ingérences et de manœuvres. Les sociétés politiques apparurent sous leur jour le plus dépouillé. Les partis quasiment uniques, liés au pouvoir, avaient cantonné et toléré dans la société civile l’essentiel de la contestation. Les forces islamistes en avaient depuis longtemps pris le contrôle, profitant des insuffisances de l’Etat pour initier des activités de piété. Très vite elles apparurent comme la seule force organisée capable de jouer un rôle politique majeur et de canaliser la contestation. Elles bénéficiaient en outre d’un double atout. Leur statut incontesté de victimes de la répression des régimes tombés et de solides soutiens financiers internationaux provenant de régimes soutenant l’islam politique, au premier desquels l’Arabie séoudite et le Qatar.


Un des effets des Printemps arabes est d’avoir révélé comme incontournable dans la région la centralité des Frères musulmans, souvent flanqués de Salafistes refusant le cadre électoral pour la prise du pouvoir et prônant le recours à la violence. L’objectif des deux formations restant assez voisin dans leur volonté d’appliquer l’essentiel des principes de la charia à toute la société. Très vite des consultations s’organisèrent. Processus constituant ici, législatives là. Partout le résultat fut le même. Raz-de-marée « islamiste », percée faible des forces laïques, progressistes et émancipatrices. Mais surtout organisation structurée d’un côté et émiettement, divisions ou joyeuse anarchie de l’autre. Combat inégal dont l’issue n’est pas forcément écrite d’avance, mais qui nourrit néanmoins de sérieuses inquiétudes. La situation qui émerge aujourd’hui vient de loin et reflète et sanctionne plusieurs décennies d’évolution politique de cette région.
Une zone fortement perturbée


En effet, en quelques décennies, cette zone arabo-musulmane a connu les pires dérives. Vaste ensemble de libérations et de constructions nationales, marquée par un fort sentiment anti-impérialiste, cette zone a été dévastée par plusieurs guerres. Le mouvement national a été défait. Les forces progressistes ou marxistes qui y jouèrent un rôle important dans les décennies cinquante et soixante ont été partout l’objet d’une répression féroce et furent ciblées comme ennemi principal par les forces obscurantistes et religieuses qui montaient. L’islam politique et intégriste a tué plus d’arabes que d’occidentaux. Le nouveau panorama politique qui émergea substitua à l’ancienne grille de lecture de nouvelles lignes de forces organisées sur un schéma qui fait la part belle aux affrontements ethnico-religieux. Ce basculement surdétermine les affrontements d’aujourd’hui et les rend moins lisibles vus d’autres continents. De la Palestine au Sahel, en passant par les pays du Maghreb, l’Egypte, la Syrie, les pays du Golfe, une grille nouvelle s’est affirmée qui traduit la prise en otage  par l’islamisme des conflits nationaux, ethniques, sociaux. La région est traversée par une opposition farouche et sanglante entre sunnites et chiites, eux-mêmes appuyés sur certains Etats. Une forme extrême - le salafisme – parfois alliée au djihad d’Al-Qaïda développe des actions anti-occidentales dans l’espoir de conforter son prestige au sein du monde musulman et d’apparaître comme la plus résolue et déterminée, afin d’attirer à elle des segments de populations humiliées et victimes des politiques libérales qui se sont partout imposées dans la région.


Cette zone est devenue un vaste champ d’intervention militaire et de recompositions et d’ingérences politiques. Partout où les armes tonnent les Etats s’affaiblissent et sont livrés aux rivalités claniques avec lesquelles le business et les contrats prospèrent à l’ombre de paix fragiles. L’Irak et la Libye sont pillés par les affairistes peu scrupuleux qui s’entendent avec les potentats locaux. La Somalie est devenue un Etat failli abandonné aux bandes rivales se réfugiant dans l’enlèvement et la piraterie. Le Sahel est en passe de se transformer en une vaste zone d’insécurité dont l’attention ne se portera bientôt plus que sur quelques îlots de ressources hautement sécurisés sans considérations pour l’océan de misère qui l’entoure. Dans cette région, impérialisme, chaos et islamisme vont de pair, au grand malheur des populations.


Les printemps arabes sont au cœur de cette tourmente. Ils affrontent les dérives autoritaires des nouveaux pouvoirs et la montée des violences qui les accompagne. Des milices paramilitaires répressives apparaissent, tant en Egypte qu’en Tunisie. Elles sèment la peur et tente d’imposer un ordre nouveau dans l’espace public en s’attaquant aux libertés individuelles. Comme en Iran, des comités de bonnes mœurs surgissent en appelant aux principes religieux. Un pas nouveau, avec l’assassinat politique d’un leader de la gauche tunisienne, a été franchi. Le message est clair. Les progressistes doivent comprendre que le temps est désormais venu que s’instaure un pouvoir islamiste, par les urnes ou par la force, et que le « printemps » doit vite être oublié. Depuis quelques années un tel modèle s’est mis en place au Maroc, en Turquie, en Iran, au Soudan, dans le Golfe. Les pressions sont fortes pour orienter les « révoltes arabes » dans ce sens.


On a beaucoup disserté sur les modèles de références qui avaient inspiré les « printemps arabes ». Tour à tour furent mobilisés l’esprit européen de 1848, les transitions démocratiques d’Amérique latine des années 80, puis le tournant à gauche de ce même continent dans les années 2000, puis les transitions de l’Europe de l’Est. On s’est interrogé sur le rôle qu’avait pu jouer la « question palestinienne », ou sur la dimension anti-impérialiste du mouvement. Mais au fur et à mesure que les événements se déroulaient ces explications perdaient de leurs pertinences car tout ramenait aux spécificités de la région, principalement au despotisme des pouvoirs et au poids de la chape religieuse.


On veut encore croire que tout n’est pas joué. Et notamment que l’immense espoir qui s’est levé pour plus de liberté et de dignité ne restera pas sans lendemain.

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.
6, av. Mathurin Moreau; 75167 Paris Cedex 19
Site : http://www.recherches-internationales.fr/
Abonnements 4 numéros par an : 55 Euros, Étranger 75 Euros

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 15:19

 

Louise Gaxie et Alain Obadia présenteront leur livre "Nous avons le choix !", publié par la Fondation Gabriel Péri,

Mardi 19 février 2013, à 18h30
à la Fondation Gabriel Péri,
11 rue Étienne Marcel à Pantin (93)
métro Hoche
Plan d’accès

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de vous inscrire par mail à l’adresse inscription@gabrielperi.fr.


Avant d’écrire ce livre ensemble, Louise Gaxie et Alain Obadia se sont beaucoup parlé.

Une génération les sépare. Leurs parcours et leurs expériences sont très différents… Mais tous les deux ne veulent pas « s’en laisser conter ».


Ils partagent la conviction que la politique n’est pas impuissante, et qu’elle peut modifier un cours des choses réputé inéluctable. Pour en faire la démonstration, ils font retour sur l’histoire, les progrès qui l’ont jalonnée, et invitent à méditer les propos – beaucoup plus nombreux qu’on veut bien le dire – de celles et ceux qui non seulement critiquent un système capitaliste prétendument indépassable, mais esquissent les contours d’une autre façon de vivre en société, une autre civilisation.


Ils avancent des analyses et des propositions qui montrent que nous ne sommes pas condamnés à l’austérité sans fin(s), que d’autres futurs sont possibles.

Ce livre est souvent, et utilement, érudit. Et tout autant profondément ancré dans les réalités d’aujourd’hui. Pour ces deux raisons il est important, et nous formons le vœu qu’il stimule la réflexion et suscite le débat.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 22:18


Les rencontres de la Fondation Contenus d’enseignement : politiques, supports et usages Antoine Casanova, historien et directeur de la revue La Pensée.
 

 

Stéphane Bonnéry, Maître de conférences en Sciences de l’éducation / CIRCEFT-ESCOL / Université Paris 8, coordinateur du dossier ;
et  Pierre Clément, doctorant en Sociologie au CURAPP, CNRS / Université de Picardie, auteur

présenteront, au cours d’une conférence-débat,

mardi 12 février à 18h00,
à la Fondation Gabriel Péri,
11 rue Étienne Marcel à Pantin (93)
métro Hoche
 

 

Plan d’accès

le dossier publié dans le numéro 372 (octobre-décembre 2012) de La Pensée : « Contenus d’enseignement : politiques, supports et usages ».

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de vous inscrire par mail à l’adresse inscription@gabrielperi.fr.

Pour en savoir plus, voir sur notre site la présentation du numéro : http://www.gabrielperi.fr/La-Pensee-no-372

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 17:11

Culture - le 1 Février 2013

Histoire

Avec Stalingrad, la Seconde Guerre mondiale bascule

Plus que le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942) ou que la conquête américaine de l’île de Guadalcanal (8 février 1943), la victoire soviétique de Stalingrad (2 février 1943) est bien le « tournant » de la guerre. Mais la victoire est plus encore politique que militaire.


Du 31 janvier au 2 février, malgré l’interdiction d’Hitler, la VIe armée allemande capitule après deux mois et demi d’encerclement, isolée malgré les raids de la Luftwaffe, pilonnée nuit et jour, épuisée par la faim, le froid, la neige. Des 330 000 encerclés ne survivent que 120 000 prisonniers. Les forces de l’Axe ont perdu au total 800 000 hommes à Stalingrad, le quart des forces du front oriental. Le mythe de l’invincibilité allemande est détruit.

 

L’enjeu de Stalingrad

Pour pallier les besoins en carburant de l’économie de guerre allemande, Hitler déclenche, le 8 mai 1942, un nouveau Blitzkrieg en vue de conquérir les champs pétrolifères du Caucase. La moitié des troupes engagées en URSS, 100 divisions allemandes et 50 alliées (roumaines, italiennes, hongroises), sont concentrées sur le front sud-est. Les forces de l’Axe conquièrent la Crimée et Sébastopol, puis l’est de l’Ukraine et Rostov. Mais Hitler commet alors la même erreur qu’à l’automne 1941. Grisé par ses victoires, il divise ses forces selon deux axes : pendant que des divisions fonceront vers le Caucase, le gros des forces remontera la vallée du Don pour prendre Stalingrad, isoler l’Oural et ensuite, avec les armées du centre, encercler Moscou.


Dès le 23 août, la VIe armée de Von Paulus atteint la Volga et bombarde la ville charnière. Le 12 septembre, disposant de forces deux fois supérieures, les Allemands lancent ce qu’ils pensent être l’assaut final. Des combats acharnés se déroulent jusque dans le centre et le sud de la ville, maison par maison, cave par cave. Les usines Octobre rouge et Barricades sont prises et reprises. Vassili Grossman traduit bien l’acharnement des combats dans Vie et destin. Hitler veut prendre à toute force la « ville de Staline » mais Stalingrad ne tombe pas.

Le 19 novembre, le maréchal Joukov, qui seconde le commandant suprême Staline, lance la contre-offensive préparée depuis septembre. Le plan « Uranus » doit couper « le doigt de gant » allemand enfoncé entre Don et Volga. Deux groupes d’armées soviétiques partent simultanément du nord-ouest et du sud de Stalingrad. Dès le 22, elles réussissent leur percée et réalisent leur jonction. Les forces soviétiques enserrent dans une « ceinture rouge » la VIe armée et une partie de la IVe armée blindée. Une tardive contre-offensive allemande échoue et les forces de l’Axe sont repoussées bien au-delà du Don, ce qui rend très difficile le ravitaillement aérien des encerclés. Les conséquences militaires sont immédiates. Les armées allemandes du Caucase reculent de 600 kilomètres jusqu’à Rostov et s’échappent de justesse. L’Armée rouge reprend l’offensive sur tous les fronts. Ce qui la mènera jusqu’à Berlin. Voilà pourquoi il ne faut pas sous-estimer le rôle de la victoire de Stalingrad alors que les médias ont tendance à valoriser le rôle des Anglo-Saxons dans ce conflit.

 

Les trois raisons 
de la victoire

À ce tournant de l’histoire, l’URSS a tout juste achevé la reconversion de son économie de guerre après avoir replié vers l’est 1 360 usines : fin 1942, la production industrielle de l’Oural a été multipliée par cinq et plus encore celle de la Sibérie. Si le nombre d’ouvriers a baissé de 10 %, la productivité du travail a crû de 40 % : la journée de travail est passée de huit à douze heures, six jours sur sept. L’URSS produit déjà deux fois plus de chars et quatre fois plus de canons que l’Allemagne. L’aide alliée est encore aléatoire : les livraisons américaines ont été interrompues de juillet à octobre. À Stalingrad, si l’Armée rouge a une nette supériorité en artillerie, elle n’aligne guère plus de chars que la Wehrmacht (790 contre 770) et moins d’avions que la Luftwaffe (1 035 contre 1 066). Mais cet armement est de bonne qualité : le char léger T 34 s’impose déjà face au « Tiger » allemand. Stalingrad n’est cependant pas une victoire du matériel comme le sera la gigantesque bataille de chars de Koursk en juillet 1943.

 

La victoire de Stalingrad est en effet le fruit d’une mobilisation humaine exceptionnelle. Dès septembre 1941, pour compenser les immenses pertes en hommes, le Conseil d’État pour la défense, présidé par Staline, a lancé un vaste plan d’instruction militaire générale qui allait former sept millions de soldats en trois ans. Les généraux de l’état-major ont restauré leur autorité et l’unité de commandement avec la suppression des commissaires politiques aux armées rendus responsables des échecs antérieurs. Joukov persuade Staline de regrouper le maximum de forces à Stalingrad et l’Armée rouge réussit à y aligner, en novembre 1942, 854 000 recrues face aux 846 000 soldats des forces de l’Axe (deux tiers d’Allemands plus des Roumains et des Italiens).

 

La mobilisation de nouveaux soldats compliquait pourtant le problème de la main-d’œuvre ouvrière et paysanne. Dès février 1942, 830 000 adolescents scolarisés ont été versés dans les usines pour être rapidement formés comme ouvriers qualifiés par des spécialistes démobilisés. Pour les autres travaux, il est fait appel massivement aux femmes, aux vieux et aux détenus. C’est toute la population urbaine, puis rurale, qui est mobilisée. À Stalingrad, les comités locaux du Parti ont levé une immense milice populaire pour édifier des lignes de fortification alors que les usines produisaient sans relâche armes et munitions et que des groupes de partisans coupaient les lignes de ravitaillement trop étirées des envahisseurs à l’arrière du front. Stalingrad n’est pas qu’une victoire de militaires.

Stalingrad s’explique encore par la démoralisation des forces de l’Axe et la sacralisation de l’amour de la patrie pour les Soviétiques. Les lettres des soldats encerclés ou les mémoires des officiers allemands révèlent combien brutale fut pour eux la découverte de l’aveuglement d’Hitler et de l’absurdité de ses ordres de mourir sur place plutôt que de capituler : « Nous sommes tout seuls, sans aucune aide. Hitler nous laisse tomber », écrit l’un deux. Les Italiens et les Roumains repliés derrière le Don sont encore plus démotivés.

Par contre, Staline ne cesse d’exalter la « guerre sacrée » et d’inviter tout le peuple soviétique au sacrifice commun. La guerre est sacrée parce qu’elle est une guerre juste de défense de la patrie et de libération de la terre des ancêtres. Le 22 décembre 1942, un nouvel hymne national remplace l’Internationale. La guerre est sacrée aussi parce qu’elle permet la réconciliation de l’Église orthodoxe et de l’État soviétique. Le 7 novembre 1942, le métropolite Serge s’adresse à Staline : « Au nom du clergé et de tous les fidèles de l’Église orthodoxe, fidèles enfants de notre patrie, je salue en votre personne le chef choisi par Dieu de toutes nos forces civiles et militaires, qui nous conduit à la victoire sur les envahisseurs barbares, à la prospérité dans la paix de notre pays, et à l’avenir radieux de ses peuples. »

 

La guerre est certes encore présentée comme une guerre du droit contre le « fascisme », pour la démocratie et le socialisme, mais, par une série de glissements progressifs, la guerre est vécue comme la communion des patriotes russes, des citoyens des autres peuples soviétiques et des communistes de toutes générations, tous « frères et sœurs » aux yeux de Staline depuis son premier discours à la radio le 3 juillet 1941. Jamais le peuple soviétique n’a été aussi uni derrière son chef charismatique.

Les conséquences 
de Stalingrad

Alors qu’Hitler décrète trois jours de deuil national en Allemagne, les Alliés, les résistants et les communistes du monde entier témoignent de leur reconnaissance au peuple soviétique. Bien avant la victoire, l’Humanité clandestine salue l’Armée rouge et appelle tous les résistants à l’unité et à l’action. Désormais l’espoir a changé de camp.

La coalition des Nations unies en est renforcée. Le 21 février, le roi George VI d’Angleterre déclare que « la ferme résistance de Stalingrad a changé le cours des événements » et offre une épée d’honneur à la ville héroïque en témoignage de l’admiration « de tout le monde civilisé ». Le président Roosevelt salue ses « valeureux défenseurs » dont « la victoire glorieuse a représenté un tournant dans la guerre des nations alliées contre les forces de l’oppression ». Stalingrad soude plus que jamais les Alliés jusqu’à Yalta.

 

En position de force, Staline se permet de faire quelques concessions diplomatiques. Après l’opération « Torch » en Afrique du Nord, il ne réclame plus aussi fortement l’ouverture d’un second front en Europe, et il ne dénonce pas encore le danger d’une paix séparée à l’Ouest. L’essentiel est alors pour lui d’obtenir le plus d’aide matérielle possible car l’URSS continuera longtemps à supporter l’essentiel du poids de la guerre contre l’Allemagne nazie. Mais s’il s’est engagé à dissoudre officiellement l’Internationale communiste, c’est moins pour rassurer ses alliés sur les objectifs des Partis communistes européens que pour ne pas cautionner la stratégie politique de Tito en Yougoslavie.

 

Stalingrad a eu cependant des effets ambivalents à moyen terme. Staline s’est attribué tous les mérites de Joukov et sera gratifié du titre de « plus grand stratège de tous les temps » et de « guide suprême ». Le culte de sa personnalité prend des dimensions inimaginables masquant sa responsabilité dans la désorganisation de l’armée depuis 1937 et les désastres de 1941. Khrouchtchev, dernier commissaire politique à Stalingrad, lui en fera reproche en 1956.

Staline n’a pas compris les véritables raisons des succès de l’économie de guerre soviétique manifestes dès Stalingrad. Voznessenski, le président du Gosplan depuis 1938, avait mis en œuvre la décentralisation des décisions, les relations directes entre entreprises, la mobilisation morale des ouvriers, le développement de la production familiale dans les campagnes. Dès 1945, il s’opposa au retour aux plans quinquennaux bureaucratiques d’avant-guerre, mais il sera condamné et exécuté en 1948. Staline et les militaires imposeront à nouveau une priorité absolue à l’industrie lourde au nom de la défense du camp socialiste et de la « mémoire de Stalingrad ».


ce qu’écrivait l’humanité clandestine n° 200, 21 janvier 1943 (extraits) Grande victoire soviétique sur tout le front de l’est
Les troupes soviétiques ont pris Schlusselbourg, mettant ainsi fin au siège de Leningrad (1), quelques jours avant la commémoration de la mort du grand Lénine. L’Armée rouge continue à avancer dans le Caucase (et) dans la région du Don moyen… Devant Stalingrad, la VIe armée hitlérienne est en voie d’anéantissement ; sur 200 000 hommes, il n’en reste plus que 70 000, un butin énorme a été capturé, le dernier aérodrome des nazis a été occupé… Partout, l’Armée rouge, sous la conduite de notre grand camarade Staline, est passée à l’offensive et devant les exploits de cette héroïque armée qui, le 23 février prochain, célébrera son 25e anniversaire, des millions d’hommes de tous les pays crient avec enthousiasme et confiance : Vive la glorieuse et héroïque Armée rouge ! Vive le grand Staline !

(1) Il faudra attendre, en fait, le 27 janvier 1944.


Jean-Paul Scot, historien

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