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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 11:37

France 

 

Papier

 

Réforme des retraites, les leçons d’une mobilisation

 

À la veille d’une nouvelle mobilisation, « La Croix » examine les conséquences du mouvement social sur ses principaux acteurs


 

Avant la 8e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, demain, quelques centaines de manifestants ont bloqué hier les aéroports de Roissy, Toulouse, Nantes et Clermont-Ferrand. La rentrée scolaire, en revanche, s’est déroulée normalement. Une intersyndicale devait décider hier en fin d’après-midi d’éventuelles suites à donner à la contestation.

Tour d’horizon de ce que les principaux acteurs du conflit ont gagné et/ou perdu dans ce long mouvement social.

Des syndicats qui ont fait la preuve de leur unité

 

Les organisations syndicales ont gagné sur un point. Alors qu’on les disait affaiblies, elles ont réussi à faire la preuve qu’elles étaient encore capables d’organiser une mobilisation des salariés qui a surpris par son ampleur et sa durée. Elles ont su par ailleurs montrer une forme de maturité en conservant un front uni tout au long du conflit, en privilégiant les défilés à la grève et en évitant une radicalisation qui aurait pu retourner l’opinion contre elle. « Ce mouvement a validé la stratégie des deux grandes organisations CGT et CFDT. Elles ont accompagné le débat parlementaire pour essayer de peser sur lui et d’obtenir des évolutions. En ce sens, elles sont parvenues à légitimer plus fortement qu’hier leur place dans la production des lois », analyse Guy Groux.

Mais pour ce directeur de recherche du CNRS, spécialiste du syndicalisme, les résultats de la mobilisation sont évidemment « décevants », dans la mesure où les quelques concessions faites par le gouvernement restent marginales par rapport au symbole que représente la fin des 60 ans. « Les syndicats n’ont pas gagné, constate Guy Groux. Au regard du faible taux de syndicalisation, ils n’avaient pas besoin de ce nouvel impair. Mais il est encore un peu tôt pour mesurer les conséquences de cet échec. » Pour le patron de l’Institut supérieur du travail, Bernard Vivier, les syndicats ont toutefois marqué des points en jouant l’apaisement et en canalisant l’inquiétude sociale. Pour autant, « le mouvement n’est pas fini, car il ne se limite pas aux seules retraites », estime-t-il. La mobilisation pourrait agir selon lui comme une mise en garde et pousser le gouvernement « à prendre plus de précaution lors des prochaines réformes ».

Un patronat gagnant à court terme

 

En apparence, le patronat peut être satisfait. La réforme adoptée correspond à ce qu’il souhaitait. Laurence Parisot a été la première à introduire dans le débat l’idée d’un report progressif de l’âge légal de départ à la retraite. Surtout, la réforme n’a pas retenu deux pistes qui avaient les faveurs des syndicats et préoccupaient les entreprises : une augmentation des cotisations qui, pour l’organisation patronale, aurait pesé sur la compétitivité des entreprises et une prise en compte de la pénibilité par métier - mesure qui aurait contraint les branches professionnelles à financer les retraites anticipées de leurs salariés et à laquelle le patronat était farouchement hostile.

Au total, si la patronne du Medef a protesté pour la forme sur certaines mesures touchant directement les entreprises, elle ne peut que se réjouir. « Laurence Parisot n’a jamais caché que le projet du gouvernement lui convenait et elle avait tout intérêt à laisser faire le gouvernement sans apparaître en première ligne », souligne Guy Groux. Le Medef est d’ailleurs apparu relativement discret et mesuré tout au long du conflit. « Tactiquement, il avait intérêt à faire le dos rond, confirme Bernard Vivier. Mais il n’a pas affiché de doctrine sur le sujet des retraites, notamment en termes de capitalisation, et il va devoir se réapproprier le sujet avec les syndicats. »

La négociation sur les retraites complémentaires doit lui en fournir l’occasion. « Le Medef est surtout attendu sur la question de l’emploi des seniors. Il a dans ce domaine une obligation de résultats s’il veut regagner en crédit », poursuit Guy Groux.

« Le Medef est surtout attendu sur la question de l’emploi des seniors. Il a, dans ce domaine, une obligation de résultats s’il veut regagner en crédit. »


 

Tous droits réservés : La Croix

 

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 11:33

Vendredi  5 Novembre 2010

 

Social-Eco 

 

A l'aéroport de Roissy, la mobilisation ne s'écrase pas

 

Hier, près de 1 000 salariés de la compagnie Air France, des sous-traitants et des intérimaires de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle au nord de Paris ont bloqué l'accès au terminal 2F à l'appel de l'intersyndicale.


« Tu parles trop Sarko et personne ne t'écoute ! » Les abords du Terminal 2F de l'aéroport de Roissy (Île-de-France) ont vibré hier sur ce refrain. David Ricatte, de la CGT Air France, a sorti le micro du camion pour crier son ras-le-bol en chanson, comme lors de la manifestation du 20 octobre dernier. Si la foule des grévistes était un peu moins dense, près de 1 000 personnes, d'après la CGT, le mouvement initié par les fédérations des transports CGT, CFDT, CFTC et FO, SUD et l'Unsa suit son rythme de croisière. Serge Nybelen, secrétaire de l'union locale CGT de Roissy, est ravi que les mises en garde d'ADP et Air France n'aient pas échaudé les salariés. « Ils ont peur du dérapage, qu'on leur retire leur badge d'accès s'il y a un accident lors d'une manif. » La direction ne se prive pas de leur rappeler les risques.

« Nous, on veut juste montrer au gouvernement qu'on reprend la main après les vacances de la Toussaint. »

des contrats de travail à la journée

 

De nombreux sous-traitants et intérimaires de la plate-forme sont aussi dans la place. Près de 15 000 intérimaires travaillent sur Roissy. « Ils ont des contrats de travail à la journée, ils ne s'en sortiront jamais avec tous ces papiers pour calculer leurs droits à la retraite ! On fait le même boulot que les salariés d'Air France et on est encore moins bien considéré qu'eux », s'énerve Martial Lamachia, secrétaire général CGT Manpower.

 

Même sentiment chez Ali, drapeau CFTC attaché autour du cou. Ce bagagiste travaille chez le sous-traitant Europe-Handling. A trente-sept ans, son hernie discale le fait souffrir. « Mais je dois continuer à porter des valises, je ne sais rien faire d'autre ! » François, steward et délégué CFDT des personnels navigants, regarde la pagaille créée par la manifestation. La foule au milieu de la route bloque l'accès routier au terminal. Au loin, la file des voitures en direction de l'aéroport s'allonge. « C'est l'heure de pointe pour l'enregistrement des vols long-courriers », précise-t-il.

 

A côté de lui, les salariés de CDG Val, la navette qui relie les terminaux entre eux, ont profité de l'occasion pour faire la première grève de leur histoire ! Le tout sous bonne garde des CRS, eux aussi, venus en masse. A Toulouse, Clermont-Ferrand et Nantes, les accès aux aéroports ont également été bloqués. Confiantes, les fédérations de transports réfléchissent déjà à une nouvelle journée d'action.

 

Cécile Rousseau


 

 

Tous droits réservés : L'Humanité

Diff. 55 629 ex. (source OJD 2005)

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 11:31

 

 

 

Jeudi  4 Novembre 2010

 

usinenouvelle.com-info-magazine 

 

La CGT fait le plein d'adhérents

 

En tête des manifs et sur toutes les chaînes de télévision, pendant le conflit des retraites, la CGT a convaincu. La centrale syndicale a reçu 6 400 nouvelles adhésions depuis le 1er septembre. Un chiffre qui s'explique notamment par l'afflux d'adhésions collectives, signe de la création de sections syndicales CGT dans les entreprises. Les nouveaux venus sont avant tout des jeunes et des femmes.

Mais la CGT ne sort pas totalement renforcée du conflit : la contestation interne a été vive, entre partisans d'une ligne dure et défenseurs d'une réaction plus modérée. Le syndicat ne pourra pas faire l'économie d'un débat reporté pendant la crise.

 

 

 

Tous droits réservés : Usine Nouvelle

 

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 20:04
Retraites, les pistes toujours ignorées du financement

Fin officielle de la retraite à 60 ans, augmentation du nombre d’années cotisées... le gouvernement français, sous la pression des marchés, n’agit que sur un seul levier pour financer les pensions : allonger la durée du travail. De quoi provoquer une baisse du pouvoir d’achat des retraités, quand il faudrait, au contraire, privilégier d’autres sources de financement. Au-delà de ce constat, c’est toute l’organisation de la société, du mode de production à la place des seniors, qui est à revoir.

Par Jean-Marie Harribey

Le gouvernement français, fidèle servant de la rente, via notamment le bouclier fiscal, accélère la réforme des retraites par souci de ne pas effaroucher les marchés. « Le chef de l’Etat entend montrer à ses partenaires européens et aux marchés financiers qu’il s’attaque au problème de la dette. Tant pis si les retraites ne constituent qu’un aspect partiel du problème : il faut donner un signal et ne surtout pas perdre la note AAA dont bénéficie encore la France sur les marchés », écrivent Les Echos (1). Le signal en question ? La volonté de faire travailler plus longtemps, sous prétexte d’allongement de l’espérance de vie (2).

Le slogan est répété à satiété pour empêcher que parvienne aux oreilles citoyennes un écho contraire. Or, pour rétablir l’équilibre d’un système de retraite quel qu’il soit, trois leviers existent, et non un seul : on peut allonger la durée du travail, baisser les pensions ou augmenter les cotisations.

Taxer les revenus financiers
comme les salaires

Ce dernier levier a été délibérément écarté par la réforme de 1993 (dite « Balladur », pour les salariés du secteur privé) et celle de 2003 (« Raffarin-Fillon », pour les fonctionnaires). Seuls les deux autres ont été actionnés : passage de 37,5 ans à 40 ans puis 41 ans de cotisation, indexation des pensions et des salaires servant au calcul de la retraite sur les prix (et non plus sur l’évolution moyenne des salaires), calcul des retraites du privé sur la base des vingt-cinq au lieu des dix meilleures années, sans oublier la décote par année de cotisation manquante. Il en a résulté une baisse progressive mais inexorable des pensions de 15 % à 20 %, au fur et à mesure que ces réformes produisaient leurs effets.

A cela rien d’étonnant : près des deux tiers des salariés ne travaillent plus à 60 ans ; et, avec l’allongement de la durée de cotisation, l’âge moyen auquel on peut faire valoir son droit à la retraite à taux plein se situe entre 61 et 62 ans, alors que celui où l’on sort de l’emploi s’établit à 58,8 ans. Ainsi, le taux de remplacement (c’est-à-dire le niveau de la pension par rapport au dernier salaire) ne peut que diminuer à long terme. C’était le but recherché pour ne pas augmenter les cotisations vieillesse.

Cette autre voie impliquerait de poser la question en termes de répartition des revenus, en examinant en parallèle les transformations de la démographie et celles de l’économie. Pourquoi est-elle taboue dans les sphères gouvernementale et patronale ? Parce qu’elle obligerait à prendre en compte la détérioration considérable de la part des salaires, cotisations comprises, dans la valeur ajoutée au cours des années 1980 et 1990 : plus de huit points de produit intérieur brut (PIB) — même si l’on fait abstraction du pic de l’évolution de la part salariale dans la valeur ajoutée à la fin des années 1970, la baisse reste très importante, entre 4 et 5 points de PIB (3). La classe dominante entend bien conserver son « avantage acquis ».

Aussi l’accent est-il mis sur une prétendue détérioration démographique qui appellerait d’urgence un nouveau chamboulement du régime de retraite par répartition. Pourtant, à consulter les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR), et notamment son dernier rapport (4), il n’y a pas lieu de s’alarmer. En France, les femmes ont, en moyenne, deux enfants, un nombre très proche du taux de renouvellement des générations. Quant à l’espérance de vie à 60 ans, elle augmente de 0,4 trimestre par an, et non pas d’un trimestre, comme le rabâchent tous ceux dont le métier consiste à affoler la population. Le COR n’a donc pas modifié ses hypothèses démographiques. Il prévoit que l’on passe de 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2008 à environ 1,2 en 2050, la dégradation se produisant surtout avant 2030.

Si l’on examine attentivement les scénarios proposés par le Conseil pour évaluer les besoins de financement à l’horizon 2050, rien ne justifie les cris d’orfraie poussés par presque tous les médias. Le COR actualise ses projections sur 40 ans et prend en compte l’impact considérable de la crise économique sur les systèmes sociaux. C’est cette crise qui a provoqué la brusque dégradation des comptes sociaux ; ses effets se feront sans doute sentir durant une bonne partie de la décennie, en particulier parce que le chômage se réduira beaucoup plus lentement qu’il a grimpé. Même si la croissance revenait, à des taux de toute façon modérés, les entreprises rattraperaient leurs gains potentiels de productivité avant d’embaucher. En 2006 — avant la crise, donc —, le déficit de l’ensemble du système de retraite s’élevait à 2,2 milliards d’euros. En 2008, il grimpait à 10,9 milliards ; en 2010, il devrait atteindre 32,2 milliards (5).

Très logiquement, le COR étudie trois scénarios possibles (lire « En Europe aussi »). Exprimés en valeur, les déficits en 2050 varieraient, selon les hypothèses, de 65 milliards à 115 milliards d’euros. Cumulées jusqu’à cette date, ces sommes représenteraient entre 77 % et 117 % du PIB en 2050 ; mais cette addition n’a pas grand sens, sauf pour faire peur. Le scénario le plus défavorable ne demanderait qu’une augmentation de 10,4 points de cotisation, lissée sur quarante ans, soit 0,26 point par an (6). Bien entendu, si un mouvement social était capable d’imposer l’annulation des réformes de 1993 et de 2003, l’augmentation atteindrait alors 15 points, soit une hausse de 0,375 point par an.

Comment remettre la discussion concernant les retraites sur les rails de la raison ? D’abord, en relativisant les résultats de ces projections. Selon le rapport Cotis publié en 2009  (7), les revenus versés par les seules sociétés non financières aux propriétaires du capital et des terrains sont passés de 3 % à 8 % de leur valeur ajoutée brute de 1982 à 2007, pour atteindre aujourd’hui 76,6 milliards d’euros (8). Ce déplacement de 5 points représente sept à huit fois plus que le déficit de tous les régimes de retraite enregistré en 2008, année qui sert de référence aux travaux du COR, et deux fois et demie plus que celui prévu pour 2010.

Autrement dit, si l’on appliquait aux revenus financiers et intérêts distribués le même taux de cotisation vieillesse patronale qu’aux salaires bruts, soit 8,3 % (9), on relèverait les ressources annuelles de 8,7 milliards d’euros.

« Il ne faut pas toucher aux cotisations sociales, déjà suffisamment élevées », a déclaré, à l’issue de la première journée de discussions avec les syndicats, le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique Eric Woerth — reprenant ainsi l’injonction maintes fois répétée de la présidente du Mouvement des entreprises de France (Medef), Laurence Parisot, qui invite également à « briser le tabou symbolique des 60 ans (10) ». Patronat et gouvernement considèrent donc comme intangible la répartition des revenus qui s’est imposée depuis presque trente ans, consubstantielle à la financiarisation de l’économie mondiale et donc, in fine, à l’exacerbation des contradictions qui ont mené à la crise.

L’argument le plus fréquemment avancé concerne le risque d’une perte de compétitivité. Or l’élargissement de l’assiette des cotisations que constituerait un prélèvement sur les dividendes et autres profits distribués n’a aucune incidence sur les coûts (et donc sur la compétitivité), puisque ce sont les dividendes qu’on pourrait appeler « nets », par analogie avec les salaires nets, qui seraient amputés, et non la capacité d’investissement.

Tout cela explique le blocage du débat autour de la prétendue « solution unique » : faire travailler les salariés plus longtemps. Malgré ce verrouillage, auquel participe une large partie des médias, émerge dans la société un sentiment de tromperie. En témoigne le succès de l’appel « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites », lancé par Attac et la Fondation Copernic (11).

Faire reculer le productivisme

Peu à peu, l’idée de « faire cotiser les profits » progresse, de même que celle de soumettre à cotisation tous les revenus qui en sont exonérés, comme l’intéressement, la participation ou les rémunérations sous forme d’épargne salariale. Elle fait écho au ressentiment né d’une crise dont les classes possédantes et leurs institutions financières, après avoir été sauvées par les fonds publics, entendent aujourd’hui présenter la facture aux salariés et aux retraités.

Sans doute inquiet de la montée de cette animosité, M. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’une taxation des revenus du capital serait envisagée. Tout indique que cet effort ne sera pas à la hauteur de la prétendue catastrophe annoncée : à peine quelques milliards d’euros, alors qu’on nous parle de dizaines de milliards d’euros de déficit à combler, voire de 100 milliards en 2050 !

Pendant ce temps, une nouvelle petite musique se fait entendre : « Le niveau de vie des retraités d’aujourd’hui est supérieur à celui des actifs », déclare Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova (12). Il conviendrait donc que les retraités financent les retraites... Ces affirmations se heurtent à deux objections. D’une part, elles reposent sur un amalgame entre les pensions de retraite issues du système collectif et les revenus du patrimoine additionnels perçus par la seule fraction des retraités aisés. Le COR nous apprend que les retraités perçoivent deux fois plus de revenus du patrimoine par unité de consommation que les actifs. Ainsi le niveau des retraites représente en moyenne 85 % du revenu moyen des actifs si l’on exclut les revenus du patrimoine, et 98 % si on les inclut. Au total, « le niveau de vie relatif des retraités par rapport aux actifs (y compris revenus du patrimoine) est proche de 1 (13). »

D’autre part, faire financer les retraites par les retraités n’a aucun sens, puisque ceux-ci demeurent toujours à la charge des actifs. En revanche, leurs pensions en seraient diminuées. Le propos ne sert en réalité qu’à masquer la proposition de fond : « Il faudra, de 2020 à 2050, allonger la durée de cotisation », expliquent tour à tour Manuel Valls, Olivier Ferrand, François Hollande, Marisol Touraine et Martine Aubry (14).

Cependant, il serait erroné de circonscrire la discussion à une question purement financière. Les retraites révèlent de multiples enjeux de civilisation. Le premier tient à la solidarité — entre les générations, la plus souvent évoquée, mais aussi entre les groupes sociaux. Toutes les réformes menées jusqu’à présent et celles qui sont projetées visent à renforcer la « contributivité », c’est-à-dire à rapprocher le plus possible les cotisations versées des pensions reçues par chacun, introduisant une logique individualiste qui serait encore aggravée par le passage à un système par points ou par comptes notionnels (15). Il ne restera plus alors, malgré la débâcle des fonds de pension, qu’à réinstaller un discours de propagande en faveur de la capitalisation pour compléter la répartition.

Un deuxième enjeu porte sur la place des seniors dans la société. Les obliger à travailler quasiment jusqu’à ce que mort s’ensuive reviendrait à nier l’immense utilité de leur participation à la vie collective, en dehors du système de valorisation marchande. Au-delà, c’est la place du travail lui-même qui est en question. Refuser de travailler toujours plus par semaine, toujours plus longtemps sur l’ensemble de la vie, participe de la quête séculaire de l’émancipation. En termes philosophiques, cela signifie faire reculer l’asservissement à un travail aliéné et se réapproprier son temps de vie. En termes économiques, utiliser des gains de productivité pour améliorer la qualité de la vie.

A travers les finalités du travail se dégage enfin un troisième enjeu qui n’est pas le moindre, celui des objectifs de la production, c’est-à-dire celui du mode de développement. Destiner les gains de productivité à la réduction du temps de travail va à l’encontre du productivisme inhérent à l’accumulation infinie du capital. Il en résulte qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant (!) les hypothèses de croissance du COR, car la critique doit aussi porter sur la manière dont on obtient les gains de productivité.

La bataille pour conserver et améliorer un système de retraites solidaire dépasse largement son enjeu direct. La finance ne s’y trompe d’ailleurs pas, qui a décidé la mise à mort de ce symbole. Elle a raison : derrière les retraites, c’est une conception de la vie qui est en cause.

Jean-Marie Harribey.

(1) Cécile Cornudet, « La réforme multifonctions de Nicolas Sarkozy », Les Echos, Paris, 13 avril 2010.

(2) Cf. le « Document d’orientation sur la réforme des retraites », remis aux syndicats et au patronat le 16 mai 2010.

(3) Cf. Michel Husson, « Le partage de la valeur ajoutée en Europe », à paraître dans La Revue de l’IRES, Noisy-le-Grand.

(4) COR, « Retraites : perspectives actualisées à moyen et long terme en vue du rendez-vous de 2010 », Paris, avril 2010.

(5) COR, op. cit., p. 18 et 20.

(6) COR, op. cit., p. 24 et 88.

(7) Jean-Philippe Cotis, « Partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunération en France », Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), Paris, 2009.

(8) Auxquels s’ajoutent environ 3 % de leur valeur ajoutée brute sous forme d’intérêts nets versés.

(9) C’est le taux appliqué dans le régime général sous plafond de la Sécurité sociale.

(10) Déclaration au « Grand Jury RTL - LCI - Le Figaro », 11 avril 2010.

(11) www.exigences-citoyennes-retraites.net

(12) Le Monde, mai 2010.

(13) Secrétariat général du COR, « Niveaux de vie comparés des retraités et des actifs : évolutions récentes », document de travail n° 2, 21 octobre 2009.

(14) Respectivement : France Soir, Paris, 4 février 2010 ; Le Monde, 9 mai 2010 ; « C politique », France 5, 25 avril 2010 ; Capital.fr, 12 mai 2010 ; France Inter, 19 mai 2010.

(15) Cf. le rapport du COR, « Retraites : annuités, points ou comptes notionnels ? Options et modalités techniques », janvier 2010.

 

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:44

L’obésité chez les jeunes enfants
le 27 octobre 2010
Un enfant de grande section de maternelle fils d’ouvrier a 3,6 fois plus de risque d’être obèse qu’un enfant de cadre supérieur.

4,3 % des jeunes enfants de grande section de maternelle fille ou fils d’ouvriers souffrent d’obésité contre 1,2 % des enfants de cadres supérieurs. Les enfants de milieux modestes ont aussi 3,6 fois plus de risque d’être obèses que les enfants de cadres selon une étude du ministère de la solidarité, menée auprès de 23 000 enfants de 5 et 6 ans en 2005-2006.

Le ministère note que le surpoids et l’obésité des jeunes enfants a eu tendance à diminuer depuis la dernière enquête en 1999-2000, notamment en raison d’une meilleure prévention en milieu scolaire. La part d’enfants en surpoids est passée de 14,4 % à 12,1 % et celle d’enfants obèses de 3,4 % à 3,1 %. Mais ces moyennes masquent de fortes inégalités entre catégories sociales.

Les comportements alimentaires, les habitudes de vie, dont notamment la pratique d’une activité physique, sont différenciés selon les catégories sociales et jouent sur la santé, en particulier sur l’obésité, dès le plus jeune âge. Cette étude indique par exemple que les enfants d’ouvriers sont 47 % à passer au moins une heure par jour devant un écran contre 24 % des enfants de cadres... 20 % de ces derniers consomment des boissons sucrées quatre fois par semaine contre 42 % des enfants d’ouvriers. Malgré les progrès obtenus, les actions de prévention dans ce domaine demeurent largement insuffisantes en regard des dépenses de l’industrie agroalimentaire pour pousser les enfants à consommer...

Obésité chez les jeunes enfants selon leur origine sociale
Prévalence de l'obésité (en %)
Risque d'obésité *
Profession du père
Agriculteurs 2,9 3,4
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 2,6 2,3
Cadres supérieurs 1,2 1 (réf)
Professions intermédiaires 2,0 1,7
Employés 2,8 2,3
Ouvriers 4,3 3,6
* Lecture : un enfant dont le père est ouvrier a 3,6 fois plus de risque d'être obèse qu'un enfant dont le père est cadre supérieur.
Source : Drees - Enquête 2005-2006, 23 000 enfants en dernière année de maternelle - France métropolitaine et DOM
Obésité et société : L’obésité est une pathologie mais il ne faut pas pour autant oublier de s’interroger sur les normes véhiculées par notre société. A quel moment s’agit-il effectivement d’un problème de santé et quand mesure-t-on l’écart à un idéal de minceur des catégories plus favorisées ? Selon les époques, les pays et les milieux sociaux, la notion de surpoids n’est pas toujours identique. On montre facilement du doigt des catégories populaires aux pratiques qui s’écartent de la norme des catégories aisées. Il ne faut pas oublier enfin les facteurs génétiques de l’obésité.

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:40

 

Un délégué syndical agressé physiquement par un cadre de la direction

mercredi 3 novembre 2010, par Frédéric Dayan

 

Jeudi 4 novembre à 11h le délégué syndical CGT de France 3 Île de France est convoqué pour un entretien préalable pour une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement, pour avoir voulu faire respecter le droit de grève ce qui lui a valu une agression physique par un cadre de direction.

 

Le 20 octobre dernier, Jacques Rivière a été violemment agressé par le DRAP (délégué régional de l’antenne de proximité), qui l’a poussé et frappé d’un coup de pied. Dans un tract, la CGT de France Télévisions affirme que "quatre témoins directs étaient présents lors de l’agression. Le chef de centre, qui la conteste, tournait le dos à l’action au moment où le DRAP s’est jeté sur le délégué syndical." Jacques Rivière a fait constater le coup qu’il a reçu auprès du médecin du travail qui a déclaré un accident du travail. Il a aussi saisi l’inspecteur du travail et déposé une plainte au commissariat. Par la suite, le Directeur du Pôle Nord-Ouest ne s’est pas seulement limité à mettre en cause les faits, mais il s’est surtout employé à les déformer dans une tentative d’inverser les responsabilités. Ainsi, niant toute forme de discernement et d’arbitrage, il accuse le délégué syndical d’avoir lui-même agressé le DRAP ! Jacques Rivière est maintenant menacé de sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement.

 

Les syndicats CGT de France télévisions (SNRT-CGT et SNJ-CGT) appellent les salariés de France télévisions a cesser le travail 59 minutes à partir de 11h le jeudi 4 novembre, heure à laquelle le délégué syndical est convoqué pour un entretien.

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:36
Manifestation de soutien aux salariés français

jeudi 4 novembre 2010, par Isabelle Chasserant

 

Selon un communiqué diffusé par les syndicats brésiliens, 200 représentants de différentes organisations syndicales et populaires brésiliennes, ont organisé une manifestation de solidarité avec la lutte des travailleurs et de la jeunesse français. Ils ont remis un document à l’ambassade de France exigeant l’arrêt immédiat de la répression, ainsi que le retrait du projet d’attaque contre les retraites.

 

« Nous sommes convaincus que la victoire des travailleurs et des jeunes français à l’heure actuelle renforce la lutte de tous les travailleurs dans le monde entier contre les tentatives de faire payer la crise impérialiste internationale par les travailleurs et les secteurs exploités et opprimés. »

 

Le même jour, 2000 personnes issues d’organisations de tout le pays ont manifesté devant le Ministère du travail en de l’emploi, pour défendre la liberté et l’autonomie syndicales et contre les attaques subies par ANDES-SN (Syndicat national des enseignants de l’enseignement supérieur au Brésil).

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:30

Théâtre Libre

SAINT ETIENNE,
Le 03 novembre 2010

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Venez rire avec nous car nous accueillons la nouvelle comédie pétillante de Gil Chovet :
en savoir + « PAS SUR LE PIANO » avec Robert Bianchi et Florent Mathevet de la Compagnie La Tarlatane,
les jeudi 11, vendredi 12 et samedi 13 novembre à 20h15.

Prix des places : 12 euros.
Nous vous conseillons vivement de réserver au 04 77 25 46 99.

Notre équipe se réjouit de vous accueillir à cette occasion, n'hésitez pas à faire circuler cette information.

En vous remerciant, cordialement.

Maurice GALLAND, Ghislaine DUCERF, Roger GALLAND et toute l'équipe du TL.

Signature

Théâtre Libre - 48, rue Désiré Claude 42100 Saint-étienne - Tél. : 04 77 25 46 99
contact@theatrelibre.com - www.theatrelibre.com
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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:28

Association Primo Levi - Soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique

Le centre de formation de l'association propose aux professionnels isolés ou travaillant dans des centres de soins, aux professionnels du secteur socio-éducatif, aux salariés d'associations, aux militants bénévoles de l'action humanitaire...

Session d'approfondissement
Trauma et violence politique : du corps docile au corps parlant
du mardi 23 au vendredi 26 novembre 2010 - de 9h30 à 17h30

Après plusieurs rencontres de sensibilisation, la nécessité d'approfondir les concepts autour du trauma, de la violence politique et de ses effets s'impose. Pour répondre aux différentes demandes de nos partenaires, nous proposons une formation de quatre jours, sur une semaine. C'est à partir de la réflexion théorique soutenue par les professionnels du centre de soins que nous allons échanger avec les participants.

Les objectifs de cette formation sont les suivants :

  •  approfondir différentes thématiques cliniques sur les effets du trauma associés à la torture et à la violence politique ;
  •  permettre aux professionnels de mieux comprendre le public qu'ils accueillent, de repérer les effets du trauma sur cette population et sur eux-mêmes, de mieux se situer dans leur fonction, d'accéder à une meilleure compréhension de leur pratique professionnelle.
La confrontation aux questions de la violence et de la torture implique inévitablement de s'interroger sur le corps. Il s'agira de décliner les différents aspects de la prise en charge du corps dans les quatre disciplines (médicale, psychologique, sociale et juridique) exercées au Centre Primo Levi. Quelles sont les formes contemporaines de contrôle que l'État exerce sur le sujet ? Quels en sont les effets subjectifs et psychiques sur nos patients, sur les cliniciens et sur les travailleurs sociaux ? Quels effets les «vides» juridiques et les changements permanents de lois provoquent-ils sur ces personnes ? La clinique du trauma, depuis ses débuts, s'interroge sur la nature de la douleur et sa localisation dans le corps. Des notions, comme celle de symptôme, seront traitées pour tenter de trouver des voies de passage entre le discours médical et la psychanalyse. La kinésithérapeute-osthéopathe du centre évoquera le «corps-à-corps» avec les patients, ses effets éventuels, ses difficultés et la particularité d'un corps qui a été maltraité. Enfin, sera abordée l'articulation complexe entre langage et corps - une question clé de la psychanalyse - et on étudiera notamment la notion de symptôme comme «événement dui corps» à partir de cas précis issus de notre clinique.


Programme détaillé en pièce jointe.

Inscriptions et renseignements - le lundi et le jeudi de 9h30 à 13h - auprès de Déborah Caetano
01 43 14 88 50 - formation@primolevi.org

Possibilité de prise en charge dans le cadre de la formation continue.
Possibilité de tarifs préférentiels pour les étudiants et les membres d'association.


Prix de la formation

  •  en formation continue : 1200
  •  en inscription individuelle : 600 €

Les formations ont lieu dans les locaux de l'association.
Association Primo Levi - 107, avenue Parmentier  - 75011 Paris


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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 19:23

 

 

APRÈS L'ART. 86

N° II - 11

ASSEMBLÉE NATIONALE

28 octobre 2010


LOI DE FINANCES POUR 2011 - (n° 2824)
(Seconde partie)

Commission

 

Gouvernement

 

ADOPTÉ

AMENDEMENT N° II - 11

présenté par

M. Tian, M. Mariani, M. Delatte, M. Aboud,
Mme Boyer, Mme Dalloz, M. Door, Mme Gallez, M. Lefrand, M. Luca,
M. Morange, M. Perrut, Mme Poletti et M. Leonetti

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ARTICLE ADDITIONNEL

APRÈS L'ARTICLE 86, insérer la division et l'article suivants :

Santé

I. – Après l’article 968 D du code général des impôts, il est inséré un XII ainsi rédigé :

« XII. – Aide publique à une couverture de santé

« Article 968 E

« Le droit aux prestations mentionnées à l’article L. 251-2 du code de l’action sociale et des familles est conditionné au paiement d’un droit annuel d’un montant de trente euros par bénéficiaire majeur ».

II. – Après le mot : « sens », la fin du premier alinéa de l’article L. 251-1 du code de l’action sociale et des familles est ainsi rédigée : « de l’article L. 161-14 et des 1°, 2° et 3° de l’article L. 313-3 de ce code, à l'aide médicale de l'État, sous réserve, s’il est majeur, de s’être acquitté, à son propre titre et au titre des personnes majeures à sa charge telles que définies ci-dessus, du droit annuel mentionné à l’article 968 E du code général des impôts. »









  • EXPOSÉ SOMMAIRE

    Le dispositif de l’aide médicale de l’Etat (AME) permet aux étrangers en situation irrégulière résidant en France depuis au minimum trois mois de bénéficier, sous condition de

     

  • ressources, d’une dispense d’avance de frais et d’une prise en charge intégrale, par l’Etat, du forfait journalier hospitalier et des frais de soins relevant de l’assurance maladie et maternité.

    Alors que les dépenses au titre du dispositif d’AME progressaient selon un rythme inférieur à celui des dépenses de l’assurance maladie (+ 1,5 %) en 2008, une très forte augmentation a été constatée en 2009 (+ 13,3 %), portant le montant de dépenses d’AME de 476 M€ au 31 décembre 2008 à 540 M€ au 31 décembre 2009. La hausse des effectifs pris en charge s’est élevée à +6,5 % entre décembre 2008 et décembre 2009 (de 202 503 à 215 763 personnes).

    Le principe d’une participation des bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat à leurs dépenses de soins (ticket modérateur et forfait journalier) a été instauré en 2002 (art. 57 de la loi de finances rectificatives pour 2002 codifié à l’article L. 251-2 du CASF) mais n’a pas pu être mis en œuvre, en raison de l’application du tiers payant.

    Le présent article a, d’une part, pour objet de créer une caution annuelle de 30 € par bénéficiaire adulte sous la forme d’un timbre fiscal acquitté pour la remise de l’attestation d’admission au dispositif de l’aide médicale de l’Etat.

    Le principe d’une prise en charge intégrale des dépenses de soins des bénéficiaires de l’AME dans la limite des tarifs de remboursement sera ainsi préservé. Les enfants mineurs sont exonérés de cette mesure.

    D’autre part, selon les dernières données disponibles, près de 80% des bénéficiaires de l'AME sont des personnes isolées (données CNAMTS au 30 juin 2010).

    Afin de mieux contrôler les bénéficiaires de l’AME, il est également proposé de limiter la notion d'ayant droits aux conjoints et enfants et en excluant les ascendants, les descendants (sauf les enfants), et les collatéraux jusqu’au 3ème degré.

    Pour bénéficier de l’AME, ces personnes devront faire un dépôt individuel auprès de la CPAM dont ils dépendent et remplir les conditions de résidence (3 mois en continu sur le sol français) et de ressources pour être admis dans le dispositif.



 

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