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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 14:39
FIN DU MONDE OU DEBUT DE L’IMMONDE

mardi 30 novembre 2010 par Jacques-Robert Simon

Les grèves et les manifestations concernant les retraites semblent se terminer. Deux faits sont remarquables : deux français sur trois approuvaient ces actions et tous les syndicats ont montré leur union. C’est la seule bonne nouvelle : les forces vives de la Nation –je veux dire les représentants syndicaux, les employés, les ouvriers et même certains chefs d’entreprise- reconnaissent la gravité des problèmes qui se posent à nous, ils sont prêts à les affronter, mais la justice doit prévaloir, sinon rien ne sera possible. Le problème est que l’injustice est le trait dominant de tous les aspects de la société que l’on nous propose ! La destruction systématique des services publics en est la forme la plus visible.

 

La plupart des gens ont compris que ce conflit n’était que le symptôme d’un mal beaucoup plus profond, d’ordre existentiel : existerons-nous demain ? Personne ne pense à la fin du monde, mais beaucoup craignent la fin d’un monde. Une série de questionnements découle de ce qui vient de se passer.

 

La fin d’un monde…. Les pays occidentaux grâce à un pillage judicieux des ressources de la planète, mais aussi grâce à de très grands savants et inventeurs, ont permis durant deux siècles l’essor d’une révolution industrielle que les autres parties du monde ont parfaitement raté. Les ressources et l’inventivité étaient entre nos mains. La décolonisation nous a fait perdre un accès direct aux ressources. On a alors eu recours à des potentats locaux, superficiellement plus adaptés au milieu, mais strictement identiques quant à leur comportement à celui de leurs anciens maîtres coloniaux. Mais même cette approche est terminée. Pas par manque de potentats, mais nous nous sommes créé notre propre concurrence : ils ont le loisir de servir plusieurs puissances aux intérêts inconciliables. Ceci conforte la puissance des colonialistes de couleur, mais pour les peuples concernés, ceci ne fait strictement aucune différence. Notre savoir faire a été disséminé aux quatre coins du monde, pour chercher les zones de croissance. Les pays occidentaux se sont autodétruits en acceptant la désindustrialisation de leur espace. Pour une perspective de carrière, Il est plus judicieux et rémunérateur de servir dans le secteur tertiaire ou de sévir dans les secteurs financiers. Créer de réels progrès technologiques, les seuls susceptibles d’aider les hommes à vivre, n’est pas de mode. Muter, éliminer peu à peu des technologies obsolètes, pourquoi pas ! Ne pas être capable d’en créer d’autres est suicidaire. Le travail doit être au coeur de nos préoccupations, mais le travail est par nature l’ennemi de la rente. Le « progrès », qui n’a rien de subjectif, dépend quasi-exclusivement à la capacité d’une Nation à engendrer des créations techniques. C’est la raison pour laquelle les banquiers et les financiers veulent se parer de ses plumes : ils parlent abondamment d’ingénierie, de recherche, de produits : tout ceci est évidemment hors sujet.

 

La seconde question est banale : nous avons imposé un mode de consommation (une voiture, un portable, une télévision) et une « morale » (baise, ne te fais pas baiser) à la planète entière. Les ressources naturelles manqueront inévitablement pour assouvir les besoins de jouissance de tous. Alors, comment fait-on ??? Et l’on ose encore nous parler de croissance pour résoudre nos problèmes ! Croissance de quoi : des guerres, de la barbarie, du nombre de réunions des G2 ou G20 ???

 

La troisième question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi a-t-on le désir de devenir, d’être ou de rester « Homme politique ». Le salaire est modeste, les coups reçus sont d’une violence extrême, le pouvoir de décider de l’avenir du pays quasi-nul. Reste le pouvoir de réprimer, le désir, même s’il n’est fait qu’apparences, de dominer, d’appartenir à une élite. Servir le peuple et la Nation ??? Peut-être qu’une minorité de ceux qui font une carrière politique ont eu, dans leur prime jeunesse, ce noble dessein ? Alors pourquoi ???

 

Puisque les hommes politiques ne décident plus de grand-chose et encore moins de grandes choses, comment « leurs » votations dites démocratiques (un peu truqué par le mode de scrutin) continuent-elles de susciter un certain intérêt. Un début de réponse se trouve certainement dans le fait que les élections servent d’exutoire à la rage d’être éternellement abusé : « ça va changer avec les autres » !!!! Depuis le temps que l’antienne est reprise, son efficacité a cependant tendance à s’émousser. Les plus optimistes pensent que ce serait « moins pire » avec d’autres. Les plus grotesques charlatans ont été élus de par le monde, y compris en Europe, et l’onction des urnes a suffi à leur donner une respectabilité qui n’allait pas de soi, loin sans faut. En résumé, le pouvoir politique se résume pour l’essentiel à la possession des moyens de répression afin d’affirmer, grâce aux médias plus alléchés par le sensationnel et le croustillant que par l’analyse, le caractère démocratique de ces répressions.

 

La quatrième question concerne la répartition des richesses. Tous ces gadgets aussi inutiles que destructeurs d’environnement vont de plus en plus concerner un nombre croissant d’individus mais proportionnellement une fraction plus restreinte de la population totale générant d’abyssales inégalités : comment satisfaire les appétits de sous-continents entiers ? Les nantis vont devoir se « défendre » de plus en plus âprement pour garder leurs ors, leurs privilèges…Alors, « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde… ».


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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 14:32
GAUCHE : LES MOTS QUI TUENT

mercredi 8 décembre 2010 par Jean-Luc Gonneau

 

Les semaines qui passent apportent, par touches plus ou moins discrètes, des éléments sur la configuration des prochaines élections présidentielles. Nous n’en remettrons pas, ou si peu, sur le dispositif mis en place par le président sortant (« président protecteur, disent les gazettes : et puis quoi encore, comment oser relayer - Libé, Le Monde…-, même avec des pincettes, une posture aussi ridicule ?). Nous ne gloserons pas, ou juste un brin, sur les vicissitudes du Parti Socialiste, embringué dans une primaire mal maîtrisée qui semble taillée sur mesure pour dérouler un tapis, nous allions écrire rouge, c’eût été plus qu’une erreur, une faute, devant Dominique Strauss-Kahn, déguisé en sauveur par la gauche « raisonnable », c’est-à-dire la gauche de droite. Nous ne commenterons pas la guéguerre mouchetée, dans la gauche raisonnée, c’est-à-dire la gauche de gauche, entre Parti Communiste et Parti de Gauche, via les personnes de Jean-Luc Mélenchon et André Chassaigne.

 

A gauche, raisonnable ou raisonnée, commencent à apparaître des éléments de propositions. Tant mieux. Mais ne nous leurrons pas : chacun sait, en tout cas pour ce qui concerne le Parti Socialiste, que le programme en cours d’élaboration (il y a du bon dans les premiers textes, la preuve, c’est que Manuel Valls en dit du mal) ne sera qu’indicatif, et que le candidat légitimé par les primaires l’amodiera à volonté.

 

Au fil des mois et des années, nous avons apporté à la gauche des réflexions et des idées, et nous continuerons. A plusieurs reprises, nous avons tenté, avec un succès plus que mitigé, d’attirer l’attention de nos leaders sur l’importance des mots. Il est temps d’en remettre une couche. La gauche n’ pas manqué, dans son histoire, de se tirer des balles dans le pied, ou ailleurs. Staline a durablement torpillé le beau mot de communisme (mais Staline était-il de gauche ? Comme le disait à juste titre le philosophe contemporain Jean-Luc Delarue, avant le regrettable incident qui lui fit confondre la poudre aux yeux qu’il utilisait abondamment dans ses apparitions télévisuelles avec la poudre au nez : ça se discute). Il fallut les talents de magicien de François Mitterrand pour réhabiliter, à peu près, le mot de socialisme, méchamment abîmé auparavant par quelques Guy Mollet en France et un peu partout les émules de Tony Blair. Mais la droite aussi a réussi de la belle ouvrage en kidnappant par exemple le mot « réforme ». Admettons cependant que c’était mal parti : partir à la réforme, c’est, pour les hommes et les chevaux, partir à la retraite, voire à l’abattoir. Du temps du service militaire obligatoire, la réforme indiquait une ou plusieurs inaptitudes au métier des armes. Malgré tout, il fut convenu durablement, à gauche, que coexistaient, durant quelques décennies, une gauche « réformiste » et une autre « révolutionnaire ». Cette dernière a changé bien de ses paradigmes, mais il existe toujours une gauche qui se revendique réformiste. Réveillez-vous, mesdames et messieurs, depuis Sarkozy, et même un peu avant, « réformer ne signifie plus progresser mais son contraire. Réformer les retraites, c’est abaisser les retraites. Réformer la fiscalité, c’est la rendre plus injuste. Réformer l’université et l’école, c’est les livrer au monde marchand. Réformer la santé publique, c’est démanteler l’hôpital public. Réformer la sécu, c’est réduire les couvertures sociales. Les gens de gauche doivent s’interdire de réformer. Réforme est devenu un mot qui tue.

 

Un autre exemple, plus anodin peut-être. On entend à longueur de discours que telle ou tel aspirant aux plus hautes fonctions « fera en sorte de ». Enfarinage quasiment garanti. Sorte, sort, c’est le hasard. Dire « je ferai en sorte de », c’est dire « avec un peu de bol je ferai peut-être ». Non, mesdames et messieurs, on fera ou on ne fera pas. On entend déjà les discours des François, Ségolène, Arnaud, Dominique (bientôt ?), tous « réformistes » revendiqués : « je ferai en sorte de réformer ». Voila qui promet. Nous entendons aussi les voix qui susurrent : ce sera, comme on dit au Québec, « moins pire » que Sarko. Moins pire, c’est à ça qu’on aspire ?

La gauche cactus

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 14:26

Contra Chávez y los mapuches

Los cientos de miles de cables diplomáticos de la cancillería norteamericana siguen saliendo a la luz cada día. Los de ayer pudieron poner incómodos a dos ex presidentes latinoamericanos. El ex jefe de Estado colombiano Alvaro Uribe contempló la posibilidad de utilizar la fuerza para frenar lo que consideraba un proyecto expansionista de su par venezolano Hugo Chávez, según un archivo filtrado por el portal. De acuerdo con otro cable, Chile, bajo el gobierno de Bachelet, pidió a Estados Unidos colaboración en inteligencia para afrontar lo que definió como “problema mapuche” ante sus sospechas de que la comunidad indígena podía radicalizarse y tener contactos con la guerrilla colombiana FARC o el grupo separatista vasco ETA.

 

“La mejor forma de enfrentar a Chávez, según el punto de vista de Uribe, sigue siendo la acción, incluyendo el uso de la fuerza militar”, según un cable de la embajada estadounidense en Bogotá fechado el 17 de enero de 2008, en el que se reporta un encuentro entre el entonces mandatario colombiano y el jefe del Estado Mayor Conjunto de Estados Unidos, Michael Mullen. Uribe consideraba que su par venezolano tenía un plan expansionista en la región, a un plazo de cinco a siete años, y pensaba que el líder bolivariano planeaba usar a las Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC) como su propia milicia en Colombia. En esa conversación, el presidente señaló también que estaba dispuesto a enviar fuerzas colombianas a Venezuela para que detuviesen en ese país a líderes de las FARC.

 

Además, Uribe expresó su preocupación por el planteamiento de Chávez de reconocer a las guerrillas de las FARC y el Ejército de Liberación Nacional (ELN) como “fuerzas beligerantes” e insistió en que debían mantenerse en las listas de organizaciones terroristas.

Otro reporte, pero esta vez sobre Chile, sostiene que en 2008 Edmundo Pérez Yoma, entonces jefe del gabinete de la presidenta Michelle Bachelet, manifestó a Estados Unidos su preocupación por el “problema mapuche”, según publicó ayer el diario español El País y reprodujeron medios locales chilenos.

Los mapuches son la mayor etnia chilena, con una representación del 6 por ciento sobre un población de 16 millones. En el sur del país, algunas comunidades mantienen un foco de tensión al reivindicar tierras hoy en manos privadas que consideran que les son propias por derechos ancestrales.

 

Pérez Yoma solicitó apoyo “de inteligencia” para seguir de cerca la posible radicalización de sus demandas de tierras y sus eventuales contactos con grupos insurgentes como las FARC colombianas o ETA.

Según el documento, Pérez Yoma es informado de que el FBI ya “está coordinado con Carabineros (policía chilena) para ayudarlos a localizar la llegada de esos posibles contactos”, consigna un telegrama de la embajada de Estados Unidos.

Pero en otros despachos posteriores las investigaciones estadounidenses determinan que la comunidad mapuche no es violenta y que sus demandas y protestas son magnificadas por los medios chilenos, en su mayoría de carácter conservador.

Página/12 

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 22:19

 


Le MRAP s’oppose à la tenue d’un congrès raciste à Paris et demande aux
autorités de prévenir des troubles à l’ordre public


 
Le MRAP vient d’interpeller, ce jour, le Premier ministre ainsi que le Préfet de police de Paris afin de leur exprimer sa vive inquiétude face à l’annonce d’un événement à dimension nationale voire internationale, qui pourrait réunir - entre autres - nombre d’extrémistes de droite de différents pays du continent.

Il s’agit des « Assises sur l’islamisation de nos pays », dont la tenue est annoncée pour le samedi 18 décembre 2010 à Paris.

Derrière ce titre suggestif, se dissimule notamment le Bloc identitaire, un mouvement activiste d’extrême-droite implanté en France, qui prône la haine et parfois ouvertement la violence ; comme sur une affiche collée à la mi-octobre 2010 à Paris, sur laquelle « tout blanc de moins de 30 ans » est appelé à se préparer à « l’autodéfense ».

Son principal co-organisateur dans ses Assises est Riposte Laïque, mouvance qui se bat pour une pseudo-laïcité uniquement hostile à l'islam et à ses fidèles. Celle-ci vient de défendre publiquement Marine le Pen et ses derniers propos sur les musulmans, banalisant l'Occupation, contre « les islamo-collabos » (selon Riposte Laïque, éditorial de leur site en date du 13 décembre 2010).

Le MRAP demande donc aux autorités compétentes, d’interdire la tenue de ce congrès raciste. Au cas où il aurait lieu, en raison de la présence attendue de fascistes et d’extrémistes affichés de France et d’Europe, il y aurait lieu de craindre des troubles à l’ordre public, des agressions et des débordements. Le MRAP, de son côté, s’opposera à la tenue de cet événement de façon déterminée et pacifique.

Il serait surprenant que les autorités de notre pays laissent se dérouler dans sa capitale, un congrès raciste qui nous signalerait à l’ensemble du monde comme un pays complice, à l’heure où l’extrême droite prospère partout en Europe.

A Paris, le 14 décembre 2010


--
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr
Aider le MRAP : http://secure.mrap.fr
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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 22:07
C’est Noël pour les patrons !

mardi 14 décembre 2010

 

Pour la 5ème année consécutive, il n’y aura pas de coup de pouce au Smic. Au faux prétexte de ne pas pénaliser l’emploi, le gouvernement persiste à ne pas prendre en compte les besoins des salariés.

 

La crise n’est pourtant pas la même pour tout le monde. Les entreprises du CAC 40 disposent d’un matelas de trésorerie de 150 milliards et soignent leurs actionnaires. Leurs dividendes ont augmenté en plein coeur de la crise en 2009, pendant que la masse salariale des entreprises baissait de 9,8 %. Et quant aux 2 millions de salariés « smicards », ils devront se contenter de 55 centimes en plus par jour … Et beaucoup moins pour ceux et surtout celles qui sont à temps partiel !

 

Cerise sur le gâteau des injustices : après avoir repoussé l’obligation de négocier dans les entreprises sur l’égalité homme/femme, les branches dont les minima conventionnels sont inférieurs au Smic, ne seront pas sanctionnées. Au contraire, elles pourront continuer à percevoir des exonérations avec la bénédiction gouvernementale jusqu’en 2013 ! Cela concerne 1,4 million de salariés.

 

C’est clairement encourager le patronat à s’affranchir du cadrage pourtant obligatoire qu’est le Smic. Cette attitude n’est pas pour nous le signe d’un gouvernement qui veut s’attaquer aux problèmes de l’emploi, de la précarité, de toutes les inégalités et injustices.

 

La Cgt estime qu’il faut une réforme structurelle des cotisations sociales et du système des aides publiques aux entreprises.

Il faut donner un vrai coup de pouce au Smic, jusqu’à le porter à 1600 euros et qu’il se répercute sur l’ensemble de la grille des rémunérations.

C’est une question de justice sociale, de reconnaissance du travail et d’efficacité économique.

 

Montreuil, le 14 décembre 2010

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 21:54
UNE CRISE DE CIVILISATION ?
Par Espace Marx

 

dimanche 5 décembre 2010

 
L’association Espace Marx organise les 21 et 22 janvier prochains un colloque dont nous reproduisons ici le texte introductif.

La question de la crise – « crise financière » pour certains, « crise systémique du capitalisme » pour d’autres – s’est imposée dans le débat publique et dans les consciences. Tout le monde admet que « ça ne peut pas continuer comme çà ». Mais il y a aussi, accumulant ses effets sur longue période, une énorme « crise sociale » qui se décline sur tous les terrains : crise de la cohésion sociale, crise urbaine, crise des systèmes de protection sociale et de solidarité, crise démocratique… Et il y a la crise climatique, les crises alimentaires, la montée des tensions dans le monde, les problèmes posés par les migrations, et la multiplication de « guerres de basse intensité », le terrorisme, etc. Au fond, y a-t-il des crises, ou vivons-nous une grande « crise planétaire » aux multiples dimensions ? Et si c’est le cas, de quoi est-ce la crise, et où en sommes-nous ?

Il y a eu l’affaire des « subprimes » et la révélation du cancer métastasé par la titrisation des créances douteuses, suivi de l’ahurissante mobilisation en quelques semaines de milliers de milliards de dollars pour « sauver » le système financier. Et il y a aujourd’hui cette tout autre réalité, aussi stupéfiante, de pays développés attaqués par ceux qu’ils ont sauvées et menacés de faillite, avec une zone euro et une Union Européenne qui vacillent, se lézardent, et dont l’avenir est plus qu’incertain. Crise financière, crise de l’économie réelle et du travail, crise de la dette, crise sociale.... à quel stade nous en trouvons-nous, et comment s’articulent ces crises ? Peut-on parler de « sortie de crise » ? Ces crises ne sont-elles pas des dimensions, et des conséquences, d’une crise de l’ensemble du mode d’accumulation et de régulation du capitalisme financiarisé, à l’échelle du monde ? Sur quels terrains chercher les réponses à cette crise ? Ces crises, cette crise, produisent-elles des contradictions, des conditions, des potentialités nouvelles pouvant constituer des points d’appui pour la transformation émancipatrice ?

La crise écologique pose des questions angoissantes qui appellent des réponses urgentes. Plus fondamentalement, elle interroge l’humanité sur la façon dont elle peut vivre ensemble sur la planète, aujourd’hui et demain : comment 9 milliards d’être humains pourront-ils habiter la Terre sans la détruire, ou se détruire ? Il est impensable, sans imaginer une humanité à deux vitesses désormais impossible, d’en rester à la conception de la croissance héritée des siècles derniers qui se heurte déjà aux limites indépassables de la biosphère, et au refus de la plus grande partie de l’humanité d’accepter le maintien de la domination occidentale sur le reste du monde. Comment répondre alors aux questions que pose l’objectif d’un développement humain soutenable, plus égalitaire et solidaire ? Comment aller vers la satisfaction universelle des besoins humains fondamentaux ? Comment pouvons-nous les repenser, et mettre en cause un système qui lie emploi, productivisme, consumérisme, mise en concurrence de chacun contre tous, et tend à marchandiser toujours davantage toute ressource, toute activité et toute forme de vie sur terre ? La question de savoir quelle humanité nous voulons être, et quelle vie nous voulons vivre ne nous oblige-t-elle pas à mettre une nouvelle conception et articulation du social, de l’environnement, de la solidarité et de la culture au cœur du développement ? Le sommet de Copenhague a montré l’incapacité incroyable des Etats à trouver une solution à un problème urgent et vital pour tous les êtres humains. On a parlé de crise de gouvernance mondiale. Mais le problème ne réside-t-il pas plutôt dans une déficience démocratique qui interdit aux peuples de débattre des problèmes qui leur sont communs, de plus en plus importants, pour y apporter ensemble des réponses face à des pouvoirs exorbitants concentrés entre les mains de nombre réduit de super-puissants ? Ne faut-il pas rapprocher cette situation de la crise démocratique qui, dans chaque nation comme à l’échelle régionale, donne aux citoyens le sentiment qu’ils n’ont pas prise sur le cours des choses ? N’est-on pas placé devant l’exigence d’inventer une démocratie de nouvelle génération, du local au mondial, permettant aux peuples de reprendre la main sur des pouvoirs qui leur échappent aujourd’hui de plus en plus ? Quelle démocratie politique peut-on construire sur la capacité d’intervention individuelle et collective des citoyens, sur le postulat de leur égalité politique absolue ? Ne doit-on pas développer une exigence de démocratie économique pour dépasser la réalité actuelle des Etats devenus ’market states’ ? Peut-on construire une démocratie économique sans poser la question de formes nouvelles d’appropriation sociale ?

Comment arracher ce changement des mains des pouvoirs ? La domination du capital est plus brutale que jamais, mais les rapports de force se sont gravement détériorés, ces dernières décennies, au détriment du travail. Les transformations des sociétés et du monde, et les impasses du 20ème siècle, ont estompé les repères qui avaient permis que se construise autour de la classe ouvrière un « bloc social » conscient de ses intérêts communs et de ceux qu’il avait à affronter. Le nombre des exploités grandit, comme s’élargissent les champs de l’exploitation. Mais la financiarisation mondialisée du capital, les transformations rapides de la production et de la division internationale du travail, la concurrence généralisée, l’exacerbation par les forces qui soutiennent le capital des contradictions et des divisions qui traversent les sociétés font obstacle à la construction d’une nouvelle conscience de classe. Cela ne dessine-t-il pas une crise idéologique qui appelle des élaborations nouvelles : une représentation des contradictions et des forces à l’œuvre, des enjeux actuels de la lutte de classes et de ses acteurs ? Quelles sont les théories les plus à même de dépasser l’impuissance des classes exploitées ? Quelles sont les expériences les plus porteuses de transformation émancipatrices ? Peut-on imaginer reconstruire un nouveau « bloc social » donnant force et sens aux luttes sans poser cette question à l’échelle internationale ? Quels outils nouveaux est-il nécessaire de chercher à se donner ?

Toutes ces crises sont enchevêtrées. Elles marquent les impasses dans lesquelles conduisent non seulement un système capitaliste qui atteint des limites, mais aussi une conception des rapports des hommes à la nature et entre eux. Jamais la conscience de l’unicité du monde n’a été aussi forte. Peut-on vivre ensemble dans ce monde sans remettre en question les valeurs, les principes et les conceptions que, sous le nom de « mondialisation », le capitalisme occidental cherche à étendre au monde entier. Ne faut-il pas penser au contraire une « mondialité » qui organise la vie en commun dans le respect du dialogue et le mélange des cultures ? Ne vit-on pas, au total, une crise de civilisation qui en appelle une conception radicalement nouvelle ?

Le site d’Espace Marx : www.espaces-marx.org


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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 21:49

Le Mrap dépose plainte contre Madame Marine Le Pen


Lors d’un meeting à Lyon, organisé le 10 décembre 2010, Madame Marine LE PEN, candidate à la présidence du Front national, a tenu la déclaration suivante : "Il y a quinze ans on a eu le voile, il y avait de plus en plus de voiles. Puis il y a eu la burqa, il y a eu de plus en plus de burqa. Et puis il y a eu des prières sur la voie publique (...) maintenant il y a dix ou quinze endroits où de manière régulière un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires" "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire"  "C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans  lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes y'a  pas de blindés, y'a pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants"

Le Mrap estime que ces propos constituent le délit de la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance à religion déterminée, prévu et réprimé par l’article 24-8 de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

C’est pourquoi, le Mrap déposera plainte contre l’auteur de ces propos et chargera, Maître Didier Seban, avocat au Barreau de Paris, pour le représenter.

Fait à Paris, le 13 décembre 2010


--
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 21:45

Chantier interdit au public

Enquête parmi les travailleurs du bâtiment


Nicolas JOUNIN

Le secteur de la construction a souvent défrayé la chronique, mais derrière les éclats des réalisations grandioses, des « affaires » judiciaires, des faits divers tragiques, le quotidien du travail des chantiers demeure obscur. C’est ce quotidien qu’explore ce livre. L’auteur, qui s’est immergé durant une année dans le monde du béton armé parisien, en tant qu’ouvrier, retrace ici l’itinéraire de son enquête. Au fil des expériences et des rencontres, il expose les conditions d’emploi et de travail liées au recours croissant à la sous-traitance et à l’intérim : division des collectifs ouvriers, infériorisation et culpabilisation des sous-traitants et des in-térimaires, pratiques illégales d’employeurs, contradictions pesant sur la sécurité au travail, recours massif à une main-d’œuvre étrangère fragilisée et parfois sans papiers, racisme et discriminations…
 
L’enquête ébranle au passage certaines idées reçues : beaucoup de précaires ne sont pas instables ; les sans-papiers ne travaillent pas forcément au noir ; les règles de sécurité ne protègent pas toujours les ouvriers… Elle témoigne également des résistances des travailleurs concernés. S’ils s’affrontent rarement à leurs employeurs, ils entretiennent en revanche une révolte souterraine qui peut menacer à l’occasion les constructions et contraindre les employeurs à mettre en œuvre des aménagements. L’implication physique de l’auteur dans son enquête permet une restitution fine des situations rencontrées et offre une immersion impressionnante dans cet univers méconnu du bâtiment.

 

 



Nicolas Jounin est maître de conférence en sociologie à l’université Paris-VIII et chercheur au laboratoire URMIS (Unité de recherches Migrations et société).



Editions La Découverte, Paris, sortie le 14 février 2008


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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 07:43
Et les chiens se taisaient
 

 

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 07:31

Aimé Césaire

Extrait du
Cahier d'un Retour
au pays natal

(Présence Africaine éditeur)

 

 

 

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

 

Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je
dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,
humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir

et toi terre tendue terre saoule
terre grand sexe levé vers le soleil
terre grand délire de la mentule de Dieu
terre sauvage montée des resserres de la mer avec
dans la bouche une touffe de cécropies
terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des
hommes

 

 

Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle,car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »
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