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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 19:45
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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 18:52

LIBERER la Côte D'ivoire - Le Mal ne doit pas se répandre - Free Ivory Coast - EVIL MUST NOT BE SPREAD OUT

par Bafing kul, samedi 4 décembre 2010, 10:52

Arrêter  vite  Laurent Gbagbo ! ET LIBÉRER LA COTE D'IVOIRE et toute l'Afrique....

Si les africains ou le monde  laissent  faire cela , l’Afrique est parti  à Jamais dans des régimes dictatoriaux, et n y aurai jamais de démocratie donc jamais de justice sociale

L'union Africaine où est  tu ?, l'ONU  qu' attends tu? 

 

Maman AFRICA  tu me fais encore pleurer.

 

Après le Togo, le Gabon, la Mauritanie,le Niger,  aujourd'hui c'est la Cote d'ivoire.

Libérer la Cote D'ivoire , le  mal ne doit pas se répandre.

Stop Laurent GBAGBO immediately and free the Ivory Coast and the African Continent.  

  If African people and the whole world allow this kind of practice, Africa will come back to dictatorship for ever and we'll never live democracy and social justice. Where is African Union Organization? Where are the United Nations? Mama Africa, you make me cry.

After Togo,  Gabon,  Mauritania, Niger, NOW it is Ivory Coast 

 

Free Ivory Coast - EVIL MUST NOT BE SPREAD OUT

 

Bafing Kul

 

 

 

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 17:54
Contre loi loppsi 2

 

  

Objectif signatures : 45940 / 1000000

L’article 32 ter A, introduit par un amendement du gouvernement adopté par la commission des lois du Sénat, puis voté par le Sénat le 10 septembre 2010, crée une procédure d’exception, expéditive et arbitraire, à l’initiative du Préfet et en l’absence du juge, pour expulser les habitants installés de manière « illicite ». Nombreuses sont les personnes qui risquent d’être concernées par cette disposition répressive. Si la procédure contradictoire est prévue dans les textes, elle est néanmoins compromise, et l’article prévoit également la destruction des biens, ainsi qu’une amende de 3750 € pour le propriétaire du terrain, public ou privé, qui s’opposerait à ces procédures arbitraires.
voici la loi : Article 32 ter A (Version Sénat 1ère lecture, 10 septembre) avec (en italique) les nouveaux amendements : I. - Lorsqu’une installation illicite en réunion sur un terrain appartenant à une personne publique ou privée en vue d’y établir des habitations comporte de graves risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques, le représentant de l’État dans le département, ou, à Paris, le préfet de police, peut mettre les occupants en demeure de quitter les lieux.
La mise en demeure est assortie d’un délai d’exécution qui ne peut être inférieur à quarante-huit heures. Elle est notifiée aux occupants et publiée sous forme d’affichage en mairie et sur les lieux. Le cas échéant, elle est notifiée au propriétaire ou titulaire du droit d’usage du terrain.
Lorsque la mise en demeure de quitter les lieux n’a pas été suivie d’effet dans le délai fixé et n’a pas fait l’objet d’un recours dans les conditions prévues au II, le préfet peut procéder à l’évacuation forcée des lieux, sauf opposition du propriétaire ou du titulaire du droit d’usage du terrain dans le délai fixé pour l’exécution de la mise en demeure. Le cas échéant, le préfet saisit le président du tribunal de grande instance d’une demande d’autorisation de procéder à la destruction des constructions illicites édifiées pour permettre l’installation en réunion sur le terrain faisant l’objet de la mesure d’évacuation. Le président du tribunal ou son délégué statue, en la forme des référés, dans un délai de 48 heures.
Lorsque le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage du terrain fait obstacle à l’exécution de la mise en demeure, le préfet peut lui demander de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser l’atteinte à la salubrité, à la sécurité et à la tranquillité publiques, dans un délai qu’il fixe.
Le fait de ne pas se conformer à l’arrêté pris en application de l’alinéa précédent est puni de 3 750 euros d’amende.

II. - Les personnes destinataires de la décision de mise en demeure prévue au I, ainsi que le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage du terrain peuvent, dans le délai fixé par celle-ci, demander son annulation au tribunal administratif. Le recours suspend l’exécution de la décision du préfet à leur égard. Le président du tribunal ou son délégué statue dans un délai de soixante-douze heures à compter de sa saisine.
(Article 32 ter A (nouveau) : Procédure d’évacuation forcée des campements illicites
« L’article 226-4 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Est puni des mêmes peines le fait de séjourner dans le domicile d’autrui sans l’autorisation du propriétaire ou du locataire et de ne pas le quitter immédiatement à la requête du propriétaire ou du locataire. » )

signez la pétition

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 17:35

"Secrétariat de la fédération Droit Au Logement ( DAL )"


Objet : Contre la LOPPSI 2 : le 32 ter A adopté par l'assemblée avec de nombreuses autres régressions
 

L'Assemblée nationale vient d’achever l’examen “article par article”, de la LOPPSI en 2 iem lecture, et a durcit le texte. Il s’agit d’une des lois les plus répressives de ces dernières décennies. L’adoption par les députés de l’ensemble de la loi sera effectuée mardi 21 décembre en deuxième partie de l’après midi, puis elle sera rediscutée au Sénat courant janvier.

Certains amendements très liberticides ont été retirés ou rejetés en séance, ( reconnaissance automatique des individus à partir de la généralisation de la vidéo surveillance, ’instauration d’une peine plancher d’un an ferme pour les personnes accusée de violence à agent, ou pénalisation de certains sous locataires ou squatters ...)
 

L'article 32 ter A, procédure expéditive d'expulsion des habitants d'habitations hors norme, complété d'une amende de 3750 euros d'amende lorsque le propriétaire s'oppose à l'expulsion, a été adopté avec le soutien du Gouvernement, dans sa version du Sénat. Trois députés de l’opposition Mr Patrick BRAOUZEC (PCF), Mr François PUPONI et Mr Jean Jacques URVOAS (PS), ont défendu le retrait de cet article de loi très rétrograde.
L’article pénalisant la vente à la sauvette, a été adopté ainsi que de nombreux autres qui remettent en cause les libertés individuelles, accablent les populations les plus précarisées et stigmatisées, répriment les militants et les jeunes, menacent la liberté d’expression, La mobilisation se poursuit et s'étend : Les associations, organisations et syndicats réunis mercredi soir (DAL, Jeudi noir, FSU, Intersquat, LDH, RESEL, SM, SAF, Solidaire, NPA ...) , appellent à un grand rassemblement mardi 21 décembre à 17h, à l'Assemblée nationale, lors de l’adoption générale de la loi, et appellent à une journée nationale de manifestations en janvier avant la lecture au Sénat .

D'ici là de nombreuses manifestations et initiatives sont organisées  dans toute la France : Samedi 18 décembre à : Angers, Besançon, Clermont Ferrand, Figeac, Grenoble, Montpellier, Nantes, Paris, Périgueux, Perpignan, Rennes, Saintes, Strasbourg, Toulouse, Tours, Valence ...
 
Plus d’informations , en attendant la mise en place d’un blog d’information et de relais vers les sites :

http://www.loppsi2-habitat.blogspot.com/
Et http://www.halemfrance.org/

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 17:27

Mediapart

 

Pour le conseil d'État, les demandeurs d'asile n'ont qu'à dormir sous des tentes

 

Par Carine Fouteau

 

14 Décembre 2010

En pleine vague de froid, le conseil d'État préconise d'«accueillir» les demandeurs d'asile sous des tentes, en l'absence de places disponibles dans les centres d'hébergement ou en hôtel. Jusqu'à présent, jamais les pouvoirs publics français n'avaient considéré ce type d'abris de fortune comme une solution acceptable. Le réflexe était même plutôt de faire condamner les associations, comme Don Quichotte et le DAL, ayant installé des campements pour alerter l'opinion publique.

Dans un jugement du 19 novembre 2010, à propos d'un exilé afghan laissé à la rue, le juge des référés de cette haute juridiction, supposée veiller au respect de la légalité, franchit le pas. Il estime qu'il appartient au préfet de Paris de «recourir à des modalités d'accueil sous forme de tentes ou d'autres installations comparables» quand «les capacités de logement normalement disponibles sont temporairement épuisées».

En arriver à légitimer cette option marque non seulement la faillite structurelle du dispositif de l'hébergement des plus démunis mais aussi le manque de volonté politique, la résignation des autorités, voire le mépris à l'égard d'une population précaire, étrangère et en quête de protection.

Repérée par le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), cette décision a fait bondir plusieurs associations de lutte contre l'exclusion et de défense des droits des étrangers qui s'apprêtent à rendre public un texte commun. ATD Quart Monde est l'un des signataires. «Que l'État propose formellement une solution comme celle-ci, que la puissance publique brade ses ambitions à ce point, c'est accablant et dangereux car cela autorise tout un chacun à dire: “c'est mieux que rien” ou “c'est déjà ça”», indique Véronique Davienne, déléguée nationale de cette association.  Pour Jean-Pierre Alaux, du Gisti, ce jugement est «humainement dégradant» et contrevient au droit dans la mesure où «le Conseil d'État exonère la France d'appliquer la législation européenne».

Celle-ci édicte en effet des règles claires. La directive de janvier 2003 sur les demandeurs d'asile oblige les États membres de l'Union européenne à leur assurer des «conditions d'accueil comprenant le logement, la nourriture et l'habillement, fournis en nature ou sous forme d'allocation financière ou de bons, ainsi qu'une allocation journalière». Établies dans l'objectif de garantir le «respect de la dignité humaine», ces «normes minimales» sont indispensables pour permettre aux exilés d'accomplir les démarches administratives en vue d'obtenir le statut de réfugié (réunir les pièces du dossier, expliquer par écrit les raisons de leur émigration, etc.).

·«Ils ont peur de ne pas se réveiller»

En France, l'État a, en principe, l'obligation de loger les personnes venues de l'étranger pour échapper à des persécutions. Mais le manque récurrent de moyens le conduit à bafouer continuellement la loi. «Depuis un an, à Paris, le préfet a été condamné plus de 200 fois à la suite de référés-liberté déposés par des demandeurs d'asile qui s'étaient retrouvés à la rue», note Jean-Pierre Alaux. «Certaines décisions, ajoute-t-il, sont assorties d'astreintes de 200 euros par jour. Mais ça n'a pas l'air d'émouvoir beaucoup le gouvernement. Rien ne change.»

Chaque année, ou presque, les associations tirent la sonnette d'alarme. En vain. Au fil des ans, la situation se dégrade, en raison de la hausse de la demande d'asile et de l'allongement des délais d'instruction des dossiers (dix-neuf mois en moyenne). En 2009, près de 48.000 demandes d'asile ont été enregistrées (y compris les réexamens). Les centres d'hébergement des demandeurs d'asile (CADA) ne disposent, eux, que de 20.400 places.

L'allocation temporaire d'attente (ATA) dont bénéficient ceux pour lesquels la procédure est engagée (10,67 euros par jour ou 320 euros par mois) est largement insuffisante pour espérer trouver une chambre dans un hôtel. Quant à l'interdiction qui leur est faite de travailler, elle les empêche de gagner légalement de quoi subvenir à leurs besoins.

Dans ces conditions, faute de famille ou d'amis pour les recevoir, des milliers de personnes n'ont d'autres choix que de se tourner vers l'hébergement d'urgence. Mais ce dispositif-là est lui aussi saturé, si bien que des centaines d'exilés se retrouvent à la rue chaque nuit.

En maraude un week-end glacé de décembre, Jacky Roptin, psychologue à Médecins sans frontières (MSF), a croisé une cinquantaine d'Afghans enfouis sous des couvertures, dormant dehors. Depuis que le campement installé sous le pont du métro Jaurès a été détruit, ces hommes, jeunes pour la plupart, sont dispersés dans l'Est parisien, «entre les pistes de skateboard en dessous de la ligne de métro, les arcades à proximité du canal Saint-Martin et le kiosque du boulevard Richard Lenoir».

«On leur apporte des gants et des sacs de couchage, indique-t-il, car certains, notamment ceux qui viennent d'arriver, n'ont pas de vêtements assez chauds pour se protéger.» «Quand ils appellent le 115, poursuit-il, on leur dit de rappeler plus tard, et, en général, quand ils croisent les services de maraude de la Ville de Paris, ils ont déjà trouvé un emplacement sur un trottoir, abrité du vent, avec des cartons pour s'isoler du sol.» À la tête du centre d'écoute et de soins médico-psychologiques de MSF, situé passage Dubail dans le Xe arrondissement de Paris, Jacky Roptin les reçoit en consultation deux jours par semaines. «Ce qui me frappe, dit-il, c'est qu'ils me disent qu'ils essaient de ne pas dormir parce qu'ils ont peur de ne pas se réveiller.»

·FFillon réserve l'accueil inconditionnel aux périodes de grand froid

Le scandale n'est pas seulement parisien. À Nice, une centaine de demandeurs d'asile, originaires de Tchétchénie, du Daguestan, d'Érythrée, du Soudan, du Tchad ou d'Afghanistan, avaient trouvé refuge dans un immeuble inoccupé. Le 9 décembre, ils ont été expulsés par les forces de l'ordre. Ils se sont retrouvés, valises et paquets à la main, sur le trottoir. «Que cela soit à Beauvais, à Bordeaux, à Calais, à Grenoble, à Nantes, à Nice ou en Ile-de-France, des centaines de personnes sont contraintes de dormir sous des tentes dans le froid ou de squatter des bâtiments inoccupés», constatait, fin novembre, la Coordination française pour le droit d'asile (CFDA), à l'occasion du vote du projet de loi de finances pour 2011, intégrant une baisse des crédits des CADA de 4 millions d'euros.

Pour les déboutés du droit d'asile et les étrangers en situation irrégulière en transit vers la Grande-Bretagne, la Belgique ou la Scandinavie, le risque de dormir à la rue est encore plus élevé puisque les portes des CADA leurs sont fermées. Les centres d'urgence leur sont théoriquement accessibles... sauf quand l'administration en décide autrement. Libération a ainsi récemment révélé comment certaines préfectures ordonnaient, en toute illégalité, d'exclure les sans-papiers des abris d'urgence. Ce qui a contraint le secrétaire d'État au logement, Benoist Apparu, à rappeler le principe d'«accueil inconditionnel».

Dans une circulaire adressée le 6 décembre 2010 aux préfets, le premier ministre François Fillon a de nouveau semé la confusion en limitant l'exercice de ce principe aux périodes de grand froid, c'est-à-dire quand la température est inférieure à zéro degré. «Encore une fois, le gouvernement paraît méconnaître la loi, qui impose d'accueillir toutes les personnes sans abri ou en détresse», a souligné la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars), dans un communiqué. Et de rappeler le Code de l'action sociale et des familles qui établit que «toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence» (article L.345-2-2). «“À tout moment”, insiste la Fnars, cela signifie que cette obligation ne se réduit pas au Plan hivernal et aux périodes de grand froid. Le dispositif d'hébergement d'urgence fonctionne toute l'année et doit assurer l'accueil inconditionnel toute l'année.»

Monter des tentes pour les demandeurs d'asile, exclure les sans-papiers de l'hébergement d'urgence, réserver le principe de l'accueil inconditionnel aux périodes de grand froid... Les transgressions se multiplient. Et cela, alors que l'hiver n'a pas encore commencé.

 Rapports téléchargeables :

 - Rapport 2009 de l'Office français de l'immigration et de l'intégration
http://www.ofii.fr/IMG/pdf/RA_OFII_2009_070710.pdf.

- Rapport d'activité 2009 de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/cgi-bin/brp/telestats.cgi?brp_ref=104000162&brp_file=0000.pdf

 

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 17:17
Cochabamba : le texte de l’"Accord des peuples"
 


Voici la traduction en français de la déclaration finale de la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère-Terre qui s’est achevée le 22 Avril, à Cochabamba, en Bolivie

 - 30 avril 2010

 


ACCORD DES PEUPLES

Au jour d’aujourd’hui, notre Mère-Terre est blessée et le futur de l’humanité est en danger.

Avec une augmentation du réchauffement global de plus de 2°C, conséquence des soi-disant « Accord de Copenhague », il existe 50 % de chances pour que les dommages infligés à notre Mère-Terre soient totalement irréversibles. Entre 20 et 30 % des espèces seraient en voie d’extinction. De grandes étendues de forêts seraient affectées, les sécheresses et les inondations affecteraient différentes régions de la planète, il y aurait une augmentation des déserts et la fonte des calottes glaciaires aux pôles, des glaciers des Andes et de l’Himalaya s’accentueront. Beaucoup d’Etats insulaires disparaîtraient et l’Afrique subirait une augmentation de température de plus de 3°C.

De la même manière, la production d’aliments dans le monde diminuerait avec des effets catastrophiques pour la survie des habitants des grandes régions de la planète, et le nombre de personnes affamées augmenterait de manière dramatique, bien qu’il dépasse déjà le nombre de 1.020 millions de personnes.

Les corporations et les gouvernements des pays dits « les plus développés », avec la complicité d’une branche de la communauté scientifique, nous obligent à débattre du changement climatique comme un problème qui ne se limiterait qu’à une augmentation de la température sans remettre en question l’origine du problème qu’est le système capitaliste.

Nous y opposons la crise finale d’un modèle de civilisation patriarcale basée sur la soumission et la destruction d’êtres humains et de la nature, destruction qui s’est accélérée avec la révolution industrielle.

Le système capitaliste nous a imposé une logique de concurrence, de progrès et de croissance illimitée. Ce régime de production et de consommation est la recherche du bénéfice sans limites, tout en séparant l’être humain de l’environnement, établissant une logique de domination sur la nature, convertissant tout en marchandise : l’eau, la terre, le génome humain, les cultures ancestrales, la biodiversité, la justice, l’éthique, les droits des peuples, la mort et la vie elle même.

Sous le capitalisme, la Mère-Terre ne constitue qu’une source de matières premières et en ce qui concerne les êtres humains, en moyens de production et en consommateurs, en personnes qui importent pour ce qu’elles ont et non pour ce qu’elles sont.

Le capitalisme requiert une industrie militaire puissante pour étayer son processus d’accumulation ainsi que le contrôle de territoires et de ressources naturelles, tout en réprimant la résistance des peuples. Il s’agit d’un système impérialiste de colonisation de la planète.

L’humanité fait face à une grande alternative : continuer dans le chemin du capitalisme, du pillage et de la mort, ou entreprendre le chemin de l’harmonie avec la nature et le respect de la vie.

Nous avons besoin de l’établissement d’un nouveau système qui rétablisse l’harmonie avec la nature et entre les êtres humains. Il ne peut y avoir d’équilibre avec la nature que s’il existe de l’équité entre les êtres humains.

Nous invitons les peuples du monde à la récupération, la revalorisation et au renforcement des connaissances, des pratiques et savoirs-faire ancestraux des Peuples Autochtones, confirmés dans l’expérience et la proposition du « Vivre bien », en reconnaissant la Mère-Terre comme un être vivant, avec lequel nous avons une relation indivisible, interdépendante, complémentaire et spirituelle.

Pour faire face au changement climatique, nous devons reconnaître la Mère-Terre comme la source de vie et former un nouveau système basé sur les principes suivants :
- Harmonie et équilibre entre tous et avec tout
- Complémentarité, solidarité et équité
- Bien-être collectif et satisfaction de besoins fondamentaux de tous en harmonie avec la Mère-Terre
- Le respect des Droits de la Mère-Terre et des Droits Humains
- La reconnaissance de l’être humain pour ce qu’il est et pas pour ce qu’il possède
- L’élimination de toute forme de colonialisme, d’impérialisme et d’ingérence
- La paix entre les peuples et la Mère-Terre.

Le modèle que nous avons proposé ne consiste pas en un développement destructif ni illimité. Les pays ont besoin de produire des biens et des services pour satisfaire les besoins de base de leur population, mais ils ne peuvent en aucune manière continuer sur ce chemin de développement dans lequel les pays les plus riches ont un poids écologique 5 fois plus grand que ce que la planète est capable de supporter. Actuellement, on a dépassé de 30 % la capacité de la planète à se régénérer. A ce rythme de surexploitation de notre Mère-Terre, on aura besoin de deux planètes en 2030.

Dans un système interdépendant où les êtres humains ne sont qu’une des composantes, il n’est pas possible de reconnaître des droits à la seule entité humaine sans provoquer un déséquilibre dans tout le système. Pour assurer les droits humains et rétablir l’harmonie avec la nature, il est nécessaire de reconnaître et d’appliquer effectivement les droits de la Mère-Terre.

C’est pour cela que nous soumettons le projet conjoint de Déclaration Universelle des Droits de la Mère-Terre dans lequel repose :
- Le droit à la vie et à l’existence
- Le droit au respect
- Le droit au déroulement de ses cycles et de ses processus vitaux libres sans qu’ils soient troublés par l’intervention humaine.
- Le droit de conserver son identité et son intégrité en tant qu’êtres différenciés, autorégulés et interdépendants
- Le droit à l’eau comme source de vie
- Le droit à la pureté de l’air
- Le droit à la pleine santé
- Le droit d’être libre de contamination et de pollution, de déchets toxiques et radioactifs ;
- Le droit de ne pas être modifiée génétiquement et dans son organisation, ce qui compromettrait son intégrité, son fonctionnement vital et son équilibre.
- Le droit à un dédommagement complet et rapide pour les violations aux droits reconnus dans cette déclaration en conséquence de l’activité humaine.

La vision commune étant de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre pour rendre effectif l’Article 2 de la Convention Cadre de Nations Unies sur le Changement Climatique qui détermine « la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche les interférences anthropogéniques dangereuses pour le système climatique ». Notre vision consiste, sur le principe des responsabilités historiques communes mais distinctes, à exiger que les pays développés s’engagent par des objectifs quantifiés de réduction des émissions qui permettent de faire revenir le niveau de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à 300 parties par million et ainsi, limiter l’augmentation de la température moyenne globale à un niveau maximum de 1°C.

Mettant l’accent sur la nécessité d’une action urgente pour atteindre cette vision, et avec le soutien des peuples, des organisations et des pays, les pays développés devront s’engager par des objectifs ambitieux de réduction des émissions qui permette d’atteindre des objectifs à court terme, en soutenant notre vision en faveur de l’équilibre du système climatique de la Terre, en accord avec l’objectif final de la Convention.

La « vision commune » pour l’ « Action Conjointe à Long Terme » ne doit pas se limiter, dans la négociation du changement climatique, à définir une limite de l’augmentation de la température ainsi que la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais elle doit inclure de manière globale et équilibrée un ensemble de moyens financiers, de technologies, d’adaptation, de développement d’aptitudes, de schémas de production, de consommation et autres facteurs essentiels tel que la reconnaissance des droits de notre Mère-Terre pour rétablir l’harmonie avec la nature.

Les pays développés, principaux responsables du changement climatique, en assumant leur responsabilité historique et actuelle, doivent reconnaître et honorer leur dette climatique dans toutes ses dimensions, comme base pour une solution juste, effective et scientifique au changement climatique. Dans ce contexte, nous exigeons des pays développés qu’ils :
- Rétablissent les pays en voie de développement dans leur espace atmosphérique qui reste occupé par leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Ceci implique la décolonisation de l’atmosphère par le biais de la réduction et l’absorption des émissions des pays développés
- Qu’ils assument les coûts et les besoins de transfert de technologie des pays en développement pour la perte des occasions de développement dû aux espaces atmosphériques restreints
- Qu’ils se rendent responsables pour les centaines de millions qui devront émigrer en conséquence du changement climatique qu’ils ont provoqué et qu’ils suppriment leurs politiques restrictives d’émigration et qu’ils offrent aux immigrants une vie digne avec tous les droits de leurs pays
- Qu’ils assument la dette d’adaptation en relation avec les conséquences du changement climatique dans les pays en développement en fournissant les moyens de prévenir, minimiser et pallier aux désastres découlant de leurs émissions excessives
- Qu’ils honorent ces dettes comme faisant partie d’une dette plus importante avec la Mère-Terre consistant à adopter et à appliquer la Déclaration Universelle des Droits de la Mère-Terre aux Nations Unies
- L’attention ne doit pas être seulement mise sur la compensation économique, mais principalement sur une justice de restauration – c’est à dire en restituant la totalité aux personnes et aux membres qui forment une organisation vivante sur la Terre

Nous déplorons la tentative d’un ensemble de pays pour annuler le Protocole de Kyoto, l’unique instrument juridiquement contraignant spécifique pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés.

Nous avertissons le monde qu’en dépit du fait que les pays développés aient été légalement obligés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ces dernières ont augmentées de 11,2 % entre 1990 et 2007.

A cause de leur consommation sans limites, les Etats-Unis ont augmenté de 16,8 % leurs émissions de gaz à effet de serre pendant la période allant de 1990 à 2007, en émettant une moyenne comprise entre 20 et 23 tonnes annuelles de CO2 par habitant, ce qui représente plus de 9 fois les émissions correspondantes à un habitant moyen du Tiers- Monde, et plus de 20 fois les émissions d’un habitant de l’Afrique Subsaharienne.

Nous rejetons de manière absolue l’illégitime « Accord de Copenhague », qui accorde à ces pays développés de proposer des réductions insuffisantes de gaz à effet de serre, basées sur des engagements volontaires et individuels, qui violent l’intégrité environnementale de la Mère-Terre et qui nous conduisent à une augmentation d’environ 4° C.

La prochaine Conférence sur le Changement Climatique qui se tiendra à la fin de l’année au Mexique doit approuver l’amendement au Protocole de Kyoto, pour la seconde période d’engagements qui débutera de 2013 à 2017 et dans laquelle les pays développés doivent engager des réductions domestiques significatives d’au moins 50 % en rapport avec l’année référence qu’est 1990, sans inclure de marchés de carbone ni d’autres systèmes de déviation qui cacheraient la non-exécution des réductions réelles d’émissions de gaz à effet de serre.

Nous exigeons d’établir premièrement un objectif pour l’ensemble des pays développés pour ensuite accomplir l’assignation individuelle pour chaque pays développé dans le cadre d’une comparaison des efforts pour chacun d’eux, en gardant ainsi le système du Protocole de Kyoto pour la réduction des émissions.

Les Etats- Unis d’Amérique, en sa qualité d’unique pays de la Terre de l’Annexe 1 qui n’a pas ratifié le Protocole de Kyoto, a une responsabilité significative devant tous les peuples du monde pour signer le Protocole de Kyoto et s’engager à respecter et donner suite aux objectifs de réduction des émissions à l’échelle de toute son économie.

Comme peuples, nous avons les mêmes droits de protection devant les résultats du changement climatique et nous rejetons la notion d’adaptation au changement climatique entendue comme résignation aux résultats provoqués par les émissions historiques des pays développés, qui doivent adapter leurs styles et de vie et de consommation face à cette urgence planétaire. Nous nous voyons obligés d’affronter les effets du changement,climatique, en considérant l’adaptation comme un processus et non comme une contrainte, ainsi qu’un outil qui servira à les neutraliser, faisant la démonstration qu’il est possible de vivre en harmonie avec un mode de vie différent.

Il est nécessaire d’initier un Fonds d’Adaptation, comme un fonds exclusif pour faire face au changement climatique faisant partie d’un mécanisme financier contrôlé et dirigé de manière souveraine, transparente et équitable par nos Etats.

Ce fonds doit permettre de prendre en considération : les effets et leurs prix dans les pays en voie de développement ainsi que les besoins que ces effets engendrent, enregistrer et diriger le soutient fournit par les pays développés. De plus, ce fonds doit aussi gérer un mécanisme pour l’indemnisation des dommages, les conséquences passées et futures, pour la perte d’occasions et le renouvellement pour des évènements climatiques extrêmes et progressifs, et des indemnités supplémentaires qui pourraient tomber si notre planète dépasse les seuils écologiques tout comme ces effets qui freinent le droit à Vivre Bien.

Le « Sommet de Copenhague », imposé aux pays en voie de développement par certains Etats, en plus d’offrir des ressources insuffisantes, prétend dans son contenu diviser et confronter les peuples, déranger les peuples en voie de développement en conditionnant l’accès aux ressources d’adaptation en échange de mesures très palliatives. Il est établi comme inacceptable que dans les processus de négociation internationale, l’on essaye de catégoriser les pays en voie de développement selon leur vulnérabilité au changement climatique, créant des disputes, des inégalités et de la ségrégation parmi eux.

L’énorme défi auquel l’humanité fait face pour arrêter le réchauffement global et refroidir la planète sera atteint seulement en effectuant une transformation profonde dans le domaine de l’agriculture vers un modèle durable de production agricole paysanne indigène, et d’autres modèles et pratiques ancestrales écologiques qui contribueraient à solutionner le problème du changement climatique et qui assurent la Souveraineté Alimentaire, comprise comme le droit des peuples à avoir le contrôle de leurs propres semences, terres, eau et la production d’aliments.

Droit garantissant au travers d’une production, locale et culturellement appropriée, en harmonie avec la Mère-Terre, l’accès des peuples a une alimentation suffisante, variée et nutritive en complément avec la Mère-Terre améliorant ainsi la production autonome (participative, communautaire et partagée) de chaque nation et peuple.

Le changement climatique provoque déjà de profonds changements sur l’agriculture et sur les modes de vie des peuples autochtones/natifs et paysans du monde. Ces changements s’aggraveront dans le futur.

Au travers de son modèle social, le commerce agro-alimentaire, économique et culturel de production capitaliste globalisé et sa logique de production d’aliments pour le marché et non pour pallier au droit à l’alimentation, est une des causes principales du changement climatique. Ses outils technologiques, commerciaux et politiques ne font qu’augmenter la crise climatique ainsi que la faim dans le monde. Pour cette raison, nous rejetons les Traités de Libre Echange, les Accords Associatifs et toute forme d’application des Droits de Propriété Intellectuelle sur la vie, les paquets technologiques actuels (agrochimiques, transgéniques) et ceux qui s’offrent comme des fausses solutions (agro combustibles, géo-ingénierie, nanotechnologie, technologie Terminator et similaires) qui ne feront qu’augmenter la crise actuelle.

En même temps, nous dénonçons la manière dont ce modèle capitaliste impose des gros projets d’infrastructure, envahissant des territoires avec des projets extractifs, privatise et marchande l’eau, militarise les territoires en expulsant les peuples autochtones et les paysans de leurs territoires, empêchant ainsi la Souveraineté Alimentaire et creusant la crise socio- environnementale.

Nous exigeons de reconnaître le droit de tous les peuples, des êtres vivants et de la Mère-Terre a avoir accès et à jouir de l’eau et nous soutenons la proposition du gouvernement de Bolivie pour reconnaître l’eau comme un Droit Humain Fondamental.

La définition de forêt utilisée dans les négociations de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui inclue les plantations, est inacceptable. Les monocultures ne sont pas des forêts. En conséquence, à des fins de négociation, nous exigeons une définition qui reconnaisse les forêts locales, la jungle et la diversité des écosystèmes de la terre.

La Déclaration de l’ONU sur les Droits des Peuples Autochtones doit être pleinement reconnue, appliquée et intégrée dans les négociations sur le changement climatique. La meilleure stratégie et action pour éviter la déforestation, la dégradation et protéger les forêts et la jungle est de reconnaître et de garantir les droits collectifs des terres et territoires en considérant tout particulièrement que la majeure partie des forêts et jungles sont sur les territoires de peuples et de nations autochtones, de communautés paysannes et traditionnelles.

Nous condamnons les mécanismes de marchés, tel que celui de REDD (Réduction des émissions pour la déforestation et la dégradation des forêts) ainsi que leurs versions développées + et ++ qui violent la souveraineté des Peuples et leur droit au libre consentement, préalable et au droit d’être informé, tout comme la souveraineté des Etats, ce qui violent les droits, les us et les coutumes des Peuples ainsi que les Droits de la Nature.

Les pays pollueurs sont contraints de transférer directement les ressources économiques et technologiques pour payer le reboisement et l’entretient des forêts et des jungles, en faveur des peuples et des organisations organiques ancestrales autochtones, natives et paysannes. Cela sera une compensation directe et additionnelle aux sources de financement pour lesquelles les pays développés se seront engagées, en dehors du marché du carbone et ne se substituant en aucun cas aux compensations de carbone (offsets).

Nous demandons aux pays d’empêcher les initiatives locales basées sur des mécanismes de marché dans les forêts et jungles. Ces initiatives ne fournissent que des résultats inexistants et contraignants.

Nous exigeons des gouvernements qu’ils fournissent un programme précis de reboisement des forêts originales et des jungles, que ce programme soit dirigé et géré par les peuples, en utilisant des semences d’arbres, de fruits et de flore autochtone. Les gouvernements doivent éliminer les exploitations forestières et encourager la conservation du pétrole sous la terre et que l’on arrête d’urgence l’extraction des hydrocarbures dans les forêts vierges.

Nous exigeons des Etats qu’ils reconnaissent, respectent et garantissent l’application effective des règles internationales des droits humains ainsi que les droits des Peuples Autochtones, en particulier la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, la Convention 169 de l’OIT (BIT), entre autres instruments pertinents, dans le cadre des négociations, des politiques et des mesures pour résoudre les défis générés par le changement climatique.

En particulier, nous demandons aux Etats qu’ils reconnaissent juridiquement la préexistence du droit sur nos territoires, nos terres et nos ressources naturelles pour favoriser et fortifier nos modes de vie traditionnels et contribuer de manière effective à la solution au changement climatique.

Nous demandons l’application pleine et positive du droit à la consultation, à la participation et le consentement préalable, libre et renseigné des Peuples Autochtones dans tout les processus de négociation tout comme la conception et l’application des mesures relatives au changement climatique.

Aujourd’hui, la dégradation environnementale et le changement climatique atteignent des nivaux critiques, étant l’une des principales conséquences de la migration interne et vers l’internationale. Selon certaines estimations, en 1995, il y avait environ 25 millions d’émigrants climatiques, aujourd’hui, on estime leur nombre à 50 millions et les estimations pour 2050 sont de 200 à 1 milliard de personnes qui seront exilées pour des raisons de changements climatiques. Les pays développés doivent assumer la responsabilité des migrants climatiques, en les accueillant sur leur territoire, en reconnaissant leurs droits fondamentaux, par la signature des accords internationaux qui envisagent la définition de migrant climatique pour que tous les Etats observent leurs résolutions.

Constituer un Tribunal International de Conscience pour dénoncer, rendre visible, recenser, juger et sanctionner les violations des droits des migrants, réfugié(e)s dans les pays, d’origine, de transit et de destination en identifiant clairement les responsabilités des Etats, compagnies et autres acteurs.

Le financement actuel destiné aux pays en développement pour le changement climatique et la proposition de l’Accord de Copenhague est minime. Les pays développés doivent s’engager à un nouveau financement annuel, supplémentaire à l’Aide Officielle au Développement et de source publique, d’au moins 6 % de leur PIB pour faire face au changement climatique dans les pays en développement.

Ceci est possible si l’on considère qu’ils gaspillent un montant similaire en défense nationale et qu’ils ont dépensé 5 fois plus pour sauver des banques et des spéculateurs en faillite, ce qui remet sérieusement en question leurs priorités mondiales et leur volonté politique. Ce financement doit être direct, sans condition et ne pas affaiblir la souveraineté nationale ni l’autodétermination des communautés et des groupes les plus touchés.

En prévision de l’inefficacité du système actuel, il faudra établir un nouveau système de financement lors de la Conférence du Mexique. Il devrait fonctionner sous l’autorité de la Conférence des Etats Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, rendra des comptes à la sus-nommée, avec une représentativité significative des pays en voie de développement pour garantir l’accomplissement des engagements de financement des pays mentionnés dans l’Annexe 1.

Il a été constaté que les pays développés ont augmenté leurs émissions durant la période 1990-2007, en plus d’avoir manifesté que la réduction serait substantiellement soutenue par des systèmes de marchés.

Le marché du carbone s’est transformé en un négoce lucratif, ramenant notre Mère- Terre à un niveau purement financier, ceci ne représente pas une alternative pour le changement climatique, du fait que cela pille, dévaste la terre, l’eau et la vie elle même.

La récente crise financière a prouvé que le marché est incapable de maîtriser le système financier, qui est fragile et incertain devant la spéculation et l’apparition d’agents intermédiaires. En conséquence, il serait totalement irresponsable de lui laisser le soin et la protection de l’existence humaine et de notre Mère-Terre.

Nous considérons comme inadmissible que les négociations en cours nécessitent la création de nouveaux systèmes qui amplifient et font la promotion du marché du carbone a tel point que les systèmes existants n’ont jamais résolus le problème du Changement Climatique et qu’ils ne se soient pas, non plus, transformés en actions concrètes et directes pour la réduction des gaz à effet de serre.

Il est fondamental d’exiger l’accomplissement des engagements pris par les pays développés dans la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique en rapport au développement et au transfert de technologie, tout comme il est important de rejeter la « vitrine technologique » proposée par des pays développés qui ne font que commercialiser la technologie. Il est fondamental d’établir la direction pour la création d’un système multilatéral et multidisciplinaire pour le contrôle participatif, la gestion et l’évaluation continue de l’échange de technologies.

Ces technologies doivent être utiles, propres et socialement adéquates. De la même manière, il est fondamental d’établir un fonds de financement avec un inventaire des technologies appropriées et libres de droits de propriétés intellectuelles, en particulier, de brevets qui doivent passer du monopole privé au domaine publique, d’accès libre et à un prix bas.

La connaissance est universelle, et ne peut en aucun cas être l’objet d’une propriété privée et d’une utilisation privatisée, de même que ses applications sous forme de technologies.

C’est le devoir des pays développés de partager leur technologie avec les pays en voie de développement, de créer des centres de recherche pour la création de technologies et d’innovations propres. C’est aussi leur devoir de défendre et de stimuler leur développement et son application pour vivre bien.

Le monde doit retrouver, apprendre, réapprendre les principes et les objectifs de l’héritage ancestral de ses peuples natifs afin de retarder la destruction de la planète, tout comme les connaissances, les pratiques ancestrales, ainsi que retrouver la spiritualité par la réinsertion du Vivre Bien avec notre Mère-Terre.

En prenant en compte le manque de volonté politique des pays développés pour s’acquitter efficacement de leurs engagements et de leurs obligations pris lors de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et durant la Protocole de Kyoto, et face à l’inexistence d’une instance juridique internationale qui pallie et sanctionne tout ces crimes et délits climatiques et environnementaux qui porte atteinte aux droits de la Mère-Terre et à l’humanité, nous demandons la création d’un Tribunal International de Justice Climatique et Environnemental qui ait la capacité juridique inaliénable de parer, juger et sanctionner les Etats, les entreprises et les personnes qui par action ou omission, provoquent le changement climatique.

Soutenir les Etats qui présentent des plaintes devant la Cour Internationale de Justice contre les pays développés qui ne s’acquittent pas de leurs engagements pris lors de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et lors du Protocole de Kyoto en incluant leurs engagements de réduire les gaz à effet de serre.

Nous prions instamment les peuples de proposer et de promouvoir une réforme profonde de l’Organisation des Nations Unies (ONU), afin que tous ses Etats membres respectent les décisions du Tribunal International de Justice Climatique et Environnementale.

Le futur de l’humanité est en danger et nous ne pouvons pas accepter qu’un groupe de dirigeants des pays développés puissent décider pour tous les pays comme ils ont essayé de le faire lors du Sommet des Nations de Copenhague. Cette décision incombe à tous les peuples. Pour cela, la réalisation d’un Référendum Mondial, plébiscite ou consultation populaire, sur le thème du Changement Climatique, afin que nous soyons tous interrogés sur :

- le niveau de réduction des émissions que doivent réaliser les pays développés et les multinationales
- le financement que les pays développés doivent fournir
- la mise en place d’un Tribunal International de Justice Climatique
- la nécessité d’une Déclaration Universelle de Droits de la Mère-Terre
- nécessité de changer l’actuel système capitaliste

Le processus du Référendum Mondial, plébiscite ou consultation populaire sera le fruit d’un processus de préparation qui assurera son développement avec succès.

Dans l’objectif de coordonner notre action internationale et de mettre en oeuvre les résultats du présent « Accord des Peuples », nous appelons à la construction d’un Mouvement Mondial des Peuples de la Mère-Terre qui se fondera sur les principes de complémentarité et de respect de la diversité d’origine et d’opinion de ses participants, constituant ainsi en une vaste plateforme démocratique de coordination et d’articulation d’actions au niveau mondial.

A cette fin, nous adoptons le plan d’action mondiale ci-joint pour qu’au Mexique, les pays développés de l’Annexe 1 respectent le cadre juridique en vigueur et qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effets de serre de 50 % et qu’ils assument les différentes propositions contenues dans cet Accord.

En conclusion, nous convenons de réaliser la 2ème Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère-Terre en 2011, comme constituante de ce processus de construction du Mouvement Mondial des Peuples pour la Mère-Terre et afin de réagir face aux résultats de la Conférence sur le Changement Climatique qui se déroulera à la fin de l’année à Cancún.


 

Source : Courriel de l’Ambassade de Bolivie en France.

Version originale en espagnol : http://cmpcc.org

Lire aussi : En direct de Cochabamba http://www.reporterre.net/spip.php?...

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 17:14
La Bolivie radicalise la négociation climatique
 


Evo Morales : "Soit le capitalisme meurt, soit la planète trépasse"

Hervé Kempf - 10 décembre 2010

 


(Depuis Cancun, au Mexique)

La Bolivie joue-t-elle les trouble-fêtes ? Vu du « Moon Palace », hôtel de luxe où se tient la conférence sur le climat des Nations unies à Cancun jusqu’à samedi 11 décembre, sans doute : la délégation bolivienne s’est retirée vendredi des groupes de discussion mis en place par la présidence mexicaine afin de faire progresser la négociation. Et sa vive contestation d’un possible abandon du Protocole de Kyoto pourrait menacer la conclusion de l’accord qui se dessine depuis quelques jours.

Mais vu du centre sportif Jacinto Canek, au centre ville de Cancun, loin des hôtels où s’agglomèrent les touristes américains, il en va tout autrement : étaient ici réunis, jeudi 9 décembre, plus de mille paysans et indigènes mexicains et d’autres pays d’Amérique latine, ainsi que nombre de délégations de la société civile d’Europe et d’Amérique. Et au milieu des chants, du mouvement des drapeaux, des slogans repris avec force et de bon cœur, la Bolivie apparaît comme un Etat qui porte les aspirations et la colère populaires. Quand le président Evo Morales arrive, d’ailleurs, il doit d’abord écouter sagement, pendant plus d’une heure, les interventions de délégués de nombreux Etats et associations. Ce n’est qu’ensuite qu’il peut expliquer sa position : « Les pays capitalistes veulent marchandiser la nature pour générer plus de ressources économiques. Mais ce n’est pas avec l’argent que nous allons abaisser la température de la planète ! »

La ruade bolivienne n’est cependant pas improvisée. Depuis qu’Evo Morales, un leader paysan et indigène, est devenu président de la République d’un des Etats les plus pauvres d’Amérique latine, il a développé une politique extérieure largement axée sur des positions environnementales originales.

Il défend « les droits de la Terre-Mère », ou Pachamama, le terme employé dans les cultures andines, et demande aux Nations unies de les reconnaître, au même titre que les droits de l’homme. Il dénonce avec constance le capitalisme comme la cause du changement climatique. Il a organisé en avril 2010 un "sommet des peuples" à Cochamba, dans son pays. Et avec les autres pays de l’Alba (une association d’Etats unissant notamment la Bolivie, le Venezuela, l’Equateur et Cuba), il a empêché que l’accord de Copenhague soit pleinement reconnu, en décembre 2009. Cela surprend l’univers policé de la négociation climatique, mais Evo Morales pose le problème sous une forme radicale : « Il n’y a que deux solutions, a-t-il expliqué en conférence de presse jeudi : soit le capitalisme meurt, soit la Terre mère trépasse. »

Petit Etat, la Bolivie n’en a pas moins une voix à la table de la communauté internationale. Elle est en passe de devenir le porte-parole d’un mouvement environnemental qui se réorganise sous l’étendard de la « justice climatique », alliant la question écologique à la question sociale. Mais il est peu probable qu’elle bloque vraiment l’accord qui se dessinait jeudi à Cancun. Ses amis, les autres Etats de l’Alba, participent activement aux négociations, et accepteront le compromis sur la question clé, celle de la prolongation du protocole de Kyoto, si l’on trouve une formulation acceptable : « Morales a lancé un appel à la conciliation et au compromis lors de son discours en plénière  », relève Claudia Salerna, qui dirige la délégation venezuelienne, très proche des Boliviens. Et chez les grandes ONG environnementales, on juge que la Bolivie joue un rôle positif : « La Bolivie insiste depuis deux ans avec constance pour que les plus pauvres et les plus faibles aient une voix au chapitre », note Yolanda Kakabadse, directrice du WWF International. En fait, juge Karine Gavand, de Greenpeace, « la Bolivie est isolée dans son attitude de refus des discussions par petits groupes, et il est peu probable qu’elle bloque tout le processus. Nous sommes plus inquiets de l’attitude de la Russie ou du Japon, qui refusent pour l’instant tout accommodement sur le protocole de Kyoto. »

En effet, la Russie a annoncé jeudi qu’elle ne signerait pas une nouvelle période d’engagement du protocole de Kyoto, suivant la position du Japon, exprimée au début de la conférence. C’est autour de cette question que va se jouer la conférence de Cancun : et ici, la Bolivie ne sera pas seule pour dénoncer le refus des Etats anciennement industrialisés de prolonger le protocole de Kyoto. Non seulement les pays de l’Alba mais une large partie du groupe des pays en développement, le G77, dénoncent l’attitude du Japon et de la Russie.


Source : Reporterre

 

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 22:27

19 février 2010

De Gaulle in, islam out

Mosquée el azar au caire 2006 (Reuters) 
Le général fait son apparition en littérature en terminale L, la civilisation musulmane disparait de l'histoire en seconde... Les nouveaux programmes  du lycée font des vagues. A quel titre les Mémoires de Guerre de de Gaulle remplacent-elles les Pensées de Pascal ? Pourquoi repousser l'étude de l'islam à la terminale, et encore, pas pour toutes les filières ?

 

En raison de la réforme du lycée qui modifie les heures d'enseignement, les programmes ont été refaits. Ils ont été soumis à consultation le 27 janvier sur le site du ministère de l'Education. Les enseignants ont jusqu'au 12 mars pour donner leurs réactions. Mais beaucoup sont sceptiques: tout est déjà décidé, pensent-ils, s'il y a des modifications, elles seront à la marge.

Commençons par l'islam, question sensible en ces temps de débat sur l'identité nationale. Jusqu'ici, le programme d'histoire de seconde comportait un chapitre sur "La Méditerranée au XIIè siècle: carrefour de trois civilisations". On y étudiait notamment la civilisation musulmane, ses savants, son art et son influence sur l'Occident.

 

 

"Dans les établissements de banlieue, explique une enseignante, c'était très apprécié des élèves musulmans. Pour une fois, on parlait de cette culture sous un jour positif. Pour les autres, c'était à mon avis encore plus important: loin des clichés, cela leur permettait de mieux connaître cette religion et la culture arabo-musulmane".

 

Dans le nouveau programme, ce chapitre est supprimé. A la place, on étudie l'Occident chrétien médiéval avec, en illustration, la vie d'un moine ou d'une moniale.

Le ministère se défend en soulignant que dans le chapitre sur la diversité du monde (XVè-XVIè siècle), il y a l'étude obligatoire de deux villes. L'une est: "De Constantinople à Istanbul: un carrefour de civilisations". L'autre est, au choix, Pekin ou Tenochtitlan. Petit problème: il est prévu d' n'y consacrer qu'une heure...

De fait, l'islam est repoussé en terminale, L et ES (les S n'ont plus d'histoire). Au programme: le monde depuis 1945. L'islam y est évoqué au travers du conflit israélo-palestinien, puis de l'islamisme dans le cadre du chapitre sur les relations internationales depuis 1991.

"L'islam apparaîtra à travers l'islamisme et le terrorisme, ce qui risque de renforcer les peurs vis à vis des musulmans, poursuit cette enseignante. Est-ce un reflet de l'idéologie du moment ? Je trouve très dangereux d'enseigner une identité nationale et européenne ainsi refermée sur elle-même. Car on n'aborde pas non plus l'esclavagisme ni les colonies d'outre-mer".

Les terminales S, elles, risquent carrément de ne jamais entendre parler d'islam en histoire. Avec une heure de  plus en première et plus rien en terminale, elles sont censées faire le programme de deux ans. Donc peut-être étudier l'islam ? Mais en même temps, elle doivent faire le même programme que les L et les ES. Car dans la réforme, les élèves doivent pouvoir passer d'une filière à une autre. En fait personne n'y voit clair.

Statue du général de Gaulle à Moscou mai 2005 (Reuters)

 

Simultanément, De Gaulle, évidemment déjà très présent dans les programmes d'histoire, fait son entrée en littérature, en terminale L pour l'année 2010-2011. L'étude du tome III ("Le Salut 1944-1946") de ses "Mémoires de guerre" figure parmi les quatre oeuvres obligatoires - aux côtés de "l'Odyssée", de "Fin de partie" de Beckett et de "Tous les matin du monde" de Pascal Quignard, lui aussi un nouveau venu (il remplace "Les liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos dans l'ancien programme).

Chaque année, la moitié de la liste - soit deux oeuvres sur les quatre - est renouvelée. De Gaulle prend la place de Pascal et de ses Pensées, dans le chapitre Littérature et débats d'idées. Du coup, on compte trois auteurs du XXè.

 

Le Snes, premier syndicat du secondaire, a été le premier à réagir: "de nombreux collègues s'interrogent sur ce choix. Quelle est sa  pertinence ? Devant la difficulté  de l'étudier comme un ouvrage "littéraire", ne peut-on pas voir dans ce choix une nouvelle orientation de la discipline qui semble confondre littérature et histoire ?". D'autres y voient un signe des temps plus idéologique.

Crédits photos: la mosquée al-Azhar au Caire en 2009, la statue de De Gaulle à Moscou en 2005 (Reuters)

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 22:12
 
 Territoires : les enjeux, les lieux où l'on (se) parle
par Jean-Marie Bergère - 14 Décembre 2010

 

 

Le développement local est sorti de sa marginalité originelle. Il ne s'agit plus de ressusciter quelques productions au goût de terroir mais d'analyser les « moteurs des économies locales » et éventuellement leur vulnérabilité (« La crise et nos territoires. Premiers impacts »). Les pôles de compétitivité et les clusters font se croiser lieux géographiques, réseaux, innovations et secteurs d'activités. Les restructurations sont suivies d'actions de revitalisation qui portent explicitement sur les bassins d'emploi touchés. La territorialisation des politiques publiques, nationales ou régionales, est un objectif permanent. Le dialogue social aussi se territorialise.

 

 

territoire

Ce mouvement n'est d'ailleurs pas seulement franco-français. Il est à l'œuvre en Pologne, en Roumanie, en Suède comme l'a révélé un récent projet européen d'ASTREES (Fostering job creation in Small and medium Enterprise- Fosme). Il existe aussi dans des pays à culture très centralisée comme l'Angleterre ou fédérale comme l'Allemagne. Il y prend des formes et des noms différents, dont les traductions sont rarement satisfaisantes.

 

Dans un contexte de mutations et de chômage de masse et de longue durée, la GPEC connaît en France une nouvelle jeunesse en devenant territoriale. La gestion et l'accompagnement des transitions professionnelles et des mobilités et en général toutes les actions qui s'abritent sous le large parapluie de la GPEC territoriale ou GTEC (au choix) sont de bons exemples pour saisir les enjeux de ce mouvement qui ne se réduit pas au mouvement de décentralisation ou de déconcentration.

 

L'emploi se prête particulièrement à une gestion territorialisée. Les parcours professionnels ne sont pas des objets théoriques ou hors sol. Ils ont besoin de repères et d'un environnement. S'ils ne peuvent plus se concevoir au sein de la même entreprise, ni même au sein d'une branche ou d'un métier, le bassin d'emploi offre un nouveau cadre « sécurisant ». Sécurisant, au sens où il est suffisamment connu, familier, doté de ressources en termes de services ou d'informations, ressources amicales, familiales comme institutionnelles. Bien sûr, du point de vue des compétences attendues, du métier à exercer, la part d'inconnu et d'incertitudes est plus grande lorsqu'on doit changer de « boîte », mais l'ouverture au territoire augmente a priori mécaniquement les possibilités en préservant la familiarité d'un cadre connu.

 

Des problèmes à facettes

L'emploi, la recherche d'un emploi ou la création d'emplois, est une question à facettes. C'est bien sûr une question économique. L'emploi est en relation directe avec la compétitivité des entreprises ou les revenus du territoire pour développer le commerce, financer l'emploi public, dans les hôpitaux ou les services, et l'emploi associatif dans les secteurs émergents des services à la personne ou du recyclage. C'est aussi une question sociale dès que les risques de déclassement, de chômage de longue durée ou de pauvreté apparaissent. Une question d'éducation et de formation, tant compte le « bagage » que chacun porte avec lui dans son parcours professionnel. Une question institutionnelle, tant est déterminante la qualité des structures en charge de l'information, de l'orientation et de l'accompagnement des demandeurs d'emploi comme des créateurs ou des candidats à la mobilité. Une question de politique publique éventuellement. Une question de culture pour départager ceux qui vont entreprendre sans peur de l'échec (toujours possible) et ceux à qui manquera l'idée, l'audace ou l'occasion. Une question d'image et d'attractivité, une question de climat peut-être si on pense à l'origine de la Silicon Valley ou de Sophia Antipolis. Une question d'infrastructure pour faciliter l'accès et la logistique. Une question de voiture qui ne tombe pas en panne ou de garde d'enfants comme le montre Florence Aubenas dans Quai de Ouistreham.

 

La tendance est partout la même. En passant de problèmes formulés en termes de logement à des problèmes formulés en termes d'habitat ou d'urbanisme, de problèmes de routes à des problèmes de transport multi-modal, des problèmes de l'agriculture à ceux du monde rural et de l'environnement, le changement n'est pas terminologique. Il n'est pas non plus quantitatif. Il ne faut pas plus des mêmes logements, plus des mêmes routes, plus des mêmes produits agricoles. Il faut prendre les problèmes autrement. À des problèmes essentiellement techniques les pouvoirs publics organisés en services spécialisés pouvaient répondre par des produits ou des prestations simples, homogènes et programmables. À des problèmes « à facettes » il faut des réponses sur mesure faisant intervenir des acteurs multiples contribuant chacun pour une part seulement. Les cloisons entre services spécialisés, longtemps garanties de haute technicité et de compétences, deviennent ce qu'il faut abattre absolument. Les questions de coopération et d'organisation deviennent cruciales. 

 

Nous n'avons pas assisté à une revanche des pouvoirs locaux contre le pouvoir central, à un déplacement du curseur dans la répartition des pouvoirs entre le haut et le bas de la hiérarchie, d'un nouvel épisode de la lutte entre Jacobins et Girondins. Nous avons assisté à une multiplication des sources de régulation et de légitimité comme autant de nouveaux foyers d'initiatives et de possibles contributions à une part de solution des problèmes. Les organisations syndicales renouent ainsi, mais dans une tout autre posture avec le temps des « bourses du travail » et sortent elles-mêmes des cadres nationaux, de branches ou d'entreprise.

 

Dispositifs techniques ou action collective

Cette multiplication des acteurs, si elle n'est pas le résultat d'un phénomène de génération spontanée et est pleinement justifiée par la nature des problèmes, est aussi forcément une source de blocages et de dysfonctionnements. L'organisation des actions, la prise de décision que cela implique, la répartition des rôles, la constance dans les choix, l'évaluation et les apprentissages qui lui sont liés, ne peuvent pas se concevoir comme au temps récent où l'Etat avait le monopole de la formulation des problèmes, de la planification de leur traitement, des arbitrages budgétaires sans lesquels rien ne se concrétise. Il effectuait bien un travail avec les responsables locaux, élus municipaux et grands élus (le député-maire bien sûr). Mais il consistait surtout à négocier les attributions de moyens, les investissements et les adaptations à la marge de dispositifs nationaux au contexte local. Et les acteurs privés, entreprises, syndicats, associations, en étaient en général exclus.

 

 

collectif

La situation est radicalement différente aujourd'hui. Cette action collective, si elle est prise au sérieux (condition de sa réussite) ne conduit pas à adapter des dispositifs pensés ailleurs à des situations locales. Elle conduit à formuler les problèmes à résoudre comme des problèmes originaux, à penser les solutions « sur mesure », à avoir de l'appétit pour les constructions inédites, les innovations SGDG (« sans garantie du gouvernement »). Sur mesure parce que les entreprises ne sont pas les mêmes, que les secteurs concernés sont différents, que les compétences et les diplômes varient, mais aussi parce que les expériences vécues ne sont jamais identiques, que les relations entre les institutions et les personnes qui les représentent sont toujours faites de chair et d'histoire(s) autant que d'organigrammes, de qui fait quoi, de blocs de compétences. C'est en ce sens que le territoire est un espace approprié. Comme l'araignée tisse sa toile, chacun tisse son territoire (avec des intentions moins prédatrices, espérons-le) et s'y établit. Le territoire est le produit d'un acte de territorialisation et non d'une décision administrative. C'est le deuxième changement qualitatif. Certains, habitués à faire reposer leur action sur des dispositifs technico-administratifs ou des outils proposés par ceux qui sont censés savoir, experts et consultants, y voient une faiblesse. Et si c'était une force ? Et si c'était ce qui donne l'énergie de s'y impliquer, qui procure le plaisir de faire ? 

 

Nous savons tous à quel point l'engagement subjectif compte dans les dynamiques territoriales. Cet engagement a besoin de liberté. Il est frappant de noter que les impulsions venues d'en haut peinent à trouver les relais locaux alors même que les acteurs locaux se plaignent de ne pas trouver un écho suffisant à leurs projets. La (brève) histoire des Maisons de l'Emploi est un exemple des cette difficulté à trouver les bonnes relations. Des pratiques localisées sont généralisées par la loi sur la Cohésion sociale. Immense espoir. Tout le monde travaille. Et puis alors que les organisations se mettent à peine en place, coup de frein général. Désinvolture au sommet, découragement sur le terrain. Ces politiques de stop and go sont fatigantes, toxiques, violentes. Cela ne signifie pas néanmoins que l'action locale puisse ignorer les acteurs « extra-territoriaux » et la situation globale. L'Etat, les Régions, les unions départementales ou régionales, les sièges sociaux, l'Europe, sont présents dans les projets locaux. Mais leur rôle n'est pas celui d'une tutelle ou d'un lieu de décision, pendant que le local serait celui de l'exécution.

 

Les schémas faisant alterner les mouvements entre top-down et bottom-up ne disent pas grand-chose de l'articulation « en 3D » entre des coopérations horizontales et des coopérations verticales à acteurs multiples. Nous avons affaire à des agencements complexes, à des combinaisons plus contingentes que nécessaires ! Cela rend le reporting aux niveaux supérieurs, difficile. Il arrive que le monde réel résiste à sa mise en forme trop simplifiée ! A-t-il tort pour autant ? Ces actions qui s'inscrivent dans une mémoire, une histoire, une singularité, une ambiance, un climat, une vision d'un avenir souhaitable, ne sont-elles pas des lieux de résistance aux tentatives d'uniformisation du monde ? Si c'est ça, alors bravo, tant je tiens ces tentatives pour une des causes profondes de notre découragement et de notre désarroi. Les parcours des territoires comme les parcours professionnels illustrent à merveille cette formule selon laquelle nous sommes les produits d'une histoire dont nous cherchons en permanence à devenir les auteurs. A défaut nous ne verrons que mouvements erratiques et proprement « insensés ». 

 

Chapelet de projets et capitalisation

Les organisations par projet se sont imposées en réponse à ces deux exigences : réunir des acteurs nombreux et qui ne sont pas liés par des relations hiérarchiques et construire des réponses qui s'intègrent dans l'histoire locale, ses réalités, ses perspectives, ses souhaits ou ses rêves. Les avantages de ces organisations sont indéniables. Archipels fragmentaires qui se solidifient au milieu d'une réalité très fluide voire « gazeuse », elles permettent de définir des frontières acceptables parce que provisoires. Elles réunissent des organismes privés, publics et associatifs en fonction du problème précis (au moins en fonction d'une formulation « provisoire » du problème par ceux qui prennent l'initiative, ce qui peut conduire à exclure certains secteurs comme celui de l'Insertion par l'Activité Economique par exemple, mais c'est une autre question). Les modalités de décision collective y sont définies en fonction des participants, de leurs capacités contributives ou de leur autorité mais aussi de leurs habitudes et intérêts. Les moyens financiers et humains sont répertoriés. Les échéances sont affirmées. Les résultats attendus et les modalités d'évaluation « de ce qui permettra de dire que le projet est réussi » font l'objet d'un accord entre les participants. C'est un mode d'organisation qui a en plus l'avantage d'être connu des entreprises et en général de tous les acteurs, en France comme dans la plupart des pays.

 

On pourrait conclure ici. Je ne veux pas le faire sans poser quelques questions sur les limites de ces organisations, en particulier lorsque l'action collective veut s'attaquer aux questions d'emploi et de compétences. Une limite tient sans aucun doute au possible écart qui se creuse entre territoires. S'il n'y a pas de territoires sans avenir, mais uniquement des territoires sans projet, que faire quand ces projets manquent. Le déplorer en constatant que c'est comme ça, il y a des gagnants et des perdants ? On voit bien la limite d'actions qui conduiraient à détruire ce qui reste de cohésion territoriale. Ce n'est pas un hasard si l'Europe s'est fixée des objectifs en termes de cohésion sociale et territoriale.

 

Une autre limite tient aux difficultés d'apprentissages. L'appel récurrent à « capitaliser » ne répond pas à une mauvaise volonté des acteurs. Il naît d'une difficulté intrinsèque à ce type d'organisation. Les réflexions issues du séminaire qu'ASTREES a organisé les 1er et 2 décembre à Orléans avec le Conseil régional du Centre ouvrent des pistes nouvelles. Si capitaliser signifie définir le modèle d'action universel, repérer la bonne pratique qui pourra être diffusée et reproduite, alors le risque est grand que cet appel continue à meubler les colloques (au côté de celui qui porte sur l'anticipation....) sans résultats. Si capitaliser signifie imposer la bonne institution garante de la mémoire et des savoirs et y trouvant une légitimité permanente et définitive pour piloter les projets, nous pouvons nous préparer à de longs et stériles débats de préséance. Si capitaliser en revanche consiste à miser sur l'expérience des acteurs, sur les savoirs faire qu'ils acquièrent au fil des projets, à faire confiance à leur discernement et à leur capacité de jugement, alors, non seulement nous serons cohérents avec l'affirmation des responsabilités des acteurs locaux, mais nous constaterons des progrès effectifs. Moins visibles peut-être, plus difficiles à consolider dans un bel histogramme ou un bel organigramme au niveau régional ou national, mais parfaitement opérationnels et pleins d'avenir. Un consultant à qui a été confié très récemment l'évaluation du dispositif ALIZE de soutien au développement de l'emploi dans les TPE et PME, et qui a par ailleurs bien fait son travail, concluait sa présentation par un constat sous forme de mise en garde : le dynamisme du dispositif repose sur des personnes. Entendez : « ce n'est pas possible, c'est une faiblesse et un risque mortel pour l'action ». Eh oui, l'action humaine repose sur des personnes, c'est-à-dire sur des êtres qui ne se conçoivent jamais comme les exemplaires d'une série, les copies d'un original, les clones d'un modèle unique et qui vibrent plus pour l'inventivité et la chaleur des relations sociales et subjectives que pour la standardisation et les procédures.

 

Il est possible de formuler cette conclusion autrement. Ce que nous disons au fond, c'est que l'action collective, pour l'emploi et les compétences, comme pour beaucoup d'autres problèmes, ne doit pas être conçue comme une action technique ou gestionnaire. Elle a à voir avec le politique. Les diagnostics, les analyses, les chiffres, y ont toute leur place. Mais l'essentiel est que les territoires se constituent dans les débats, les rencontres, les délibérations, les négociations, les conflits pourquoi pas. Les territoires sans projets sont ceux où on ne se parle plus.

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 22:08
Envoyé par Nicole Bryndas
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