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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 21:33

Jean Jaurès


Jean JAURÈS
© Assemblée nationale

Contre la loi des trois ans

 

 

Discours à la Chambre des députés : 17 juin 1913

 

Que la commission et le gouvernement le veuillent ou non, le projet qu'ils soumettent à la Chambre, en accroissant la durée du service de caserne, rend plus difficiles à tous les points de vue, au point de vue financier, au point de vue militaire, au point de vue social, la grande organisation militaire que réclame le pays républicain, la préparation et l'éducation physique de la jeunesse, l'éducation, l'entraînement, l'encadrement des réserves et, par cela seul que ce projet ferme à l'institution militaire en mouvement les routes de l'avenir, il la refoule nécessairement, vers les formes du passé, vers le type suranné de l'armée de métier.

[...]

Notre projet, Messieurs, est d'accroître la puissance défensive de la France. Plus nous voulons qu'elle porte haut son idéal, son action sociale et humaine, plus nous voulons qu'elle puisse mettre toute sa force au service de cet idéal en pleine sécurité et en pleine indépendance. J'ai déjà, à la commission de l'armée, [...] cité le mot de Machiavel : « L'histoire se rit des prophètes désarmés. » Nous qui voulons précisément que la France ait dans le monde une grande mission historique et morale, nous qui, maintenant l'affirmation du droit, voulons répudier à jamais toute politique d'aventure et de revanche, nous qui voulons préparer par la paix définitive et garantir une civilisation supérieure où la force partout présente de la démocratie et de la liberté, réparera les antiques violences, nous voulons que nul ne puisse imputer cette offre magnanime de paix à la débilité peureuse d'un peuple mal assuré de lui-même.


Et non seulement nous voulons porter au maximum la force défensive, la force d'indépendance de ce pays, mais nous voulons l'organiser pour la défense en prévoyant les pires hypothèses, c'est-à-dire en prévoyant le cas où la France aurait à se défendre toute seule, sans secours extérieur et sans alliance, contre ses ennemis éventuels. Ce n'est pas que nous fassions fi des concours que la France, par l'habileté et la sagesse de sa diplomatie, pourrait s'acquérir dans le monde, mais nous pensons qu'un peuple, quand il calcule les chances de l'avenir et l'effort nécessaire d'indépendance et de salut, ne doit compter que sur sa force.


À l'heure où s'est vérifiée, où s'est réalisée, l'hypothèse prévisible et prévue de l'accroissement des armements de l'Allemagne, le devoir des dirigeants français était non pas de se rejeter vers la routine, vers la formule trop facile de la loi de 3 ans, mais de développer énergiquement, par l'éducation de la jeunesse, par l'organisation des réserves, par l'armement du peuple sur place, par le perfectionnement de tous les moyens techniques de mobilisation et de concentration, les garanties d'avenir qui conviennent à un grand peuple de démocratie, et le plus déplorable, Messieurs, dans la solution hâtive d'expédients subalternes qui a été adoptée, c'est qu'elle désapprend au pays de France la vertu qu'elle a le plus besoin d'apprendre : l'esprit de suite et de continuité.

Voilà des années qu'à ce peuple nerveux, aux impressions fortes, aux émotions soudaines, on dit : Si le péril allemand grandit, si le militarisme allemand trouve dans la croissance de sa population et dans l'utilisation plus intensive de ses contingents des ressources nouvelles, ne t'émeus pas, ne te trouble pas. Tu as dans tes ressources de démocratie, dans la possibilité de mettre en oeuvre et en action toutes les forces populaires, des garanties incomparables.


Et voici qu'au jour où, en effet, se réalise l'hypothèse prévue, annoncée, au lieu de dire au peuple : Creuse et ouvre plus vite le sillon que tu avais commencé à ouvrir, on lui dit : Tout est perdu si tu n'abandonnes pas l'effort commencé, et si tu ne te rejettes pas brusquement vers des solutions que, depuis huit ans, tu avais dépassées et jetées aux choses mortes.


Eh bien, Messieurs, un gouvernement manque à la France, lorsque, à ce pays qui a toutes les forces, tous les élans, toutes les énergies, auquel ni la persévérance, ni la méthode ne font défaut, ses gouvernants, selon les caprices de l'heure, changent brusquement de direction. C'est là qu'est la diminution morale et la diminution militaire de ce pays.

[...]

Nous avons, Messieurs, nous, la conviction profonde que nous travaillons à la fois pour la force de l'armée nationale, pour la puissance défensive de la Patrie et pour la paix du monde à laquelle la République doit donner son concours.

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 18:59

 

 Parlement et Citoyens 

La Fondation Gabriel Péri participe au projet Parlement & Citoyens, dispositif collaboratif innovant qui permet aux députés et sénateurs d’associer les citoyens à la rédaction de leurs propositions de loi.

Ce projet, initié en 2012, a été conçu par des membres du collectif Démocratie Ouverte qui en assurent la promotion et l’animation.

Objectifs

L’objectif de ce projet est de renforcer la confiance entre citoyens et parlementaires en proposant des outils et des services pour :

•Diversifier les sources d’information du parlementaire et donner la possibilité à toutes les parties prenantes d’exprimer, de manière transparente, avis et expertises en amont d’une proposition de loi.
•Faire de la pédagogie, rendre compréhensibles et acceptables les arbitrages induits par la diversité des attentes exprimées. Donner de la visibilité au travail parlementaire.
•Obtenir le soutien de la société civile en vue de l’inscription d’une proposition de loi à l’agenda parlementaire.
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L’élaboration des projets des lois en collaboration avec des citoyens suit les étapes suivantes :

Sujet : Le parlementaire choisit et présente le sujet de son enquête publique (problématique, solutions envisagées, moyens à allouer et résultats attendus)

Sources : Parlementaire et citoyens recensent et publient les connaissances disponibles sur le sujet (sources, données, études, articles, rapports...)

Avis et expertises : Citoyens et experts apportent leurs avis et leurs compétences

Synthèse : Analyse qualitative et quantitative des publications et mise en forme visuelle et pédagogique des contenus

Débat : Réunion de consensus entre le parlementaire et une sélection de participants

Proposition de loi : Présentation de la proposition de loi et des arbitrages du parlementaire

Mobilisation et suivi : Promotion de la proposition de loi dans les médias et sur les réseaux sociaux. Suivi du processus législatif et réglementaire.

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La plateforme web

Parlement & Citoyens repose sur une démarche d’enquête publique inédite mise en œuvre par l’intermédiaire d’une plateforme web et de services associés. La plateforme web est réalisée avec des technologies Open Source et régie par une charte de participation. La modération et la technique sont assurées par des membres de Démocratie Ouverte dans le respect de la charte déontologique.

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Le lancement officiel du projet et l’ouverture des enquêtes publiques sont prévus mi-février 2013.

Pour plus d’information et vous inscrire : http://parlement-et-citoyens.fr

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 23:12

CATHERINE RIBEIRO La traversée du désir

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Catherine Ribeiro. C’est un dimanche de novembre, le ciel est gris et mes mains crispées restent terriblement froides. C’est un rendez-vous téléphonique (réalisé en (...) suite

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Catherine Ribeiro. C’est un dimanche de novembre, le ciel est gris et mes mains crispées restent terriblement froides. C’est un rendez-vous téléphonique (réalisé en novembre 2007, à l’approche du retour au Bataclan, NDR)

Mais c’est surtout une rencontre où seuls quelques détails, CATHERINE RIBEIRO marqués sur l’écran de mon portable par exemple, me permettent de croire à la réalité de cet entretien. Et puis cette voix, à l’autre bout du fil, qui hypnotise. Une résonance qui n’a rien perdu de sa superbe. Encore moins de sa clairvoyance. Une voix dans la nuit, diraient les plus cyniques.

Ribeiro par JuulLa grand prêtresse française (Elle déteste ce qualificatif) est de retour pour rejouer avec son légendaire groupe Alpes ce répertoire qu’est le sien. Une beauté d’avant-gardisme qui à l’aube des 70’ se détacha littéralement du sol (et donc de la scène française), fusion de l’expérimentale d’alors (Can, King Crimson, la scène prog’ anglo-saxonne, Triangle ou Magma en France) et fulgurance de textes poétiques précurseurs ayant autant à voir avec Léo Ferré que Gainsbourg ou Gérard de Nerval. Too much too soon auraient dit les New York Dolls. Las. La dame ne sera pas entendue et les nouvelles générations n’auront pas l’occasion de connaître ce monolithe de beauté qu’est Paix. Un vinyle avec seulement 4 titres mais une profondeur infinie et l’oratorio rock en ligne de mire.

C’est cela l’exception culturelle française. 24 albums studios, la moitié de chefs-d’œuvre et pas une seule réédition digne de ce nom par le directeur de son catalogue, Pascal Nègre. Les bandes auraient été, selon Romain Turzi, perdues dans un studio de St Ouen, détruites par le froid. De quoi rajouter au mythe.

Cette grande dame, dont Turzi, justement, et une autre poignée de jeunes groupes se revendiquent, mourra un jour et seules resteront une poignée de chansons qui auront changé ma vie. En attendant cette heure, Catherine Ribeiro parle dans son combiné téléphonique, et le sens des mots devient subitement tout autre.

Bonjour Catherine. Comment allez-vous ?

1Extinction de voix, toux. Alors que paradoxalement je n’ai pas été malade depuis plusieurs années. Ce n’est pas le fait du concert qui approche.

Grand prix de l’académie Charles Cros en 78 pour Le blues de Piaf, parution de La déboussole, re-prix de l’académie Charles Cros et puis…..J’ai l’impression qu’une traversée du désert s’effectue à partir des années 80. Les nouvelles générations ne connaissent pas Catherine Ribeiro.

Je n’ai pas eu de traversée du désert, une traversée du désert c’est lorsqu’un artiste ne travaille plus. J’aurais pu être une femme très riche, voire une artiste très riche. On m’en veut aussi pour ça. Quelques « personnalités » du showbiz m’en veulent, face à ma carrière que je trouve exemplaire. J’ai toujours fait ce que je voulais faire. Sans concession.

Je parle de traversée du désert au niveau médiatique.

Ah bah oui mais je n’ai pas joué le jeu. A l’origine ce n’est pas moi qui ai voulu me marginaliser. Sous Valéry Giscard d’Estaing il régnait une censure terrible. J’étais la seule artiste à avoir sur mes disques la mention « Les textes de ces chansons n’engagent que leurs auteurs ». Gainsbourg l’a eu aussi sur Melody Nelson mais là j’ai pas compris. Même si Melody Nelson reste un pur chef d’œuvre. Et puis à l’époque il n’y avait que 3 stations de radio, 4 en comptant RMC. Bon on comptait pas

Je repense aux paroles de Un jour… La mort («Les riches s’éclataient devant les classes laborieuses/Partout ce n’était que tumulte et cris de guerre / Les écoles maternelles sautaient à la dynamite/ Seuls restaient debout les Elysées, les maisons blanches, les Kremlins»), également à la fête de l’Huma en 1973 à laquelle vous participez, est-ce qu’on peut parler d’engagement politique en ce qui concerne votre œuvre ?

Un artiste n’est pas engagé parce qu’il passe à la fête de l’Huma….Mais j’étais et je reste une femme engagée. J’ai des convictions et personne ne me les enlèvera. Je suis une femme de gauche.

Mais avec le temps qui passe, les années, êtes-vous devenue aquaboniste, l’engagement est-il toujours intact ?

Qu’est ce que j’ai vu ? Que le capitalisme s’est toujours très bien porté et qu’il se porte aujourd’hui encore mieux qu’hier. Je suis une post-soixante huitarde, nous avons voulu changer les pensées, faire changer les choses. Moi j’ai pris la parole en chantant. Mais il y a des textes beaucoup plus percutants que ceux de Paix. D’ailleurs je me suis dit, en choisissant les titres du concert à venir, je regardais le texte de Paix en voulant le corriger et au final il est resté intact tiens ! Le texte n’a pas vieilli, j’ai juste rajouté un ou deux vers. Je parlais d’écologie à un moment où personne n’en parlait, je chantais «Dans 20 ans il n’y aura plus de fraises « (Le rat débile et l’homme des champs, 1974), force est de constater qu’il y en a encore mais qu’elle n’ont plus de goût ! (Rires)

Au moment de l’écriture de ces paroles, et même musicalement, vous êtes prise par une vision ? La musique d’Alpes est totalement novatrice, enfonce toute la concurrence….

Paix de Ribeiro/AlpesOui totalement. Au fond ce qui nous a gêné c’est d’être Français. Nous aurions été Anglais ou Américains on était propulsé dans le monde entier.

Vous vous rendez compte à l’époque de ce carcan français où finalement rien ne se passe ?

Oui un peu. Mais avec dérision. A la grande époque de Ribeiro+Alpes on remplit toutes les salles et donc les choses paraissent moins graves. Et notre public, c’est un public de pas cons hein ! (Rires).

Vous commencez votre carrière en tant que comédienne avec Godard (Les carabiniers, 1963), puis soudain il y a le basculement musical à la fin des années 60. Quand a commencé votre passion de l’écriture ? Au moment de la rencontre avec Patrice Moullet (Fondateur du groupe Alpes, NDLR) ?

Je suis tombée dans la poésie vers 7-8 ans, commencé à écrire vers 9 ans. Vers 17-18 ans je suis allée seule vers la philosophie. Les textes me viennent, me venaient, machinalement, de manière instinctive. Ca jaillit. Mais tous mes textes se finissent par une note d’espoir. Un jour… la mort décrit la mort sous les traits d’une femme très attirante, comme une séductrice. Ca se termine par « Redonnez-moi la vie, la mort/ Et je vous ferai un enfant ». C’est fort quand même.

Je vois presque un pont naturel avec Nico qui…

Nico je l’ai rencontré une fois, au Bataclan tiens, et moi je me suis emmerdée. Une femme d’une grande beauté, seule derrière son harmonium… et moi je ne comprenais rien de ce qu’elle chantait.

Mais le côté prêtresse….. C’est en cela que je voyais une similitude, de par la théâtralité.

Ah oui je vois. Les journalistes ont souvent eu l’habitude de titrer La diva ou La prêtresse en parlant de moi. En ce qui me concerne j’ai abordé tous les thèmes de la vie, l’homosexualité, notamment sur Silen voy Kathy. Silen pour silence, voy pour voyages, Kathy, le prénom d’une femme de la famille Guggenheim. Un chant d’amour très doux. Bref. J’étais obligé pour provoquer les journalistes de leur demander s’ils ne trouvaient pas ce nom de chanson étrange. Et puis j’ai quand même donné deux galas pour les homosexuels à une époque où faire son coming-out était très dangereux. On pouvait se faire virer pour ca.

Catherine Ribeiro parle des raisons de son retour sur scène, de la chanson française actuelle, du rap, de la censure…..
Ribeiro part1.mp3

La set-list du concert au Bataclan est-elle déjà décidée ?

Ribeiro Alpes #2Ce sera la même chose qu’à Palaiseau en février dernier, un disque live génial, qui sonne comme un fou, la voix est superbe, même si elle est un peu en-dessous. Il n’y a même pas eu un trou de mémoire, pas une seule bavure avec les musiciens. C’est un peu inquiétant d’ailleurs, ça met une pression ! Le public lui est toujours là, même à l’étranger, bien que je me sois faite discrète, par la force des choses.

J’ai même entendu que les américains s’arrachaient vos vinyles à prix d’or..

Oui il paraît.. J’ai failli y chanter aussi, enfin bon.

Arrêtons nous deux minutes sur le groupe Alpes et le concert au Bataclan. Patrice Moullet sera-t-il là ?

Non non… Vous savez il n’a jamais été un fana de la scène. Lui il est avec ses instruments de musiques géniaux à la Défense….

Quelle est la relation qui vous unit depuis longtemps ? De l’amour ? Une pure collaboration musicale ?

Mais dites donc vous voulez en savoir beaucoup…. Cela remonte au tournage des Carabiniers. Il avait 16 ans, moi 21. Patrice et moi c’est… inaliénable entre nous. Il n’y a jamais eu de ruptures, depuis 1962. C’est grand.

Comment se passait la genèse d’un album de Ribeiro+Alpes ? Vous apportiez les textes et la direction d’album et Patrice la musique ?

Oui nous avons toujours fonctionné comme cela, du début jusqu’à 86. J’arrivais avec mes textes, je lui donnais, et généralement dans les 48h qui suivaient j’avais une mélodie par Patrice et je la travaillais à la guitare avec lui. Mais nous répétions beaucoup, énormément. Aujourd’hui ce ne serait plus possible, les musiciens veulent être payés dès les répétitions. Nous avions parfois jusqu’à 8 mois de répétitions…

Vous vous rendez compte à ce moment du décalage entre votre musique et le panorama d’alors ? Vous et Alpes construisez quelque chose de grand, je ne vois que Polnareff dans un autre genre qui ai autant bousculé les mœurs…

Ribeiro concert d'�gliseNon. Je n’ai jamais eu conscience de cela. Et c’est bien dommage pour moi. (Rires). Depuis quelques années seulement je comprends l’impact. Je montais sur scène comme le boulanger fait son pain. Je ne me suis pas rendue compte de tout cela. Comment vous dire…. Je vivais de concert en concert. Après c’est une certaine philosophie de vie, de sa propre existence, et de l’existence des gens qui vous entourent… Il faut le temps pour la réflexion. J’ai passé beaucoup de temps dans la réflexion. Et pour ça personne ne m’a jamais payé ! (Rires)

Catherine Ribeiro m’explique en vers sa relation à dieu, le fait qu’elle est agnostique en déclamant en direct son texte Racine.ribeirofoi.mp3

Vous croyez encore en l’homme ?

Non, son vol est en suspens. Lorsque je dis « Je ne crois pas en dieu » (lui je lui ai dit au revoir à 16 ans) je dis aussi « Parce que je crois en l’homme, et son vol en suspens. L’être humain m’a déçu mais j’ai également dû décevoir. Je crois au final que je ne me suis pas assez aimée. Je suis imprégnée de tout ce qui m’est arrivé, le bonheur glisse et seules restent les misères du monde.

Pour continuer sur cette lancée, je reviens sur le texte d’Un jour… La mort. Cette mort là, avez-vous appris à l’apprivoiser, «vivre avec» ?

Ah… Elle rode, tous les jours, tout le temps. Avec l’âge, le temps qui passe. C’est trop difficile je n’ai pas envie de parler de ça. Je préfère lire. Comme cet auteur américain, Cummings. Après… la découverte de Dylan dans les 60 a bouleversé mon rapport à la poésie, son rapport à la musicalité.

Catherine Ribeiro me lit un extrait de La déboussole, Dis moi qui tu embrasses. ribeiromort.mp3

Le temps… vous avez 27 ans… Vous ne pouvez pas adhérer à ma notion du temps. Notre devenir est derrière nous, et ça c’est insupportable.

Mais votre avantage sur le commun des mortels, c’est que votre œuvre restera, sera redécouverte.

J’espère. Je ne serai plus là pour le voir. Je serai dans la froideur. J’aimerais parfois que les jeunes gens se disent « merde cette femme là elle a existé, elle a écrit ça ?! ». Si la jeunesse d’aujourd’hui pouvait encore témoigner de cela, avec moi…. Quand je vois les ponts qui ont été fait à Marianne Faithfull, une fille superbe au demeurant, elle n’a eu aucun problème à venir faire son petit tour alors que ce n’est pas une chanteuse. Ca me rappelle quelque chose que je disais à l’époque : « Quand je pense que je lutte pour 95% de connards.. » (Rires) Mais je rajoutais toujours après qu’en creusant individuellement, chaque personne peut être sauvée, on finit toujours par trouver quelque chose de bon chez l’Homme.

Cela s’appelle la rédemption finalement, même pour une non-croyante…

Oui tout à fait.

***

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 18:41

Le traité de l’élysée , un exemple pour l’amitié franco-algérienne ? (TEMPS FORT: traité de l’élysée)
 

 

le samedi 19 janvier 2013 à 14h30
 
à l'Institut français d'Alger
image_preview.jpg

 

 

Par Abdelaziz Rahabi, diplomate,ex. Ministre de la Communication et de la Culture et porte-parole du Gouvernement.
 

 

Conférences Retour à la liste Les relations franco allemandes ont abouti, en moins de 15 ans, après la fin de la deuxième guerre mondiale, à une réconciliation politique. Pour rendre cette dynamique irréversible et globale, Français et Allemands ont parié sur un partenariat économique dans des secteurs stratégiques, des échanges culturels destinés à rapprocher les peuples et un enseignement de l‘histoire avec une représentation du passé inscrite dans une perspective de construction européenne.

Dans quelle mesure ce modèle peut- il servir les efforts de refondation des relations entre l’Algérie et la France ? Leur récente évolution indique le choix d’une démarche pragmatique qui s’articule autour d’un partenariat stratégique dans tous les domaines de coopération. Cette approche, outre qu’elle ne se limite pas au simple cadre des échanges commerciaux, est de nature à favoriser la mise en place des mesures de confiance nécessaire à une lecture apaisée et responsable du passé.

Abdelaziz Rahabi, diplomate, professeur-visiteur. Il a été porte-parole et ministre de la Communication et de la Culture du gouvernement Hamdani (1998-1999).


Attention !
Suite à la demande du public, les jours et horaires des conférences de notre programme de septembre-décembre 2012 sont les suivants:
- Les samedis à 14h30
- Les mardis à 17h00
- Les jeudis à 17h00


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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 18:37

Marianne et Germania (Temps fort Traité de l'élysée)
du dimanche 13 janvier 2013 au jeudi 07 fevrier 2013
 
à l'Institut français d'Alger
 

 

200 ans de relations franco-allemandes à travers la caricature.
Expositions Retour à la liste La caricature reste le miroir des sociétés. Les réseaux des Instituts « Goethe » en France et « Français » en Allemagne ont conçu cette exposition qui présente une centaine de caricatures consacrées aux relations parfois exécrables, parfois idéales entre ces deux Pays qui , après avoir entretenu une hainefarouche, forment de nos jours le coeur actif de l’Union Européenne.


Les relations franco-allemandes peuvent s’analyser entre grandes périodes : avant 1870
(république française et états allemands), entre 1870 et 1945 (les ennemis héréditaires), 1945-1963 (vers la réconciliation) et enfin 1963-2013 (un couple arbitre de la construction européenne).


Ces caricatures extraites de la presse ou d’ouvrages montrent sans complaisance à quel point les relations entre la France et l’Allemagne ont pu être le reflet de l’actualité « ressentie » des deux peuples.


Dans le cadre du cinquantième anniversaire du Traité de l’Élysée (1963) marquant d’une
pierre blanche la Réconciliation francoallemande, cette exposition montre comment 200 ans de haine et de luttes meurtrières peuvent aboutir à un climat de confiance et
de coopération fraternelle.

VERNISSAGE : DIMANCHE 13 JANVIER À 18H00
EXPOSITION DU DIMANCHE 13 JANVIER AU JEUDI 7 FÉVRIER

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 19:16

Quand les mâles dominants ont des enfants et des salariés !

 

par Laurène Fauconnier - 09 Janvier 2013

 

Sachez le, lorsqu'un patron a un enfant, la rémunération nette de ses employés risque de diminuer, surtout si c'est un garçon. Quant à ses propres revenus, ils augmentent, quel que soit le sexe de l'enfant.


« Tout se passe comme si la naissance d'un enfant conduisait le patron à mobiliser davantage les ressources financières de son entreprise au profit de sa famille et au détriment de ses employés. » Du bashing de chefs d'entreprise ? Ce sont trois éminents professeurs, Michael S. Dahl, Cristian L. Dezső et David Gaddis Ross des universités de Aalborg, du Maryland et de Columbia qui l'affirment. Ils publient un rapport fouillé dans lequel ils étudient la question de l'incidence de la paternité sur les valeurs masculines et, plus précisément, en quoi la paternité des patrons (les patronnes ne sont pas concernées) affecte la rémunération de leurs employés. Rares sont les travaux des sociologues et des psychologues sur ces questions, d'où les travaux de ces trois économistes.

 
Le sexe, facteur déterminant
Les naissances chez les chefs d'entreprise affectent différemment les rémunérations de leur personnel selon que l'enfant est une fille ou un garçon, mais aussi selon que leurs salariés sont des femmes ou des hommes. Le rang de naissance joue également un rôle important.


En moyenne, lorsqu'un patron a un fils, la rémunération du personnel féminin diminue de 0,2% alors que celle des salariés masculins perd 0,5%. Mais lorsque ce fils est un premier né, les femmes bénéficient d'une augmentation de 0,8% quand les hommes subissent une régression de 0,5%.

Lorsque l'enfant est une fille, en moyenne la rémunération des femmes augmente de 0,1% quand, à l'inverse, celle des employés masculins diminue de 0,1%, l'incidence de cette naissance est quasi négligeable. Par contre, le rapport souligne avec étonnement que si cette fille est une première née, la rémunération des employées s'accroît de 1,1% et celle de leurs collègues masculins de 0,8%.......



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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 12:19

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 21:59
Front antipopulaire
par Serge Halimi, janvier 2013

Les puissances émergentes d’aujourd’hui ne sont pas de dignes héritières des anticolonialistes et des anti-impérialistes d’hier. Les pays du Sud contrôlent une part croissante de l’économie mondiale. Ce n’est que justice. Mais cette richesse est tellement mal répartie que l’inégalité des revenus est plus prononcée encore en Afrique du Sud ou en Chine qu’aux Etats-Unis. Et les fortunes ainsi constituées servent davantage à racheter des entreprises, des biens de prestige occidentaux qu’à améliorer les conditions de vie et de santé des populations indienne, chinoise, arabes, africaines.


C’est un peu l’ère des barons voleurs qui recommence. En Amérique, à la fin du XIXe siècle, s’imposèrent des dynasties industrielles à la rapacité légendaire (John D. Rockefeller, J. P. Morgan, Cornelius Vanderbilt). Elles supplantèrent progressivement les grandes familles européennes dans les secteurs du pétrole, des transports, de la banque. Rivaux au départ, les concurrents transatlantiques s’entendirent un peu plus tard pour exploiter les travailleurs du monde, accroître démesurément la rémunération de leurs actionnaires, épuiser les réserves de la Terre.


Les monarques du Golfe, les oligarques chinois, indiens ou russes rêvent au même type de relève — et d’entente. Tels les patrons américains hier, ils se font volontiers donneurs de leçons universelles. Interrogé sur le projet (trop) vite abandonné de nationaliser un de ses sites industriels lorrains (lire La ballade des « gens sérieux »), le milliardaire indien Lakshmi Mittal a qualifié cette idée de « bond en arrière ». Et il a prévenu : « Un investisseur réfléchira peut-être à deux fois avant d’investir en France (1). » Le premier ministre russe a eu recours à un argument du même tonneau pour commenter un relèvement de la fiscalité à Paris : « En Russie, que l’on soit riche ou pauvre, le taux d’imposition est de 13 %. On nous dit que les oligarques devraient payer plus, mais nous ne voulons pas que les capitaux partent à l’étranger, dans des circuits opaques (2). » Pékin n’est pas moins acharné à défendre les recettes libérales. En juin dernier, le président chinois avait fait connaître son soulagement après la victoire électorale de la droite grecque ; le patron du principal fonds souverain chinois, actionnaire de GDF Suez, a carrément fustigé l’existence en Europe de « lois sociales obsolètes » qui « conduisent à la paresse, à l’indolence plutôt qu’à travailler dur (3). »


L’historien britannique Perry Anderson rappelle qu’en 1815, lors du congrès de Vienne, cinq puissances — la France, le Royaume-Uni, la Russie, l’Autriche et la Prusse — s’étaient concertées pour prévenir la guerre et écraser les révolutions. Selon lui, l’ordre mondial est désormais gouverné par une nouvelle « pentarchie », informelle, qui réunit Etats-Unis, Union européenne, Russie, Chine et Inde. Cette Sainte-Alliance conservatrice, constituée de puissances rivales et complices, rêve de stabilité. Mais le monde qu’elle construit garantit que de nouveaux soubresauts économiques vont survenir. Et alimenter, quoi qu’elle fasse, les prochaines révoltes sociales.

Serge Halimi

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 15:17

Albert Camus et Jean-Paul Sartre : une relation tumultueuse

12 janvier 2010 Par acturevue

 

Jean-Paul Sartre et Albert Camus sont deux figures majeures de la vie intellectuelle française du XXème siècle.Romanciers talentueux (L’étranger, Camus ; La Nausée, Sartre), mais aussi dramaturges (Caligula, Camus ; Huis Clos/Les Mouches, Sartre), ils s’investissent également dans des journaux de référence (Combat pour Camus et Les Temps Modernes pour Sartre), et enfin, ce qui explique sûrement le mieux l’intensité de leur amitié, de leur rivalité puis de leur brouille, ils sont tous les deux philosophes, des penseurs engagés, membres de la résistance intellectuelle, ils sont proches des communistes et croient en la révolte.

 

Camus pourtant ne se revendiquait pas philosophe, il se qualifiait bien plus aisément d’artiste :« Pourquoi suis-je un artiste et non un philosophe ? C’est que je pense selon les mots et non selon les idées »disait-il à ce sujet.

Cependant sa vision de l’absurde relève bel et bien de la philosophie, Le Mythe de Sisyphe est un essai bien plus qu’un roman. Camus n’est pas un théoricien, c’est un homme passionné qui a besoin d’exemple, il parle à travers d’autres hommes, même lorsqu’il écrit ce qu’il ressent au plus profond de lui-même, même dans La Chute. Mais dans ses autres romans aussi, l’on retrouve un fond philosophique, une idée qui serait comme un tableau que l’on peint au fur et à mesure de la lecture, il en était conscient, bien sûr ; selon lui « un roman n’est jamais qu’une philosophie mise en images ».

 

Cette vision, Jean-Paul Sartre ne la partageait pas, c’est la raison pour laquelle il n’a jamais considéré Camus comme un vrai philosophe. Il faut se rappeler que Sartre a un statut de philosophe si l’on peut dire « officiel », il sort de l’Ecole Normale Supérieure, il est reçu premier (en vérité premier ex-æquo avec Simone de Beauvoir) à l’agrégation de philosophie (à sa deuxième tentative ; il fut collé la première fois car il avait, dit-il, « essayé d’être original »). Il est un des chefs de file de l’existentialisme, c’est un phénoménologue et de surcroît ses talents d’essayiste sont largement reconnus en France et même à l’étranger, notamment grâce à son essai phare L’Etre et le Néant.

Il était certes inévitable qu’ils se rencontrent mais qu’ils deviennent amis, rien n’était moins sûr. Au-delà de leur différence en tant qu’auteurs, leur vie personnelle et notamment leur enfance respective n’avaient pas beaucoup de points communs. Camus est né à Alger dans une famille plutôt modeste, tandis que Sartre est issu d’une famille alsacienne, protestante et bourgeoise. A ce niveau là, leur plus grand point commun est sans doute le fait qu’ils n’ont tous les deux jamais connu leur père.

 

Nous arrivons donc à Paris en 1943, Camus prend la direction du journal Combat. En 1944 se tient un rendez-vous emblématique, le 16 juin chez Michel Leiris. Le groupe de lecture de la pièce de Pablo Picasso, Le Désir attrapé par la queue, travaille à la mise en scène. Et sont présents, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Pablo Picasso, Simone De Beauvoir. C’est le début de l’amitié entre les deux hommes, même si Camus et Simone de Beauvoir ont eu un léger accrochage. En effet, Camus a pris la liberté de critiquer de façon ironique et explicite le costume du Castor (c’est ainsi que Sartre la surnommait) pour la pièce. Elle ne l’oubliera jamais. Simone de Beauvoir est tout de même la figure de proue du mouvement féministe, elle est l’auteur duDeuxième Sexe : la bible des femmes libres. Son intelligence n’a rien à envier à celle de son mari et elle jouit au sein de la « famille intellectuelle » de Paris d’une réputation relativement honorable.

 

Mais cet incident n’entachera pas les relations entre Camus et Sartre. Camus fait entrer Sartre àCombat, en échange de quoi ce dernier intègre Camus à la « famille intellectuelle » de Saint-Germain-des-Prés et du Café de Flore. Le tandem a alors un poids considérable tant en littérature qu’en politique. Leur morale alors une référence connue et reconnue.

 

Même si la rivalité qui se doit d’exister entre deux esprits aussi brillants semblait s’estomper, en 1947 vient la première « brouille ». Elle est causée par une critique de Maurice Merleau-Ponty (existentialiste et phénoménologue) publiée dans Les Temps Modernes, critique dans laquelle des opinions de Camus sont remis en cause.

A partir de là, les divergences politiques des deux hommes commencent à apparaître plus clairement. L’élément qui relancera le débat sera un témoignage des déportations dans les goulags soviétiques. Sartre qui est fortement attaché au communisme, se sert du modèle soviétique (bien qu’il le sache totalitaire et cruel) pour critiquer le gouvernement français. Camus ne cautionne pas ce procédé et veut dénoncer les atrocités commises en U.R.S.S. (rappelons que la révolte fait partie des thèmes essentiels et récurrents de la pensée de l’écrivain, nous ne citerons qu’une phrase de lui-même « Je me révolte, donc nous sommes »).

 

La situation devient donc assez frictionnelle, et L’Homme Révolté qui paraît fin 1951, provoque le mécontentement des communistes. Les premières critiques viennent d’André Breton, le « pape » du surréalisme, elles touchent aussi bien l’œuvre : « fantôme de révolte. », que l’auteur : « révolté du dimanche ». Sartre n’a pas encore réagi publiquement, mais il fait savoir à Camus que leur amitié est corrompue et qu’il ne peut pas le suivre sur la voie qu’il a choisie. Le malaise est déjà présent et le coup fatal est porté par un philosophe sartrien, Francis Jeanson qui publie dans Les Temps Modernes (donc avec l’accord de Sartre), un article qui dénigre de façon peu élégante, voire injurieuse, le livre et son auteur, Camus.

 

Suite à cela, Camus adresse à Sartre une lettre qu’il titre : Lettre au Directeur des Temps Modernes. Le ton est donné, ce n’est plus un ami qui écrit à un autre, mais un écrivain mécontent qui écrit au directeur d’un journal qui l’a injurié. Il engage donc sa lettre par « Monsieur le directeur, » et parmi les reproches de Camus, l’on pouvait relever celui-ci : « [Je suis las d’être critiqué par des gens] qui n’ont jamais mis que leur fauteuil dans le sens de l’Histoire » (qui fait allusion à la position de Sartre sur les goulags).

La réponse de Sartre ne se fera pas attendre, mais il commence sa lettre en exprimant la déception et les regrets que lui cause cette brouille :

 

«Mon cher Camus,

Beaucoup de choses nous rapprochaient, peu nous séparaient. Mais ce peu était encore trop : l’amitié, elle aussi, tend à devenir totalitaire. »

Cependant ayant été attaqué et estimant que la réaction de Camus était démesurée et témoignait d’un trop grand ego, Sartre lui adressa des attaques plutôt violentes telles que « D’où vient-il, Camus, qu’on ne puisse critiquer un de vos livres sans ôter ses espoirs à l’humanité ».

 

Comme la rupture entre deux hommes de cette importance ne pouvait pas passer inaperçue dans le paysage intellectuel, politique et même populaire, les deux lettres sont publiées dans le numéro des Temps Modernes du 30 juin 1952. Il s’agit pour chacun des deux hommes, et peut-être un peu plus pour Sartre, de ne pas perdre la face aux yeux des français. Et au mois d’août de la même année, l’on peut lire à la une de plusieurs journaux « Sartre, Camus : la rupture est confirmée ».

Ils n’iront plus jamais dans le même sens, sauf à la mort d’André Gide lorsque Les Temps Modernes et Combat diront tous deux de lui, qu’il fut sans doute « l’écrivain le plus libre du siècle».

 

Cinq ans plus tard, le prix Nobel de Littérature fut décerné à Albert Camus qui l’accepta à contrecœur, estimant qu’André Malraux le méritait plus que lui. Le 10 décembre 1957, lors de la remise de son prix Nobel, en Suède, il prononça un discours, qui dépeint avec une lucidité qui relève du génie, la situation de l’humanité depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. « . En toute humilité il dédia ce discours, qui est d’ailleurs toujours d’actualité, à Louis germain, son instituteur à Alger qui lui permit d’obtenir une bourse d’étude.

 

Camus nous quitta trois ans plus tard, le 4 janvier 1960 à 13h55, lorsque la Facel Vega conduite par son ami Michel Gallimard sorti de la route pour aller s’écraser contre un arbre ; privant ainsi la France et même le Monde de tout ce qu’aurait encore pu accomplir l’homme qui, à travers l’absurde avait finalement mieux compris le monde que beaucoup d’autres.

 

En 1964, Jean-Paul Sartre se vit à son tour honoré du prix Nobel, mais le refusa. Il essaiera sans relâche jusqu’à la fin de sa vie de changer le rapport que les intellectuels entretenaient avec le peuple, mais sa tentative, bien qu’utile, ne peut être considérée comme un succès. Il s’est éteint le 15 avril 1980 d’un œdème pulmonaire, après avoir souffert pendant cinq ans de l’aggravation de la maladie qui affectait ses yeux. Ses écrits sont encore aujourd’hui considérés comme des références aussi bien en philosophie qu’en littérature.

 

V.Moreau

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 14:48
Le Web a mis fin à l'impunité de BHL, Finkielkraut, Ferry...dans rue 89
Panique chez les intellectuels médiatiques. En quelques semaines, Alain Finkielkraut se voit cité dans le mémoire délirant du meurtrier norvégien Anders Breivik, Bernard-Henri Lévy est boycotté par des opposants syriens qu’il invitait à un meeting, et Luc Ferry accuse sans preuve un ministre d’actes de pédophilie.

Les trois cas sont différents, mais ils ont en commun la crise du modèle de l’intellectuel médiatique, et révèlent l’agonie d’un rapport très français entre promoteurs d’idées (et beaucoup d’eux-mêmes) et médias. Le Web est passé par là.

Depuis la fin de son ministère en 2004, Luc Ferry peinait à retrouver sa place dans le monde médiatico-intellectuel. Il a cru y parvenir avec ses déclarations tonitruantes tenues le 30 mai 2011 au Grand Journal de Canal Plus : il affirme qu’un ancien ministre a eu des relations pédophiles à Marrakech.

En pleine affaire DSK, son intervention se veut une parole politique dénonçant une omerta généralisée. Sauf que sans nom, sans preuve et sans suite, ça devient un suicide médiatique. Et les images de ce naufrage télévisuel sont visionnées et revisionnées sur les sites Internet de partage de vidéo.

Fienkielkraut cité par Anders Breivik dans son délire

Alain Finkielkraut a dû s’étrangler en se voyant cité dans l’énorme manifeste d’Anders Breivik, responsable de la mort de la mort de 77 personnes en Norvège le 22 juillet. A la page 616 de ce texte délirant, le tueur cite écrit :

« Le philosophe français Alain Finkielkraut a prévenu que la noble idée de la guerre contre le racisme devient peu à peu une idéologie affreusement erronée. Cet antiracisme sera au XXIe siècle ce que le communisme fut au XXe : une source de violence. »

Or c’est au nom d’un combat contre le « marxisme culturel » que Breivik a commis l’un des pires meurtres de masse de l’histoire récente.

Rien ne permet de dire que la lecture de l’auteur de la « Défaite de la pensée » l’y a incité. Mais tout laisse croire qu’il a lu des écrits ou propos du Français et qu’il s’en est senti suffisamment proche pour en faire l’une de ses – nombreuses – références.

BHL, trop favorable à Israël pour des opposants syriens

Début juillet 2011, Bernard-Henri Lévy et sa revue La Règle du Jeu organisent un meeting de soutien à l’opposition au régime de Damas. Certains représentants syriens refusent de participer, arguant du soutien trop actif de l’essayiste à Israël.

Leurs lettres de désaveu circulent sur Internet (et Rue89 y consacre un article). C’est un revers humiliant pour celui qui s’épanouissait dans son rôle de chef de guerre en Libye.

Ce n’est pas à cause d’Internet que l’intervention armée contre Kadhafi échoue. Mais alors que les médias hexagonaux et la classe politique partageaient le même insondable bellicisme, c’est sur le Web que se sont exprimées d’abord les seules critiques de l’opération militaire, puis les plus nombreuses et les plus virulentes.

Et c’est surtout sur la Toile, qu’il s’agisse de blogs ou de sites d’information, que Bernard-Henri Lévy fait l’objet de déminages systématiques, à chaque nouvelle publication de reportages (sur la Géorgie ou le Darfour par exemple) ou de tribunes.

Le Web, ennemi numéro un de l’oligarchie médiatique

Car avec Internet, les règles du jeu de la parole publique ont changé. Finie la conversation au coin du feu de l’oligarchie médiatique. Moins de révérence et de connivences entre obligés appartenant aux mêmes cercles de pouvoir, politique, financier, éditorial, ou du monde des médias.

Les idées se diffusent en un clic. Les citations sont gravées dans le marbre de la mémoire infinie de Google qui référence ad vitam æternam ou presque, jusqu’au supplice, les erreurs commises par les uns et les autres.

La culture de la repasse fait voler en éclat la culture de l’impunité : n’importe quelle idiotie se regarde en boucle et s’accroche comme un boulet à la réputation de son locuteur.

L’intellectuel médiatique, figure typiquement française née à la fin des années 70, n’était pas fait pour ce nouveau monde, où l’on discute, chahute, se moque, récrimine, attaque, s’énerve, conteste... Tout ça en public, en chœur et dans toutes les langues.

Il était formaté pour un public national, partageant sa culture, admirant son savoir et surtout, sa manière de le professer, l’air de rien, mais avec tellement de style. Peu importait les erreurs proférées, seules comptaient son assurance et ses jolies formules.

Le FAIL des intellos

Mais sur internet, toute autorité – ou presque – est par principe remise en cause. Si bien que notre homme – l’intellectuel médiatique est rarement une femme – très diplômé, jeune depuis au moins quarante ans, se disant philosophe mais se tenant à l’écart de l’université où il n’est pas étudié, apparaît soudain hors sujet.

Son travail consiste principalement à écrire des essais pas trop difficiles à lire et à en parler le plus possible dans les médias. Il s’exprime ainsi à la télévision en toutes circonstances sur tous les sujets (élections, Proche-Orient, Islam, école...). Tout terrain. Mais qui se soucie des lubies de bardes nationaux vieillissants sur le World Wide Web ?

En France, BHL et Alain Finkielkraut continuent de jouer un rôle prépondérant, chacun dans son registre. Mais pour combien de temps encore ? C’est beaucoup plus grave qu’un bug : en langage internet , on appelle ça un FAIL.

Photos en page d’accueil : Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Luc Ferry (ed. Verdier, Reuters).
Vidéo : compilation d’anciennes interventions de « nouveaux philosophes » à la télévision.

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